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3 mai 2009 7 03 /05 /mai /2009 09:43

Partout un numerus clausus

La Commission régionale de coordination de l’enseignement libre verviétois va, quelques années après l’initiative du Collège dans ce domaine, généraliser le numerus clausus. C’est une avancée notoire dans le rapprochement des écoles catholiques de notre bonne ville. A condition, évidemment, que cet accord soit respecté. A l’origine, quand le Collège s’était appliqué volontairement cette pratique, il y eut un petit dérapage: on dépassa la limite des 165 admis car on avait omis de compter les quelques doubleurs de première. Ce fut rectifié l’année suivante.

Je suppose que ces quotas furent déterminés sur base d’une photographie des rentrées de première d’une année déterminée, peut-être en 1988. Les limites étaient, de mémoire, 165 à SFX1, 200 à Saint-Michel, 105 à SFX2; les autres, je l’ignore. Cette convention fut bien respectée jusqu’à l’arrivée du directeur (M.Bosson) remplaçant Jacques Wynants à la tête de SFX2. Peu de temps après, ce monsieur se permit de dépasser son nombre limite d’élèves de première. Cela fit grincer les dents des gens de SFX1, l’école « sœur », qui ne faisait plus le plein et devait donc restreindre son personnel. Comme quoi, on est toujours trahi par les siens!

Arrivage féminin

Mignot87.jpg

Comme suite à la débâcle des Saints-Anges, tous ses jeunes professeurs vont devoir quitter ce navire en perdition. Ils – ou plutôt elles – se retrouveront essentiellement comme « réaffectées » à Saint-François-Xavier et à Saint-Michel qui ont tous deux le vent en poupe.

Linckens-1990.jpg

C’est ainsi que nous verrons arriver Liliane Hubin, Geneviève Tristant, Claire Cormann, Annette Delhaes, Bernadette Mignot, Odette Moreau, Denise Linckens et Mme Hanus, entre autres. Hu-Liliane.jpg


Au début je lançais quelquefois comme boutade à ces nouvelles venues, en Moureau-O-83.jpg

faisant semblant de ne pas les reconntre: «tiens, vous aussi vous  venez de l’annexe? »

J'ai appris récemment que certaines dames, comme Odette, qui me connaissaient mal, étaient vexées!

Delhaes-Annette-83.jpg

 

Peu après cette invasion féminine, une paire d’Eupenoises formée de copines francophones, Liliane Schmits et Jacqueline Jost, viendra alourdir la part féminine de notre vieux Collège. Ajoutons encore Anne Merveille, Marie-Dominique Darimont, Marie-Thérèse Blocteur (épouse Sternotte), Chantal Fouquet, Christine Picquot, Ruhina Dhalla, Marie-Jeanne Brance (déjà arrivée le 1er septembre 1980), Anne Longrée, Cécile Déderix, Jacqueline Degueldre, Viviane Demarteau, Claire Collard, Catherine Dourcy, qui sont arrivées peu avant ou peu après celles-ci et vous comprendrez que notre corps professoral subit en quelque temps une féminisation massive,
redoutée ou inespérée, c’est selon.
Brance-MJ-93n.jpg


J’ai l’impression que nous avons fait bon accueil à toutes ces nouvelles venues, qui se sont rapidement intégrées chez nous, pour la plupart en tout cas.

 


C’est cependant un homme qui sera le premier sous-directeur du Collège (septembre 1984): Jacques Camps impressionnera par ses capacités informatiques, sa serviabilité et sa puissance de travail. Ce sera un
   sous-directeur compétent: the right man at the right place!

Tristant-Gene-n-1994.jpg                                                                 Camps-Buste-78.jpg
Je voudrais relater ici une impression que j’ai gardée très longtemps. En observant quelques nouveaux professeurs engagés à cette époque tels que Bernadette Mignot, Claire Cormann, Geneviève Tristant,  Denise Linckens, Liliane Schmits, Jacqueline Jost, Christian Merland et Louis-Bernard Koch, j’ai vraiment pensé assister à un changement de standing du corps professoral. On pouvait se demander si ces nouveaux enseignants étaient choisis sur leurJost-Jn-83.jpg prestance, leur apparence, disons leur classe. Ou d’abord sur leurs compétences, que je ne mets pas du tout en doute, mais au début on n’en savait rien. C’est à croire qu’ils sortaient du même moule: c’est une réflexion toute personnelle qui, j’espère, ne sera pas mal prise. Ce n’était sans doute pas prémédité de la part de la direction, mais  c’était assez frappant à mon sens.


 

 

Schmits-L-83.jpg

 

J’ai eu l’impression que le Collège rattrapait sans le vouloir son image de marque (le mot n’est pas mal choisi, je trouve…). Il en va de même pour le recrutement  des premières années de mixité qui renforcent l’idée souvent entendue de Collège huppé.



Koch-82.jpg



Merland-83-nnn.jpg

 En attendant était arrivé de Notre-Dame, en septembre 1982, Dominique Embrechts pour donner le néerlandais et l'anglais dans le cycle inférieur.  Un petit gars sympathique, pas du tout le genre prétentieux.

   
 

         


Embrechts-83.jpg



Triste mois de mai 1982: décès du R.P. Frépont

 

Je n'ai jamais eu le plaisir de donner cours dans la classe du R.P. Frépont. Je le regrette car je suis sûr qu'on se serait bien entendu et surtout j'aurais appris à le connaître un peu mieux.Frepont-1964-avec-Thomas-et-Michou.jpg
Habituellement, il ne faisait que passer à la salle des profs, et uniquement quand il devait rencontrer un collègue. Je le vois encore, debout dans un coin de la salle des profs, ses livres sur les bras. Quand je lui parlais (rarement, n'étant pas dans les mêmes classes que lui), j’étais frappé par sa façon de hausser les sourcils, de cligner des yeux puis de jeter ceux-ci au ciel avant de me regarder en coin, sans doute pour solliciter mon approbation. Il accompagnait parfois son discours de quelques soupirs exprimant à la fois sa lassitude, son dépit et sa résignation. Il n’empêche, son fin sourire éclairant sa face de bébé joufflu montrait un optimisme qui tranchait avec le ton de son discours.

Je ne suis allé qu’une seule fois dans sa chambre, c’était d’une propreté étincelante et d’un ordre parfait; ça changeait du père Bodaux ou de M. De Donder…

Pour la plupart d’entre nous, Léon Frépont était un jésuite discret qui ne sortait de l’ombre que pour les répétitions de chant avant les grands-messes célébrées pour tout le Collège rassemblé dans l’église du Sacré-Cœur.

Frépont rieur nn 78 Je savais qu’il était parti aux Indes comme missionnaire (en 1946) et qu’il en était revenu malade (des poumons, je crois) en 1955. Arrivé à Verviers en 1956, il prit le titulariat de la 3e LG. Ensuite, il se retrouva plus souvent à la tête d'une Poésie, classe qui lui convenait parfaitement. Il ne quitta plus le Collège avant de mourir à la tâche à l’âge de 61 ans seulement. 

Après lui avoir rendu une dernière visite au grand hôpital (tout est grand à Verviers!) avec Jean Gillot, nous avons assisté à ses funérailles, en mai 1982.
Dans son homélie, le recteur Jean Charlier relata ses dernières paroles, très émouvantes: «Voilà, je te parle comme à mon supérieur: tu ne m’as sans doute jamais vu détendu comme maintenant. C’est vrai, j’accepte tout pour le Seigneur, avec le sourire… avec le sourire: je te le dis aujourd’hui parce que dans quelques jours, je ne serai sans doute plus capable de le dire – avec le sourire, Jean.»

Voici (en bleu) l'hommage du père Meessen, retrouvé dans la revue des parents.

Un matin, le téléphone intérieur me tire du sommeil ; le Père Frépont,

qui habite au-dessus de ma chambre, m' informe que

tombé vers une heure du matin, n'ayant pu se relever, me

demande d'avertir I'autorité qu'il ne pourra se rendre en classe.

Le souci professionnel I'emporte sur sa santé. Mais cette chute

est le signe d'une déficience cardiaque très prononcée qui va le

conduire du Centre de diagnostic en maison de repos, de retour

en clinique, il finira à I'hôpital de Verviers, et c'est là que se termine

son voyage terrestre. ll avait soixante ans.

Je I'avais connu à Tournai au temps de ses années terminales

au collège Notre-Dame. De sa ville, des siens, du Collège il

tenait son sens de la famille, son goût musical et son amour de

I'art. Le jeune Léon, sous le regard admiratif de sa soeur, guidé

par son père, musicien à I'armée, faisait vibrer son violont d'un

coup net de son archet. Comment dans cette ville de Tournai

n'aurait-il pas appris I'art, si d'abord il n'avait été inscrit en lui ?

Le collège, la Congrégation de la Sainte Vierge, I'amitié de ses

compagnons lui donnèrent I'idée d'offrir toutes ses possibilités

au Seigneur. ll se présenta à la Compagnie, en 1938, et sollicita

immédiatement les missions des lndes. Aussi le noviciat terminé

à Arlon, il suit des cours d'anglais et de sanscrit, en préparation

lointaine, car nous sommes en guerre à ce moment. Après

les études de philosophie et un an de régence au collège Saint-

Servais, nous voici en 1946. Le moment est venu de faire ses

adieux à ses parents et amis et de prendre la malle des lndes.

Pour s'acclimater, il monte à Kurseong, dans I'Himalaya, et y

entreprend ses études de théologie. ll y recevra la prêtrise et

enfin il peut tenir le mancheron de la charrue. Mais tant de

bonne volonté se heurte au mur de sa santé et les exigences de

la médecine le ramènent en Belgique en 1955. lci il faut d'autres

qualifications et il reprend les études de philologie classique.

L'épreuve est subie avec succès et après quelques mois passés

au collège de Charleroi il débarque à Verviers, en 1956. ll n'en

sortira plus, si ce n'est pour quelques retraites en Angleterre et

en France.

Pendant cinq lustres, ses élèves successifs vont connaître ce

petit homme d'une sensibilité, un point trop forte, I'homme de

droiture n'admettant pas que I'on biaise avec la vérité, méticuleux

parfois trop au gré de ses ouailles, homme de devoir, enfin.

Son souci premier était de former des hommes de demain, fermes

dans la foi et ouverts à I'avenir.

ll était plus qu'un simple pédagogue, il voulait conduire ses élèves

vers une approche, toujours plus poussée, vers le bien, le

vrai et le beau. Je ne dirai rien de ses cours, car jamais je n'y f us,

mais il m'arriva souvent de percevoir à travers les murs et la

porte de la salle Boland, de capter des bribes de conférences

sur la musique dans lesquelles il s'efforçait de faire comprendre

le style des grands maîtres, et il m'arrivait de regretter, qu'autre-

!ois, les Pères Sentroul et Milcamps ne nous eussent pas initiés

à I'art musical.

Le Père Frépont était le modérateur de la conférence de Saint-

Vincent de Paul du collège. C'est peut-être ici que se manifestait

davantage son attention à I'autre. ll y mettait son coeur et sa

délicatesse.

Ce n'était pas I'assistance à la porte qui I'intéressait, encore

qu'il fut toujours accueillant à ces quémandeurs occasionnels

ou habitués, son regard se portait surtout vers toutes ces misères

cachées, revers de fortune... tous ceux qui par fierté n'osent

pas tendre la main. ll les retrouvait, leur rendait visite et son passage

était un rayon de soleil éclairant sa discrétion. Je crois

bien que Dieu seul connaît le nombre de ses démarches, soustraites

aux regards des curieux. J'ajoute pour souligner sa disponibilité

la messe dominicale et matinale à I'hôpital de Verviers

pour le personnel, plus tard sa prise en charge de la messe

dominicale en latln, à la chapelle Saint-Lambert.

Son pas s'alourdissait, sa parole avait parfois quelque peine à

s'exprimer comme il aurait voulu, la fatigue s'accentuait mais il

semblait n'en avoir cure. Et cependant...

Voilà ce qu'extérieurement j'ai connu du P. Léon Frépont, Le

secret de son âme, son amour sans faille du Christ à qui il avait

tout donné, y compris sa santé, nous ne pouvons que I'appréhender.

On n'entre pas dans le jardin secret, mais ce qu'on a pu

en apercevoir fleurit maintenant dans la joie sans fin auprès de

Celui qu'il a servi avec tant de fidélité malgré les difficultés

physiques et les nuits de I'esprit.

                                                             G. Meessen rh. 1923 


1984 : le Centre Scolaire à l’assaut de la Communauté


Le mois d'août 1984 voit une activité débordante au sein du paisible Collège, habituellement endormi durant les vacances: de gros travaux d'aménagements des bâtiments de la rue de Rome sont entrepris. On transforme des chambres de jésuites en classes supplémentaires et on aménage les points de passage entre l'aile jésuite et le côté scolaire. Ce n'est pas aussi simple que ça n'en a l'air, ces deux constructions n'étant pas au même niveau. Tout doit être terminé pour le 15 septembre, ,jour de l'inauguration. Non, tout n'est pas fini le jour de la rentrée, mais personne ne s'en viendra s'en plaindre. Pour le jour de l'inauguration, il ne reste pratiquement que quelques travaux de finition.
Ces transformations nécessiteront bien plus de changements que certains ne l'auraient imaginé, sécurité oblige! C'est un tournant dans l’histoire du Collège. C’est aussi une nouvelle reculade de la Communauté jésuite qui se replie encore un peu plus vers son église du Sacré-Cœur. Le changement le plus spectaculaire est sans aucun doute l'installation du  monumental escalier extérieur – œuvre de Jean-Marie Bemelmans, mon vieux copain de Spécial-math à Saint-bar, mais surtout l’époux de ma collègue prof de math Liliane Schmits –  qui permet l’accès aux anciens bâtiments en partant de la cour.
Toque-dec-84.jpg

Côté jésuites, Les Pères ont désormais une sortie sur la rue juste à côté de l’église. C’est leur dernière issue, ils ne seront bientôt plus chez eux au Collège! Evidemment, ce sont des victimes consentantes, à commencer par le Recteur Jean Charlier, professeur dans l'âme, qui n'a jamais arrêté de penser au développement du Collège et à l'éducation des élèves confiés à notre institution. Jean Charlier, que j'ai beaucoup fréquenté et apprécié est d'abord un prêtre dont la foi est indiscutable, un homme de prière comme on en rencontre peu dans sa vie, mais il n'en est pas moins réaliste pour la cause. Il avait bien compris que ces travaux étaient devenus indispensables à la vie de Saint-François-Xavier.

Ces transformations donnent une fameuse bouffée d’air au Centre Scolaire qui va bientôt arriver à un chiffre de population record. Le couloir de la salle des professeurs est coupé en deux par une cloison percée d’une porte rarement fermée à clé: c’est plus que jamais le début de la clôture et donc des appartements privés de la Communauté. L’évolution vers la laïcisation totale du Collège suit son cours inexorablement.
escaliers-1984.jpg
Mais ça n'a pas empêché le père Bodaux de composer à cette occasion le chronogramme suivant :
                    CVMVLatis sCaLIs eXCeLsiora eXperIenDa.
Traduction : "La succession des marches nous invitait à tenter l'ascension."

Vérifions. Somme des chiffres romains :
C + V + M + V + I + C + L + I + X + C + L + I + X + I + D =
100 + 5 + 1000 + 5 + 1 + 100 + 50 + 1 + 10 + 100 + 50 + 1 +10 + 1 + 500 
        =   1984:  exact! Bravo, mon Révérend!


1985 : Jean-Paul II
  à Banneux


Le lundi 21 mai 1985, nous embarquons dans des cars qui nous mènent à Banneux pour la visite du pape Jean Paul II.  Je suis avec "ma" classe de 3A (ci-joint la photo de quelques élèves de cette classe nombreuse). 1984-3A.-droite.jpg
Je me demande si des élèves de cet âge seront intéressés par l'événement. En pratique, au moment où le pape, debout dans sa papamobile, passe devant nous, tout le monde se laisse prendre par l'ambiance (la foule est considérable) et nous voilà criant tous "Jean Paul II" sur l'air des lampions, comme si nous étions dans un stade de football, déchaînés par un exploit de notre joueur favori. Non, nous n'étions quand même pas tous exhubérants à ce point-là...Nous avons aussi assisté, de très loin, à la messe en plein air. Je crois que nous ne verrons plus jamais une telle cérémonie religieuse. Finalement, tout s'est bien passé; mais je crois que les élèves ont pris ça comme un show. Difficile de leur donner tort. Jean-Paul-II.jpg


 

jean Paul II en France 1980
Jean-Pol II
La commune de Banneux rendra un hommage particulier au pape en baptisant une de ses rues "Jean-Pol II" (sic).
 

 











Le bal des professeurs

Le samedi 1er juin 1985, nous sommes nombreux à nous retrouver en pékin à la grande salle du préau. C’est, je crois, une première : bal avec disc-jockey pour les profs et peut-être des parents mais je ne crois pas. Je me rappelle la date parce que c’est trois jours après le fameux drame du Heysel lors de la finale de football Liverpool-Juventus Turin, qui se soldera par le décès de 39 spectateurs, pratiquement sous les yeux des millions de téléspectateurs inconscients de l’ampleur du drame. Affreux !

Le dj est un beau Noir, parent de Jacques Camps dont une bonne partie de la famille est présente. Le dj lance la soirée en chauffant convenablement la salle puis coupe brutalement la sono et nous demande très sérieusement …une minute de silence à la mémoire des disparus ! Surpris, nous (les Gillot, les Heins, les Bemelmans et quelques autres sans doute) allons avoir toutes les peines du monde de nous retenir de rire.  La soirée est lancée d’une façon vraiment imprévisible. C’est difficile d’étouffer un fou-rire, surtout dans une situation dramatique.


Ping-pong et atelier de lecture

Les rapports amicaux entre collègues entraînent quelques initiatives mémorables. Lambrette-Jose-ping-pong-note.jpgLes tournois de tennis de table – organisés à l’initiative de  José Lambrette  – déboucheront chaque fois sur une soirée très réussie, rassemblant une bonne partie du Primaire comme du Secondaire. Avant d'en arriver là, un tirage au sort déterminait les matchs qualificatifs que nous devions jouer dans la salle de jeu, durant une fourche de préférence. Le tournoi suivait son cours de cette façon jusqu'aux demi-finales.
Gaillard-ping-pong.jpg Buyle-ping-pong.jpg




Legrand-ping-pong.jpg
Poumay-ping-pong.jpg





Je me rappelle avoir joué une fois contre Michel Henrard, qui m'avait écrasé: je n'arrivais pas à attraper ses balles de service pleines d'effet. Un autre concurrent très fort était Christophe Fettweis, mais l'essentiel était évidemment de Carbin-ping-pong.jpg Collings-76-77-pp.jpg participer. La finale Defawes-ppong.jpg est l'attraction de la soirée organisée sous ce prétexte.


Les conjoints participent volontiers; il faut dire que nous sommes nombreux de la même tranche d’âge. Je ne me rappelle plus les résultats mais je crois bien qu'une finale de tennis de table sera gagnée par Jean-Luc Goffin (bien entraîné dans son club) contre Fernand Poumay.

Je ne sais plus combien de fois nous avons connu cette organisation conviviale et sportive, mais je sais que le 4 mai 1979 est la date d'une soirée de profs à l’occasion de la fin d'un tournoi de ping-pong.

Un peu plus tard s'exprime un besoin d’ouverture culturelle. Outre le théâtre, plusieurs d’entre nous s’encouragent à aller suivre des conférences. Je me rappelle plus particulièrement un cycle de soirées organisé par la faculté de philosophie de l’Université de Liège sur les Questions disputées où nous nous sommes retrouvés avec Marcel  Lepièce et Patrick Constant. J’aurai plusieurs fois l’occasion d’être en compagnie de Gérard Lemin ou de Philippe Dejong: de bonnes habitudes!

Dejong-73n.jpg

 

 

Nous avons aussi fondé un atelier de lecture en septembre 1983. Le principe est le suivant : on choisit un livre conseillé par l’un ou l’autre des participants et chacun le lit pour la séance suivante. Culot-V-2005.jpg On organise alors la discussion ou le débat à propos de cette lecture et des thèmes abordés en l’occurrence. En fin de séance, nouveau choix de livre et ainsi de suite. Les participants habituels sont Véronique Culot, José Lambrette (preuves que nous ne tenions pas le primaire à l’écart), le père Charlier, Dominique  Willem, Jean-Louis Hamès, Odette Moureau, Dominique Jeangette, Eric Laurent et moi. Durant un certain temps, nous lepiece-89.jpg aurons même des élèves d’une Rhéto. Les séances ne sont pas nombreuses mais toujours agréables. Voici, chronologiquement, les livres sur lesquels nous avons débattu.

En 1983-84:  La mort est mon métier de Robert Merle, trois livres sur Léopold III (il venait de décéder), 1984 de George Orwell et Harricana de Bernard Clavel.
En 1984-85 :
Le désert des Tartares de Dino Buzzati, Le Grand Merdier de Louis Leprince-Ringuet, Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, L'oeuvre au Noir de Marguerite Yourcenaer.Lambrette-J-2003-n.jpg


En 1985-86: Symphonie pastorale d'André Gide, Le Défi informatique de Bruno Lussato, Othello et Hamlet de William Shakespeare, La Cité de la Joie de Dominique Lapierre,  Les Bouffons de Dieu de Morris West,  Dieu est Dieu, Nom de Dieu de Maurice Clavel, Le Retournement de Vladimir Volkoff .

En 1986-87: La troisième Vague d’Alvin Toffler, Léon l’Africain d’Amin Maalouf, etc. 
Et puis les séances se sont espacées et cet atelier s’achèvera faute de combattants ou plutôt par manque de temps consacré à la lecture. C’est bien dommage. En pratique, Dominique Willem continue en solo cette initiative en résumant brillamment et très régulièrement ses coups de cœur dans les Valves de Poches devenues SFX News depuis 2001.

Le menu remplace la section

Le critère choisi pour former les classes de première est celui des langues. C’est resté le même durant des années (a-t-il changé aujourd’hui ?). On tâche de garder les mêmes groupes  pour la deuxième, mais en troisième ça change. Des options de base comme le latin, les maths, la troisième langue, les sciences ou l’économie demandent une réorganisation. Tout naturellement, on recréera des filières qui ressemblent plus ou moins à nos anciennes sections. En pratique, le Collège va proposer des menus types imposant le plat de résistance de chacune de ces « sections rénovées» que certains appellent des filières, disons une demi-douzaine. Mais dans ces menus, on pourra encore choisir l’apéritif et le dessert. Puis on en viendra à supprimer l’apéritif et à restreindre les choix des desserts, les accords de Val Duchesse l’imposant. Bref, il ne restera plus grand-chose du Rénové.

Ces fameux menus animeront des débats plus ou moins officiels durant quelques années. On tente de concilier choix individuel et logique formative : un véritable casse-tête chinois. Il faudra bien imposer, restreindre, sacrifier. Le Rénové n’a plus les moyens du début, la rationalisation est en marche ! Depuis une bonne douzaine d’années, on peut dire qu’on a stabilisé les filières en imposant pratiquement deux cours de langues germaniques à 4 heures dès le deuxième degré.

Pour les mathématiques, la Fédération catholique s’alignant sur la Communauté française décidera malheureusement de n’entamer les maths fortes qu’en cinquième alors que c’était le cas en troisième jusqu’en 1992 et en deuxième dans le Traditionnel (jusqu’en 1983 donc). Un recul qui ne s’est pas fait sans dommages: plusieurs élèves se surestimant  en math (plus rarement le contraire) en début d’année se retrouvent coincés au 15 octobre de la cinquième jusqu’à la fin de leur Rhéto. Cette date limite est ridicule pour les changements d’options dans le troisième degré. La ministre socialiste Marie Arena, interpellée à ce sujet dans nos murs, avait promis de s’occuper de la question: on attend toujours!

 

 
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2 mai 2009 6 02 /05 /mai /2009 08:18

L’ambiance générale au début des années 1980

Depuis le premier choc pétrolier, on est en crise; lMartens-Wilf.jpge second choc de 1979 n’arrange rien. Je ne sais pas si c’est réel, mais j’ai nettement l’impression que l’époque où la vie matérielle était la plus facile pour les professeurs date de 1973: j'ai surtout le souvenir d'une insouciance totale durant les grandes vacances plus particulièrement.

La vie politique est assez morose et très instable en Belgique: 12 remaniements ministériels entre 1974 et 1981 et un endettement galopant; puis la série des Martens (dit Wilfried l'évident)   et les années d'austérité.


En France, c’est la gauche qui triomphe avec l’élection de François Mitterrand (photo ci-contre) le 10 mai 1981 (jour de la communion solennelle de Brigitte, ma fille).
Pour ma part, je crois que nos voisins du Sud vont avoir un réveil difficile! Surtout que Tonton (qui se prendra bientôt pour Dieu) va faire un gouvernement avec les communistes de l’inénarrable Georges Marchais. Giscard-1974.jpg


Exit Giscard et ses airs de grand seigneur, voici un nouveau…monarque!
Personne n’imagine alors que Mitterrand s’installe à l’Elysée po
 ur 14 ans. La France n’en deviendra pas communiste pour la cause, contrairement aux craintes de nombreux catastrophistes de droite.



Le 13 mai 1981
trois jours après l'arrivée au pouvoir de Mitterrand , le pape Jean Paul II est victime d'un terrible attentat place Saint-Pierre à JPII-1985.jpg Rome. Le monde catholique est choqué. Nous ne comprenons pas pourquoi on veut le supprimer et nous ne saurons jamais qui a armé le bras de ce Mehmet Ali Agça, un Turc, auquel on a prêté les plus fantaisistes motivations. Celui-ci fera de la prison, où le pape ira un jour lui rendre visite pour lui pardonner son geste: un grand moment aussi.

jean Paul II en France 1980

 





C'est à partir de cet événement que le pape utilisera systématiquement la voiture blindée appelée "papamobile".

Les medias du monde entier sont en ébullition: cet attentat vient deux mois après la tentative contre Ronald Reagan, président des Etats-Unis. Les grands de ce monde seraient-ils devenus une cible facile?

 Reagan-et-JP-II-en-1982.jpg

 

 



Depuis quelques années, les librairies croul
ent sous les pamphlets concernant l’école et les projets de rénovation de celle-ci. Cela encourage peut-être les enseignants à lire, ce qu’ils font trop peu, assurément.

Jacques Attali (photo ci-dessous), qui va nous habituer à une cadence d’un livre par année, prend de la hauteur et sort «Les trois Mondes – Pour une théorie de l’après-crise», Fayard, 1981. Encore un livre que j’ai complètement oublié: ça sert à quoi de lire? Je viens par hasard de retomber sur des notes que j’avais prises à l’époque. Preuve que j'étais passio nné par sa lecture. Les trois mondes en question sont la Régulation, la Production et enfin l’Organisation. «Une organisation survit, dit-il (p.195), si la communication entre ses parties résiste au bruit extérieur ou, mieux même, si grâce à ce bruit augmente l’adaptabilité de ses parties aux besoins du tout.» Il a un petit couplet sur le régime soviétique qui fait alors froid dans le dos : «ces régimes peuvent peut-être profiter de cette crise pour entrer plus franchement encore dans l’ordre Marchand. Pour l’URSS, cela passe par une tentative de domination politique et économique sur l’Europe de l’Ouest afin d’y puiser la technologie nécessaire à la dévalorisation et à l’automatisation de la production. Si cela échoue, une autre possibilité d’évolution du soviétisme serait la dévalorisation par la guerre.» Cela donne froid dans le dos.

