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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 06:14

2002– 2003 : SFX traverse la rue de Rome
 

1. La 5C: une macédoine de fruits
 

Quand je regarde leur photo de classe, c’est fou tout ce qui me revient en tête. J'ai une irrépressible envie de passer les troupes en revue.
Ce qui me frappe surtout dans ce groupe, c’est la variété des personnalités, la disparité des caractères, la différence de maturité, l’écart entre la volonté de l’un et de l’autre, entre leurs ambitions. Je me souviens en particulier du premier cours que j’ai terminé en leur donnant la parole en toute liberté, sans risques. J’étais en confiance, je connaissais déjà la plupart d’entre eux depuis la 4e. La première à profiter de mon invitation (et la seule, je crois) fut Véronique Meens (la fille de ma collègue Viviane Hollands). Elle m’interpella gaillardement – c’était un reproche, rien de moins! –  sur mon intervention à l’égard d’Hervé Hortelan duquel j’avais dit, après avoir encouragé chacun à poser des questions, «sauf Hervé Hortelan, bien entendu!». C’était une boutade destinée à un élève que je connaissais bien et à qui j’avais demandé depuis un an de parler après avoir réfléchi et non avant… C’était le spécialiste de la bête question alors que le garçon ne manquait pas d’intelligence, loin de là. J’ai répondu brièvement à mon interpellatrice que c’était «un problème entre lui et moi». Elle n’a pas insisté, tant mieux! Mais quel courage, quelle audace chez cette Véronique!

J'aimais les élèves de cette trempe. A propos d'Hervé, il faut dire qu'il était particulièrement rasoir, mais pas rancunier pour un sou. Il avait beaucoup le sens de l’autodérision et reconnaissait volontiers qu’il était casse-pieds (je suppose que c'était pareil en famille). Je réagissais souvent à ses interventions intempestives en commençant par «Mais enfin, Hervé de mes bottes…». Voilà une expression qui lui est définitivement restée à tel point qu’aujourd’hui encore, ses copains le surnomment Botte sans nécessairement savoir l’origine de ce sobriquet. Je me permets ici d’insister sur ce cas particulier, car Hervé sait que, dans le fond, je l’aime beaucoup. D’ailleurs, il vient chaque année me dire un bonjour sympathique avec son ami Christophe Javaux, tous deux étudiants en ingénieur. Ce Christophe est un tout autre personnage. Plutôt timide, attentif, intelligent, l’esprit critique toujours en éveil, il préfère attendre le bon moment pour donner son avis, juste le contraire d’Hervé à ce sujet. J’en reparlerai à l’occasion de Génies en Herbe.
5C-2002-gauche.jpgVincent Degives, le plus grand de la classe, était au début de l'année un peu naïf, intervenant souvent à contretemps, mais jamais avec de mauvaises intentions. Il s'est bonifié en cours d'année.
François Hallut (futur romaniste), sympathique petit-fils de mon collègue Joseph Cravatte, persuadé de ses dispositions littéraires, ne montra pas beaucoup d'atomes crochus pour la reine des sciences. Arnaud Mathonet, arrivé en 5e contre toute attente, tenta et réussit les examens au jury central: bravo! Aujourd'hui, il est diplômé en français (Rivageois). J'avais l'impression qu'il était, à cette époque, un peu trop gâté en famille. 
Bruno Thomas
–  non dépourvu de qualités  –, restera pour moi un personnage mystérieux. Ses copains prétendaient qu'il se complaisait à secouer des idées un peu loufoques.
François Leroy (un des 3 frères), dans le rouge tout au long de l’année dans mon cours, fut repêché malgré son échec à l’examen de passage. Ai-je été trop bon? Non, je crois qu'il méritait un examen de repêchage, mais pas de recommencer son année. Josselin Wildemeersch (HEC, Liège)toujours prêt à "chahuter" tant qu’il était sûr que vous ne le voyiez pas, m'a fait penser pendant un certain temps à un vrai faux-cul: tout le monde peut se tromper! Mais il a prouvé sur pièces qu’il fallait compter avec lui. Jérôme Corteil (futur médecin) donnait l’apparence d’un bon vivant susurrant entre ses dents: «cause toujours», pendant qu’il vous observait d’un œil rieur. Il est pourtant plus volontaire qu’il n’y paraît. Alexandre Hick était un gars bien, un peu hésitant, un rien compliqué dans sa tête, mais plein de bonnes intentions et en général de bonne humeur. Très actif en classe, il ne manquait pas d'esprit critique (master en droit et en droit fiscal).

