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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 07:30

2. Le show

Jeangette sur facebook (en 2012)
En 1973 – d’après mes informateurs Dominique Jeangette (ci-dessus, mais en 2012) et Stephan Junker (Rh.1974) –, la Saint-Nicolas retrouve une st-nicolas-1979--DDD-avec-Jeukens.jpgdimension un peu perdue. En tout cas dans le secondaire. Notez qu’en primaire, ce n’est pas mal non plus. Henri Defawes s’y entendait pour surprendre son monde chaque année (voir Souvenirs 19 : «Un préfet du parascolaire»).

Comme jadis, les rhétos ont repris la responsabilité d’organiser une séance dans la salle du Centre pour amuser les autres élèves, tous les autres élèves du secondaire. Pour ce faire, l’autorité (le recteur Lefèbvre) décide que tout le Collège se retrouvera au Centre en dernière heure du vendredi précédant les examens.
Vous n’imaginez pas la difficulté de l'entreprise. C’est une véritable gageure. Deux classes différentes doivent donc se coordonner plus tard, ça ira jusqu'à 5 , se répartir la tâche, trouver des idées amusantes tant pour les petits que pour les grands, convenir des moments et des endroits pour les réunions, les répétitions, etc. Et ne pas trop laisser le titulaire de l'époque (le père Charlier, qui chapeautait les deux classes) dans l’ignorance.
Lors de cette animation, les rhétos représentent une salle de tribunal dont le juge est saint Nicolas. Le greffier, l’avocat général et l’avocat de la défense ont chacun une soutane en guise de robe, soutane qui n’est plus sortie de la garde-robe des jésuites "pourvoyeurs" depuis cinq ans environ. Les couvre-chefs des magistrats sont paraît-il authentiques. Ces accoutrements donnent la solennité nécessaire à l’exercice de la justice. Les effets de manches sont calculés, on s’y croirait. Les prévenus successifs, accusés du crime abominable d’irrespect à l’égard de la gent collégienne, sont jugés avec toute la rigueur nécessaire. Les réquisitoires sont implacables. Les sanctions tombent comme des couperets et les peines sont à exécuter sur-le-champ, pour la plus grande joie du nombreux public. C’est un magnifique spectacle que les élèves et les enseignants n’oublieront pas de sitôt.
Saint-Nicolas-Dedon-1973.jpg
Le plus connu des condamnés est M. Louis De Donder. Les rhétos l’avaient mis dans la confidence et lui avaient demandé d’interpréter, en guise de peine, un récit où il était question de «biquettes aux mamelles gonflées de lait». En son temps, il jouait ce morceau de littérature (probablement la traduction d’un passage des Bucoliques de Virgile) debout sur son bureau avec moult gesticulations. Le cliché ci-joint montre à suffisance l’énergie qu’il pouvait dégager dans de pareilles circonstances: ses pieds ne touchent même plus le sol!
Une autre photo, probablement de la même année, montre deux jeunes profs (Jean Gillot et moi) obligés d’exécuter un bras de fer sur la scène. Je ne me rappelle plus quelle en fut l’issue, en revanche, je suis sûr que nous n’avions pas répété. Oui, il arrivait déjà que les rhétos, sûrs de leur coup, demandent aux profs d’improviser.

Saint-Nic-73-bras-de-fer.jpg
Vers 1974-75, André Beaupain, suite à une épreuve manquée d’avance, au lieu de recevoir un bonnet d’âne, était affublé d’un casque à antennes pour suivre les leçons des extra-terrestres: cette photo existe, je revois encore la figure amusée d’André et ses mains jointes comme s’il demandait pardon. Cette année-là, le père Buyle est monté sur scène pour une de ses spécialités: l’imitation du dindon!
guerisseurs-philippins-2.jpg
Un autre témoin, Benoît Fonsny (Rh. 1980), se rappelle qu’on avait pris un de ses profs (probablement Joseph Ruwet) comme cobaye. Pour bien comprendre le gag, il faut savoir qu’à l’époque des «guérisseurs» philippins réussissaient, d’après la presse internationale, à opérer à mains nues des centaines voire des milliers de malades, arrivés d’Europe et d’Amérique par charters entiers. Ces pauvres gens, que la médecine traditionnelle avait condamnés sinon abandonnés, se raccrochaient au fol espoir venu des Philippines. Ces prétendus thaumaturges travaillaient entourés de «prêtres» et de fidèles priant ostensiblement pour que ces miracles à répétition continuent. L’opération était même gratuite, mais les assistants encourageaient le patient subitement «guéri» à soutenir généreusement l’œuvre miraculeuse. Il a fallu de nombreuses années pour s’apercevoir que tout cela n’était qu’une monumentale arnaque.