Quelque temps plus tard, répondant aux mouvements pacifistes opposés à l’implantation de missiles américains à l’ouest du Rideau de fer, Mitterrand lancera son fameux: «Les pacifistes sont à l’Ouest et les missiles à l’Est!» 

Drôle d’époque, partagée entre la crainte de la guerre nucléaire et l’espoir d’un progrès fulgurant dopé par l’informatique.

Prolongée mais pas nommée

Dans les années 1960-70, pour un enseignant du Libre, il ne faut d'habitude que 2 ans entre le jour de son engagement et celui de sa nomination définitive par le Pouvoir organisateur. Cette règle peut souffrir des exceptions si la personne engagée est intérimaire d’un professeur «en mission», comme ce fut le cas pour ceux qui remplacèrent Henri Héroufosse, casé au jury d’homologation, ou Luc Peeters, détaché dans un cadre de formateurs, je crois. Je suppose que Jean-Michel Daele, promu conseiller pédagogique, a aussi été remplacé par des intérimaires.
Il peut arriver que le membre du personnel doive prester une

3e année de Arnould J 83 probation avant sa nomination, année décidée par l’autorité du Collège, qui demande ainsi un délai supplémentaire avant de se décider définitivement. C’est un peu comme une seconde session. Jean Arnould, Joseph Ruwet , Christophe Fettweis (en-dessous, à gauche) et Jean-Luc Goffin durent purger cette prolongation avant d’être nommés définitivement. Les raisons n’en sont évidemment pas publiées.Goffin 87 

  Fettweis 89


Cette sorte de punition est infligée aussi à Claire Laloux, jeune
licenciée en Romanes très sympathique et fort joyeuse, particulièrement appréciée des professeurs de Longrée Geo 1974 religion comme le père Longrée (ci-contre) et Philippe Massart  pour son sens de l’ouverture en la Laloux Claire n matière. Mais il semble qu’elle dérange par sa façon trop libre de parler en classe, c’est du moins ce que l’on entend dire de la part de certains  parents. Peut-être suscite-t-elle aussi un peu de jalousie chez quelques professeurs goûtant peu sa spontanéité et ses rapports amicaux avec les élèves.


 Elle donne plus l’impression d’être une grande sœur qu’une enseignante. Je me souviens l’avoir vue jouer au volley dans  la cour avec des massart Ph 1977 élèves de sa classe durant une récréation (classe d’Olivier Lex dit L'exception): on n’avait plus vu pareil comportement au Collège depuis des décennies (je me souviens que le  père Ries, toujours en soutane évidemment, jouait au football avec des élèves quand j’étais en Primaire). Durant sa troisième année, il est clair pour presque tout le monde que l’issue sera favorable, elle sera nommée à coup sûr. C’est d’ailleurs ce que le directeur lui fait comprendre peu avant la date fatidique (elle me l'avait personnellement confié). Et puis patatras! Le P.O. en décide autrement (en 1982, je crois), malgré Delobel qui, à mon avis, était partisan de sa nomination définitive.
C
ela va provoquer un véritable électrochoc dans le milieu de ses amis, qui feront pression comme ils peuvent sur l’autorité du Lex Olivier 80Centre Scolaire, mais la décision sera maintenue contre vents et marées. Claire quittera donc le Collège et se mariera peu de temps plus tard avec un diplomate, ses fréquents déménagements l’empêchant de continuer à enseigner.

A posteriori, je crois qu’on a été très frileux en l’occurrence. Quand on voit la légèreté avec laquelle on a nommé certains collègues, on a plutôt l’impression que la direction a souvent failli dans le sens contraire.

Une autre façon d’évaluer

L’épisode suivant se passe en juin de l’année 1983. Nous sommes dans le grand parloir – aujourd’hui bureau du directeur – pour les délibérations des troisièmes. Nous arrivons aux résultats de sciences d’un élève. Le professeur, tout nouveau licencié en biologie – qualité rare à l’époque, donc personnage important –, énonce très sérieusement les notes de l’examen de juin de Documents-avril-83.jpgcet élève: « 1er: 45/100; très bon élève!» Tout le monde se fige, le regard dirigé vers Delobel qui préside. Celui-ci garde les yeux rivés sur sa feuille et devient blanc…  il va éclater: nous retenons notre souffle! Rien ne se passe. Le directeur encaisse sans sourciller et continue comme si de rien n’était…

Je crois que le collègue en question ne comprendra jamais pourquoi cette anecdote a fait le tour du Collège; je suppose, mais ce n’est
pas certain, que le garçon av ait un bon TJ. Plus tard, je tenterai de rassurer mes collègues titulaires en expliquant qu’il notait sur 70… Je ne dirais pas qu’il a fait pire depuis, mais il est resté égal à lui-même, contre vents et marées. Et pourtant, c’est un homme particulièrement agréable en dehors des cours.


Si je prends ça à la blague aujourd’hui, il faut avouer que ce n’était pas drôle pour les élèves qui faisaient leur
possible.
 En  outre, comme la direction faisait des sciences notre spécificité (un voeu pieux) et que sévissaient aussi dans cette discipline des collègues pas commodes (qu'on disait trop exigeants, à l'époque) comme André Beaupain et Marcel Lepièce, on comprend pourquoi les sciences fortes n’ont jamais été dédoublées dans le cycle supérieur.

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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 09:31

La Chorale du Collège

Je ne suis pas sûr du nom, mais je suis sûr de sa réputation. Cette chorale issue de la messe du samedi à 17h30 à l’église du Sacré-Cœur va grandir petit à petit pour prendre véritablement son envol avec l’arrivée du frère René Maurage dans les années 1970. Comme nous étions des habitués de cette messe, surtout à partir de l’avènement du recteur Lefèbvre, orateur brillant, nous - ma femme et moi - avons assisté à l’éclosion de ce groupe musical, qui a participé très largement au succès de cet office hebdomadaire. Et puis le frère Maurage a profité de sa réputation pour en faire un groupe vivant, autonome, mais une œuvre d’Eglise, avec ses activités charitables.
Je lis dans la Revue des parents de février 1974 qu'ils ont enregistré un disque! Et dans le bulletin de novembre 1974, j'apprends que cette chorale a déjà chanté à 9 reprises pour les 200 détenus de la prison de Verviers. La dernière fois étant pour l’animation de la messe, la veille de la Toussaint. René Maurage en profite pour lancer un appel aux lecteurs pour aider ses choristes dans leur démarche sociale : ils vont offrir un colis de Noël et de Nouvel–An lors de leur prochain passage, la veille de Noël.

          Chorale_SFX_02_avril_1977_0001.jpg
René nous conte en même temps l’histoire peu banale d’un détenu particulièrement touché dans son cœur lors de la prestation de son groupe à la Toussaint : « A la fin de la messe, un détenu s’est mis à pleurer et, rentrant dans sa cellule, il ne pouvait arrêter ses larmes. Durant la nuit, incapable de dormir, tracassé, tourmenté qu’il était, il devait écrire ce qu’il ressentait en lui. »
Je recopie une des deux chants composés par ce personnage. Ce chant est maintenant régulièrement entonné dans nos églises.
                Chorale_SFX_02_avril_1977_0002.jpg
Refrain
Seigneur, pourquoi tu pleures ?
Serait-ce à cause de moi ?

Si c’est de ma faute que tu pleures,
Alors, pardonne-moi.

1. Peut-être ai-je oublié mes prières.
Peut-être est-ce à cause de ma foi
Ou bien, à cause de la terre
Qui ne se soucie plus de toi.
2. Si c’est à cause de la terre
Qui ne pense plus à toi,
Alors, ne t’en fais pas, mon Père,
Crois-moi, un jour elle comprendra.
3. J’ai pillé, j’ai volé,
J’ai renié ma foi.
Mais toi, source de bonté,
Tu m’as déjà pardonné.
 

           Chorale_SFX_02_avril_1977_0004-date.jpg

L’incurie de l’Education nationale

Lors de mes débuts en septembre 1966, j’étais dans deux écoles différentes. A la fin du mois de septembre, je n’ai pas été payé. Pas vraiment surprenant, on m’avait prévenu: l’Education nationale est une machine très lente à mettre en route. Fin octobre, je reçois mon traitement pour mes prestations au Collège (8 h/semaine), mais rien pour Saint-Michel; bizarre. Le délégué syndical de Saint-Michel m’explique que c’est sans doute parce que je suis dans deux types d’enseignement: le moyen (au Collège) et le technique (commerciales à Saint-Michel); mais il est d’accord que c’est anormal et promet que le syndicat va intervenir. Finalement, j’attendrai stoïquement 6 mois avant d’être payé normalement. Il y avait de quoi perdre patience.

Deux ans d’enseignement, puis je fais mon devoir civique: 12 mois de service militaire, durant lesquels je ne reçois évidemment aucun traitement (tiens, ils s’en sont vite aperçus).

Le 1er septembre 1969, je suis démobilisé depuis un mois quand je reprends à temps plein au Collège. Fin septembre, pas de traitement. Ça recommence. J’alerte mon délégué syndical (Delobel), qui promet d’intervenir. Le Collège est évidemment au courant: Dedeur, le père Econome (ou Ministre?), n’a pas reçu mon listing détaillant mes émoluments. Moins patient qu’il y a 3 ans, à la fin octobre, comme rien n’a bougé, je demande une avance sur traitement au Collège. Légalement, j’ai droit à 80% de mon traitement en attendant que ma situation se régularise. Je sais que ça n’arrange pas les finances de l’école, qui reçoit systématiquement les subsides de fonctionnement en retard, elle aussi. Mais je me dis que ça va les obliger à se remuer pour tenter de faire avancer mon dossier. Il vaut mieux deux soutiens qu’un seul... Dedeur comprend bien ma réaction et décide d’envoyer quelqu’un (il sait qui) à Bruxelles pour secouer le cocotier. L’espoir est mince, mais on ne sait jamais. En attendant, je vis aux crochets de ma femme, qui a la chance de travailler dans le privé. Le franc-tireur volontaire est Joseph Doneux (voir photo ci-desous), surveillant de son état et têtu de surcroît: un défaut qui convient bien à la situation. Doneux me promet qu’il ne reviendra pas bredouille, dût-il loger au ministère! Je ne sais dans quelle mesure l’intervention de Joseph a précipité les choses; je devrai quand même encore prendre patience: notre administration est comme un moteur diesel, lente au démarrage.

En pratique, la question ne sera réglée qu’en février 1970. Ouf! Pourvu que ça dure. Mais je garde une dent contre ce ministère prétendument national, mais royalement désorganisé. J’ai longtemps tenu rancune à l’Education nationale de mon pays.

Le syndicat principautaire dégaine

Comme mon cas est loin d’être isolé et que l’incurie de l’Education nationale est récurrente – ajoutons à cela que les enseignants sont particulièrement mal payés, quand ils le sont –, notre syndicat (qui est une branche de la CSC) fait monter la pression. J’appuie volontiers toute revendication et toute action de mes instances. On parle d’une grève nationale de 3 jours. Je suis partant. N’oublions pas que j’ai attendu 2 fois 6 mois pour que ces messieurs daignent s’occuper de mon cas. Mais comme les instances syndicales ne sont pas tellement mieux organisées que l’Etat, seule la centrale de la province de Liège part en grève, espérant entraîner le reste des troupes: l’esprit principautaire sans doute. Les autres ne bougeront pas.

Nous voilà grévistes durant 3 jours: arrêt des cours qui arrange bien les élèves, puisqu’il allonge d’autant leur congé de Toussaint. On s’aperçoit au Collège qu’il n’y a que les jeunes profs qui marchent dans cette combine. Les Martiny et De Donder ont une autre idée de leur vocation. Pour eux, un enseignant en grève, c’est inconcevable: nous sommes la crème du service public; pensons-nous à nos élèves qui n’ont pas mérité cet abandon? C’est vrai que je n’y ai pas beaucoup pensé, voire pas du tout, obnubilé que je suis par l’incurie de ces ministères qui regorgent de pistonnés politiques. Moi, je ne vois que mon cas personnel, égoïstement. J’ai d’ailleurs dit à mes camarades que s’ils ne marchaient pas, je ferais quand même grève, seul s’il le fallait!
Nous serons encore longtemps considérés comme les chevau-légers de l’inorganisation syndicale.
Je réfléchirai autrement quand j’aurai pris un peu de bouteille.

Un coup bas

Restons dans ce milieu censé défendre nos intérêts professionnels. Quand notre délégué syndical (Delobel), très actif et très bien renseigné en général, est devenu directeur (tiens!) le 1er septembre 1978, il devait normalement démissionner de ses fonctions syndicales et nous devions alors procéder à l’élection de son remplaçant. Ce ne fut pas sa première préoccupation, on peut le comprendre. Après quelques semaines, on l’interpelle à ce sujet, lui expliquant que l’on va procéder à l’élection d’un nouveau représentant; il s’empresse de nous dire qu’il reste syndiqué, étant comme nous membre du personnel et pas du P.O. En attendant, il reste directeur et délégué syndical! Je suppose que c’est unique dans les annales du mouvement syndical. Passant de l’intention à l’action, nous cherchons un candidat délégué et n’en trouvons qu’un seul: Joseph Doneux. Pourquoi pas? C’est un gars qui n’est pas toujours pris au sérieux par les élèves (ils le surnomment Gertrude!) ni par ses collègues, mais c’est un esprit indépendant qui ne se laissera impressionner par personne, et un type qui osera monter au feu si nécessaire. L’élection du seul candidat est une formalité. Quoique... Le syndicat régional, averti de cette élection, nous informe que cette élection est invalidée pour vice de forme! Apprenant cela, on hésite entre le fou rire et la colère. Quand on se rend compte que le syndicat prend les choses très au sérieux, on convoque immédiatement le délégué régional, qui n’est autre qu’André Noirfalise, de Saint-Michel – qui deviendra directeur du premier degré de son école quelque temps plus tard, tiens! – pour tirer cette affaire au clair. Noirfalise vient un jour à 16 h pour nous rencontrer. Tous les syndiqués du Collège sont là, sauf le directeur et Joseph Doneux. Sommé de nous donner les détails de l’affaire pendante, il nous apprend qu’un de nos camarades a déposé réclamation pour défaut d’affichage réglementaire lors de l’appel aux candidats! Je rêve: mon sang ne fait qu’un tour. J’exige alors d’André Noirfalise (ex-collègue de Saint-Michel) qu’il nous dise de qui émane cette subtile réclamation. Noirfalise se tait. Mais, après quelques secondes de tension insoutenable, le coupable rougissant lève un bras hésitant, la tête basse. Je le revois comme si c’était hier. C’est notre préfet de Discipline! Qui, soit dit en passant, ne peut pas voir le surveillant Doneux en peinture. Je crois objectivement qu'il a des raisons professionnelles pour cela: Doneux est difficile (sinon impossible) à diriger. Pour nous, c'est un procédé inadmissible; nous ne sommes pas habitués à ces coups fourrés de basse politique. Quelle tristesse de voir un copain entrer dans ce système!

Nous devons donc recommencer tout le processus, persuadés que Doneux sera élu à l’unanimité, moins la voix du préfet (quid de l’attitude de Delobel, votera ou votera pas? J’ai oublié s’il l’a fait). Mais notre Joseph, profondément dégoûté, n’en voudra plus, plus jamais. Il faut à nouveau trouver des candidats. Après de multiples caucus, on apprend qu’il y a deux candidats officiels: Bernadette Pirotte et Luc Peeters. Je crois que Luc (futur sous-directeur à Don Bosco Liège) est le candidat de la direction, Bernadette Pirotte représentant plutôt le parti de Joseph. Le score est de 50-50 et Peeters est déclaré vainqueur à l’ancienneté (application correcte du règlement en la matière).

Etonnez-vous, après cette magouille de caniveau, que certains, comme moi, aient refusé à tout jamais d’obéir aux mots d’ordre syndicaux et de payer la moindre cotisation à cette organisation abritant de tels «combinards»...

Trente et un ans plus tard, je suis beaucoup moins virulent. Je sais que, comme partout, il y a là des gens honnêtes, et d’autres. Et je ne remets pas en cause l’utilité des syndicats ni leur légitimité, loin de là. Mais le scepticisme et l’amertume l’emportent toujours. Pardonner, oui, oublier, jamais!

 

 

 

Numerus clausus

La mixité fait un tabac au Collège. En 3 ans, on passe d’une rentrée de 80 garçons à 198 filles et garçons. On ne sait plus où mettre tous ces jeunes; il faut engager des profs à tour de bras, en commençant par les réaffectés. Que va devenir l’esprit du Collège? Plusieurs observateurs crient casse-cou. C’est aussi l’avis du Conseil d’administration et  particulièrement du père Dedeckere, président de celui-ci et du P.O. Il faut freiner le mouvement, volontairement: nous nous imposerons unilatéralement un numerus clausus. Ce sera ainsi malgré les réticences du directeur. Cette limite à 165 élèves en première est toujours d’actualité. Je crois que c’est grâce à cela que le Collège connaîtra au moins 20 ans de stabilité bienfaitrice.

La décision d’imposer un numerus clausus dans chaque école libre de Verviers se prendra plus tard.

Reprise des Saints-Anges?

L’école de la rue de Francorchamps connaît une chute spectaculaire dans les rentrées. Refusant d’abord d’ouvrir à la mixité comme les autres écoles libres verviétoises, le directeur Deville, qui partage son temps entre deux écoles, doit bien accepter la coéducation devant la véritable déconfiture qui atteint aussi son personnel enseignant. Ils lanceront en 1981 la fameuse publicité (voir ci-dessous) trop agressive à mon sens: tant de gens pour épanouir mon gamin, ça ne fait pas famille,  devaient se dire les parents. C'est le moment où ils annoncent l'ouverture de la mixité dans les deux premières années du Rénové: ils essaient vainement de rattraper leur retard. Mais l’hémorragie continue de plus belle. La situation est si grave que le P.O, dépendant des Sœurs de la Charité, se tourne vers les jésuites en désespoir de cause. Pourquoi pas une fusion, mais vite, avec Saint-François-Xavier?
                          





La question n’est pas vraiment étonnante, il y a plusieurs années qu’on parle de rationalisation dans l’enseignement. Le bruit court depuis longtemps que les écoles devront se regrouper dans un esprit d’économie. Sollicité, le père Dedeckere accueille positivement la demande des Sœurs, mais veut d’abord  consulter les forces vives du Collège; encore heureux!

La consultation des enseignants du Collège se passera en trois temps. En premier lieu, le directeur réunira les professeurs élus dans les Conseils d’administration et de direction. Il s’agit du recteur Jean Charlier, de Jean Gillot, de Philippe Dejong, de Marcel Lepièce (à vérifier) et de votre serviteur. Il apparaît rapidement que la fusion pure et simple n’est pas souhaitable pour le Collège: on n’a rien à y gagner, au contraire. Comme notre corps professoral est en moyenne plus jeune que celui des Saints-Anges, en cas de fusion, les premiers à perdre leur emploi (conséquence inévitable du regroupement) seront les jeunes du Collège, puis, dans l’hypothèse réaliste d’une baisse de population scolaire, ce seront les stagiaires et les derniers nommés qui seront les premiers visés, donc d’abord des profs de la rue de Rome.

C’est la dure loi de la priorité à l’ancienneté. Un consensus s’établit rapidement entre nous. On doit dire non à la fusion, mais comment présenter ce refus sans avoir l’air d’abandonner égoïstement nos collègues des Saints-Anges à leur triste sort? C’est la quadrature du cercle. A la fin de la dernière réunion, coup de théâtre: le directeur nous dit qu’il est favorable à la fusion et qu’il l’a toujours été! Devant notre surprise, il prétend s’être abstenu de dévoiler sa préférence pour ne pas nous influencer… Quel culot! Nous en sommes médusés.

Au Conseil de direction, les Parents se prononcent en faveur d’une école fusionnée à condition qu’elle soit dirigée par M. Delobel qui, paraît-il (je n’y étais pas, mais j’ai de bonnes sources), reste silencieux, la tête humblement baissée, au moment de cette suggestion. Son silence est généralement considéré comme un assentiment. Ce cas de figure aura le don de mettre la salle des profs en ébullition. Certains collègues prêtent des intentions mégalomaniaques à notre responsable en chef; on parle de mauvais remake de l’histoire dramatique de l’école des Sœurs. Deville est d’ailleurs généralement désigné comme principal responsable de la débâcle des Saints-Anges. Pourtant, le même phénomène de flux migratoire vers les écoles de garçons lors de l’adoption de la mixité sera constaté pratiquement partout. Ce n’est donc pas une spécificité verviétoise, et encore moins devillesque.

L’argument des fusionnistes est double: chrétiennement parlant, nous ne pouvons pas nous désintéresser d’une école catholique voisine en perdition, il faut que la solidarité joue à plein. Et politiquement, on est quasi certain que la rationalisation va rendre obligatoires les regroupements d’écoles, autant anticiper en choisissant notre partenaire. On pourrait nous imposer une fusion non désirée, dit-on.

Après l’échec patent de la consultation des professeurs élus et la proposition de l’Association de Parents, les autorités viennent informer officiellement le corps professoral sans vraiment le consulter. On se retrouve donc en assemblée plénière au réfectoire des élèves. Réunion mémorable. L’atmosphère est lourde. Le père De Deckere arrive en dernier lieu et prend la parole dans un silence religieux : il nous invite, vu la gravité de la situation – dit-il –  à commencer cette entrevue par un Notre Père! Grosse surprise dans l'assemblée, ce n’était déjà plus dans les habitudes depuis longtemps. Après son plaidoyer pro domo, entendez pour la fusion, largement appuyé par Delobel, la parole est donnée aux profs. Je sais que j’ai un rôle important à jouer: étant alors au Conseil d’administration, j’ai participé de très près aux discussions préliminaires: je me sens investi d’une lourde responsabilité. Il faut que chaque collègue comprenne bien les risques qu’on veut nous faire prendre. Je me lève donc d’emblée, dans un état de stress particulièrement intense, pour exposer le point de vue qui me semble le plus réaliste. J’ai à peine entamé mon laïus que je subis une attaque frontale du directeur, tentant de me disqualifier par un argument ad hominem. L’agression est violente et manifestement préméditée: mon avis est bien connu, il faut me faire taire! Je suis un peu désarçonné par cette manière inhabituelle de Jean-Marie, mais je dois réagir; la meilleure arme, c’est l’humour. Je joue les faux naïfs – comme Philippe Dejong sait si bien le faire – en demandant à Jean-Marie, mais surtout à la cantonade, si je peux continuer sans me faire «engueuler»…Le directeur reprend instantanément son calme et m’engage à poursuivre. Je tâche d’être aussi clair et concis que possible. A la fin des débats, il en ressort que, mis à part quelques belles âmes qui prêchent la solidarité à tout crin, la plupart des intervenants sont de mon avis: non à la fusion! Evidemment, beaucoup de collègues se contentent d’opiner du chef ou se réfugient dans un silence prudent, évitant ainsi de déplaire aux responsables à moins qu’ils ne soient tétanisés par l’ambiance pesante et l’importance de l’enjeu. A l’issue de cette franche confrontation, il n’y aura pas de vote – ce n’était d’ailleurs pas prévu – mais tout le monde sent bien que la fusion ne recueille pas les faveurs du corps professoral de notre vénérable institution, qui a quand même des scrupules à lâcher les Saints-Anges.

La semaine suivante, au Conseil d'administration, on en tirera les conclusions qui s'imposent et on commencera à parler plutôt d'une association, terme assez vague qui risque d'être utilisé pour noyer le poisson, à moins qu'une idée concrète ne se cache derrière.

L’Institut Saint-François-Xavier

La fusion ne se fera pas – au grand soulagement de la grosse majorité des locataires de la rue de Rome – mais un compromis à la belge, particulièrement astucieux, sera proposé: on remplace l’entraîneur de l’équipe en danger et on change le nom du club. Pardon, quittons le monde sportif pour revenir dans le domaine de l’enseignement…libre.  Les jésuites prennent le pouvoir aux Saints-Anges, mais avec une autre Assemblée générale (à très peu de chose près): c’est donc le statu quo au niveau des corps professoraux. Nous resterons deux écoles totalement distinctes quoi qu’on en dise.
Cependant, on commence par remplacer le directeur des Saints-Anges, compatissant,  par le professeur local Jacques Wynants 
(ancien du Collège), délégué syndical comme l’étaient Delobel et Noirfalise, le directeur du degré d’observation de Saint-Michel. Voilà une pratique qui fera florès dans notre réseau. Ensuite, pour bien montrer au public l’étroite parenté (!) entre nos écoles «jésuites», on donne à l’école de la rue de Francorchamps le nom de notre grand saint. Mais nous n’accepterons pas qu’ils utilisent le label Collège quand on parle du Centre Scolaire Saint-François-Xavier. Le Collège, c'est nous et ça doit le rester. Voilà pourquoi l'école secondaire de l’ancienne école des Sœurs s’appelle désormais Institut Saint-François-Xavier 2 (ou SFX 2 et plus tard SFXdeux). Nous devenons par voie de conséquence le
n°1. Il fallait bien ajouter cet appendice numérique pour éviter toute confusion aux gens de l’extérieur, tout en marquant davantage encore la pseudo-connivence entre les deux institutions scolaires.

Ce remaniement somme toute de façade (le changement d’un directeur pratiquement atteint par la limite d’âge étant dans l’ordre des choses) marquera les esprits et sera suffisant pour arrêter l’hémorragie au désormais ex-institut des Saints-Anges. Ne minimisons tout de même pas le fait que le père Longrée, jésuite particulièrement aimé par de nombreux «paroissiens», finira sa carrière professorale rue de Francorchamps: le seul jésuite à avoir jamais fait partie de leur corps enseignant!  Le Collège à Verviers, on doit savoir qu’il n’y en a toujours qu’un seul, c’est nous! Il faut dire qu’à cette époque, on cultive volontiers un certain complexe de supériorité. On n’acceptera donc pas de Collège Saint-François-Xavier 2. Qu'ils gardent le label Institut.
Un observateur un peu cynique pourrait résumer toute l’opération en disant que la Compagnie de Jésus a fait main basse sur une école de renom sans bourse délier. En passant, et sans l'avoir vraiment voulu, ils disposeront d'une école maternelle (une première!) et d'une école primaire supplémentaire. Voilà une façon de voir les choses par trop mercantile. Pour les enseignants des deux écoles, cette solution était manifestement la meilleure. Merci donc au père Dedeckere et aussi à Jean-Marie Delobel, qui a accepté cette idée sans jamais rechigner.