Adrien Dewalque, charmant garçon, un éternel demi-sourire aux lèvres, donnait l’exemple de l’élève 5 C 2002 centresur lequel on peut se fier les yeux fermés. Idem pour Jean-Abdon Hardenne, qui "souffrait" surtout du prénom dont l’avaient affublé ses parents, personnes très agréables par ailleurs – un peu comme les Wathelet dont chaque fils aîné devait se prénommer Melchior. Il fera aussi de la politique, mais pas dans la même boutique.
Dodo Chochitaichvili, d’origine géorgienne comme Joseph Vissarionovitch Djougachvili dit Staline, n’avait vraiment rien de cet horrible tyran. Dodo, la plus petite de la classe, avait une étonnante maturité et une présence en classe qui accroche le regard du maître à tous les coups. Elle était passionnée de philosophie; je serais curieux de connaître son parcours professionnel et humain.

 Aurélie Classen et B.R. sont deux filles qui ne causèrent aucun souci et qui brillèrent par leur bonne humeur communicative.  Véronique Meens, dont j'ai déjà parlé, est aujourd'hui prof de maths à Welkenraedt. 

Arnaud Freymann, pas trop complexé par sa petite taille, donnait l’apparence d’un futur savant à l’esprit lent ou d’un philosophe tracassé par de fumeuses théories. Mais j’avais confiance dans son avenir: il avait du potentiel. Alpiniste téméraire, sa passion pour escalader les façades des maisons le menait tout droit vers l'architecture. 
Anne-Catherine Charlier donnait une impression de force, en tout cas de force de caractère, capable de dominer bien des garçons. Je serais curieux de la voir en ménage, si toutefois elle consent à partager sa vie. Fille attachante malgré tout, dont les résultats étaient plus que satisfaisants.

 François Gramme (frère du fameux Pierre Gramme: voir Souvenirs 23) a tendance à rassurer le prof: «Ne vous en faites pas pour moi, ça ira!». C’est sans doute le seul élève qui ait sollicité l’autorisation de passer durant les vacances une épreuve supplémentaire en maths alors que je ne l’exigeais pas. Probablement pour prouver qu’il était meilleur que ses résultats de l'année ne le laissaient croire. Il y est arrivé. Aujourd'hui, ingénieur-électronicien sorti de Gramme (!).

Delphine Bomboir semblait se jouer de toutes les difficultés, donnant perpétuellement une figure rassurante au professeur généralement habité par une sorte de doute viscéral. Audrey Van der Wielen (fille de ma collègue Marie-Jeanne Brance) était naturellement douée en maths, sans doute la plus forte de la classe; déjà un phénomène en maternelle! Elle brille aussi ailleurs. Promise à de brillantes études, on se demandait parfois si elle était trop sûre d’elle quand elle se permettait des «distractions de savant» ou si elle se sous-évaluait par moments. Je l’ai revue récemment (septembre 2010): elle est presque (question de temps) docteur ingénieur [c'est fait en 2014]! Je ne savais même pas que ce titre existait… Dans la tête de classe figurait un garçon attachant, Christophe Javaux, aujourd'hui  ingénieur à la SNCB. Deux autres filles ont aussi impressionné leur professeur de mathématiques: Sophie Mawet, ingénieur et prochainement docteur (aussi!) en cryptologie  et Anne-Claire Jacques, licenciée (grande distinction) en maths et normalement faite pour l’enseignement. Côté coeur, elle a investi sans risques: Jérôme Corteil est devenu sa moitié ou l'inverse...

Enfin, mon carnet de bord me signale que cette année-là, nous avions une Drapeau-Afrique-du-Sud.jpgétudiante d’échange venue d’Afrique du Sud: Caroline Richardson. Je me souviens seulement qu’elle m'a rappelé mon voyage récent dans son magnifique pays, où on roule à gauche et qui possède un drapeau de toutes les couleurs. Un magnifique symbole.

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