Or, voici Joseph Ruwet, allongé sur une table d’opération, confié aux mains expertes de ces chirurgiens hors normes. Ils s’affairent sur le corps de notre professeur souffrant et en ex traient théâtralement des déchets de boucherie (provenant d'un seau bien caché) puis des objets hétéroclites comme un réveil (Joseph n’arrivait pas toujours à l’heure) ou une chambre à air (il aimait le vélo). «Lève-toi et marche!», lui aurait ordonné le grand magicien, et notre JieR de se relever en pleine santé!
A.Muytjens, rencontré au marché ce samedi 9 juin 2012, confirme cette version.

Toujours en 1979 (je crois), on choisit l'élève le plus ancien du Collège (15 ans de présence alors qu'il n'existait pas encore de maternelles!) pour jouer le rôle de l'ami des enfants sages (voir ci-dessous la photo de Jean Magnée).saint nic17 Jean Magnée 1979 p t
Joseph van der Hoeven est sûr, lui, d’avoir dansé sur une musique orientale habillé en marchand de tapis: je n’ai malheureusement aucun cliché de l’événement.
Au cours des ans, la séquence la plus attendue par les élèves sera celle des diapositives. Elle consiste à lancer un extrait de chanson sur la diapositive d’un enseignant. Cela dure quelques secondes, le temps que chaque spectateur ait compris la relation comique ou satirique entre les deux, et puis on change de tête de pipe. L’occasion est trop belle, l’humour peut facilement devenir ironie ou même sarcasme, d’autant plus que la victime n’est pas préalablement consultée et que la censure n’existe pas, ou plutôt n’existait pas. Joseph vdH se souvient surtout du stress éprouvé chaque fois à l’approche de cette fameuse séance de diapositives.  «Mais je n’en ai jamais souffert, c’était toujours plutôt bon enfant», affirme-t-il. Je crois que vdH a eu de la chance, comme la plupart, mais quelques collègues n’en ont pas gardé un excellent souvenir. D’ailleurs, tout le corps professoral n’assistait pas à ces joyeusetés. Mettez-vous à la place du professeur qui découvre sa photo prise à l’improviste (donc une photo volée) accompagnée de la voix de Fernandel dans «On m’appelle Simplet, l’innocent du village…»: cas vécu. On a connu mieux, si j’ose dire.
A 18 ans, on peut facilement se monter le bourrichon: que ne ferait-on pas pour réussir un bon mot devant les copains? En outre, soyons indulgents, l’inexpérience dans ce genre d’exercice ne permet pas de bien mesurer l’effet amplificateur du grand écran et d’une salle bien garnie. J’ai gardé en mémoire l’une ou l’autre charge assez méchantes contre des collègues. Inutile d’en rajouter! Dans un contexte un peu différent j’ai fait les frais d’une moquerie gratuite – ou que j’ai pris pour telle. Heureusement, ça ne pouvait avoir aucune répercussion sur ma réputation. Le plus étonnant pour moi, c’est que cette raillerie semblait provenir d’un garçon (devenu célèbre entre-temps) avec lequel je n’avais jamais eu aucun rapport. Que devais-je faire? Ecraser évidemment. Et oublier: vous constatez en me lisant que je n’y suis pas parvenu, ça ne se commande pas. Et pardonner ? Bien sûr. Le prof incapable de pardonner à un adolescent doit changer de métier.

Je viens de lire un long message envoyé gentiment par Christophe Davenne Davenne-1991-4D.jpg(Rh. 1994). J’ai la preuve qu’il a une mémoire phénoménale. Je lui laisse volontiers la parole.  
 « Si mes souvenirs s'avèrent exacts, nous avons fêté la Saint-Nicolas en décembre 1993. Nous avions décidé de centrer la fête autour du concept de deux émissions télé qui cartonnaient à l'époque: Coucou c'est nous (Ch. Dechavanne) et Nulle part ailleurs (A. De Caunes). Bref, saint Nicolas était l'invité d'un talk show. C'est Alexandre Mauhin qui s'était déguisé et son arrivée fut fracassante.
Tout d'abord, nous avions fait croire à une interdiction par la direction de fêter saint Nicolas, prétextant des débordements alcooliques trop nombreux [confirmation de Jean-Philippe Jason]. Celle-ci serait donc remplacée par la pJason-Jean-Philippe-2008.jpgrojection d'un documentaire animalier. Je pense que le directeur s'était prêté au jeu en l'annonçant lui-même sur scène, sous les huées un peu forcées de l'auditoire.
La salle est plongée dans le noir, le documentaire (sur des lions) débute. Le public rigole moins, commençant à vraiment croire en l'annulation de la fête. Soudain, l'image se coupe et la musique du générique débute, un nuage de fumée envahit la scène, percé par une lumière mauve. Au moment où le générique s'emballe, saint Nicolas arrive au dessus du «plateau télé», se balançant tel Tarzan à une corde de rappel (et se faisant une grosse frayeur au passage, l'adrénaline l'ayant sans doute poussé à faire un énorme saut dans le vide). Ces images sont toujours très claires en moi.
Si je me souviens bien, les «présentateurs télé» étaient Jean-Philippe Jason et Antoine Grand (j'ai un doute sur ce dernier).
L'émission retraçait la vie mouvementée de ce saint Nicolas des temps modernes (parfois éméché et pas toujours sympathique avec les enfants... ) maniant beaucoup le second degré. Elle était entrecoupée par de fausses publicités et par de petits gags que nous avions tournés nous-mêmes (dans l'esprit des Snuls je pense).
Sur scène, un groupe jouait de courts extraits musicaux entre chaque séquence de l'émission. Je m'en souviens particulièrement bien car ce furent là mes premiers pas de musicien sur scène. Depuis, j'ai dû faire plus de 200 concerts (un comble, André Sauté m'avait conseillé d'arrêter la musique en 1ère secondaire). Un souvenir marquant pour moi qui jouais de la guitare depuis une grosse année. Je pense que Fabien Boniver était le batteur du groupe et Gauthier Detry l'autre guitariste.
J'ai le souvenir d'une fête très réussie et très bien préparée (beaucoup d'heures de répétition). Nous avions d'ailleurs reçu les félicitations de bon nombre de professeurs.
 