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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 16:26

 Les rhétos de 1980

Les rhétos sont un peu la vitrine du Collège, et sa mémoire, en tout cas pour les plus jeunes. La cuvée 1980 représente pour le Collège une cuvée spéciale, le dernier vin fait à la mode ancienne. Voilà des gens qui n'auront jamais connu de mixité en Humanités, même pas de loin: les premières filles arriveront seulement l'année suivante.
Henrard-Michel-massacre.jpg
En primaire, les pionnières du Collège se trouvent en IVe. Ce qui n'empêche pas les derniers garçons des classes "unisexes" de s'adonner à diffférents sports avec la bénédiction de leur professeur titulaire. Voyez ci-dessous des cartes de membre au nom de Jean-Luc Lepièce (documents fournis par Marcel, son papa) signées par son instituteur de VA, Michel Henrard.

Basket-SFX-net-volley.jpg
Basket-SFX-mini-hand.jpg








Lepiece-et-Delobel-vers-1976.jpg





Nos valeureux rhétos auront côtoyé deux monstres sacrés (pour les latines en tout cas): MM.Martiny et De Donder. Ils auront vu apparaître les premières photos de classe en couleurs en 1977,  l'élection de deux papes en 1978 et, en tant que Collégiens, deux directeurs, "le" préfet
des études (le père Antoine de Lannoy) et le premier directeur laïc. Mais encore l'inauguration des bâtiments de 1977 et le 125e anniversaire. En fait, c'est vraiment une Rhéto particulière qui quitte le Collège. Trente ans plus tard, ils viennent de se réunir pour se remémorer tous ces événements. Je ferais un cas à part avec Benoît Fo nsny, lui m'a laissé un grand souvenir. Benoît est un garçon intelligent de Lannoy Antoine seulet particulièrement gentil (pas étonnant que je l'aie choisi comme médecin) dont j'ai appris, en tant que professeur, à connaître toute la famille. D'abord ses parents, charmantes personnes qui venaient systématiquement aux réunions de parents. Son papa, atteint d'un problème à la tête était d'un courage exemplaire. Sa soeur Fabienne, qui avait hérité des qualités familiales, suffisamment jeune pour avoir connu la mixité au Collège, était une fille qui marque un professeur. Elle est morte très jeune, peu après la fin de sa rhéto si mes souvenirs sont bons. Son petit frère Damien, que j'ai eu en 3e en 1984-85, était l'arsouille de la famille, toujours le mot pour rire, jamais le dernier à chahuter. Il deviendra pourtant un jeune homme au grand coeur. Lui aussi décèdera prématurément, victime d'une terrible maladie. Malgré ces catastrophes à répétition, Benoît garde une sérénité réconfortante: une personnalité!.
Je trouve que ces rhétos sont des témoins privilégiés, aujourd'hui (octobre 2010) en pleine force de l'âge: ils méritent d'être dans ma boîte à souvenirs. Ces garçons ont, pour la plupart, gardé des liens forts entre eux. Ce n'est donc pas étonnant si les retrouvailles, 30 ans plus tard, sont un véritable succès. Je profite du fait que j'ai, grâce à Benoît Fonsny, accès au blog créé peu après cette réunion du 19 juin 2010 pour vous montrer comment on peut changer (ou pas) en 3 décennies et même un peu plus puisque j'ai eu la plupart de ces élèves en 5e ou en 4e (qui est subitement devenue 3e puisque cette année-là on a décidé d'inverser la numérotation des classes: on est passé de 6-5-4...à 1-2-3...).

 

75 5LG gauche

 
Retrouvailles-rhetos-1980-.jpg
Bach-Olivier-LG.jpg Fonsny-19-juin--2010.jpg


 

 

 



 

 


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Christiane Bruno LG







 

Duysens-Eric-19-juin-2010.jpg


Regardez la photo de Pierre Rotheudt, c'était notre cuisinier dans Romulus, je suppose qu'on l'avait choisi pour sa bonhomie naturelle. Il est aujourd'hui plus mince, mais je suis sûr qu'il n'a rien perdu de ses capacités de comédien.

Blanjean-Andre-nn-LS-2010.jpg

 



 

 

75 5LGcôté droit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Andries Jean-baptiste

 

Andri Pierre LG


Thonnard-Didier-19-juin-2010.jpg










Raxhon-Bernard.jpg
Sur la photo de Rhéto L-G ci-dessous, ils sont encore 13, de véritables rescapés si on compare avec leur classe de 5L-G où ils étaient 28 (plus du double) à entourer M.Martiny!
Garsou-Christian-en-1979-ou-80.jpg


Certes, il y en a 4 ou 5 qui ont changé de section pour se retrouver en L-S ou en Sc.B, mais ça n'explique pas cette chute d'effectifs. Il faut bien avouer que le Latin-Grec ne motive plus comme avant, il n'en a d'ailleurs plus pour longtemps... 

Rhéto LG 1980

 

  Voyez la décadence sur la photo suivante où il y a presque autant d'enseignants que de rhétos en Latin-Grec.

  6-LG-Rheto-Noms-1981-2.jpg

Revenons à nos jubilaires. Cette  3L-M (photo ci-dessous)  m'a laissé d'excellents souvenirs.

  1976-3-LM-gauche.jpg

 

 

 

 

Mais j'ai vécu dans cette classe un épisode difficile à cause d'un de mes collègues. Tâchons de rester objectif. Alain Halleux avait donné à ses élèves une liste de livres à lire. Il s'agissait de la collection Traveling créée spécialement pour des adolescents. Ces livres de poche n'étaient pas des livres classiques: aucun auteur connu. Or, un de ces bouquins est contesté par des parents qui l'en avertissent. Motif: un passage du livre est franchement déplacé, sexuellement inadéquat pour des élèves de 14 ans. Halleux n'a pas lu le livre (première erreur) et l'avoue, mais maintient l'obligation se basant sur l'argument suivant : on ne peut disqualifier un livre pour une seule page contestée (deuxième erreur). Les parents concernés alertent les autres qui réagissent (ou non) de façons diverses. En tout cas, l'affaire prend des proportions inquiétantes. La déléguée de classe, Mme Lecat, invite le titulaire (moi en l'occurrence) et Halleux chez elle pour une conciliation. Mon collègue reste sur ses positions malgré les avis opposés de ses interlocuteurs (troisième erreur). Le recteur Lefbvre est mis au courant par les parents qui lui demandent de désavouer son professeur. Le recteur convoque Halleux lui demander de la souplesse en l'ocurrence, mais Halleux ne veut rien entendre. Lefèbvre ne veut pas, par principe, désavouer un de ses professeurs (c'est beau!). L'affaire débouche sur une réunion de parents entièrement consacrée à ce sujet épineux. La déense du prof de français n'a pas changé d'un iota. Il aurait pu, sans se contredire (c'était ma proposition), maintenir sa perception du bouquin concerné, (en estimant qu'il était bien choisi pour les élèves),  mais accepter (vu l'émoi créé dans le public des parents) que ce livre (qui n'avait aucune valeur littéraire) soit remplacer par un autre de son choix. Il n'en fit rien. Certains parents s'énervèrent devant son intransigeance, implorèrent le recteur d'intervenir. Celui-ci continua de soutenir son professeur, par principe. Les critiques se concentrèrent alors sur le recteur. Une dame, très pondérée jusque là, sortit de la réunion, dégoûtée et en pleurs. Son mari s'en prit violemment (verbalement) au recteur, ça frisait l'insulte: j'intervins immédiatement et autoritairement pour recadrer ce mari énervé, qui s'en alla aussi. L'ambiance était glaciale. La réunion se termina sur ce flop magistral. Quel buté ce Halleux! 

                                                 

Je suppose que vous reconnaissez ci-dessus René Trokay, titulaire de 5e Lat-sc., et (en dessous) Philippe Massart à côté du père Longrée.
 

                     

 A doite, debout, Joseph Ruwet et les Sc.B. Sur cette photo couleurs, on pourrait confondre Marcel Lepièce (assis au milieu) avec un étudiant...

                                          

 Je ne peux oublier le terrible accident de moto dont fut victime à cette époque Dominique Grau. Quand il est revenu à l'école, les séquelles semblaient définitives: même sa façon de parler était d'une lenteur inquiétante. On est agréablement surpris de le voir en pleine forme aujourd'hui.


 

Tous une activité complémentaire

Les premières années du Rénové introduisent de nouveaux cours, en particulier des activités complémentaires qui ressemblent peu aux cours que nous donnons habituellement. Pour éviter les temps partiels, le directeur demande à chaque prof du cycle inférieur de donner au moins une activité complémentaire de 2h. André Beaupain  choisira l’initiation électronique, qui attirera beaucoup d’élèves de première, mais il en liquidera rapidement quelques-uns: des maladroits qui abîmaient son matériel! Jean Gillot se lancera dans l’initiation théâtrale. Joseph Cravatte s’occupera d’une activité sociale. Il créera Beaup-1.jpg d’ailleurs l’événement en se rendant avec ses élèves rencontrer les ouvriers en grève dans les Anciens Etablissements Martin Frères (rue Victor Besme), déclarés en faillite.

Non concerné par les premières, j’ai le temps de réfléchir un an, mais je vais accepter du bout des lèvres de donner une initiation socioéconomique en 2e: les deux heures en question se suivent pour… terminer la semaine! En fait, c’est voulu, ça permet d’organiser éventuellement une petite sortie et comme je n’ai que 9 élèves, j’aurai vite fait de convaincre mon copain Gillot de devenir taximan: 2 voitures, ça suffit avec si peu d’élèves. Finalement, j’en garde un bon souvenir, même si ce n’est pas simple de donner un cours où il n’y a aucun programme. Comme quoi, on n’est jamais content!


La journée pédagogique du 14 mars 1981

C’est sans doute la journée pédagogique qui me laissera le plus grand souvenir. Elle se déroule un samedi et elle s’adresse à «toute la communauté éducative» du Collège. Effectivement, tous les membres du personnel Primaire comme Secondaire seront présents. Mais aussi des élèves de 5e et 6e comme Marc Duchatelet, Serge Henkens, Manu Yvens, Roland Reuter, H. van Lierop, Stéphane Glückmann, Vincent Vermeire, Christophe Six, P. Daxhelet, M. Schreuer, Thierry Lesenfants; des parents (Maurice-et-Cécile, les Bonhomme, Yvens, Vermeire, Lesuisse, Masson, Magnée, Ballat, Malvaux; M. Baïdak;  Mmes Giltay, Delhaes, Monami, Auguster, Ortmans, etc.;  la plupart des jésuites, même le père Jaspar, et des Anciens comme Christophe Simonis, T. Marbaise, P. Raxhon, Léon Bertholet et Alain Mager. Chacun a reçu le document «esquisse pour un projet pédagogique» et est invité à réfléchir «au projet de notre Collège et à élaborer des propositions concrètes d’action pour le réaliser». 

La journée commence à 9h30 et se termine par l’Eucharistie à 16h à l’église. Le nombre de groupes est de 11 tant le matin que l’après-midi. Je repère presque autant de thèmes: animation pastorale, structures de l’enseignement, mixité, parascolaire, discipline et liberté, utilisation des loisirs (cafés…), évaluation, ouverture à notre temps, parents-école et éducation corporelle. Vous comprenez que cette journée a nécessité une grosse préparation. L’ambiance dans les groupes est évidemment variable, globalement assez cordiale, mais parfois un rien coincée: le contraire eût été surprenant. Il n’empêche que cette première marquera les esprits et débouchera sur la rédaction du Projet pédagogique du Collège, peu remanié depuis si je suis bien renseigné. Ce sera sans doute un tournant vers une plus grande ouverture sur l’extérieur. Et vers l’intérieur, puisque les élèves sont vraiment partie prenante. D'ailleurs, Delobel poussera les conseils d’élèves (délégués de classe) et entraînera ceux-ci au Conseil de direction.

Après ce bouillonnement interne et pendant quelques années, je vais aller une ou deux fois par an visiter des entreprises (Mabelpap, Sati, Interlait…) durant les heures de cours avec mes élèves de 3e L-M: ouverture à notre temps!
Oui, le Collège bouge. Je crois que c’est une année de référence dans son histoire.


Le Nouvel An 1982

Pour montrer l’ambiance qui règne à cette époque dans le corps professoral, rien de tel que de rappeler le Nouvel An 1982. Certains se plaisent tellement bien ensemble qu’ils ont envie de se revoir, conjoints compris, lors du réveillon du Nouvel An. Jean Gillot et moi lançons l’organisation: invitations nombreuses mais pas trop; on ne veut pas louer une salle pour des raisons d’économie et de convivialité. Finalement, nous serons 27 lors de cette soirée mémorable qui se passe dans le living des Gillot. Voyez sur les photos  les joyeux réveillonneurs (ci-dessous en couleur). L’organisation générale porte le nom de JAGI pour JAnssen-GIllot. Normalement, chaque couple doit présenter un divertissement: chansons, morceaux de musique, poèmes, textes divertissants, jeux ou play-back. Clou de la soirée: un collègue réputé sérieux (qui?) déguisé en Dalida (photo noir et blanc)!


D’après mes archives, chacun a payé 750 FB. Tout compte fait, JAGI a perdu …2 FB ! Mais tous, je crois, nous avons gagné un merveilleux souvenir.

Malgré les voeux, l'année 1982 ne sera pas sans souci pour le Collège: en juin, le père Frépont nous quittait sur la pointe des pieds à l'âge de 61 ans. J'en reparlerai.

L’informatique

En 1982, je choisis une nouvelle activité complémentaire avec enthousiasme: la programmation en basic alors que je n’en connais pas le premier mot! Jean-Marie Legros, ancien élève et même ex-collègue (il avait assumé un court remplacement de Luc Peeters quelques années auparavant), professeur d’informatique à Saint-Laurent à Liège, donnera quelques soirées d’initiation au basic pour les volontaires. C’est l’époque héroïque de l’informatique:  le Collège achète d’abord 3 TRS 80 d’une capacité de 16 K (oui!) sans lecteur de disque ni imprimante. Je me passionnerai pour cette nouvelle discipline, allant même jusqu’à suivre des cours du soir à Saint-Laurent durant 2 ans avec cet amusant professeur. C’est d’ailleurs le seul diplôme que j’obtiendrai jamais depuis ma sortie de Saint-Bar.
La curiosité, voire l’enthousiasme pour l’informatique va croissant. Les médias ne cessent d’alimenter cet engouement. Je me rappelle plus particulièrement Le Défi informatique de Bruno Lussato (Fayard, 1981) qui aura un impact formidable sur moi comme sur de très nombreux lecteurs. Nous sommes déjà, sans le savoir, à un tournant de la révolution informatique qui conditionne notre avenir. «Où se prépare cet avenir? Dans la véritable guerre qui s’est déjà engagée entre les deux voies possibles pour l’informatique: celle des gros systèmes et celle des micro-ordinateurs sans fil à la patte. L’enjeu est terrible, car […]  il ne s’agit de rien de moins que de savoir si nous allons vers une société concentrationnaire.» (Lussato - p.15, 16). Humaniste d’abord, Lussato y va de sa réflexion sur le peu de chose que l’homme devra encore apprendre. «Peu en quantité, mais beaucoup en importance, et notamment le sens du beau, du juste, du bon, toutes les valeurs qu’une véritable perversion intellectuelle donne pour  ‘dépassées‘ et qui, Inauguration informatiquecontrairement à ce qu’on imagine, ne sont pas innées, mais au contraire s’apprennent longuement, durement. Et certainement pas avec des machines, mais avec de vrais maîtres.» L’auteur ignorait qu’IBM, le champion des gros systèmes, se lancerait dans les micro-ordinateurs.

Le 29 mars 1982, Jean-Marie Delobel invite la presse pour informer le public de l'ouverture de l'option complémentaire "informatique" à 2h/semaine (je ne suis pas sûr qu'on avait déjà installé le laboratoire d'informatique). Sur la photo, on voit que cette réunion, à laquelle étaient invités tous les enseignants du Collège,  se tenait à la bibliothèque. Non, nous n'étions guère plus nombreux pour l'événement: c'est difficile de demander aux gens de rester un lundi à 16h simplement pour figurer sur une photo!
Delobel m'avait demandé de parler en tant que futur prof de cette discipline (je n'avais pas encore donné 1 heure de cours!). Je me souviens que je n'étais pas très à l'aise. Mon discours, travail sur commande, n'était pas fameux. Normal, je parlais de ce que je ne connaissais pas!College-ordinateurs-un-peu-plus-tard2.jpg

Entre-temps, la demande d’initiation est forte: la direction lance l’idée d’un recyclage intra muros.  Nous serons quatre moniteurs ( Henri Leclercq: photo ci-contre, Jacques Camps, Jean-Louis Hamès et moi) à présenter cette matière à nos collègues qui le désirent, en particulier le samedi matin.

Hames 1982 College-ordinateurs.jpg
 


On donnera même des cours du soir ouverts à tous durant quelques années. C’est ainsi que j’ai eu la chance d’avoir comme élèves Jean-Marie Delobel, José Lambrette, Jean Arnould, le petit père Fabry
 (curé Leclercq Hd’Elsaute, 80 ans) et ma future collègue Bernadette Mignot, entre autres. Un bon lambrette 1973- souvenir. Notez que cet apprentissage ne leur sera d’aucune utilité pour surfer sur l’Internet ni pour envoyer des courriels. On ne le savait pas! 

Les premiers cours pour les élèves (de troisième) se donnent sur le temps de midi. J’ai une vingtaine d’élèves très motivés: c’est fort amusant.

Quelques années plus tard, le cours entre dans l’horaire normal, mais les menus présentés excluent les forts en maths de l’informatique: très peu pour moi!

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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 14:48
 13. La bataille du Rénové

La thèse des rénovateurs est que ce type d’enseignement (devenu type I, le traditionnel étant rétrogradé en type II) sera bientôt obligatoire en Communauté française; donc il vaut mieux l’adopter très tôt afin de le modeler à notre sauce: argument spécieux qui fera son petit bonhomme de chemin. Et puis, les premiers à Verviers seront les mieux servis dans les choix d’options… Enfin, argument définitif pour un syndicaliste, ça développe l’emploi. Delobel, le champion local du Rénové, carbure à la super.

 

Il faut savoir que M. Deville, directeur unique des instituts Saints-Anges et Sainte-Claire, a lancé immédiatement ses troupes dans l’aventure: ils ont été choisis comme écoles pilotes du Rénové. La contagion se communique à Notre-Dame, mais les écoles libres de garçons ne bougent pas à Verviers. Le débat est généralisé dans la partie francophone du pays. Si on peut résumer, le Rénové est une actualisation du tronc commun, cher aux progressistes et surtout aux socialistes. Il a pour effet de retarder les grands choix qui se font traditionnellement dès le début du Secondaire: technique ou général; latin ou non. Même idée pour les maths fortes et le grec, qui commencent dès la deuxième année, du moins dans le Libre. La première année, identique donc pour l’ensemble du Secondaire, impose du latin et des cours d’initiation technique à tout le monde, mais à faibles doses. Ce sont des activités d’essai, censées donner un aperçu aux élèves pour qu’ils puissent choisir en connaissance de cause. On donnera aussi une heure de musique et 3h d’éducation physique au lieu d’une (ou déjà de deux au Collège). Des activités complémentaires diverses, laissées à l’initiative de chaque école, sont proposées en même temps que le rattrapage éventuel dans les branches principales.

Quelles sont les craintes des partisans du maintien du Traditionnel?  Les conservateurs sont sceptiques sur l’avenir de ce type d’enseignement beaucoup trop coûteux pour être généralisable tel quel. La phobie de ceux-ci est le nivellement par le bas: ne va-t-on pas perdre un an sous prétexte de remettre les élèves «au même niveau»? N’est-ce pas une utopie de croire que le degré d’observation (2 ans) permettra une meilleure orientation et un regain de motivation? L’enseignement technique risque bien d’être le parent pauvre de la réforme. Cette tentative d’égalitarisme forcené ne risque-t-elle pas au contraire de déboucher sur un élitisme de fait: les élèves les plus forts profitant au maximum de ce système à options, tandis que les plus faibles seront largués dans des options dépotoirs à horaire allégé?

Au Collège, on redoutera surtout l’éclatement des groupes-classes et le manque de cohérence de la formation par la disparition des sections (LG, LM- LS, Mod-Sc.B). La tradition des Humanités anciennes ne va-t-elle pas s’estomper? Le grec semble condamné et le latin en sursis. Le Collège de papa a vécu, pense-t-on.

Le corps professoral de Saint-François-Xavier est consulté en deux fois. Dans un premier temps (1977, je crois), on s’aperçoit que la plupart des titulaires, en particulier ceux du cycle inférieur, sont nettement défavorables à l’adoption du Rénové (citons parmi les traditionalistes convaincus les pères Van der Biest et Ernotte, MM. Martiny et De Donder, et moi). Le problème sera reporté sine die. Il reviendra 2 ans plus tard dans des conditions différentes et avec un tout autre résultat.

 14. La vacance du Pouvoir

C’est dans ce climat que se terminera en 1978 le rectorat du père Lefèbvre. Au Collège – grande première –, le président de tous les P.O. jésuites, le père De Decker, qui est aussi le vrai boss des conseils d’administration,  vient consulter les professeurs élus des divers conseils pour leur demander ce qu’ils souhaitent comme directeur: un laïc du cru (donc Delobel), un jésuite local (donc Charlier) ou un jésuite extérieur? C’est surréaliste: cette réunion se passe devant Delobel et Charlier (professeurs membres du conseil de direction), mais pas devant le recteur Lefèbvre, qui se remet à bouder. Les avis sont partagés, mais il est clair pour tout le monde que l’idée d’un directeur laïque a le vent en poupe dans la Compagnie. Cela réveille des craintes exprimées depuis quelques années déjà sur les intentions des jésuites par rapport au collège de Verviers: vont-ils l’abandonner? Les paris vont bon train, le suspense est à son comble le jour du souper des profs. Normalement, le corps professoral devrait apprendre le nom de son nouveau directeur. Et c’est l’improbable qui arrive: la décision est reportée au 1er septembre sans doute. Lefèbvre peut juste nous confirmer son départ définitif. Jean-Marie est atterré. Il avait évidemment été sollicité et croyait tenir la corde: que s’est-il passé?

 

On recevra début août une lettre du père Lefèbvre – directeur des affaires courantes…– nous annonçant la nomination du père Charlier comme recteur de la communauté et celle de Delobel comme directeur. Cette même missive nous demande d’apprécier à sa juste valeur le sacrifice de notre nouveau directeur, M. Delobel, qui renonce à son échevinat pour se consacrer totalement à sa nouvelle tâche. Bravo! Le journal Le Courrier annonce peu après que c’est Michel Halleux qui reprendra l’échevinat de notre directeur. Mais la démission en question ne sera jamais effective: Delobel restera échevin jusqu’à sa pension et deviendra même conseiller provincial! Quant à lui, Michel Halleux devra attendre les élections suivantes et le nouveau collège échevinal pour enfin barrer sa poitrine de l'écharpe scabinale. Le Courrier était pris en l'occurrence en flagrant délit de publication de fausse information!

Notre homme reprendra à lui seul la direction du Collège et la préfecture des études vu le départ du père de Lannoy appelé un an plus tôt sous d’autres cieux: un fameux défi attendait notre échevin, rapidement confronté au double problème de la mixité   on utilisera plutôt coéducation (néologisme rappelant l'éducation et non la mixture...) et du Rénové.
                              Luigi Lefebvre


Le père Luigi Lefèbvre, parti comme professeur de philosophie à Gramme, décédera quelques mois plus tard.

C'est seulement alors que nous apprendrons qu'il était très affecté de quitter Verviers: espérait-il rester directeur et céder le rectorat au père Charlier? Cette solution se colportait sous le manteau...

Né à Tournai en 1920, il succombera brutalement à une maladie qu'il traînait depuis très longtemps, sans jamais se plaindre. Ce 8 mars 1979, il avait à peine 58 ans. Une note de son professeur de rhétorique au collège Notre-Dame de Tournai, toujours jésuite à l'époque (diocésain en 1957), décrit parfaitement sa personnalité: "belle nature enthousiaste - intelligence prompte et brillante orateur par nature excellent caractère et bonne éducation piété solide caractère gai, franc et ouvert".


60 ans de vie religieuse

Le 3 octobre 1978, les nouveaux directeur et recteur à peine installés,  les révérends pères Bodaux et Fafchamps fêtent en toute intimité leur jubilé de 60 ans (pas moins!) de vie religieuse. L’intimité de la communauté à peine élargie à quelques « paroissiens » qui avaient eu vent de la fête, et au directeur Delobel, bien entendu.
Je n’ai pas résisté au plaisir de reproduire le montage-photos ci-dessous trouvé dans la Toque Anciens de janvier 1979. Si le père Bodaux est toujours égal à                                   Fafchamps photos 82                     lui-même (j’en parle par ailleurs), nous découvrons un Fafchamps barbu (étonnant pour ceux qui l'ont connu gamins). Quand on y regarde de près, on devine la joie débordante que ce dernier continue à diffuser tout autour de lui et en particulier dans le couloir des pères où il chante toujours, peut-être un peu moins fort. Je le vois encore allant sonner l’appel à la soupe (12h15) en s’excusant de traîner les pieds, mais il le dit avec un tel sourire qu’on se demande si ça ne le réjouit pas… Sans doute n’est-il plus assez vaillant pour s’occuper activement de l’Oeuvre de la croix, mais il reçoit encore avec beaucoup de bonhomie des fidèles devenus sans doute des amis. Confesse-t-il encore, lui le plus rapide de la communauté – véritable aubaine pour tous les élèves menés vers le sacrement de réconciliation chaque semaine? Non, plus pour ces jeunes. Mais il a encore ses « clients » qu’il confesse au 14 (juste plus bas que l’église), dans une pièce aménagée pour garantir la discrétion du dialogue. Oui, les pénitents craignaient surtout le volume de sa voix – à la fin, les élèves aussi – qu’il augmentait insensiblement du fait de la perte progressive de son acuité auditive.
Voilà deux jubilaires heureux, incontestablement.

(la dame au chapeau est la soeur du père Bodaux donc la tante du père Charlier)

Décès de M.Martiny

(Voir aussi Souvenirs 62-suite)
La fancy-fair 1979 commencera par un drame. Le vendredi soir 2 février, après avoir préparé son stand comme chaque année, M. Martiny  meurt inopinément. En signe de deuil, les rhétos acceptent d’annuler le grand bal qu’ils projettent d’organiser dans la salle de jeu. Il manque désormais un pilier au Collège.

Lors de la messe de funérailles à Saint-Joseph, le mardi 6 février, ses élèves de 2e Latin-Grec, peut-être la classe la plus forte de sa carrière, viennent symboliquemen déposer leur cahier de latin au pied du cercueil. Une démarche forte, très émouvante. Pour l’anecdote, sachez que certains élèves avaient peur qu’on enterre leurs cahiers avec leur professeur...

Durant cette cérémonie, nous entendrons l'homélie du père recteur Charlier, l'allocution du directeur Delobel, un texte de son vieux collègue Louis De Donder, retraité depuis moins d'un an, et enfin le témoignage de Didier Bailoux, un de ses anciens élèves.  La Revue des Parents de mars 1979 propose ces réflexions in extenso en y ajoutant un souhait de ses collègues, dont j'étais.   

Je voudrais recopier ici quelques extraits qui me paraissent significatifs.
Le Directeur prend d'abord la parole:

Monsieur Martiny a aimé les jeunes de tout son coeur et de toutes ses forces, jusqu'au bout, jusqu'à la dernière heure. Plus que tout autre, il avait choisi le difficile métier d'enseignant par «Vocation», comme un véritable sacerdoce. (...) Les épreuves ne l'ont pas épargné. Né en 1921, Monsieur MARTINY ne connaît pas son père, décédé en 1922, son frère meurt au début de la guerre de 1940. Il entame des études secondaires au Collège en 1933, mais doit les interrompre pendant plusieurs années en raison d'une très grave maladie [dont il gardera des séquelles toute sa vie]. Avec courage et acharnement, il les reprend en 1941, dans les conditions difficiles créées par la guerre. Professeur à Saint-François-Xavier à partir de 1946, il doit à nouveau se remettre à étudier à Malonne; il est alors âgé de 36 ans!   

Le Recteur ajoute: Il faut rappeler aussi la force d'âme du jeune homme de 20 ans qui aurait pu, après un long séjour à l'hôpital, se rabougrir, se replier sur lui-même et qui, au lieu de cela, fonda à Saint-Joseph le groupe des «Coeurs Joyeux», devint en 1945 chef d'unité, organisant des rencontres de jeunes, des camps, comme il devait plus tard organiser des voyages.                                              
                         martiny qui corrige

L'émotion est palpable quand M. De Donder prend la parole: L'heure est solennelle, mais elle n'est pas à l'enflure. Celui que nous pleurons, qui était la modestie même, répugnerait à de tels accents(...)

C'est l'heure aussi de la reconnaissance devant le précieux héritage que vous nous léguez. Homme de devoir, homme de bon conseil, parfait collègue, ami sûr et serviable, modèle achevé du pédagogue et de l'éducateur, attaché de toutes vos fibres à votre cher vieux collège, impérissable exemple pour chacun d'entre nous: vous pouvez dormir désormais dans la fierté d'une tâche bien accomplie (...)

Cher Jacques, cher Monsieur MARTINY,

«le cordeau a mesuré pour vous une portion délicieuse» , oui, un splendide héritage vous est échu.

          
           «
C'est fini de traîner ce corps au long des jours.

           C'est fini de lutter, c'est fini les larmes!
           Enfin la volonté peut déposer les armes
           Et le coeur  se livrer enfin au seul Amour
   »
Seigneur Jésus, qu'il vive pour toujours celui qui croit en toi.

                                                                      L. D.D.

 Didier Bailoux, 21 ans, laisse parler son coeur:

Si aujourd'hui je témoigne de vous, Monsieur MARTINY, c'est pour vous dire merci et rien de plus: je sais que vous n'appréciez pas les volées d'encensoir.
Si je parle ici, c'est en peu de mots, en termes de respect et de silence: je vous dois à tout le moins ce respect: j'ai été votre élève, vous êtes mon maître. Je vous dois à tout le moins ce silence: professeur de latin, vous êtes aussi professeur d'humilité: la leçon la plus difficile à retenir, à l'âge où nous l'avons reçue de vous. 
Une leçon appuyée d'exemples jour après jour, illustrée par votre vie (...)

Plus qu'élève, j'ai été votre fils: nous l'étions tous, nous, «anciens» de la première ou de la dernière heure, car vous n'êtes pas de ceux qui privilégient les uns, «couvés», au détriment des autres,«mal-aimés ». (...)
Vraiment, on avait de la peine à vous appeler
«Monsieur le professeur» (...)
O
n aurait voulu dire tout bonnement «papa».

Le Collège et ses amis sont tristes: votre ombre – vous n'avez jamais voulu paraître plus – ne figure plus au tableau de famille (...)

 

Enfin, dans le IN MEMORIAM émanant de ses collègues actifs, je relève:

Cet honnête homme était discret, sérieux, obéissant et travailleur, mais il savait aussi se montrer joyeux, enthousiaste et intelligent (...) Si plusieurs d'entre nous ont eu l'occasion d'apprécier ses brillantes qualités professorales sur les bancs de «sa» sixième latine [j'en étais en 1956-57, voir Souvenirs 4], tous nous avons pu admirer son sens de la collaboration et du respect d'autrui. Il était volontiers disposé à aider les jeunes professeurs, n'hésitant pas à leu transmettre, à l'occasion, de nombreux trésors pédagogiques accumulés au long de sa carrière [Thomas Lambiet, Jean Gillot et Dominique Willem, par exemple, lui en ont toujours été reconnaissants]. Il s'intéressait à chacun avec une gentillesse que nous n'oublierons pas de si tôt.                                                                  Mykonos-vers-77-retouche.jpg
Respectueux de l'opinion de chacun, il avait un esprit critique qu'il utilisait volontiers à l'égard des réformes proposées dans l'enseignement (...)

Nous estimons que le Collège doit faire un geste pour honorer la mémoire de son grand serviteur (...) Voilà pourquoi nous serions désireux qu'il soit envisagé de donner à l'une des salles de notre centre scolaire le nom de notre collègue unanimement regretté, en souhaitant que ce lieuà déterminer par qui de droit soit fréquenté tant par les élèves que par les professeurs.

 

Effectivement, on a baptisé la salle audiovisuelle1 Salle MARTINY. Son portrait y figure d'ailleurs en bonne place. Mais cette appellation ne s'est pas transmise aux générations suivantes. A qui la faute? A nous: nostra culpa!

Dans le fond, je crois qu'il préfère rester dans le secret des coeurs de ceux qui l'ont connu.


 
 

                         Martiny-Jacques-72.jpg

 


Photos de quelques classes de ces années-là

C'est tiré de l'album officiel du Collège, portant sur l'années scolaire 1978-79 et la suivante. Le dernier album où on ne voit encore aucune fille dans les classes. Nostalgie? Mais la fin d'une époque, incontestablement.
           1978--5-LG.jpg

5LG 1978-79 : R. Peters, Pascal Engels,  Pierre-Yves  Delhez, Philippe Gronsveld, M. Delhez, Olivier Bach, Bruno Christiane.
Assis : Jean-Baptiste Andries, C. Garsou, Pierre Rotheudt, P. Léon Frépont, M. Charlier, Bernard Raxhon, P. Andri.                                                                                    5LG-79-80.jpg

 

5LG 1979-80 : P. Delcambe, G. Favart, F. Hercot, G. Boterdael, Th. Lesenfants, Ph. Favart, V. Meys, F. Bouhon, J-M Simons, P. Engels, P. François, R. Reuter (+), J-L Petit, M. L éonard, D. Jost.
Assis : P. Schils, M. Jacques Servais, P. Léon Frépont, M. Jacques Camps, Ph. Hortulanus.

Ci-dessous, la 3LG de 1978-79 patronnée par Philippe Dejong.

         3-LG-----1978.jpg
Classe très vivante mais très bavarde, j'allais dire un peu efféminée. Evidemment la remarque ne concerne que quelques individus de ce Pape-Paul-VI.jpggroupe dont je me souviens très bien. En général                              Pape-J-Paul-I.jpg

bons intellectuellement, certains de ces garçons se complaisent dans une sorte de simulacre de faux dévots, jouant volontiers aux Tartuffe. Si je me souviens bien, l'un d'eux se prenait pour le pape: le fait d'avoir connu 3 papes (Paul VI, Jean Paul 1er et Jean Paul II) la même année avait sans doute marqué ces jeunes esprits... Cela frisait l'infantilisme.                                                                                                 Pape-JPII.jpg  

A côté ce ceux-là, nous avons évidemment des jeunes gens très équilibrés. 
           78--4-Sc-B.jpg

4 Sc.B 1978-79 :  Th. Malherbe, H.Van Lierop, P-P Marissiaux, M. de Breyne, C. Vandermeulen, D. Hortulanus.
D.Manset, P.Palem, S.Piront, P. Minder, D. Crosset, P. Gatz.
Th.Willems, S.Gluckmann, V. Gaspar, M. Jacques Camps, P.Mawet, A. de Brouwer, J. Evelette, E. Jaminet (futur préfet de discipline).

             1978-Rh-LS.jpg

6LS: 1978-79 – Alain Jortay, Bernard Lejeune,  Paul Thirion, Benoît Léonard, Thierry Baijot, Philippe Lange, Frédéric   Gluckmann, Jean-Jacques Dubois, Marc Génicot.
– Paul-Marie Godelaine, Bruno Claessens, .... Jacques Senden, Marc Van Audenrode.
–  Jean-Paul Daisomont, Jean-Paul Wertz, Dominique Dethioux, Marc  Néra, M. Joseph van der Hoeven, P. Jean Charlier, Alain Ernotte, Paul Albert.

Ci-dessous la 6LG de 1978-79:
            6LG-Jeangette-1978.jpg

Assis : Jean-Paul Chaballe, Louis-Marie Poënsgen, Dominique Jeangette (futur prof du Collège), Père Jean Charlier, Serge Baecke, Jean-Claude Noblet, André Bergs.
Debout : M. Lennaerts, Jean-Michel Desmons,  Albert Dumont,  Didier Marcotte, Jacques  Delrez, Vassilios Gerontitis  et Georges  Daube.

Et enfin la 6LS 1979-80, classe qui me rappelle beaucoup de bons souvenirs.                      1979-80-rhetos-.jpg
 Debout:  Marc Letiexhe, Marc Henkens,  Marcel  Lessire,  Jean Magnée, Bernard Bidoul, Eric Duysens, Didier Thonnard, Paul Champagne, Robert Fischer, Bernard Fransolet, Victor Bosquin.
Assis:  Stéphane Hauseux, Benoît Fonsny, Père Jean Charlier, Alain Muytjens, André Blanjean, Frédéric Bonhomme, Jean-François Cravatte.



Rénové et mixité


L’enthousiasme des rénovateurs est moins communicatif que prévu. En politique, la majorité wallonne pousse au changement alors qu’aucun projet de ce genre n’existe en Flandre! La mixité vient alors corser le tout. L’athénée de Verviers I ouvre son Traditionnel à la mixité et fait le plein d’élèves: plusieurs filles destinées habituellement au libre verviétois se retrouvent dans l’officiel, non pas pour la mixité, mais pour éviter le Rénové, qui est adopté par toutes les écoles du réseau libre verviétois. Claire Collard en est un exemple typique. Contrairement au Rénové, la mixité a bonne presse dans notre petite ville. Les parents sont demandeurs. Nos instances dirigeantes régionales prennent alors leurs responsabilités: ce sera Rénové et mixité, sinon rien!

Il y a des poches de résistance. Quelques profs (Delobel, Arnould, Charlier et moi par exemple) sont invités à une réunion très bizarre au Grand Hôtel de la rue du Palais. Elle est organisée par quelques anciens du Collège en même temps parents d’élèves. Je ne sais toujours pas à l’heure actuelle qui ils représentent vraiment, sinon eux. Je me souviens de quelques interlocuteurs présents comme un certain Nokin, qui se montre macho comme personne, et de M. Lesuisse (en même temps membre actif de l’Association des Parents des Saints-Anges). Leur objectif avoué est d’empêcher la mixité au Collège. J’ai encore le souvenir d’une autre réunion du même style dans un café de la ville où j’étais le seul invité du Collège: se trouvait là un certain Hamès, parent de futur élève, traditionaliste catholique affirmé. Je ne m’y sentais pas très à l’aise. Mais la mixité est une idée très à la mode et puis on est tellement sûrs d’être les meilleurs au Collège que ça ne pourra déboucher que sur un accroissement du nombre d’élèves. Même avec le Rénové!

Le fruit est mûr: toutes les écoles catholiques de garçons de Verviers se lancent dans cette double aventure en septembre 1980. Le Collège se félicite de la rentrée: 110 nouveaux élèves en première dont 30 filles. Une jeune dame est engagée comme éducatrice. Elle s’occupera tout spécialement de l’éducation et du bien-être de ces demoiselles. Sollicitées pour exprimer leurs doléances, ces jeunes demoiselles se plaignent d’être vraiment trop… observées. Ce sera la seule année où on fera des mamours à nos gamines. La brave éducatrice sera remerciée et les filles définitivement considérées comme des élèves du Collège, point! On n’entendra jamais plus de plaintes sexistes!

Le plus grand changement que nous allons ressentir dans les premières classes mixtes, c’est un certain adoucissement des mœurs scolaires; moins de chahuts organisés, moins de rébellions individuelles aussi, mais un accroissement du bavardage… Je parle ici du seul cycle inférieur, car je ne sévissais alors qu’à ce niveau.


Le 125e

 125 cour

Quelques mois plus tard, tout le Collège est lancé dans la préparation des 

 

125 jésuitesmesse


 

 festivités du 125e anniversaire. 125 A ROIJe ne vais pas relater dans le détail les cérémonies, qui 125 Ainstitne m’ont pas laissé un souvenir impérissable: la page 39 de la plaquette du 125e en donne un bon résumé. La photo de gauche montre une dame (?) et 5 instituteurs: Michel Henrard, José Lambrette, Jean Arnold, Arlette Pirnay (épouse Kisteman) et une moitié de Simone Jacob.

 

Ce qui m’a le plus marqué, c’est la préparation et la représentation de Romulus le Grand, comédie en 4 actes de F. Dürrenmatt, que nous avons jouée une seule fois le 30 mai 1980.




En voici la distribution
par ordre d’entrée en scène:

Spirius Titus Mamma: Henri Defawes - Pyrame, serviteur: Fernand Poumay - Achille, serviteur: Hermann Scholzen - Romulus, l'empereur: Jean Gillot  - Rotondus, ministre de l'Intérieur: Philippe Dejong - Appolyon, l'antiquaire: Thomas Lambiet - Julie, l'impératrice: Jacqueline Williquet - Mares, ministre de la Guerre: Albert Laoureux - Zénon, empereur d'Orient: Joseph van der Hoeven - Kroupff, marchand de pantalons: Jean Janssen -  le commissionnaire: Jean-Marie Legrand - le cuisinier: Philippe Rotheudt - le messager: Christian Garsou - Emilien, le fiancé de la princesse: Emmanuel Chaumont  - Phyllax, le professeur: Joseph Cravatte - Sulphurides et Phosphoridos, les chambellans: Philippe Massart  et Marcel Lepièce - Odoacre, prince des Germains: Joseph Ruwet - le neveu: Jean-Michel Daele. fc11 1980.jpg

                         fc1 a 1980.jpg Les rôles principaux sont tenus par Jean Gillot,  Philippe Dejong, Jacqueline Williquet-Boldo,  fc12 1980.jpg Manu Chaumont, Joseph Ruwet et moi.

 J’ai beaucoup aimé participer à ce travail d’équipe impressionnant. Mais j’en ai aussi conservé une double crainte qui m’habite toujours: les répétitions, surtout la dernière semaine, sont une charge très lourde quand on continue à travailler normalement; et je suis sujet au trac, bien plus que je ne l’imaginais. J’ai aussi découvert les exceptionnels talents de comédien de Joseph Cravatte, confiné pourtant dans un petit rôle. D’autres avaient déjà leur réputation. Evidemment, Joseph est difficile à diriger, il est souvent victime de décalages horaires imprévisibles…

fc13 1980.jpg La salle était pleine à craquer et le spectacle a beaucoup plu si j'en crois l'accueil extraordinaire du public.
Dans la foulée, une troupe de comédiens du Collège, dénommée 
                                 

« Atelier théâtral SFX», se constituera et nous donnera de très bonnes représentations durant de nombreuses années. On y retrouvera Joseph Ruwet, Arlette Pirnay, Jean Gillot, José Lambrette, Jean-Michel Daele, Manu Chaumont, Hermann Scholzen et Léon Ernst, entre autres. Cela fait partie de la bonne ambiance de l’école.
Cette troupe s'est dissoute pour des raisons de rapprochements
«amicaux» très mal vus dans notre environnement catholique. C'est du moins ce qu'un des acteurs assidus m'a confié.
                    Atelier-theatral-1993.jpg










En marge de ces festivités, le 15 mai, jour de l'Ascension, les petits de 2e primaire ont fait leur première communion au Collège.                                                                              Scholzen--n-1978.jpg   
                                             Alard-n.jpg

Le 19 mai, la journée sportive est très réussie avec, au menu, cyclisme, cross d'orientation, équitation, basket, badminton, volley, foot, etc.




Le 7 juin, les instituteurs ont fêté 4 jubilaires (25 ans d'enseignement): Marcel Teller, Henri Carbin, Erich Alard et Hermann Scholzen.                                                                            Teller-76.jpg
                                         Carbin-67-68.jpg


 

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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 12:43

 

  5. Le catalogue jésuite de 1974

Ce Catalogus 1974 m'a été offert par mon ami Philippe Dejong. Celui-ci m’avait aidé à comprendre les abréviations latines utilisées dans le catalogue 1969 (voir Souvenirs 8). N’ayant pas tout retenu et Philippe étant momentanément absent, j’ai sollicité le Père Jean Charlier – ancien collègue, ancien recteur de la communauté et ancien Provincial –,  qui m'a répondu avec sa gentillesse coutumière. 
                    1974 catalogue jésuites

1974-catal-Arrupe.jpg

 


Ci-dessus, en première page, le catalogue utilise une langue suffisamment claire. Précisons quand même que le Préposé général – souvent appelé simplement le Général ou encore, de façon quelque peu polémique, le Pape noir – était à l'éCardinal Paolo Dezzapoque le R.P. Pedro Arrupe, qui a laissé un excellent souvenir dans la Compagnie. C’est lui qui va orienter davantage l’action de la Compagnie vers l’aide aux réfugiés et l’engagement dans les pays du tiers-monde. Conséquence regrettable pour notre enseignement: la crise des vocations aidant, les jésuites vont assez rapidement (en moins de 30 ans) se retirer des collèges belges.
Poursuivons notre lecture:  A.R.P.N. vient de "Admodum Reverendus Pater Noster", que l’on peut traduire par "Notre Très Révérend Père". 

 

 

 

 

 

Kolvenbach-Jesuit-11.jpg   photo ci-dessus: le gratin des jésuites avec Benoît XVI (2005-2013)

Dans les 4 Assistants généraux, je remarque le nom de Paolo Dezza. Confesseur de Paul VI puis de Jean Paul 1er (1978) excusez du peu! , il sera nommé d’autorité, par Jean Paul II, délégué pontifical pour remplacer le Père Arrupe, frappé d’une thrombose en 1982. Cette décision sera très mal reçue par la Société de Jésus, qui retrouvera sa sérénité un an plus tard lors de l’élection dans les règles de l’art de Peter Hans Kolvenbach.

 

J'ai scanné les quelques lignes ci-dessous (p.16), donnant les adresses des Provinciaux, pour rappeler à certains lecteurs que la Province Méridionale Belge (PBM), comprenant la partie francophone du pays ainsi que le Luxembourg, est

catalog-1974-provinciaux.jpg

 

alors dirigée par le R.P. Simon Decloux, un Verviétois. Mais le plus grand intérêt de cet extrait vient de la découverte du nom du provincial d’Argentine (n°5).

Pape Cardinal Bergoglioicle
Jorge Mario Bergoglio, élu pape le mercredi 13 mars 2013 (il y a 15 jours exactement au moment où j'écris ces lignes). Rappelez-vous, la surprise fut totale. Ce 266e pape est le premier issu de la Compagnie, ordre religieux rétif à l’exercice du pouvoir. Quant au nom de Sa Sainteté, François, c'est encore une première. Pour la petite histoire, notez que ma femme avait prévu ce choix! Justement pour honorer François d’Assise (baptisé Jean!): mon épouse aurait-t-elle des dons de voyante?

 

 
Je saute à la page 41 pour découvrir la liste des membres de la Communauté Saint-François-Xavier. On y mélange curieusement le latin et le français. Maintenant, je déclare forfait. Ce latin d’Eglise truffé d’abréviations est du chinois pour moi: sachez quand même que j’ai arrêté d’étudier la langue de Cicéron en 1962… Pour les plus subtil(e)s, j’ai scanné la liste jusqu’au brave père Buyle.

    1974-catal-Verviers-1.jpg

 

Voici la traduction notée par téléphone:

P. Luigi Lefèbvre, recteur depuis le 22 juillet 1972, aumônier de la Fédération des anciens élèves.

Lefèbvre seul hors de Bijule1978
P. André Jaspar, ministre, préfet d’église et de santé, aumônier des louveteaux consulteur depuis 1969.Jaspar 1980 125

 

 

 

 

 

 

P. Baumal Léopold, professeur titulaire de 4LM, aide du préfet des études, confesseur des Frères des écoles chrétiennes, vicaire dominical en ville.

Baumal 1974 4 LMl


P. Bodaux Nestor, préfet des études adjoint, aumônier des anciens élèves et de la croisade eucharistique des aveugles, écrit l’histoire de la maison, confesseur à la maison.Bodaux N 125










1974 Buyle seul P. Buyle Jacques, professeur titulaire de 3LG, s’occupe d’œuvres missionnaires, des Fraternités de Champagne et des mariages mixtes.

P. Cardol Jean-Marie (Province d’Afrique Centrale), ministère extérieur, exercices spirituels, confesseur à la maison et en ville.

P. Charlier Jean, professeur titulaire de rhétorique, adjoint de l’aumônier des anciens élèves, consulteur depuis 1969. Charlier 74-75

P. Crèvecoeur Maurice, confesseur à la maison et en ville

 

 

 

crèvecoeur b 69 mai 1967

 

 

P. Dedeurwaerder Richard, économe, surveillant, chapelain de clinique, vicaire dominical en ville.

De Deur 78




 


 


Dejong 73



Scolastique Dejong Philippe, titulaire de 6e latine, 1ère année de professorat.

 

 

 

 

P. de Lannoy Antoine, préfet des études
 

de Lannoy Antoine seul

 

 

P. Doutrelepont Georges, confesseur à domicile.

 

 

Ernotte 1975

 

 

 

 

 

P. Ernotte Roger, professeur de religion et d’histoire, vicaire dominical en ville.



P. Fafchamps Lucien
, ministère extérieur de l’Union Saint-Raphaël et des Défenseurs de la Croix [n’existent qu’à Verviers!], chapelain de clinique, s’occupe des pauvres, confesseur en ville.
Fafchamps--Cardol-2.JPG


P. Fraikin Marcel, préfet spirituel de la maison, sacristain, préfet de la bibliothèque de la maison et des professeurs (magistri), confesseur en ville. Fraikin Marcel 1985

 

 

 

 

P. Frépont Léon, titulaire de 3LS, s’occupe de la Conférence de Saint-Vincent de Paul, consulteur depuis 1969.

  Frépont 1975
Frère Hullebroeck Gérard (Belgique septentrionale) aide-économe [même plus aide-sacristain!]..Frère Hullebroe 66k

 











P. Ketels Paul (Belgique septentrionale) confesseur.

 

Ketels 57

 

 

 

 

 




P. Longrée Georges, titulaire des 5e et 4e modernes, préfet spirituel des élèves de primaires. S’occupe du mouvement eucharistique des jeunes, de l’action missionnaire et des CVX adultes. Longrée Geo 1974

 

 

 

Frère Maurage René, promoteur liturgique, aide le préfet spirituel et le préfet de discipline.

 

Maurage nn seul

 

 

 

 

 

P. Smets Alexis, préfet spirituel des grands élèves, s’occupe des CVX et de la pastorale familiale, aumônier des scouts, vicaire dominical en ville, enseigne la religion. Smets 75

 



P. Van der Biest Léon, enseigne la religion et l’histoire, préfet de la bibliothèque des élèves, des œuvres missionnaires; consulteur depuis 1967, admoniteur.

Van-der-Biest-72.jpg Ce terme vient de admonitio. Après l'explication de mon correspondant, j’ai consulté mon vieux dictionnaire latin, édité en 1928 et racheté d’occasion à José Troupin (Rh.1957), de 5 ans mon aîné. Plusieurs traductions sont données, elles vont d'avis ou action de rappeler jusqu'à remontrance ou réprimande. En jargon jésuite, l'admoniteur serait (d'après Charlier) un conseiller particulier chargé d'alerter son supérieur en cas de besoin. Philippe Dejong (voir Souvenirs 8) me parlait plutôt de réprimande, carrément, d'admonestation quoi. Plus qu'une question de nuance!

Retour à la liste.
Vincent-80.jpg P. Vincent Jacques, préfet de discipline, aumônier principal des scouts, s’occupe de la pastorale familiale, aumônier du basket.

 
P. Fabry Ferdinand, curé d’Elsaute (voir Souvenirs 47)

Fabry 57



Pour les deux personnages principaux de la communauté (le recteur et le ministre), les catalogues donnent le prénom avant le nom; pour les autres, c’est l’inverse. Je trouve la première manière plus respectueuse et plus cordiale tout à la fois. Mais pourquoi cette différence?
Voici la réponse intégrale de Jean Charlier:

Cher Jean,
C'est vrai,  mais je ne me suis jamais demandé pourquoi. Le nom du supérieur est en premier pour situer sa charge et le nom du ministre en second car il est "prope superiorem" c'est-à-dire qu'il le remplace en cas d'absence ou de maladie.
Par ailleurs les noms des membres de la communauté sont ordonnés par ordre alphabétique du nom de famille parce que c'est assez pratique pour rechercher les renseignements. Si on gardait l'ordre alphabétique des prénoms, on risquerait une répétition de Jean, de Georges etc. Mais on aurait pu prendre l'ordre des âges... L'ordre actuel est en place depuis très longtemps. Avant le rétablissement de la Compagnie en 1814, je ne sais pas comment se présentaient les catalogues jusqu'à 1773: il faudrait aller voir à Rome...
Il n'y a certainement aucune ségrégation: c'est un ordre habituel dans lequel tous se retrouvent.

Voilà une "description" plus qu'une "explication"... 

Réponse logique et instructive.

Janseni-.jpg
Entre le catalogue de 1969 et celui de 1974, les prénoms d’abord traduits en latin (Iacobus, Alexius, Ioannes, Leopoldus…) retrouvent leur expression française: quel progrès! Peut-être fut-il un temps où même les noms de famille étaient latinisés? A l’époque, moi, jésuite (« Moi, président », disait François Hollande), j’aurais été appelé Jansenius: un comble!

 
1974-catalogue-externi-magistri.jpg

Ces catalogues permettent aussi de comparer les effectifs scolaires entre ces deux années. Les Externi Magistri sont, d’après moi, les enseignants laïcs du Primaire et du Secondaire.


                     SFX       Second.     Prim.      Jésuites   Laïcs

1968 - 69 :     581          247          334            14           29
1973 - 74 :     718          356          362            15           50

 

14 jésuites pour 29 laïcs! J’aurais pourtant juré qu’en fin des années 1960, les jésuites étaient plus nombreux que les laïcs. A cette époque, le directeur (en même temps recteur de la communauté) et les divers préfets – mais aussi le surveillant Richard Dedeur! – étaient des compagnons de Jésus. Ils organisaient l’école et lui donnaient son orientation, son cachet, son style. Je crois que c'est grâce à eux que l'ambiance dans le corps professoral était aussi bonne. Moi, quand mes obligations familiales me le permettaient, je traînais souvent dans la salle des profs, par plaisir.
Voilà sans doute ce que ma mémoire avait traduit. Je m’aperçois de plus en plus qu’elle ne fait pas bon ménage avec la réalité mathématique!