En 1990 –  je pense qu'à ce moment Vincent Flamant était en Rhéto les élèves jouaient le rôle d’enseignants du Collège se retrouvant coincés dans la salle des profs. Je me souviens d'un Gérard Lemin et d'une Anne Longrée particulièrement bien imités. Cela reste mon meilleur souvenir des Saint-Nicolas de Saint-François-Xavier.

Voici une autre anecdote, nettement moins drôle. Je crois qu'elle date de 1991. Des élèves et des professeurs, qui avaient connus quelques tensions, étaient invités à monter sur scène pour "régler" leurs comptes en public. Le but était clairement de profiter de cette occasion unique de franche rigolade pour enterrer définitivement la hache de guerre. L'un imitait l'autre et au final tout le monde se pardonnait dans un grand éclat de rire. Sauf... Alexandre Binet et Jean Arnould. En effet, Alexandre (qui n’était d’ailleurs pas en Rhéto) a vraiment été cruel envers M. Arnould, l'accusant de tous les péchés du monde. Le professeur riait jaune.
Renseignements pris auprès le la victime, Jean était complètement piégé, ne s’attendant pas du tout à une charge aussi rude; une vengeance quoi, sous prétexte de faire rire le public. Mon collègue est donc resté sans réaction. Mais il a réalisé peu de temps après qu’il avait été ridiculisé dans un jeu de dupes. Les dés étaient pipés. Le lundi suivant, les protagonistes se sont retrouvés en classe d’anglais et, pour la première fois, précise Christophe, Arnould s’est adressé à la classe en français: j'ai rarement vu un professeur aussi remonté, ajoute-t-il.
L’affaire a eu quelques suites fâcheuses pour notre Alexandre: il était moins fier!
Aujourd’hui, tout le monde en rit, à commencer par mon collègue Arnould, définitivement réconcilié avec son ancien agresseur.


Tous comptes faits, le temps permet de relativiser: un seul petit coup de griffe en plus de 30 ans, c’est dérisoire.

Le rôle de saint Nicolas n’est pas toujours fondamental. Après une entrée plus ou moins tonitruante, il fait souvent partie des potiches. Sauf en fin de spectacle. Les collés pour le samedi suivant espèrent de tout cœur que le grand saint n’oubliera pas de proclamer l’amnistie générale. A la longue, cette décision finit par être considérée comme automatique et certains élèves prenaient même le risque des 2 heures de bloc «pour le fun». Faut-il ajouter que le préfet de discipline et les surveillants s’en donnaient de leur côté à cœur joie?
Oui, mais que faire en cas de faute impardonnable? Le préfet de discipline – Jacques Servais à cette époque –, dans sa grande sagesse, prenait la précaution de distribuer les billets verts la semaine suivante, et le tour était joué: à malin, malin et demi!

Au fil des années, le spectacle perd en spontanéité ce qu’il gagne en modernité. Un véritable staff technique devient nécessaire pour régler micros, projecteurs, enregistreurs, vidéos, etc.


Déjà en 1979, on voyait s’affairer l’ingénieur du son (voir la photo): c’était Alain Muytjens, presque un professionnel. On voit derrière lui Richard Peeters et, sur la scène, on devine Pierre-Yves Delhez.

  

 


Les deux photos suivantes doivent dater de la même époque, mais je ne suis sûr de rien. Je ne reconnais pas le garçon au chapeau blanc.
st-nic13-inconnue.jpg

 

 

 

 

Ci-dessous, c'est Tanguy Marbaise (d'après Jean Arnould) ou Didier Malherbe (d'après moi et un de ses copains) en 1981. On se demande s'il n'est pas en train de sortir de sa baignoire (nu?). Je vais tâcher de le toucher pour qu'il enlève… notre inquiétude.   

1979-st-Nicolas-Malherbe.jpg

 

 

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