On pouvait donc à cette époque organiser un collège jésuite avec peu de jésuites. Et aujourd’hui qu’il n’y a plus aucun Compagnon de Jésus rue de Rome? Certains parlent jésuitiquement de collège ignatien…  

On en reparlera.

 

2013 Le Vif mars

 

 

Mais revenons à l'actualité [comme vous le constatez, j'ai remanié le texte original, vieux de plus de 6 ans, après l'élection du Pape François en 2013]. Je me suis laissé prendre comme un débutant par la couverture du Vif L’Express. Comme vous pouvez le constater, on allait découvrir le pouvoir obscur des jésuites.

2013-Vif-2.jpg

 

 

 

J’ai acheté ce périodique en me demandant ce qu’il allait bien pouvoir raconter à ce sujet. Rien! Une véritable arnaque. Même méthode que les journaux à sensation! Vous avez dit informations?


J’ai cependant trouvé quelques lignes intéressantes dans l'interview du Provincial de la PBM, Franck Janin, un Français qui a passé 2 ans à Verviers. Expliquant d’abord qu’il faut parler davantage de «présence» que d’ «influence» jésuite, il en vient à comparer la Belgique et la France. « Pays de consensus et de négociations, elle


[la Belgique] est plus Janin-Le-Vif.jpgréservée par rapport au genre de militance qu’on connaît en France. Aujourd’hui, cependant, il y a plus d’anticléricalisme en Belgique qu’en France, où le rapport au catholicisme s’est apaisé. Il suffit de comparer la couverture de l’élection du nouveau pape sur les deux chaînes du service public que sont France2 et la RTBF, où l’angle était plus politique et plus virulent. Mais, en Belgique, il suffit de remuer le sable pour trouver des pépites d’or.»
Il faut lire jusqu’au bout!

 

 

 


 

6. A Vos Marques:
Frépont dit du Bailoux (1975-76)

 

Il fallait absolument le retrouver. Facebook m’y a fortement aidé. Lui, c’est Bailoux-nn-Didier-.jpg Didier Bailoux, que j’ai eu comme élève en 1972-73, gentil garçon qui a pratiquement été élevé par les jésuites: il était au Collège chaque fois qu’il pouvait, entre autres comme commissaire aux séances de cinéma du Centre avec le père Boulanger; ce même Boulanger qui avait dégonflé les 4 pneus de la voiture de Zinnen parce que celle-ci l'empêchait de partir avec la sienne...

Seul Bailoux pouvait me renseigner sur l’intermède télévisuel de Beaupain (voir SOUVENIRS 69) et sur la performance cathodique du père Frépont. Cette dernière a eu lieu dans le cadre de l’émission scolaire A Vos Marques, très célèbre de 1961 à 1979. En fait, ça se passe en 1975. On enregistre l’émission dans un studio de la RTB (pas encore RTBF) à Bruxelles. L’émission est présentée par le moustachu Robert Frère, personnage dynamique, mais un peu distant, je dirais même assez prétentieux quand on le voit en répétition. Notre adversaire du jour est le redoutable institut Saint-Berthuin de Malonne, école de garçons bien entendu, qui compte encore des internes, avantage incontestable.

Sur les épreuves proposées aux deux écoles, je me souviens des 4 suivantes: danse, journalisme, chanson et poésie. Cette année-là, ce n’est pas simplement un match entre deux écoles, mais il faut se classer dans le duo de tête de l’ensemble des écoles participantes pour la discipline concernée si l’on veut parvenir en finale. Je parle ailleurs (voir Souvenirs 23) des 2 catégories où nous irons en finale: le sport et le journalisme. Raté chaque fois!

L’épreuve cinéma s’est passée sur le terrain, au Collège.
Cine-Undorf-1975.jpg



C’est Joseph Ruwet le maître d’œuvre. Ce jour-là, il bénéficie de l’aide de deux professionnels de la TV: un caméraman (on ne disait pas encore cadreur) et un preneur de son. Le montage se fera chez un autre spécialiste du boulevard Auguste Reyers avec J.Ruwet et les élèves chargés de cette épreuve (dont Philippe Collette).
Cinema-le-preneur-de-son.jpg



Le scénario imaginé mettait toute l’école dans le coup. Mes souvenirs de cet événement sont trop flous, j'ai donc demandé des précisions à Joseph. Voici sa réponse écrite: "On avait imaginé un remake de la sécession de la plèbe romaine sur le Mons Sacer (les escaliers de la rue de Rome), puis l'épisode de la Fable de l'Estomac débitée par Menenius Agrippa et l'obtention du Tribunat pour notre bonhomme (incarné par Manuel Gonzales, un immigré espagnol de la première génération). Tout cela était filmé par une équipe de la RTB (pas encore F)."

On doit filmer en extérieur les mouvements d'élèves dans la cour: au début, rien d'anormal, puis un meneur (Manuel Gonzalez) harangue ses condisciples devant la statue de saint François-Xavier: il est temps que son collège ait un représentant de la base au Conseil d'administration. Et c'est le mouvement général vers la sortie. Le caméraman filmera cette première partie couché sur le toit du nouveau bâtiment, à côté du photographe attitré, Jean Arnould, qui n'en a pas un très bon souvenir ("Il faisait caillant là au-dessus!"). Les élèves sont impressionnés, pour ne pas dire fascinés. Puis on rassemble tout le monde (ou presque) – 400 garçons à l’époque – au pied des escaliers de la rue de Rome pour la manifestation.

Cinema-a-vos-marques-nov-1975bis-.jpg

  (Note: sur cette photo, j'ai ajouté des noms d'élèves que je croyais bien reconnaître. Il paraît que j'ai commis l'une ou l'autre erreur. D'accord, mais je ne sais pas lesquelles! Si on pouvait m'aider...)

 

C’est très amusant; les élèves ont fabriqué des calicots pour l'occasion, les slogans n'ayant d'ailleurs qu'un lointain rapport avec l'objet de la manif. Le cadreur est posté sur le second palier de l’escalier monumental, flanqué de son preneur de son. Les élèves sont tous au coude à coude, les yeux braqués vers la caméra, vociférant comme il se doit dans une manif traditionnelle. Defawes est posté tout enhaut des escaliers avec un porte-voix (j'ai oublié son rôle et Joseph aussi).
cinem-nov-1975.jpg


C’est alors qu’on s’aperçoit que a manifestation n’occupe qu’un petit bout de la rue de Rome, même pas la longueur qui sépare l’entrée du Centre du pied des escaliers. C’était une petite école, mais tellement sympathique…

Les élèves sont ravis: ils sont acteurs d’une émission qu’ils vont pouvoir regarder – en se reconnaissant dans l’étrange lucarne, pensent-ils –, quelle chance! L'inattendu se produit ensuite (d'après Jean-Marc Bréda, moi, je ne m'en souviens pas et je me permets d'en douter, mais je l'écris en plus petits caractères en attendant la confirmation d'un autre ancien): la fausse manifestation devient une vraie pour réclamer du chauffage en ce jour d'hiver précoce! Possible vu le nombre de fois que les ouvriers de chez Wertz sont venus pour tenter de régler ce problème récurrent: l'Intervapeur, c'est très commode, encore faut-il que les installations locales soient au point. Note surprenante: un tuyau passant par le réfectoire (près de la salle Boland) est constamment chaud, été comme hiver; l'Intervapeur n'a jamais réglé ce problème l'estimant plus onéreux que le coût de la consommation inutile!  

L’autre partie du scénario se passe à la salle des profs, où des collègues jouent une scène de la réunion du Conseil d'administration (salle des profs avec les fameux fauteuils rouges). J’aurai l’honneur de jouer au directeur ce jour-là. Nous allons accepter la revendication des manifestants et accueillir en notre sein, pour la première fois dans l'histoire du Collège, un représentant des élèves: c'est Manuel Gonzales que l'on voit, en guise de clin d'oeil final, fumant un gros cigare!
Le petit film n’était pas mal, mais nous n’avons pas été retenus pour la finale.

Pour le concours de poésie, quelqu’un de l’école doit présenter une poésie écrite par un élève. Nous faisons logiquement appel, pour cette épreuve, au titulaire de Frepont-68.jpg la classe de poésie, le père Frépont. Il considère ce choix comme un honneur et participe à fond à l’épreuve demandée: il y va du renom du Collège. Il choisit une «œuvre» de son meilleur «poète», Didier Bailoux. C’est un peu le fils prodigue. Littéraire dévoyé durant 2 ans vers l’école des Cadets pour faire plaisir à son père, Didier a perdu un an dans l’aventure. Revenu tout heureux à SFX chez Buta (surnom de Frépont), il est le seul nouvel élève. Et Frépont s’ingénie à l’intégrer en le valorisant dès le début de l’année. En pratique, Didier n’a pas vraiment besoin de ce coup de pouce. Mais Frépont, épaté par ses dons poétiques, en fera (peut-être involontairement) son chouchou.

Il choisit donc un sonnet écrit par notre Didier, intitulé «Nuit d’hiver». A entendre l’auteur aujourd’hui, ce n’était pas un très bon choix. Il avait fait mieux. Frépont, poussé dans le dos par les organisateurs du Collège (j’étais parmi eux, mais qui étaient les autres?), accepte de se faire l’interprète de cette poésie. Prestation risquée: bravo et merci! Le jour dit, le voilà sur le plateau, les écouteurs sur les oreilles pendant qu’on lance les diapositives choisies par notre professeur de même que la musique de fond. Qui mieux que le professeur d’esthétique peut réussir cet assemblage artistique? Il doit s’être entouré d’œuvres de Vincent Van Gogh et de Gustav Mahler.

Nous sommes dans les coulisses, les yeux rivés sur notre champion, angoissés pour lui et pour le Collège. Il commence, on le coupe: problèmes techniques? Le réalisateur, avec son accent russe ou polonais, parle via les haut-parleurs pour expliquer au père jésuite, avec beaucoup de déférence (tout le monde l’entend), ce qu’il attend exactement de lui en se permettant de le conseiller sur sa façon d’entamer le poème. Frépont se plie aux recommandations, on relance la machine, puis c’est un nouvel arrêt incompréhensible pour les observateurs attentifs que nous sommes. Le réalisateur s’excuse à nouveau, vrai problème technique cette fois, et on relance l’interprétation: on sent Frépont un peu énervé, mais il se maîtrise, conscient de l’enjeu. Enfin, c’est la bonne prise. Il prend un ton très emphatique qui colle bien avec son personnage, mais pas avec la poésie: cela déforce plutôt le texte. Philippe Dasnoy, président du jury est implacable. L’ensemble, poème et interprétation, récolte un 7/10 très moyen avec ce commentaire peu flatteur: c’est du niveau d’un devoir scolaire classique. Pas plus!Evrard-Jean.jpg

Pour la chanson, ce fut toute une histoire pour amener un piano sur le plateau. Contre toute attente, la RTB ne possédait pas cet instrument dans ses accessoires. Et comme on était sûr qu’après le transport, le piano devrait être raccordé, la dépense nous faisait peur. J’ai oublié  comment on s’en est sorti. Je me souviens que c’est Jean Evrard qui chantait Yesterday, la célèbre chanson des Beatles écrite et interprétée par Paul McCartney. Evrard avait été meilleur aux répétitions: le trac? Recalé aussi.

      
5. La gifle (1976)


Juin 1976 verra les premières délibérations collégiales avec les décisions sous forme de lettres: A (réussite), B (réussite avec restrictions), C (redoublement), D (examens de passage) et E (réussite assortie d’un travail-épreuve). Le pèrede lannoy nécro nn Antoine de Lannoy sera fort surpris par le nombre de C dans les 4es Modernes: on en arrive à près de 50% tant dans une classe que dans l’autre, dont les titulaires sont respectivement Luc Peeters  et moi.

L'année suivante (juin 1977), juste avant les délibés, qui s’annoncent encore catastrophiques pour ces classes de Modernes, j’ai reçu un camouflet comme jamais dans ma vie.
Je suis alors titulaire de 3LM et je donne cours en parallèle à la 3e Moderne B: attention, à partir de cette année scolaire-là, on va numéroter les classes d’humanités par ordre croissant, la 3e est donc la dernière année du cycle inférieur. Après un examen oral à Pâques qui donne en Modernes une moyenne de 57% (résultat normal pour cette classe), l’écrit de juin est une véritable catastrophe (43% et 9 échecs sur 14). Vous imaginez                                                                Peeters-Luc-massacre.jpg

  si je suis heureux! Au total de l’année, en comptant le TJ (travail journalier) qui n’est pas mauvais, ça donne 5 échecs en maths pour l’année. En 3LM, pour les mêmes épreuves, je n’ai que 2 échecs sur 20: une grosse différence de niveau, on connaît ça. Je rends ma feuille de points d’examens, garnie de boules rouges comme un sapin de Noël, au titulaire le père Geo Longrée, chargé, comme c’est l’habitude alors, de recopier ces résultats dans les bulletins des élèves. Je me doute bien que ça ne lui fera pas plaisir non plus, mais je ne m'attendais pas à sa réaction. Il est vrai qu’il n’est pas titulaire depuis très longtemps. Le lendemain, je suis appelé chez le père préfet des Etudes, qui m’annonce avec beaucoup de ménagements que le père Recteur – vieil ami du père Longrée – a été prévenu des résultats et ne les admet pas! Je suis prié de les adoucir… Choqué, je rétorque qu’il n’en est pas question et je demande à pouvoir justifier et mon questionnaire, et ma façon de noter. Le père de Lannoy m’écoute attentivement et me laisse Longree-Geo-Massacre.jpgtrès peu d’espoir: le père Recteur a pris une décision qui semble irrévocable et le Préfet obéit perinde ac cadaver! Je refuse la transaction, mais j’apprends bientôt que les points recopiés dans les bulletins sont des points trafiqués: mon sang ne fait qu’un tour. J’entre comme une furie chez le Recteur, le ton monte rapidement, il m’explique qu’il l’a fait pour la réputation du Collège (!), je lui explique à quel point je trouve cette méthode infamante, puis lui jette mon dégoût à la tête et sort en claquant la porte! Dans la foulée, je vais dire son fait à Longrée, qui ne m’avait jamais vu dans sa chambre jusque-là. Je suis prêt à quitter le Collège, mais quand je réfléchis, je me calme un peu et je comprends bien que j’ai tout à perdre. Et puis le Recteur, dans un an, il ne sera plus là, moi si…
Durant les délibérations dirigées par de Lannoy, je m’abstiens de tout commentaire (grève de la parole!), puisque je ne connais pas les points de maths attribués à mes élèves: les bulletins restaient chez le titulaire à cette époque et on ne recevait pas de feuille récapitulative. Vous voyez l’ambiance! Heureusement, la modification des résultats de ce 4e examen de math (qui, en fait, ne représente que 15% du total de l’année en comptant le T.J.), ne change pas les décisions prévisibles du conseil de classe.
Deux jours après, pas encore calmé, j’écris au père Recteur pour lui exprimer un peu plus poliment ma profonde déception: j’ai perdu la confiance de ma direction et je suis touché dans mon honneur! Mais je sais que le directeur d’une école possède ce pouvoir exorbitant de décider des résultats des élèves malgré le professeur qui a donné le cours et corrigé en son âme et conscience. Je crois que c’est toujours le cas aujourd’hui.

Je n’ai pas annulé mon inscription au souper des profs: mes collègues n’y étaient pour rien, à une exception près. Ce jour-là, relevant mon casier à tout hasard, je reçois la réponse écrite du Recteur, qui se contente de prêcher l’apaisement. Les vacances auront un effet thérapeutique.
   

 

 

7. La mixité en point de mire

On a souvent rappelé, à juste titre, que Marie-France Dethier (épouse Ramaekers: voir photo ci-dessous, devant son mari) est la première touche féminine historique du Collège. Elle sera suivie de près par Simonne Jacob (Mme Piedboeuf), qui commencera par donner des

MFrance-Dethier.jpg
cours de religion en Primaires; puis nous aurons très vite la mixité en première Monami-mixite-primaire.jpgprimaire (septembre 1976). J’ai scanné du livre du 125e cette photo de trois jolies petites collégiennes: Véronique Henrotte, Dominique Monami et Isabelle Verstraeten (classe de 1B de Mme Piedboeuf, 1979).

[Je dois ces derniers jacob-Simonne-seule-2004.JPG renseignements à  Pierre-Laurent  Fassin, qui était en 1A chez Henri Carbin].

                                   Arlette-76.jpg
En Primaire, la mixité progresse chez les enfants et s'étoffent dans le corps enseignant. En 1976 arrive Arlette Pirnay (photo ci-dessous), épouse Kisteman, qui donnera pour lontemps la 4e primaire. Collègue discète et très souriante.On va souvent la voir dans des pièces de théâtre organisées par l'Atelier théâtral du Collège. Son duo avec Joseph Ruwet débouchera sur une relation plus intime à la longue.
Simultanément, aurons-nous des filles dans le Secondaire? On commence vraiment à y croire, mais ça ne coule pas de source.
Le Collège met la pression sur les autorités diocésaines. En mai 1976, la revue des parents commence ainsi: «L'Association des Parents a décidé de consacrer un exemplaire de la revue à une information précise et détaillée sur le problème de la mixité tel qu'il se pose aujourd'hui au Collège Saint-François-Xavier.»
Le premier article est signé, comme de juste, par Jean-Marie Raxhon, président de l'A.P.
Je mentionne essentiellement les titres des divers chapitres de cet article. Le président commence par
– Faire le point, rappelant d'emblée que l'Ecole est au service des enfants.
 – La coéducation est-elle un bien pour l'enfant? Incontestablement oui et aucune personne avertie ne prétend le contraire (...) Toutes les instances compétentes et toutes les écoles concernées sont d'ailleurs favorables à la coéducation.» M. Raxhon répond un oui franc et argumenté (il est avocat de profession) aux questions suivantes:

 – La coéducation est-elle désirée par les parents?
 – La coéducation est-elle désirée par les professeurs?
 
La coéducation est-elle souhaitée par les directions et par les pouvoirs organisateurs?
L'avocat de la défense explique ensuite que les conséquences de la mixité sont manifestement bénéfiques pour tout le monde.
Dans sa péroraison (– Ce qui reste à faire?) Maître Raxhon rassure nos "juges" et nos clients. Sachez, bonnes gens, que les écoles demanderesses sont, toutes, prêtes. Qu'attend-on dès lors pour être heureux? La décision de la commission diocésaine chargée de l'enseignement et composée paritairement par des membres des parents, des enseignants, des pouvoirs organisateurs et de l'évêché de Liège. Mais n'ayez crainte, c'est juste une question de jours (si ce n'est déjà fait au moment où ces lignes paraîtront...).
On se demande alors pourquoi tout ce tintouin...

Attention, voici des menaces à peine voilées à l'égard des décideurs: Il faut bien dire que l'on devine mal quel argument militerait pour un refus. Enfin l'argument massue: ne vous ridiculisez pas en refusant la mixité. Bien plus, si un argument d'une importance telle existait qu'il devrait contrer les souhaits unanimes des pouvoirs organisateurs, des directions, du corps enseignant et des parents des 4 établissements demandeurs, ainsi que ceux de la C.R.P., le poids de pareil argument, son évidence, seraient tels que tous déjà, nous en aurions connu la nature.
C'est dans la poche, quoi.

Pour ma part, je trouve que le président est d'un optimisme béat, ou plutôt qu'il joue au naïf.  C'est une méthode qui peut déstabiliser le jury dans un prétoire. Mais n’oublions pas, en l'occurrence, les difficultés rencontrées lors de l’ouverture de la section moderne.
Que je sache, à l'époque, la coéducation était généralement conseillée pour tous les âges, sauf, justement, pour les adolescents. Disons qu'à cet âge-là, il n'y avait pas unanimité chez les spécialistes. M. Raxhon n'en a cure, ni les autres intervenants d'ailleurs, c'est un long plaidoyer pro domo

1977-inauguration-batiments-raxhon.jpg
Le père Recteur prend la plume pour expliquer au bon peuple que «gouverner, c'est prévoir...»  Sachez que le Collège est prêt!

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager la fin de son envolée lyrique.
(...) nous devrons aménager des classes dans l'antique bâtisse des Pères: nous y mettrons les bataillons uniformément mâles qui formeront encore le gros de nos troupes. Aux demoiselles, les classes pimpantes aux baies lumineuses et, pour leurs pieds délicats, le moelleux tapis plain. Afin de mettre à l'abri des ballons leur nuque souple et fragile, la prairie du jardin se fera plus verte derrière le rideau mouvant des arbres. Et en septembre 1977, un collège tout requinqué, muni d'une nouvelle cour de récréation, ménagera un cadre harmonieux pour le bonheur d'harmonieuses rencontres. Tout sera prévu, sauf les imprévus inévitables chargés de maintenir en éveil une inventivité toujours prête à  s'assoupir. Les grues travaillent; pour qui voit les choses de l'intérieur, leur geste mécanique a toutes les grâces d'une invitation à la valse. 

A croire qu'il écrit pour amuser ses lecteurs! Pourtant, toute la revue est une entreprise de dramatisation. Le Recteur termine son exposé plus sérieusement: Nous étions prêts, lorsque l'Athénée s'est ouvert à la mixité. On nous a demandé alors d'attendre deux années encore. Trois ans se sont écoulés depuis, trois ans de patiente mise au point. Que la patience ne devienne pas stagnation: la première mûrit, la seconde pourrit. Et la jeunesse a horreur de stagner: elle pousse; elle nous pousse...

Non, ce n'est pas fini, nous aurons encore droit, dans la même revue, au témoignage du père Guy de Marneffe s.j., directeur du collège (mixte depuis 5 ans) N.- D. de la Paix à Erpent. Il tente d'abord de répondre à la question  «Etes-vous content de la mixité?». Plein de bon sens, notre jésuite limite la portée de sa réponse.  En effet, dit-il, les fruits définitifs de la coéducation ne pourront être constatés qu'au moment où les adolescents seront des adultes (et encore, pourra-t-on les constater avec certitude?), je ne pourrais actuellement qu'être très imprudent en tirant des conclusions hatives et peu fondées. C'est sans doute l'article le plus tempéré. Suivent les plaidoyers des parents Malherbe (3 enfants en Primaire) et de J.-M. Delobel, titulaire de 1re Sc.B. Le président Raxhon fait encore appel au talent de J.-M. Jacquemin  (père de 2 élèves de nos Primaires) pour des «Réflexions psychopédagogiques sur la coéducation à l'école».

Je suis alors très surpris de voir la signature du rédacteur en chef, M. De Donder, qui n'a pu résister aux sirènes de la féminité. Faut-il rappeler que ce vieux garçon a pour la gent féminine une tendresse non dissimulée? Je recopie quelques extraits de sa thèse, plus pour la qualité de sa prose que pour la solidité de ses arguments. C'est d'ailleurs un travail sur commande, il n'en fait pas mystère. Prenez à tout hasard un bon dictionnaire (et plus complet que Le petit Robert)!  [pour les incultes comme moi, j'ai ajouté quelques traductions entre crochets]. Mais rassurez-vous, je mentionnerai pas le passage où De Don explique aux parents, inquiets pour le latin, qu'il a déjà trouvé plus de 120 extraits d'auteurs plus proches des préoccupations des jeunes filles que la Guerre des Gaules du bon vieux César.  
De palabres en tractations, de conférences en discussions, de pourparlers en négociations, de consultations en délibérations, de conciliabules en commissions (...de coordination en planification), d'atermoiements en tergiversations..., "résultat des courses" (comme dit mon ami Janssen) [merci, maître]: adhuc iudice lis est [le procès est encore devant le juge] (...).
Bref, combien de caucus, combien de pilpouls [ pilpoul = discussion pédante sur des vétilles] devront-ils encore tenir, pour que se prononcent les Oracles?»

L'auteur épice le bouillon avec une excursion romaine. En 1929, Pie XI (dans l'encyclique Divini illius magistri) y allait d'une condamnation formelle de la mixité en précisant que «la coéducation est fausse et païenne, car elle ne tient pas compte de la faiblesse humaine et du soulèvement de la chair contre l'esprit». Pie XII, en 1951 (dans son allocution aux pères de famille français), insistait sur le fait que ladite encyclique datait de plus de 20 ans une encyclique est donc recyclable et qu'«il fallait la reconsidérer en fonction de l'évolution de la civilisation.» Ouf!
De-Don-Der-seul-75.jpgSur le plan pratique, continue De Don, je n'ai pas qualité pour établir un dispositif judicieux et cohérent des programmes, des méthodes, des horaires à adopter (et sûrement à adapter) dans le cadre nouveau créé par la mixité: outre que je ne suis pas aux leviers de commande, je ne peux, hélas, faire état d'aucune espèce d'expérience valable en la matière... Ce sera là peut-être un des regrets que me laissera ma longue carrière d'enseignant (...).
Qui plus est, qui pis est, voici que pour moi se profile à l'horizon le spectre grimaçant de la retraite..., ce qui revient à dire que je ne connaîtrai donc très probablement pas
[il ne donnaît plus cours en 1re]  –  j'allais dire in anima vili [comme vulgaire expérimentateur] –  les joies et les triomphes de la mixité à S.F.X. C'est donc avec un certain détachement, sinon des hauteurs de Sirius, que je me hasarde à parler ici de cette question, en mon nom personnel.

Au milieu de cette revue à sens unique s'étale, comme une respiration, un article de l'élève Patrick Bartholomé de 3e L-G (16 ans) intitulé "Nouvelle de fiction 1974-75-4e-Lat-Grec-Bartholome-P.jpganticipative". Il ne m'étonnerait pas que son professeur de français adoré (De Don en question) lui ait suggéré ce travail. Il faut savoir que Patrick est aujourd'hui l'auteur d'un blog remarquable tout entier consacré à son ancien professeur (http://louisdedonder.blogspot.be/).
Voici quelques extraits de ce rêve d'adolescent:
1er septembre 1976. Après 2 mois d'un silence devenu, à la longue, sépulcral, les bons murs du collège s'apprêtent à engloutir avec u appétit vorace la foule bruyante et hilare de la scolastique verviétoise.
(...) Seuls ou avec leurs amis, les élèves franchissent le porche, enveloppés dans leur manteau, comme des conspirateurs dans leur cape. Des groupes se forment, qui paraissent connaître des divergences d'opinion; la cour est désertée; les ballons de basket délaissés; la foule houleuse se masse près du porche (...)
Ce n'est pas une exécution: on ne voit ni gibet, ni roue, ni estrapade [voir dictionnaire!].
Ce n'est pas un attentat (...) Un bruit de moteur; on tend le cou...; on perçoit un pas rapide et sonore comme celui que ferait un soulier à talons; on distingue une silhouette vague, presque diaphane...(...) A cet instant, le ciel se déchire comme le rideau du Temple, et un large rayon vient frapper de plein fouet... le premier jupon à ne faire partie ni du corps enseignant, ni du service d'entretien du collège. L'instant comme l'événement est historique; mais la glace n'est pas rompue: on s'attend à tout moment à ce que la foule en délire se jette sur la malheureuse, élève un bûcher et la sacrifie en holocauste à quelque dieu barbare...
(...) Mais non, l'assistance reste calme (...) Les esprits se détendent. On rit; on congratule la "nouvelle"; elle est adoptée!
La réalité dépasse-t-elle la fiction?

Enfin, les deux derniers articles sont des témoignages de parents, traditionnellement favorables au Collège, qui ont choisi l'Athénée pour leur fille. Ils ont préféré l'enseignement officiel, mais traditionnel (pour les gréco-latines), au Libre qui n'offre plus aux jeunes filles verviétoises que le seul Rénové (aux Saints-Anges). Les signataires de ces missives sont le Docteur et Madame Gérard GRAND (leurs 4 garçons étaient passés par le Collège) et l'ancien élève Jacques  A. LECLOUX, Architecte I. SL. LG. Grand prix de Rome. Texto! Non, vous ne trouverez pas une lettre de Tartempion, métallo, ni une réflexion de Mme Janssen-Kreit, boulangère d'Ottomont. Ne sommes-nous pas une école d'élite?


Le débat était donc vicié à la base, les parents avaient surtout peur de mettre leurs filles à l'institut des Saints-Anges, totalement converti depuis belle lurette au Rénové. La coéducation ne leur posait pas de problème, mais ne semblait pas aussi urgente qu'on voulait bien le dire. Contrairement aux espoirs affichés, les filles n'arriveront pas en septembre 1976 en 1re Secondaire, mais seulement 4 ans plus tard.

C’est peut-être le moment de donner sereinement mon avis après 25 ans d’expérience. D’abord, je ne me suis jamais senti mal à l’aise dans aucun des deux systèmes. Et puis, j’ai toujours vécu avec des femmes (je n’ai pas connu mon frère, mort prématurément, je n’ai pratiquement pas connu mon père, mon beau-père est mort jeune et je n’ai pas eu de fils, mais j’ai toujours une femme, une fille, une sœur et une belle-mère, et ma mère a quand même vécu 81 ans…): c’est bien ça qui me désolait le plus, on allait encore me ramener dans un milieu féminisé… Non, je rigole. Honnêtement parlant, je n’ai pas d’avis tranché sur la question. Mais j’ai personnellement été frappé par une réflexion de Joseph Ruwet qui a longtemps donné cours dans les deux dernières années d’Humanités. Avec la façon inimitable qu’on lui connaît, il parlait d’un suicide des garçons. Je traduis (après explications de sa part): les garçons sont dominés, infériorisés par les filles de leur âge traditionnellement beaucoup plus mûres et ils se réfugient dans des attitudes et activités infantiles, indignes de leur âge. Des jeux stupides la plupart du temps. A son avis, ils continuent à payer quelques années cette époque noire de leur développement psychologique, ce qui pourrait expliquer la supériorité des filles dans les cursus universitaires. Autrement dit, la mixité serait néfaste pour les garçons de 15-18 ans. C’est une idée qui mérite considération. J’ai eu la chance d’être titulaire durant 7 ans d’une 5e forte (maths fortes et souvent latin) et je n’ai pas la même impression: j’ai chaque fois rencontré des garçons (au moins quelques-uns) avec une forte personnalité. C’est vrai que c’était beaucoup moins le cas dans les 5es maths 4 heures.
Ce problème est-il définitivement réglé depuis que l’Union européenne a pris des directives imposant la coéducation à ses Etats membres? Nul ne connaît l’avenir, surtout en politique.
Mais, vu du corps professoral encore très macho que nous formons à cette époque, ce qui excite le plus notre curiosité est l’accoutrement de nos collègues féminines, voire des épouses des jeunes profs. Pour nos nouvelles collègues (nous ne savions pas que le Recteur veillait à leur tenue, d’après Marie-France Dethier), pas de matière à cancans! Pour les épouses, on aura quelques sourires entendus et quelques commentaires bien sentis en voyant la dégaine de la femme d’un de nos jeunes collègues; surtout quand on apprendra qu’elle était présente à ses côtés lors des réunions de parents: pauvre collègue! Leur union ne pouvait pas durer.


  8. Le centenaire de l’église


J'avoue humblement n'avoir rien retenu de la fête du centenaire de l'église. Je me demande même si j'ai assisté au concert exceptionnel donné à cette occasion. Mais je ne peux passer l'occasion de rappeler, grâce au père Bodaux  (dans la revue de mars 1976 de l’Association des Parents), quelques grands moments de l'histoire de l'église du Collège dédiée au Sacré-Cœur. Terminée en 1875 déjà, l’église ne fut consacrée que le 25 avril 1876 pour raison de maladie de l’évêque de Liège, Mgr de Montpellier. C’est l’année où la ruelle Manguay prit le nom de rue de Rome. Eglise-ABC.jpg
Le véritable rayonnement du temple du Sacré-Cœur date du début du X siècle. On peut dire que le chant et la prédication attirèrent énormément de fidèles verviétois. Pour le chant et la musique, c’est l’arrivée en 1903 d’un musicien de renom, le père François ASSENMACHER – pendant plus de 40 ans préfet de tribune – qui lança un mouvement encore vivace aujourd’hui sous la baguette du frère Maurage. Pour l’anecdote, signalons les ennuis de notre musicien avec la Kommandantur allemande (guerre de 1914-1918) pour avoir fait chanter la « Prière pour le Roi ».  La prédication connut deux grosses vedettes: le père Valère HUPEZ qui attira les grandes foules de 1903 à 1905 et le père Alphonse GORONNE, arrivé en 1910, qui « charma pendant 27 ans l’auditoire des messes du dimanche par sa voix chaude et vibrante, ses exposés lumineux et son argumentation convaincante. Lui aussi eut maille à partir avec l’occupant teuton pour excès de patriotisme. Il se retrouva prisonnier en Allemagne jusqu’à l’armistice de 1918.
Rentré en Belgique, il reprit sa prédication du dimanche et, vers 1930, ses sermons étaient diffusés sur les ondes par le poste de eglise-interieur-AA.jpgRadio-Verviers, un émetteur privé créé par le père Verreux au collège ».

 

Le bâtiment échappa de justesse le 11 mai 1940 (2e jour de la g uerre) à un tir belge émanant du fort de Fléron ! Le 30 novembre 1941, ce sont  des bombes incendiaires allemandes qui atteignirent l’église et mirent le feu aux chaises. Les pères venus en nombre éteignirent rapidement l’incendie.  Enfin durant l’offensive von Runstedt, le culot d’un obus tiré des hauteurs de la Fagne perfora le toit et perça la voûte avant de s’abattre encore sur les cha ises sans les allumer.

Aujourd’hui, le rythme des confessions s’est ralenti, comme partout, en revanche, la prédication de qualité (avec le père Lefèbvre) est toujours à l’honneur. Quant au chant, il est plus que jamais à l’ordre du jour.

 « L’église du Sacré-Cœur est toujours ouverte à la prière silencieuse des passants et des habitués de la maison de Dieu ».




  9. Des constructions pour 50 millions de FB (1977)

Constr Lefebvre 77A peine arrivé rue de Rome, le père Lefèbvre   décide de faire transformer le préau sous la salle de gymnastique (début de la transformation ci-dessous) pour créer ainsi une salle de jeux couverte qui deviendra la plus grande salle du Collège. Elle servira aussi pour l’éducation physique des petits, la Fête d’Hiver et la remise des prix des rhétos en fin d’année. L'inauguration de ce qu'on appellera la  «salle de jeux» se fera le samedi 25 mai 1974, jour de la fête des parents de Primaires

: l'art de faire d'une pierre (c'est le cas de le dire) deux coups!



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Mais il ne va pas s’arrêter là dans le domaine des constructions.

Profitant d’une occasion favorable qui permet de construire avec des fonds prêtés par l’Etat, il projette d’abattre toute l’ancienne aile Primaires du bâtiment ouest pour y construire ce qu’on y voit aujourd’hui. Le Collège est ainsi endetté d’une somme de 50 millions de FBconstruct vierge 1976 pour 40 ans, mais il ne faut pas avoir peur de l’avenir si on ne veut pas mourir étouffé.



La durée de la construction entamée en mars 1976  sera assez pénible tant pour les élèves que pour les enseignants. Le bruit durant les examens de juin m'a laissé un très mauvais souvenir. On n'a rien sans peine.



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Construct 77 31 mars

L'inauguration aura lieu un beau dimanche de septembre 1977.
La semaine précédente est assez stressante. On apprend (comment?) que des vandales ont projeté de sévir au Collège avant l'inauguration:  ils vont tout casser (?).  Le Recteur panique, il nous en fait part; on a pitié de lui. Gillot (en battle dress) et moi veillerons durant une partie de la nuit précédant l'inauguration; d'autres nous relayeront, mais je ne sais plus qui. En réalité, rien ne se passe, on est sans doute (comme prévu) victimes d'une mauvaise blague. Les auteurs ne se sont jamais fait connaître, même pas 30 ans plus tard.

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(Photo ci-dessus: premier échevin et président de l'Association de Parents, Jean-Marie Raxhon dévoile le chronogramme du père Bodaux; Marie-Françoise l'aide de son charmant sourire; ci-dessous, une banderole affiche fièrement «120 ans au service de la jeunesse».)


Après les flonflons de  Inaugur-77.jpgl'inauguration (jour de gloire pour Luigi, voyez son air ravi sur la photo), on reprend le collier. Toute la direction va émigrer petit à petit dans ce nouveau bâtiment: d’abord le préfet d’éducation, où se trouve maintenant Luigi-inaug-77.jpg Eric Laurent, préfet de Discipline, puis le directeur au premier étage, dans un local donnant sur la cour. C’est l’année où je

Jost-D-4LG-1977-De-Don.jpg



donne cours à Dominique Jost (3LG). La salle des profs prend alors ses quartiers définitifs en lieu et place de la préfecture d’éducation (qui n’est plus de discipline). Le père de Lannoy reste dans son petit bureau de l’entresol. On en profite pour construire la cour de récréation des Primaires, entre le bâtiment ouest et la piscine communale: c’est un autre Collège, pratiquement sans jardin, dont la dernière partie est largement entamée par le parking des professeurs. Le Collège grignote la Communauté…


  10. Ouvrir les yeux sur le monde

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Tazieff 1976 2Un collègue comme Marcel Lepièce, mine de rien, savait élargir le champ de vision des grands élèves. L'affiche ci-dessus en est un exemple: la conférence était organisée par les rhétos du Collège, poussés par Marcel.

 

Je ne sais pourquoi – moi qui n'étais pas prof de Rhéto – j'ai si souvent quitté

mon discours mathématique durant mes heures de cours en ces années-là. Jean-Paul Adam prétendait que j’avais l’air passionné par la guerre israélo-arabe du Yom Kippour (1973): je l’étais! A tel point que je laissais déborder mon obsession en classe, enfin dans les classes où je pouvais me permettre de perdre de temps en temps quelques minutes. Evidemment, dans la mémoire des élèves, ces moments privilégiés effacent les autres. Tant pis ou...tant mieux!

N’oublions pas la première crise du pétrole et les dimanches sans voiture laissant (fin octobre 1973) les trainaux envahir les rues de Verviers prématurément enneigées: quel spectacle! Sûr qu'il a marqué à tout jamais les adolescents de Leburton Edmond l’époque.
En 1974, la politique française envahissait nos petits écrans. C'était le duel Giscard-Mitterrand, l'élection du premier à la présidence de la république (ils n'ont que ce mot-là à la bouche...), puis le premier gouvernement Chirac avec la loi Veil de dépénalisation de l'avortement  , et enfin l’onctueux Raymond Barre, "le plus grand économiste de France" d'après Valéry Giscard d'Estaing. Nous, on découvrait un éphémère (1 an) premier ministre wallon et socialiste –  Edmond Leburton – à la tête d’un cabinet de 36 ministres (36 chandelles vite éteintes). Son successeur, Léo Tindemans Tindemans (Tindemans meer dan ooit était un des slogans d'une de ses campagnes électorales), nouveau champion flamand dura 5 fois plus longtemps.

Le 30 avril 1975, les Américains fuyaient Saïgon puis élisaient à la présidence Jimmy Carter, un planteur de carter cacahuètes. De 1975 à 1979, les Khmers rouges se rendaient coupables dans leur propre pays, le Cambodge, d'un génocide de 1.7 million de victimes. Seul l'hebdomadaire français d'extrême droite Minute en parlait!... 

Mais je m'égare, revenons au Collège.

Sous le titre "Le saviez-vous?...", je lis dans la Revue des parents de janvier 1976 ce texte non signé. Je donnerais ma main à couper que son auteur est le recteur L.Lefèbvre.

DD seul 76Malgré l'injustice de ce monde où l'argent tient lieu de mérite, il est des vertus qui finissent par s'imposer: leur silence même est lourd d'éloquence. C'est ainsi que récemment le Ministre de l'Education Nationale nous a commu­niqué l'inscription, parmi les Chevaliers de l'Ordre de Léopold II, de M. Louis DE DONDER. Personne, surtout pas le bénéficiaire, n'avait quémandé cette distinction, précieux encadrement d'une valeur qui scintille d'elle-même.
Nous aurions voulu offrir au nouveau décoré un cheval, afin de lui permettre d'entrer tout harnnaché dans l'Eglise. Mais vraiment, M. De Donder a-t-il besoin d'une croupe équestre pour souligner sa prestance chevaleresque ? Et puis, le cheval n'a pas mis Jeanne d'Arc à l'abri des coups de griffe d'Henri Guillemin. Que M. De Donder se rassure : parmi ses élèves, aucun ne trouvera, dans les petits papiers du Maître, rien qui puisse ternir, d'une ombre
75 3LG Adam Bartmême fugitive, sa gloire sonnante et frémissante...



Pierre Crutzen (Rh.1978) vient de m'écrire quelques souvenirs de cette époque que je ne résiste pas à vous transmettre.

En 4e, la pièce de théâtre que nous Crutzen Piere 1986 avons montée avec le père Deseilles; le pauvre, lui qui revenait du Congo , il a séché avec nous ! (Un certain Jacques Camps aussi, d'ailleurs...)  ... j'avais le rôle d'un directeur de prison. Prison située en bord de mer dans une cité touristique, et ne comptant qu'un seul prisonnier (Christophe Fettweis) et un seul gardien (Eric Deffet). Le directeur (Jean-Luc Bougard) de l'hôtel voisin, bondé, lorgnait les nombreuses cellules vides en vue d'étendre ses capacités d'accueil. Un compromis est trouvé, un premier client débarque (José Gonzalez). Mais peu de temps après., voici l'inspecteur (Jean-Marc Bréda)! Le brave Jean-Marc ne connaissait pas très bien son texte. Nous devions fréquemment "rattraper" le fil de l'histoire devenu aussi visqueux qu'une anguille... De surcroît, il était affecté d'un strabisme convergent ...important. Et une nouvelle fois, il s'égare dans ses répliques; mais impossible de deviner à qui il s'adressait et qui devait "rebondir" puisque son regard va dans une direction où personne ne se trouve! Nous nous emberlificotons dans une improvisation cul-de-sac-esque et quémandons désespérément l'aide du souffleur (Yvan Larondelle) pour retomber sur nos pattes. Le souffleur, qui effectivement soufflait et transpirait à grosses gouttes, feuilletant son livret dans tous les sens , nous lâche, abattu, désemparé : "je ne sais pas du tout où il est"...
Heureusement, on jouait pour un public de

Camps Bust 78

personnes âgées qui étaient sans doute aussi perdues que nous!

Breda-n-n-Jmarc-72.jpg
Ca me rappelle soudain le thème d'une version latine (tiens, on dit ça, le thème d'une version?) en 5e je crois (à l'époque, on comptait en diminuant) donc sous le titulariat de Joseph Ruwet: "Caecus a caeco ductus" (l'aveugle conduit par l'aveugle)





A propos de Jean-Marc Bréda, garçon imprévisible mais attachant, j'ai appris qu'il avait eu une misérable fin d'existence: dommage!


Quant à Yvan Larondelle, sérieux, gentil et très intelligent, je me Larondelle Y 74 souviens surtout d'une intervention étonnante du père Dedeur, surveillant l'étude, et criant: "Larondelle, dans le coin!". J'en ris encore en imaginant le résultat géométrique de la scène...












11. L'école Sainte-Marie

Le recteur Lefèbvre profite de la reprise de l'école primaire Sainte-Marie de Heusy pour donner une promotion à Jean Mineur (l'homme à la MG verte): il devient ainsi chef d'école. Je m'étais imaginé que nous allions du même coup avoir un second centre de recrutement pour les humanités: que nenni! Mineur, parti à Heusy, a complètement oublié le Collège. Je crois même que c'est lui qui a profité de son label SFX pour attirer Mineur-J-125nn.jpgdes Heusytois qui seraient normalement passés par nos préparatoires. En tout cas, je ne l'ai revu qu'au moment du 125e anniversaire, comme invité "de marque".

Pendant ce temps-là, les modernes avancent et nous sommes heureux de découvrir là aussi des talents qu'on ne soupçonnait pas. Si Charles Simonis s'est imposé dès son arrivée comme un étudiant de haute valeur, Patrick Hoffsummer (Patrick avait  bifurqué en modernes en cours de route) passait plutôt inaperçu jusqu'à son éclosion au Tournoi européen des Jeunes inventeurs (1976) alors qu'il était en rhéto scientifique B (voir Souvenirs 23). Hoffsummer dirigeait déjà depuis quelques années une équipe de jeunes gens passionnés par des fouilles dans les ruines du château de Fanchimont, où ils vont d'ailleurs faire des découvertes remarquables. Son travail primé était intitulé: Fouilles archéologiques de Franchimont. Une véritable vocation.
N'oublions pas Albert Thiry qui brilla à l'émission-concours "A vos marques". Le Collège avait définitivement une corde de plus à son arc.

12. Souper des profs 1978

Habituellement, un souper rassemblant tous les jésuites, les enseignants laïcs et leurs conjoints, termine l’année scolaire. Chaque enseignant se fait un devoir Souper-prof-78-Ruwet.jpgsinon une joie de participer à cet événement. Le moment est idéal : nous sommes fatigués par les travaux de fin d’année, mais ceux-ci sont définitivement derrière nous et nous sommes à la veille de deux longs mois de vacances, ce que tout le monde nous envie (et parfois nous reproche). Ce rassemblement souper-prof-78-Delperdanged-Roseline.jpgfestif est couronné par le discours rectoral, qui est, comme d'habitude, Souper-prof-78-Longree.jpgun véritable régal. La tradition veut qu’on annonce officiellement ce jour-là les grands changements dans le personnel éducatif ou la communauté tels que l’arrivée d’un nouveau directeur, le départ d’un jésuite ou encore la mise à la retraite d’un collègue. Cette année, Louis De Donder atteint l’âge limite de 65 ans. Vu  l’importance du Souper-prof-78-file-Bartolome.jpgpersonnage, tout le monde se réjouit d’entendre les effets oratoires de notre Recteur Souper-prof-78-Alfred-Cormannn.jpget la réponse, sans doute peaufinée, du vétéran misSouper prof 78 Serexhe parotte pour la dernière fois sur le pavois.  Raymond Gaillard, représentant de fait du corps professoral, a récolté l’argent pour le cadeau traditionnel remis au futur pensionné à cette occasion. Si mes souvenirs sont bons, Louis sera gratifié d’un petit frigidaire, nécessité absolue pour un célibataire isolé dans sa chambre du deuxième étage du bâtiment des Pères. A cette époque, il nous paraît évident que Dedon passera ses vieux jours à Verviers où presque tout le monde le connaît. Qu’irait-il faire à Thuin, sa ville natale où il n'a plus de Souper-prof-78-DDD1.jpg

famille.

Le Recteur ne nous a pas déçus, mais la réponse du professeur émérite, dont le texte était millimétré, fut d’un lugubre réfrigérant. Pas un sourire, pas une plaisanterie, pas un merci, pas la moindre lueur d’espoir. Etait-ce la retraite des dix mille (dans l’Anabase de Xénophon) ou bien Napoléon quittant Moscou? souper-prof-78-Arnould-Roseline.jpgEn fait, Louis savait qu’une fois privé d’enseignement, sa vie n’aurait plus de sens. D'autant que sa soeur, qui occupait la maison familiale, était décédée depuis un an.
L’assemblée, attentive, restait silencieuse par respect pour le …défunt! Nonobstant les sourires lumineux décochés ce même soir à l’intention des épouses de certains professeurs par ce séducteur impénitent, le maître désormais sans disciple commençait son calvaire intérieur. Il durera 15 ans! 
Souper-prof-78-recteur-Massart.jpg
Souper-prof-78-J.Gillot.jpg

Mais, avouons-le, la préoccupation principale des enseignants ce soir-là était ailleurs. Le recteur Lefèbvre arrivait en fin de mandat et personne ne savait qui allait le remplacer. Les paris étaient ouverts. Les rumeurs portaient tour à tour le père Charlier et Jean-Marie Delobel à la tête de l'école. Il était aussi question d'un éventuel outsider, un jésuite extérieur (lequel?), qui viendrait coiffer nos deux collègues sur le poteau.

Le suspense était à son comble: nous étions tous persuadés que la nouvelle serait dévoilée lors de ce fameux repas annuel. Et puis, plouf! Le Recteur lui-même n'en savait rien...

 
13. L’ambition d’un homme (1978)

Jean-Marie Delobel, titulaire de poésie, a entamé une carrière syndicale que l’on peut qualifier de fulgurante. Délégué syndical au Collège en 1969, rapidement responsable régional de la CEMNL (Centrale de l’Enseignement Moyen et Normal Libre de la CSC), il en est devenu peu après vice-président national. Il se fait connaître ainsi au PSC, très vite proche du député, Delobel nnn directeur 125puis ministre Parisis, il obtient en avril 1973 un poste d’attaché de cabinet chez Léo Tindemans, alors vice-Premier ministre et ministre de l’Agriculture: "5 ans d'enseignement, ça suffit pour un homme!", dit-il. Il a résolument choisi la politique et abandonné l'enseignement...pour 3 mois! Il revient, penaud, pour les délibérations de juin. Des raisons familiales bien compréhensibles semblent être la cause de ce retour prématuré. Tindemans sera Premier Ministre de 1974 à 1978. Pour exprimer cette parenthèse dans son cursus professionnel, nous parlerons de son excursion au cabinet.         

Nous ne serons donc pas surpris de voir Delobel s’impliquer dans les élections communales de 1976, l’année des fusions de communes. Il obtient la palme des candidats sociaux-chrétiens de Heusy et devient ainsi échevin du Grand Verviers. Un coup de maître.

C’est la fierté au Collège. En tout cas, il va subitement prendre de l’importance dans le petit monde des jésuites, qui pensent à notre avenir. C’est un homme qui ne restera pas simple professeur toute sa vie, c’est sûr.

Au Conseil de direction, il parle d’autorité dans tout ce qui concerne l’avenir de l’enseignement et, en particulier, du Rénové dont il est un ardent promoteur: c’est un monsieur bien placé au PSC et à la CSC… Nous nous retrouvons ensemble au conseil de direction du Collège, où nous avons été élus par nos pairs. Lors des réunions de ce conseil, il donne toujours l’impression d’être dans le secret des dieux: ça m’énerve prodigieusement. Peut-être suis-je un peu jaloux de sa fulgurante réussite?

Devenu directeur, il n’aura de cesse de faire gonfler le nombre d’élèves: cela ira jusqu’à 198 élèves en première! Contré par son propre conseil d’administration dans cette entreprise – on lui imposera un numerus clausus –, il remettra ça au moment de la reprise des Saints-Anges en se positionnant subtilement pour la fusion des deux écoles chapeautée par un seul directeur: lui! Encore une fois, il verra son entreprise contrecarrée par son autorité de tutelle. Cela ne veut pas dire que Delobel soit devenu un mauvais directeur: loin de là! Nous en reparlerons.

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 13:28

 

Roger Belflamme

J'ai rencontré Roger en 4LG (1969-70, photo ci-dessous), ce gentil roux particulièrement discret, dans une des classes intellectuellement les plus fortes de toute ma carrière. J'ai déjà parlé de Belleflamme-Roger-1970.jpgquelques-uns de ces garçons que j'avais eus en 6e Lat.A, avant mon servce militaire.




Je n'ai pas oublié non plus Georges Dumoulin (futur avocat; photo ci-dessous du Jour du 24 novembre 2011)), un garçon toujours de bonne humeur, ardent supporter d'Anderlecht, qui mettait beaucoup d'ambiance dans la classe.

Jean-Jacques Letesson (futur professeur d'université) habitait mon quartier d'Ottomont et me connaissait très bien avant de rejoindre le Collège. Du jour où je suis devenu son professeur, il me vouvoya et me respecta comme on le lui avait expliqué à domicile: j'en étais épaté. Luc Benoît, qui semblait toujours en retard d'une guerre, est, paraît-il, devenu médecin. Vous voyez qu'il ne faut pas être pessimiste avec les adolescents. Jean-Pierre Latour est l'aîné d'une série de garçons, tous très sympathiques. Jean-Pierre nous avait bien faits rire en soutenant que sa solution d'un Dumoulin-georges-24-nov-2011.jpgproblème d'algèbre était meilleure que la mienne; quand je lui demandai d'en faire la preuve, il me rétorqua très tranquillement: «C'est mon père qui me l'a dit!» 

Ses «méchants»  camarades n'arrêtèrent pas, depuis ce jour-là, de lui conseiller de demander à son père lorsqu'il était le bec dans l'eau...

Roger, garçon modeste, attentif mais réservé, était d'une gentillesse remarquable. Adolescent somme toute banal – ceci n'ayant rien de péjoratf – il ne posait aucun problème en classe. Je me souviens aussi de son papa, vétérinaire, avec qui j'ai pratiquement copiné lorsqu'il est venu aux réunions de parents.
Rien ne laissait paraître chez cet adolescent plein de vie le drame qu'il allait devoir assumer pour mourir en adulte.
Dans la revue de l'Association des Parents de septembre 1972, le R.P. Buyle, son titulaire de Poésie, écrivit un article émouvant dont je tire un extrait:
«En septembre 1971, deux jours après la rentrée des classes, ROGER BELLEFLAMME, élève de seconde gréco-latine, nous quittait pour Louvain, où il allait subir une très grave opération: l'ablation d'une tumeur au cerveau.
Dix mois durant, Roger témoigna d'un courage extraordinaire, supportant la maladie et ses dures contraintes, sans jamais se plaindre. (...)
Nous qui nous laissons si facilement abattre par les moindres difficultés, retenons cette leçon d'énergie.
Pourtant, malgré son amour de la vie (...) c'est en pleine lucidité, le moment venu, que Roger fit, avec Jésus et comme lui, le sacrifice de sa vie.
Le 29 juin, il reçut l'onction des malades. Cette fois, il pouvait dire avec Saint Paul: "J'ai livré le bon combat... J'ai tenu ferme... Ma récompense est proche..."
Le samedi 15 juillet 1972, à 6h30 du matin, très paisiblement Roger s'endormait dans la paix et dans la joie du Christ.» 
Lors du concours de Composition française de fin de troisième, où il se classe premier, Roger avait écrit de très belles pages sur "le goût du risque".»
Je recopie ses dernières lignes:

«En conclusion, termine Roger, je peux dire que, si nous n'avons pas l'occasion d'accomplir de grans exploits, notre vie quotidienne nous permet d'en réaliser de modestes. Bien que ceux-ci ne contribuent pas au progrès de la science, ils nous font devenir des hommes, ils nous font devenir nous-mêmes.»

 

 

Un nouveau recteur plus tôt que prévu

Le 31 juillet 1972, nous apprenons avec surprise le départ du Recteur Capelle pour l’Intitut Gramme et l’arrivée d’un inconnu pour le remplacer. Nous n’en connaissons pas les vraies raisons, mais les cancans vont bon train.
Le nouveau était prof de Rhéto au collège Saint-Servais, à Liège. C’est un homme mur, je dirais même qu’il fait un peu vieux, surtout qu’on venait d’avoir, en cinq ans deux jeunes recteurs pleins d’enthousiasme. Il donne l’impression d’avoir reçu son bâton de Maréchal et qu’il vient tirer six ans, les derniers sans doute dans le monde actif, comme supérieur d’une petite école de Province.
La première fois que je le rencontre, en août 1972, il me reçoit très gentiment. Il s’empresse de m’offrir un cigare : pas de chance, je ne fume plus depuis le 3 juillet ! Il est très souriant et respire la bonté, j’allais dire qu’il me paraît un peu bonasse. Franchement, je suis déçu. Je rentre chez moi en annonçant à ma femme qu’on vient d’hériter d’un « vieux pèpère… » .

 

Un orateur

Mon impression changera radicalement après son premier discours, devant tous les profs réunis: c’est un orateur hors pair, voire un tribun! Il dégage à cet instant une énergie peu commune, non vraiment, ce n’est pas un paysan! Finalement, on n’a peut-être pas perdu au change. En tout cas, pour la rhétorique, il n’y a pas photo. Mais il faut juger l’arbre à ses fruits. Notez que le père de Lannoy est toujours là. Pour le cycle inférieur en tout cas, c’est l’essentiel.

À peine installé de quelques semaines, il propose de fêter dignement l’ouverture de la section Scientifique B. Il invite à souper, dans un gîte près de Maison-Bois (prêté par Saint-Michel, d'après Lepièce), tous les élèves de cette première classe de Modernes, leurs parents ainsi que tous les professeurs passés ou présents de ces élèves avec leurs conjoints. L’ambiance est formidable. En fin de repas, les élèves obligent chaque prof à faire un petit numéro, qui une chanson, qui une histoire. J’ai oublié la prestation du titulaire Marcel Lepièce , mais pas celle de Joseph Ruwet.

Il raconte à sa manière un morceau choisi pour son cours de français – qui rappelait manifestement de gais souvenirs aux élèves – où il est question de poisson, dont il mime les mouvements de la bouche. C’est du délire chez les élèves… et les autres. La soirée se prolongera chez moi avec quelques couples issus de cette joyeuse assemblée dont les Culot (parents de Philippe et de Jean-Bernard, mais aussi de notre Véronique) les Ruwet, Gillot et Arnould en tout cas. L’alcool aidant, l’ambiance monte encore d’un cran. Gillot et moi prenons une fois de plus Joseph comme tête de Turc ou de poisson: ça vole bas, trop bas, dira ma femme. Le lendemain, honteux et confus, j’irai m’excuser auprès de Joseph, qui n’avait pas vraiment remarqué que ça débordait. Il était habitué et puis, faut-il le dire, c’est un garçon qui a le cœur sur la main et qui est loin d’être le naïf que l’on croyait.

L'ambiance est excellente dans le corps professoral. Pour mettre encore un peu plus de piment, Jean Arnould suggère de tenir à jour les idioties (involontaires le plus souvent) que nos collègues énoncent à l'intérieur de nos murs. Ce sera le très célèbre "bêtisier professoral" qu'on a tenu à jour durant plusieurs années – éternellement sur une table de la salle des profs - avant de disparaître mystérieusement et de réapparaître subitement quand on le croyait perdu. Voyez ci-dessous la première page.

betisier-page-1.jpg


[Jean Arnould vient de réussir à scanner le bêtisier et à le mettre sur le site de l'Amicale des profs, hébergé lui-même par le site du Collège: http://www.collegesfx.be/, puis Anciens et vous voyez Amicale SFXun]

Le père Lefèbvre  va faire un tabac lors des sermons de la messe duLefebvre-78.jpg samedi soir à l’église du Sacré-Cœur, déjà très fréquentée depuis quelques années, surtout depuis le renouveau de la chorale dirigée remarquablement, depuis son arrivée en 1970, par le frère René Maurage. Sûr de la magie de son verbe, le Recteur ira jusqu’à nous proposer de venir au Collège avec nos conjoints, un dimanche 5 novembre 1972 après-midi, pour une récollection inhabituelle. C’était une proposition assez insistante: il y avait du monde: 40 personnes présentes! Les conjoints qui le connaissaient mal ont pu se rendre compte de ses dons oratoires, une mitraillette par moments, mais les profs n’ont pas tous apprécié le lieu et… le moment! On n'a jamais renouvelé cette expérience.

Le nouveau directeur va montrer très rapidement aux élèves qu’il n’est pas de chocolat. Remplaçant en Rhéto un professeur d’histoire défaillant durant la première semaine, il colle d’emblée deux heures de retenue à un élève qui bavarde. Un exploit qui fera le tour du Collège.

En 1977, peu après l’inauguration des nouveaux bâtiments, il n’aura de cesse de retrouver les élèves auteurs de graffiti vulgaires sur un  panneau tout nouveau. L’enquête coûtera cher, le Recteur ira jusqu'à consulter un Favart-Collin-DDD-1975.jpggraphologue, mais elle aboutira: les auteurs des faits (Philippe Favart et son ami Collin) seront renvoyés définitivement et sur-le-champ: au sortir du bureau du Recteur, ils ne pourront même pas aller rechercher leurs documents et leurs vêtements laissés en classe, un surveillant (Philippe Massart) les leur ramènera. Philippe leur demandera naïvement pourquoi ils avaient fait cela et Collin lui répondra tout naturellement: ben, pour s'amuser!
Dehors, instantanément! Et pas de recours en vue à cette époque.
Quelque temps plus tard, la direction ayant changé, on assistera curieusement au retour de Philippe Favart! Il avait fait entre-temps quelques mois d'apprentissage en mécanique automobile.
J'ai appris récemment (par Stéphane lui-même) que ces énergumènes avaient bien changé après cette secousse disciplinaire: ça leur a mis du plomb dans la cervelle. Comme quoi, la fermeté, ça paie.

 

 

Le volley de midi

Volley 68Debout: Henri Carbin, Lino Portolan, Marcel Teller, Jean-Marie Delobel, Jean-Michel Kroonen, Maurice Hoffer; assis: Fernand Poumay, Bernard Denooz, Raymond Gaillard (toujours en chemise et en pantalon), André Beaupain.
Je ne sais quand cela a véritablement commencé, mais c'est un peu avant la construction de la nouvelle salle de gymnastique, dans le vieux local qui deviendra le vestiaire du hall omnisports. Chaque vendredi à partir de 12h30 et durant une heure, nous allons jouer un match de volley qui nous fait un bien fou. C’est presque toujours les mêmes. Outre ceux qui sont sur la photo, on rencontre Roger Louis, Herbert Dechêne, Jean Arnold, Jean Arnould,  Henri Defawes et moi; plus simone-P-75.jpg tard, on verra aussi Joseph van der Hoeven et Marcel Lepièce et même, de temps en temps, Simone Piedboeuf (photo de gauche), qui se change dans un… plint! Ces matchs de volley feront beaucoup pour faciliter les rapports Primaires-Secondaires.

On se déshabillera logiquement dans le vestiaire, l’ancienne salle de gym, et très naïvement on y laissera nos portefeuilles dans nos vestons. Jusqu’au jour où je m’aperçois de la disparition d’une forte somme (1600 FB): ça ne m’arrive jamais d’avoir tant d’argent sur moi, mon épouse sait que je n’ai pas de gros besoins… Ce jour-là, les profs de maths qui donnaient le rattrapage organisé par le préfet des études (8 cours à 8 élèves en même temps) avaient touché le prix convenu de 200 F par heure. Le voleur était un élève (et non un prof, encore heureux!), qui fut coincé des mois plus tard par Sherlock Servais; ce dernier était allé jusqu’à
s Arnold 71 e cacher dans une armoire du vestiaire pour découvrir ce kleptomane audacieux, qui avait sévi de nombreuses semaines avant qu’on ne s’en aperçoive. Et qui n’a rien rendu par la suite, évidemment. C’était un garçon intelligent, il ponctionnait seulement 50 ou 100 FB dans chaque portefeuille suffisamment garni pour qu’on ne s’en aperçoive pas tout de suite. Le jour où il a vu le «gros» paquet, il a craqué. Et moi, j’ai été volé au volley: on ne m’y prendrait plus.
Inutile de vous dire qu’à partir de ce jour-là, plus personne ne laissa le moindre franc dans ce vestiaire crado!

De nouvelles têtes

Schins-71.jpg En  4e Moderne, on reverra pour un temps (de 1971 à 1974) le petit Léon Schins , prof d'économie, arbitre et joueur de basket dans le club de l'école, ancien de la maison (déjà passé pour un remplacement en néerlandais), et l’agité mais brave Joseph Jacquinet, qJacquinet-Joseph-Massacre.jpgui reviendra pour la dactylographie quelques années plus tard.











Halleux-75.jpg En 1972 nous arrivent Alain Halleux (français et histoire  
dans l'inférieur), Jean-Michel Daele qui, lui, remplace Jacques Florence, son ancien prof, et Jacqueline Parotte  en dessin. Parotte-Jac-752.jpg

 

 









Daele-JMn.jpg




van-der-Hoeven-Massacre.jpg






On accueille encore Joseph van der Hoeven  –- ancien élève de Saint-Servais, dans la Rhéto voisine de Luigi – pour l'allemand et le néerlandais au supérieur, et le jumeau de vdH (ils sont nés le même jour), Henri Leclercq, pour des maths dans l'inférieur.

 

Lambiet 1975

 

 Leclercq-Henri-massacre.jpg

 

Enfin, Thomas Lambiet, jeune licencié en histoire, retrouvera son cher Collège pour dispenser son savoir dans cette discipline et en latin.

 L'année suivante (1973) verra l'arrivée de Joseph Cravatte (retour du Zaïre)  en français et histoire, et de Jacques  Camps  –  encore un ancien de Saint-Servais, mais pas du père Lefèbvre – pour les  mathématiques dans le supérieur. Cravat-j.jpg Jacques avait déjà donné un intérim de quelques heures aux Saints-Anges durant deux mois.

Camps-Jacques-Massacre.jpg



Le Recteur engage aussi deux licenciées en langues germaniques qui ne resteront pas longtemps rue de Rome: Arlette Chrobot et la timide Eve Fourneau (future Mme Serexhe).


Chrobot 76

Serexhe-Eve-1978-juin.jpg

On rencontrera aussi très brièvement Jean-Pierre Gillet (1974: maths; il est devenu directeur à l'école Albert 1er où il terminera carrière en 2007) et un très surprenant et imprévisible germaniste dégingandé du nom de Jean-Marie Lelotte (1974), cordialement chahuté par les élèves, mais épatant aux orgues (Stéphane Collin allait l'écouter en cachette sur le temps de midi). Son collègue Karl Bastin, quelques heures d’allemand, grand amateur de blagues, se distingue surtout par la façon obséquieuse qu’il a de saluer les jésuites: je me souviens encore de son bonjour Pèèère par trop bruyant.

Fettweis-1972.jpg Moi, je vais avoir comme élèves Christophe Fettweis (5LM  1972-73), Jean-François Hannotte (5LG 1973-74: photo de droite), Yannick Mathieu et Jean-Luc Bougard (4LM 1974-1975)   et Dominique Jeangette (5LG).   Jeangette Dmnqà 16 ans

Jeangette-a-13-ans-D-74.jpgHannotte-JF-73-74-5LG.jpg










Bougard-JL-et-Mathieu-74.jpg









Dans la Toque-Anciens d’octobre 1974, je lis qu’on note avec joie le retour en Primaires d’André Zinnen (photo de droite), enfin rétabli. En outre, Thomas Pirotte-TourneurLambiet  Zinnen.jpg nous revient comme professeur de  6e latine B ; Mlle Bernadette Pirotte  prend des cours de mathématiques, de physique et de sciences économiques (…) En dernière minute, Mlle Anne Counet  est venue renforcer le corps de professeurs de langues.»
La section moderne est maintenant complète et les Humanités comptent désormais 21 classes pour 388 élèves, un augmentum de 36 élèves en un an. En Primaires, c’est le mouvement inverse, on passe de 362 à 333 élèves.






En 1974, Bernadette Pirotte convole en justes noces. Nous étions là...
                                       74-bis-mariage-B-Pirotte.jpg






En 1975, durant le congé de Carnaval, nous perdons le père Baumal, mort à la tâche après 21 ans de bons et loyaux services au Collège qu’il aimait tant. Ses funérailles seront célébrées à l'église du Sacré-Coeur le 22 février 1975, Mercredi des Cendres, devant tout le Collège rassemblé (voir Counet-90n.jpg paragraphe suivant).

Lemaire-Jean.jpg
Il sera remplacé par Jean Lemaire, qui revient du Zaïre. Depuis la Toussaint 1975, le père Vincent est secondé par Jacques Servais, qui vient compléter le staff des éducateurs comprenant déjà le père Dedeur et Joseph Doneux. Celui-ci, que j’ai connu comme grand organisateur des camps de vacances (à Knokke et à La Panne) des Mutualités chrétiennes, était un petit doguesse (comme on disait chez moi), très autoritaire. Au Collège, il a l'air éteint...

Mais c'est aussi en 1975 que débarque un grand (près de 2 m) gars sympathique, que j'ai déjà vu à l'oeuvre comme animateur (de cadets?) d'une classe de 5ème en sortie , je crois. Il doit être dans les relations du père Longrée, pour l'aider dans les camps, les rencontres de jeunes, etc. Bref, un gars qui aime s'occuper des jeunes.
C'est un certain Philippe Massart, 23 ans, provisoirement surveillant. J'ai oublié s'il était déjà l'époux de Jacqueline Parotte. En tout cas, personne n'imagine à cette époque l'importance que représentera pour le Collège ce personnage atypique.
                                             Massart-1976-a-peu-pres.jpg
En septembre 1977, le père Vincent se retire et cède volontiers la place à Jacques Servais, premier préfet d’éducation laïque des collèges jésuites, qui accomplira remarquablement sa tâche jusqu’au jour où il se sentira mis sur la touche, ramené sur le banc des réserves, comme il me le dira plus tard…En 1977 aussi, nous quitte Arlette Chrobot (devenue Mme Masset) remplacée par Michel Bartholomé, ancien du père Bartholome-1978.jpgLefèbvre (encore un de Saint-Servais!), jeune professeur ambitieux et un peu distant, qui partira bientôt pour aller enseigner au service des langues vivantes à l'UCL.
Je ne puis oublier qu'Arlette Chrobot, charmante blonde polonaise, était particulièrement appréciée par M.De Donder: c'était amusant de lui voir faire des ronds de jambe devant Arlette, qui n'était pas dupe. Je connais                                                     Vincent-nn-1980.jpg
au moins un élève qui était fou amoureux (il me l'a confié 30 ans plus tard) d'Eve Fourneau, dont l'aspect extérieur était nettement plus réservé que sa collègue.
Mais quand elle souriait...





                                Servais-Lambiet-77.jpg


                               Serexhe-Fourneau-sourirez-Mme.jpg


 








ENCORE DANS LES ANNEES 1970

1. Hommage appuyé au père Baumal


Avant d'enterrer le R.P. Baumal, je l'ai revu une dernière fois dans son cercueil pas encore fermé, seul dans un parloir, dans lequel j'étais entré sans rencontrer âme qui vive, seul comme abandonné de tous, le mardi 11 février 1975, veille du Mercredi-saint, dans un Collège vide et froid. C'est peut-être le souvenir le plus triste de ma vie de professeur. Je me demandais si c'était possible d'abandonner ainsi un de ses frères. Ou alors les jésuites faisaient bien peu de cas de la mort, de la mort d'un des leurs.  Mourir en vacances, surtout en hiver, c'est une double peine pour un prof jésuite. Avais-je seulement le coeur à me souvenir de l'homme qui avait tout donné à ses élèves?
Arrivé à Verviers en septembre 1957, juste après mon départ pour St-Bar,  le père Baumal (voir Souvenirs 5 - 1) a tout de suite imposé son autorité chez ces adolescents (14-15 ans) qui étaient au moins aussi difficiles à diriger et à intéresser qu'aujourd'hui même si les tentations électroniques étaient quasi inexistantes.
Il était, paraît-il, tout entier dans ses cours, en particulier lorsqu'il traduisait le De Bello Gallico de Jules César. N'allait-il pas jusqu'à recontituer les                                            César Jules
batailles importantes avec des figurines de sa composition?

J'ai, sur ses qualités de professeur, le témoignage de plusieurs anciens, entre autres de Jean Gillot. J'ai retrouvé par hasard une feuille –  datant de juin 1962 et entourant un paquet de feuilles en guise d'emballage –  comme il aimait en taper sur son antique machine à écrire. Je l'ai photocopiée avec vénération, je revois ainsi à des années de distance le professeur précis, méticuleux, économe, appliqué, plein d'amour et d'admiration pour ses élèves, qui ne le sauraient peut-être jamais. Je n'ai pas réussi à mettre ici la dernière ligne (format de feuille trop grand):
                                 B o n n e s  v a c a n c e s,
avec un espace entre deux lettres, pour bien montrer la sincérité du souhait de ce religieux plein de bonté.
[ci-dessous, je ne parviens pas à obtenir une image assez nette qui permettrait de lire les noms des élèves, si vous êtes curieux, voyez plutôt dans le dossier "Collège"]
Tous ses collègues ont aussi pu constater sa modestie caractéristique.
Nous perdions un jésuite et un professeur qu'on ne réussira jamais à vraiment remplacer.
  1961-62-4-lat-B-n.jpg


De ma vie, je n'ai jamais entendu ou lu tant d'hommages dédiés à une personne disparue non médiatisée. Je présente ci-dessous deux textes extraits de la Revue du Collège de mars 1975: le premier de son collègue et condisciple Louis De Donder, et l'autre de deux élèves de sa classe.                                                     Baumal n

Ce n'est qu'un au revoir.

«Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et les oreilles des sourds s'ouvriront. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la langue du muet acclamera. »

Isaïe, 35, 5-6.

Comme il nous est difficile de spéculer sur la vie d'outre-tombe ! Alors même que nos aspirations profondes tendent vers l'au-delà — ce qu'à Dieu plaise ! — n'est-ce pas souvent par souci de compensation affective pour les frustrations de la vie et dans l'attente intéressée d'une rétribution justificative, à la courte mesure de nos vues trop humaines ?

Au milieu des servitudes et des opacités de notre condition charnelle, comme elle est pâle l'idée que nous nous faisons de la vie future ! Tous candidats au salut, mais engagés dans l'histoire du temps présent, nous demeurons tribu­taires de la mentalité contemporaine, qui nous rend volontiers réfractaires aux envolées mystiques et plutôt réticents, voire sceptiques, devant les promesses de l'eschatologie, car aujourd'hui, dans la conscience moderne, ne dirait-on pas que l'espérance en l'au-delà est comme frappée de suspicion ?

Et, sourds à la voix des prophètes et des apocalypses, nous nous fabri­quons une mythologie frelatée, approximative, ambiguë, faite de conceptions simplistes ou caricaturales, impur alliage de faux monnayeurs, où la pauvre imagerie d'un anthropomorphisme matérialiste le dispute à un ésotérisme de pacotille.

«Vita mutatur, non tollitur», sans doute! Mais comment nous repré­senter la béatitude céleste ? Comment la décrire autrement qu'en douteux sym­boles ? Comment nous garder aussi de prêter aux élus notre propre psychologie ? C'est ici que me revient en mémoire, avec acuité, l'enseignement « pittoresque » qu'on nous dispensait jadis et naguère encore, au Catéchisme sur les fins der­nières de l'homme... Ce catéchisme, tant décrié, si méconnu, auquel aimait se référer, en toute orthodoxie, le regretté Père Baumal ! Oui, Léopold, toi que j'ai connu dès l'âge de 12 ans — « tibi iam puero caelestia sacra placebant» — et dont la route terrestre fut parallèle à la mienne quasiment sans interruption, tu sais maintenant « ce qu'il en est » des joies paradisiaques de la vision béatifique, tu connais en détail ce qu'est le ciel et comment les choses s'y passent. Toi qui as franchi, par ta mort corporelle, « ce portique ouvert sur les Cieux inconnus», parle-nous de l'incorruptibilité, de la subtilité des corps glorieux, resplendissants de force et de clarté, de leur agilité à se mouvoir dans les eaux

de la grâce : noces éternelles, inépuisables vendanges de la vigne mystique — o Sacrum convivium ! —, infini déroulement des saintes liturgies aux célestes pourpres « où sont harpes et luths », splendeurs extatiques, suave plain-chant dans l'Eden retrouvé, célébration perpétuelle de la grande théophanie au milieu des chœurs angéliques clamant sans fin le Te Deum et le triple Sanctus !

Fortifie notre faible espérance, désencombre-la des multiples ingrédients hétérogènes et pseudo-religieux qui menacent de la corrompre.

Demande pour nous, pauvres terriens sursitaires, exsules filii Evae, qu'avec tous ceux, « princes et valets », qui viendront du Levant et du Couchant, nous prenions un jour place, nous aussi, à la table du festin messianique dans la communauté céleste de la nouvelle Jérusalem,

... et donne-nous le désir du Ciel !

L. De Donder.

Je me demande si on ne reconnaît pas davantage l'auteur de ces lignes que le disparu auquel on rend hommage. Ainsi étaient ces deux personnages que j'ai tant appréciés, pour des raisons très différentes.

Au nom de la 4e latin-math.

Le Père Baumal était le style parfait de l'humoriste anglais. Ses allu­sions, ses taquineries, ses exemples latins regorgeaient d'une finesse d'esprit doublant ses qualités de pédagogue. Les « Codicem meum numquam obliviscor», les
«Lucas Varennus est tam loquax quam Paula Hermanna » ou encore « Eddy Merckxus est fortior Sergio Redingo » font directement rejaillir dans notre esprit telle ou telle règle de grammaire latine qu'il nous a inculquée. Sa ponc­tualité, son autorité au cours, son culte de la propreté soulevaient parfois quel­ques mouvements de révolte parmi les élèves épris de liberté abusive. Son légendaire carnet noir qui fit couler tant d'encre... rouge restera gravé dans nos mémoires. Jusqu'à son dernier jour, il s'est attaché à faire de nous des jeunes gens responsables, fiers de leur idéal chrétien et doués d'un raisonnement sain. Au-delà de ses « marottes », c'était à un vrai homme que nous avions à faire Selon l'expression de Brassens, «jamais au grand jamais, son trou dans l'eau ne se refermera » pour ceux qui, par lui, passèrent ce cap difficile nous menant de l'enfance à l'adolescence.

Deux de ses élèves

 

74 4 LMn

1974-75: 4 LM (dernière classe du père Baumal). De haut en bas et de gauche à droite.
José Gonzalez, Pierre Hoffreumon, Alain Curtz, Jean Magnée, Guido Heinen, Yvon Delville, Pierre Crutzen, Jean-Jacques Lorquet, Paul Albert.
Luc Minguet, Damien Winandy, Alain Noirhomme, Michel Gille, Yannick Mathieu, Jean-Luc Bougard, Patrick Leboutte, Joseph Haurens, Eugène Thielen, Bernard de Breyne.
Yvan Larondelle, Denis Jochmans, Yves Poumay, Bruno Schmitz, P. Léopold BAUMAL, Jean JANSSEN (math), Dominique Dethioux, Xavier Ciechanoowski, Jacky Lecloux, Eric Deffet.

Mais la vie continue...

[Ainsi, j'ai lu tout dernièrement sur Facebook un message de Jean-François Kreit, élève du P.Baumal en 4LG (ma première classe en tant que prof) - ce Jean-François est aussi mon petit-cousin, mais ceci n'a rien à voir. Il réagissait à la publication sur Facebook de la photo ci-dessous de cette fameuse classe de 1966-67: 

Que sont mes amis devenus, que j'avais de si près tenus ? Un clin d'oeil au

Père Boumal dont la gentillesse n'avait d'égal que sa compétence en latin et grec.  C'est avec lui que j'ai pris ma première cuite .....

Je lui réponds en lui disant que ce n'est sûrement pas à cause de lui. Réaction de mon petit-cousin, qui n'est pas un fabulateur:
Si si ! Après la fancy fair, où traditionnellement il tenait le stand du tir à l'arc, j'étais le seul élève venu pour ranger. Pour me remercier il a ouvert une bouteille de ce qu'il croyait être du cidre fermier. En fait, c'était du mousseux ! Je suis rentré pété à la maison et 10' après il téléphonait pour s'excuser parce que lui aussi ne marchait plus droit. Pour me désaouler, ma mère m'a fait respirer de l'ammoniac ...... Sacré Boumal !!!!
S'il écrit Boumal à la place de Baumal, comme presque tous les Verviétois, c'est à cause de la fameuse librairie Boumal de la place Verte.]

               4LG-1966-n.jpg

1966-67 - 4 Lat- grec. 
- Surélevés: Leroy Christian, Dewaide Bernard, Vogel Norbert, Dumont Pierre, Dejace Jean-Pierre, Léonard Georges, Moyano Jacques.
- Debout: Hick Alain, Carabin Serge, Chaumont Christian, Kreit Jean-François, Dethioux Jean-Gabriel, Grand Yves, Simon André, Dumoulin Jacques, Marique Jean-Léon, Dumont Denis, Mond Marc.
- Assis : Onou Jacques, Mager Alain, Liégeois Jean-Pol, Père Léopold BAUMAL (titulaire), Becco Jean-Claude, Natus Michel, de la Croix Albert-Jean.
 
 

  2. La semaine de 5 jours

Lors du premier choc pétrolier (octobre 1973), les Belges sont invités à faire des économies de carburant; ils découvrent ainsi les dimanches sans voitures et, pour diminuer la note de chauffage des écoles secondaires, la semaine de 5 jours: les 4 cours du samedi sont ajoutés en 7e heure de chacun des autres jours ouvrables, mercredi excepté. C’est présenté comme provisoire en attendant des temps meilleurs. Mais cette occasion sera saisie pour poser la question au monde scolaire: voulez-vous ou non poursuivre l’expérience? Le sondage d’opinion organisé alors au Collège est sans équivoque: sont pour la semaine de 5 jours 79% des parents, 88% des élèves et 57% des professeurs. Le père de Lannoy expliquera aux parents et même aux Anciens, dans un article tout en nuances, les implications pédagogiques de ce changement. Je relève deux phrases: «En temps normal, après une journée de 6 heures, on jugeait nécessaire de consacrer 2 à 3 heures de travail.» Il parle du travail de l’élève. «Les exigences des professeurs ne peuvent se relâcher.» Je crois qu’on est loin du compte.

  3. Les florivaleries

Pour bien préparer l’année scolaire, nous sommes invités à consacrer trois jours de la fin août à cette intention. Nous allons bénéficier de l’aide d’un spécialiste en socio-psychologie, un moine dont j’ai oublié l’ordre (il était en civil), mais dont j’ai retenu le nom: Florival. Nous sommes tous là, dans la salle Boland. Notre gourou nous explique une méthode infaillible pour faire apparaître les problèmes qui pourraient polluer notre groupe et les résoudre en grande partie. Honnêtement parlant, on ne souffre pas de gros problèmes de relation à SFX ou, en tout cas, on ne s’en rend pas compte. C’était compter sans cette psychothérapie de groupe. Nous sommes répartis par groupes de 6, la direction exclue. Et nous devons rapidement, en changeant de groupe toutes les 6 minutes, faire le relevé de ce qui ne va pas. Un collègue est chargé de prendre note à chaque table. Après cet exercice qui porte, je crois, le nom de Philips 6x6, les rapporteurs résument ce qu’ils ont entendu. Consternation: l’exercice tourne à une mise en accusation du genre règlement de comptes à l’égard du Recteur, qui ne s’y attend manifestement pas. Nous sommes stupéfaits nous-mêmes: ce jeu a eu un effet boule de neige totalement imprévisible. Lefèbvre ne méritait pas ça. Le seconde activité sera du même tonneau, mais fera apparaître des dissensions dans le corps professoral; on va vivre des affrontements publics et graves: j’en ai retenu un opposant Delobel au père Buyle! Je crois bien qu’on a eu congé le troisième jour: les dégâts étaient largement suffisants.de-lannoy-et-le-Recteur-nn.jpg
Ces réunions auront des suites durables dans la direction: le Recteur et le préfet des Etudes vont rester au moins deux mois sans se parler; même en Communauté, ils communiquent par écrit, sans doute très chrétiennement…

  4. Les 25 ans du Basket

Je n’ai pas participé aux festivités du 25e anniversaire du club, que j’avais quitté depuis longtemps, préférant me consacrer au football. Mais j’ai retrouvé, Wankenne.jpggrâce à Marcel Lepièce, la revue éditée à cette occasion (voir ci-dessous la couverture). Je suis ainsi certain que c’est bien le R.P. Wankenne (voir Souvenirs 3) qui a fondé officiellement le Saint-François-Xavier Basket Club (matr. 535) en 1950 – en réalité un an plus tôt puisque l’équipe I jouait déjà dans le championnat 1949-50 de 4e Provinciale, remporté d’emblée par les Basket-25-ans.jpgJaune et Noir. A peine arrivé à Bruxelles, il récidivera en fondant le Saint-Michel Basket Club!
Notre équipe verviétoise va gagner 4 fois son championnat sur 5 ans et se retrouver ainsi en Promotion nationale en 1955. Puis ce sera le triplé entre les années 1969 et 1971 pour arriver en 3ème Nationale. Le club a quitté la cour du Collège depuis la construction de la salle de gymnastique en 1968.
En 1962, le R.P. Bodaux, écrit les dix commandements du joueur de basket :


1. Du basket-ball mordu seras
    Pour en jouer assidûment

2. Au règlement te soumettras
    Pour être en forme à tout moment

3. A t’entraîner tu veilleras
    Pour être en forme à tout moment

4. De t’énerver te garderas
    Afin d’agir courtoisement

5. Trop personnel point ne seras
     Ni joueras isolément

6. Le jeu d’équipe embrasseras
    Plus efficace assurément
Bodaux-Nestor-58.jpg
7. A l’arbitrage acquiesceras
    Au mot du coach également

8. Le jeu brutal encaisseras
    Sans réagir violemment

9. Modestement triompheras
    Et sauras perdre en souriant

10. Un point d’honneur tu te feras
      D’agir en tout moralement.


Les présidents successifs nous sont bien connus: Jacques Lecloux (1950), Albert Vermeire (1951-1953), Georges Dauvister (1954-1974) et enfin Nicolas Stollenberg.
Dans le comité, on retrouve comme secrétaires des Paul Maystadt (Président Basket essai photo des Anciens du Collège),





 

Charles Creton (à lui seul il a recruté 54 pupilles!) et Jean-Marie Legrand Creton-Charles.jpg (tous deux instituteurs).


Legrand-Jean-M-76.jpg
Maystadt-1981.jpg


 




Après le R.P. Wankenne, les aumôniers successifs sont les pères Nachtergaele, Meeus, Vincent et Cardol. Celui-ci écrit dans la revue du 25e une Basket-SFX-chaussure.jpgpage qui se termine ainsi: « Puisse le basket Saint-François-Xavier continuer à se développer et accroître, en parfaite harmonie avec l’activité collégiale et les nombreux mouvements parascolaires, issus du même tronc vert et vieux, dont il apparaît, en ces jours comme un fleuron de choix. »
Dans la liste des joueurs, je reconnais énormément de noms d’anciens élèves Stollenberg.-1969.jpg (forcément) dont les frères Deffet, Jean Daniels (un condisciple), les Cardol 80nnn frères Loop, les Stollenberg (Alain et Philippe),  et Jean-Louis Tasquin, sont sans doute les meilleurs joueurs. Je suppose que le Massart que je vois est mon collègue Philippe, sans doute passé par là pour renforcer l’équipe.





Dedeur-1982.jpg Parmi les membres du club, les pères Bodaux et Dedeur, et mon collègue Eric Alard montrent à quel point le Collège Alard-Erich-n.jpg reste proche de cette section sportive..

Dans le palmarès, j’apprends que le club porte depuis quelque temps le nom de S.F.X. YASHICA, nouvelle mode dans les clubs de basket (pratique interdite en football) pour attirer des sponsors.
Voyant le club monter de catégories à vive allure, les précurseurs, prenant tout doucement de l’âge, se retrouvèrent dans une équipe appelée à juste titre
«Amicale Saint-François-Xavier». En 1975, cette section compte Tasquin-Jean-Louis-nn-1969.jpg 20 joueurs, un peu plus que la première et la réserve réunies.


 Alors que les Tasquin, Loop, Stollenberg et autres Cornet ont pour entraîneurs Léo Goyens (excellent!) et Roger Fourré, je  lis que
« Aucun candidat n’a été jugé capable d’entraîner des joueurs [de Basket joueurs 1974 noms l’Amicale] allergiques…aux entraînements. Le coach est Jacky Deffet. »
Cette dernière équipe a ses lettres de noblesse aussi : en 1963-64, au moment où la première rétrogradait en 2e Provinciale, l’Amicale croisait l’équipe fanion pour accéder à la 1ère  Basket-caricature-nn.jpg Provinciale ! Je suppose que c’est unique dans les annales du basket belge.
Je peux témoigner que très tôt une des caractéristiques, qui donnait de la couleur et du relief aux rencontres de S.F.X.,  était son fameux
« Kop », dont les

trompBasket SFX supporterettes sonnaient régulièrement la charge. Ces joyeux lurons étaient d’une fidélité remarquable, accompagnant leur équipe jusqu’à Ypres, 575 km en comptant l'aller et le retour!







La revue n'oublie pas de rappeler qu'en 1974, la cour du Doneux-2003.jpgCollège s'orne de 6 magnifiques panneaux en plexiglas grâce au travail remarquable de Joseph Doneux. College-5bis.jpg



Ajoutons une anecdote: "En 1970, nous obtenons le concours du plus grand basketteur (Wladimir Vrecewick, 2.21 m) aligné en Belgique. Après avoir joué un match et s'être fait arraché 2 dents par Albert Kocklenberg (pilier du club), il a choisi la liberté pour repartir dans sa Yougoslavie natale."


Enfin, un événement qui aurait pu être extraordinaire s’il s’était passé quelques années plus  tard, c’est la venue de Jacques Brel à la salle du Centre (pas encore rénovée) lors d’un gala au profit du club de basket en 1950. La salle était comble et le bénéfice n’a pas dépassé les …300 FB ! Aujourd’hui, plus personne ne se souvient de cette maigre recette.
(voir la suite dans Souvenirs 48 - 5)Brel Jacques



 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 12:35

 

Le choix des langues

1969 sera aussi l’année du choix des langues modernes (voir aussi Souvenirs 94). Jusqu’alors, tous les élèves devaient suivre le néerlandais en deuxième langue puis l’anglais en troisième Arnould-J-69.jpg lieu. Cet événement va permettre d’engager Jean Arnould, régent germanique, fort d’une expérience de deux ans dont une en Angleterre. Il devient rapidement une figure de proue des Humanités (jusqu'à ce que le tennis prenne le pas sur l'enseignement!). Il attire l’attention des élèves par ses cours d’anglais où il ne parle jamais français, mais aussi BMW.jpg par ses aptitudes sportives et sa… BMW (à droite). Contrairement à ce qu’on pourrait croire en voyant son genre lymphatique et ses tendances chroniques aux arrivées tardives, c’est un type plein de dynamisme et très méticuleux: il croit à ce qu’il fait. Il lance une méthode  nouvelle d’apprentissage de l’anglais: l’audio-oral, qu’il  présentera d’une façon remarquable lors d’une réunion de parents de la 6e Latine B (1973-74) de Philippe Dejong (jésuite en régence à cette époque) : la maman de Dubois-73.jpgDejong-73n.jpg Jean-Jacques Dubois (photo de droite) est subjuguée, moi aussi!

Lors de la mise à la retraite de Jean Arnould (voir Souvenirs 117), j’ai filmé à son intention l’intervention de Marc Néra (garagiste Toyota, à l’époque en 6e Latine A), qui décrira parfaitement cette méthode et le remerciera d’une façon particulièrement émouvante.

N’oublions pas qu’on lui est aussi redevable d’avoir introduit au Collège (1970) son ami de l’Ecole Normale de Malonne, Georges Kupper, professeur d’allemand et d’anglais qu’on n’oubliera jamais malgré son décès prématuré le 13 juin 2001.

Evidemment, au cours du temps, nous serons assaillis d’une meute de professeurs de langues dont quelques-uns ne feront que passer, certains sans regrets!

Une 7e heure

La participation débordera du conseil de direction. Le Recteur souhaite rencontrer plus souvent le corps professoral  pour des échanges pédagogiques. Il veut une réunion de 2 heures chaque mois et, pour éviter toute contestation, il décide de changer l’horaire hebdomadaire des Humanités. Dorénavant, les élèves auront une 7e heure le jeudi, mais termineront le vendredi à 14h30 (fin de la 5e heure): c’est à ce moment qu’il place la fameuse concertation pédagogique de 2 heures, donc jusqu’à 16h30, une fois par mois. Effectivement, on en aura 8 sur l’année: pari tenu!

Ces concertations pédagogiques ne me laissent pas un grand souvenir. Je me rappelle qu’elles étaient parfois tendues: c’est la seule occasion où j’ai vu le père Capelle blêmir de colère et remettre à sa place André Beaupain, qui menaçait devant tout le monde de boycotter ces réunions qu’il trouvait vraiment trop longues, ajoutées aux autres prestations comme les réunions de parents qui avaient tendance à se multiplier. La réplique a été fulgurante, Beaupain s’est assis et on ne l’a plus entendu, nous autres non plus. Je me demande si le Recteur n’a pas allumé une cigarette, juste après son coup de gueule, pour se donner une contenance, ou pour se calmer. Le tabac est largement toléré, moi je fume presque à chaque cours, sans honte aucune. Jusqu’au moment où je prendrai conscience que je suis un véritable drogué et un fléau pour les élèves. J’arrêterai, par profond dégoût de moi-même, le 3 juillet 1972, une date qui compte énormément pour moi: j’ai appris ce jour-là que j’étais capable de beaucoup plus de volonté que je ne l’imaginais.

 

SFX : une excellente école primaire

 

Dans la revue de l’Association de Parents de novembre 1970, je retrouve un article que j’avais commis: « Passage des Primaires aux Humanités ». C’est une étude, faite avec les moyens du bord: palmarès du Collège et de Saint-Michel Verviers [que j'appelle pieusement "une autre école"]
J’y compare, pour les années scolaires qui vont de 1967 à 1969, les résultats Classe-de-Creton.jpgfinals entre la 6e primaire et la 6e Latine ou 6e Moderne des élèves restés dans la même école. Ceux qui ont changé entre Primaires et Secondaires n’entrent pas ici en ligne de compte.
Evidemment, cette étude n’a pas de valeur scientifique, le nombre d’élèves étant beaucoup trop faible et le Collège n’ayant que l’expérience d’un an en 6e Moderne. En outre, j’ai divisé arbitrairement les classes en trois catégories en fonction de la différence de leurs résultats entre Primaire et Secondaire.
Pour éviter tout conflit entre écoles voisines, je n’ai pas écrit que je comparais le Collège à Saint-Michel, mais, très pudiquement, à « une autre école ». Ici et maintenant, je ne vais pas me gêner.  

 

Ecoles                                                  SFX                          St-Michel
Classes                                        6e Lat      6e Mod         6e Lat        6e Mod
Nbre d’élèves examinés                 88            13               29              53

Elèves perdant au plus 2%            40 %       84,6 %        13,8 %         7,3 %

Elèves perdant de 3 à 6%             27,2 %      7,7 %          6,9 %       13,2 %
Elèves perdant plus de 6%           32,8 %       7,7 %        79,3 %       79,5 %

 

Moyennes :                                  – 4 %       + 6 %        – 12,7 %    – 11,5%
 
Ayant donné cours dans les deux écoles, je m’étais aperçu que les élèves issus de nos primaires étaient en général très bien formés. A pourcentages identiques en sortant deprimaire, les enfants du Collège l'emportaient à tous les coups en Secondaire.  On pourrait évidemment interpréter les résultats différemment: on était trop sévère en 6e Primaire au Collège, ou bien, la première année du Secondaire au Collège est trop cool. Ce n’était pas du tout mon expérience, ni la réputation de SFX.
A cette époque, je suis persuadé que:

1. nos Primaires sont  excellentes;
2. notre 6e Moderne est un peu faible;
3. La 6e Latine est plus exigeante que la 6e Moderne dans les deux instituts.

4. Le passage Primaire - Secondaire est plus harmonieux à SFX qu'à  St-Michel.
 N’allons pas plus loin dans les conclusions.
                                 Plumhans-Boden.jpg
                                           Zinnen-1975-4-Prim-B-nom.jpg

                                          Dechene-1970--et.jpg
                                         Arnold-Jean-1970-.jpg



                          Poumay-1970-et.jpg     louif-1969.jpg

 

 

 

 

                                                         Henrard-1971.jpg







                                  Scholzen 69 70       Legrand-JMarie-n-76.jpg









Je voudrais ajouter une réflexion en rapport avec les instituteurs du Collège. Dans ma mémoire, nous (le corps enseignant du Collège) formions un bloc. A cette époque-là, l'école était encore à taille humaine, on pouvait parler à juste titre d'ambiance familiale. Les rapports étaient très faciles entre profs et instits et même très cordiaux, en tout cas avec les laïcs.                                                                            Lambrette-1973-dans-le-jardin.jpg
Pourtant, en reparlant des années plus tard avec certains collègues du Primaire (José Lambrette et Hermann Scholzen entre autres), il semble bien que quelques profs du Secondaire, en particulier certains jésuites, donnaient l'impression de les regarder de haut.

Et c'était plus qu'une impression avec le père Bodaux: il ne leur disait même pas bonjour! C'était à un point tel que des collègues du Primaire – plutôt que d'en faire une maladie – en faisaient un jeu tant c'était connu. Bodaux se complaisait dans son attitude méprisante.
Non, vraiment, nul n'est parfait!

La Fête d'Hiver

(Les photos non datées ci-dessous proviennent toutes de la Fête d'Hiver du samedi 20 février 1965, inaugurée par le père recteur Nachtergaele).

L'école s’ouvre de plus en plus aux parents. Les relations sont généralement                                 FF-65-A.jpg
 bonnes, du moins avec les membres de l’Association, qui sont de plus en plus actifs. C’est vrai que cela fait partie de la grande idée de participation. La fancy-fair est évidemment une FF-20-f-vrier-65-nach.jpg
 belle occasion d’établir des relations plus amicales avec eux. L’expression «la grande famille Saint-François-Xavier» tâche d’avoir un sens lors de ces festivités annuelles. Mais je crois qu’historiquement, l’implication massive des profs comme des instituteurs dans l’organisation et l’animation de ces FF-Fernand-Jacques.jpg réjouissances n’est pas très ancienne. Au début, en 1955, cette fancy-fair est essentiellement un rendez-vous de parents (surtout les «bourgeois»), qui se retrouvent joyeusement en apportant leurs deniers à l’école peu ou pas subsidiée de leurs fils. Le fameux Tir aux clays, que je n’ai jamais vu de près, doit être du même tonneau. Cela fait partie des œuvres et de la défense des écoles catholiques menacées dans leur existence. Les professeurs ne participent pas du tout à ces organisations et n’y sont d’ailleurs pas invités, si mes renseignements sont bons. Le tournant se situe, semble-t-il, en 1963, grâce au père Vincent (à gauche, on reconnaît Fernand Poumay et Jacques Florence).

                                       FF-Filles.jpg

En quelques années, les choses ont beaucoup changé. Nous, jeunes professeurs, il ne faut pas nous faire de grands dessins pour nous convaincre que c’est notre affaire. On trouve ce rendez-vous très important et on s’y amuse aussi beaucoup en mettant les élèves dans le coup. Presque rien ne nous arrête pour mettre de l’ambiance. Jean Gillot et moi irons jusqu’à nous exhiber (d’une façon totalement improvisée), dans un stand des Modernes, en boxeurs amateurs sous l’œil ravi des élèves. Notre arbitre, Georges Kupper, aura autant de plaisir que nous. Comme nous n’avions pas répété, nous ne savions comment finir ce combat «historique». Durant le FF-Fr-Huyl.jpg dernier round, nous avons décidé de clore la partie en tombant tous les deux KO: l’honneur était sauf et les élèves enchantés… Le plus enthousiaste fut le père Bodaux qui, finalement, trouva cet événement «sensass»!

(On voit sur cette photo le frère Hullebroeck)

Ce qui m’a peut-être le plus frappé, c’est la relation conviviale que nous avions alors avec la plupart des parents de l’Association tels que les Bonhomme, Vanaudenhove, Culot et Debaar par exemple: des gens simples (dans le bon sens du terme), dévoués et d’un commerce agréable.
                       Lambrette-FF-66.jpg
 

C’est en 1972 qu’on invente le massacre des profs: mon délégué de classe (5e moderne), le papa de Bernard Wertz, sera la cheville ouvrière pour l’aménagement sur place. Cette FF-Frites.jpg initiative ne plaira pas à tout le monde, en particulier à mon cher collègue Raymond Gaillard (photo au tir), qui ne rate pas l’occasion de me le dire. Je lui réponds par une pirouette qui voulait lui signifier gentiment qu’il n’était plus dans le coup. Il ne m’en a jamais voulu et nous sommes même devenus les plus grands amis du monde. Je reconnais que c’était un peu limite à cette époque; ce n’était pas un jeu qui cultivait le respect! (aux frites, c'est M. Cornet)
Joseph Ruwet, qui fut un des éléments les plus actifs et les plus inventifs des diverses fêtes d’hiver, alla jusqu’à organiser la pêche à la main de pauvres FF-Gaillard.jpg truites qui moururent toutes dans la nuit du samedi au dimanche par manque d’oxygène… Ce fut un épisode de plus qui alimenta la légende de Joseph-la-Gaffe que Jean Gillot et moi (surtout) colportions pour nous payer la tête de notre copain, resté néanmoins stoïque contrairement à d’autres victimes de nos taquineries. J’avoue qu’on y allait un peu fort en certaines occasions. Jacques Servais, devenu un FF-1973.jpgexcellent camarade entre-temps, en fut tout remué au début de sa carrière: il nous l’avoua quelques années plus tard, au moment où il avait compris le duo de rigolards que nous formions.  On ne s’est pas fait que des amis à cette époque: M. Tourneur (mari de Bernadette Pirotte), par exemple!

FF-Kruth.jpg




Il est évidemment impossible de décrire tout ce qui se passe durant une fancy-fair. Je voudrais seulement relever deux souvenirs qui montrent bien l’ambiance de ces moments privilégiés. Cela se passe dans un stand particulièrement accueillant et sans doute le dimanche soir, juste avant la fermeture définitive. Nous nous retrouvons entre enseignants et parents, tous des chevilles ouvrières de cette Fête d’Hiver, ça doit être en 1972 ou 1973. La fête a bien donné et nous sommes tous fourbus FF-M-Cornet.jpg                                                                        mais heureux et même euphoriques (la boisson aidant certains…).                                                       FF-restaur.jpg 



Quand je vous dirai que personne n’a trouvé à redire au fait que Jacqueline Parotte était sur mes genoux (nos conjoints respectifs étant présents) et que le père Recteur avait esquissé un pas de danse avec Madame Lecat, déléguée de classe, vous aurez tout compris.                                                                            FF-tir.jpg



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Il est ausi arrivé lors d'une fancy-fair, que le père Jacques Delperdange  –  grand copain de plusieurs laïcs (Willem, Gillot et moi, entre autres) – s’est fait éjecter par le même Recteur pour abus d’alcool! A propos du père Delperdange, né en 1935, je me rappelle qu'il  formait un duo dissonant avec l'autre "jeune" (10 ans plus jeune que Jacques) jésuite de l'époque: le frère Roland Francart, charismatique et spécialiste de la BD religieuse. On ne pouvait pas dire comme des premiers chrétiens: «Voyez comme ils s'aiment!».
Jacques était un caractère entier et «soupe au lait ». Un jour que le Recteur se plaignait une fois de plus du bruit (bavardages essentiellement) et de l'attitude des élèves dans les rangs et aux intercours, Jacques prit le mors aux dents et distribua une série impressionnante de billets de retenue: chaque élève qui ouvrait la bouche dans les couloirs où il sévissait (au premier étage des  «nouveaux» bâtiments) recevait illico son billet vert. Ce système n'a évidemment pas tenu longtemps. 

                                    Delperdange-Jacques-massacre.jpg


Ces années marquent aussi le développement extraordinaire du club de basket SFX, qui réalise un second triplé pour atteindre la 3e division nationale (1972). La Fête d’Hiver traduira aussi la place de plus en plus importante, voire encombrante, de cette section sportive qui quittera bientôt la rue de Rome pour se Francart Rol professionnaliser et puis capoter lamentablement.


Le club renaîtra dans un bien meilleur esprit grâce au zèle remarquable de Roger Louis, aidé de personnes de confiance (voir Souvenirs 12 - 4 et 5). 

 

 

 

  Maurage-chorale-FF-nn.jpg

 

 J'ajoute ci-dessous quelques documents de fancy-fair suivantes. Cet événement est devenu un incontournable de l'année scolaire. Comme écrit supra, ce week-end étit souvent un grand moment de convivialité. Quand le Collège est devenu mixte dans le Secondaire, les premières années ont encore été euphoriques lors de la Fête d'Hiver. Et puis, insensiblement, le nombre d'élèves et d'adultes fit reculer la familiarité de bon aloi qu'on rencontrait ces jours-là. L'organisation devenait une véritable entreprise quand ce n'était pas une gageure. Et puis, je prenais de l'âge...  Ces journées, auxquelles j'ai toujours participé (le lundi de la remise en ordre compris), sont devenues de plus en plus une une obligation sinon une corvée. Mais je me faisais un devoir d'y participe et d'y amener ma famille au dîner du dimanche: quel plaisir de dépenser sans retenue! C'était pour une bonne cause: la nôtre!

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Et puis, j'ai toujours été conscient que l'apport financier d'une fancy-fair n'était pas un luxe mais une nécessité dans l'Enseignement libre.
La gestion de cet événement était devenue difficile. A la fin des années 1990, vu les risques de dérapages amenés par quelques énergumènes de l'extérieur, on a fait appel à des "sorteurs", aussi discrets que possible, et l'entrée est devenue payante (avec récupération de la mise dès la première dépense dans un stand). L'évolution de la société nous a obligés de mettre des barières et de restreindre ce magnifique espace de Liberté qu'était le Collège des années 1960-70.  

 

 

FF 1996




 

Voici les couvertures des revues pour les fancy-fair 1998, 1999, etc.


FF-1998bis.jpg





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Pour l'an 2000:

  FF-2000-attention.jpg

 

 

 

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Détails:

 

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  FF-2000-corrida.jpg

 

















FF-2007.jpg


Je ne sais plus quand on a lancé l'idée d'utiliser les photos de profs quand ils étaient petits, en tout cas, en voici une d'un beau petit gamin: le reconnaissez-vous?
JJ-tres-jeune.jpg
 
A vos poches!

 

Quand je suis arrivé en 1966, je me suis rendu compte à quel point l’institution scolaire dépend de la générosité des parents. Aucune forme de subvention n’existant pour les constructions ou transformations de bâtiments scolaires dans l’enseignement libre, on dépend, si on peut dire, de la charité publique.
Le Collège ne se débrouille pas mal de ce côté-là. L’Association de parents locale fonctionne très bien. D’abord, les membres sont nombreux, ce qui n’est pas le cas partout. Ensuite, un système de parrainage très performant est mis au point. Chaque classe a un couple (ou une paire) de délégués de parents, élus par leurs pairs lors de la première réunion du mois de septembre. Si les candidats ne se bousculent pas, il est bien rare qu’on ne trouve personne, le titulaire est chargé de faire la pression nécessaire… Ces représentants – 78 en 1970 – sont appelés "parrains". Non seulement ils participent aux réunions traditionnelles de l’Association de parents, mais ils vont rencontrer les autres parents de la classe dont ils sont délégués. Chaque mois – oui! –, ils viennent apporter la revue de l’Association des parents et en profitent pour tisser des liens avec les gens, qui se font un devoir (j’imagine) de bien les recevoir. C’est le moment d’expliquer les besoins financiers des écoles catholiques. Et de recueillir les dons ou les promesses de dons. 

Le contenu de la revue en question ne laisse d’ailleurs planer aucun doute à ce sujet. Le Président des parents n’hésite pas à jouer la transparence. J’en ai connu quelques-uns de ces personnages importants pour le Collège. En arrivant, j’ai entendu Humblet-Gene-2005.jpg parler avec révérence de M. Iwan Gille (chef d'entreprise), papa d’une famille nombreuse, qui se dévouait sans compter pour le Collège, mais je ne l'ai jamais rencontré. Puis c’est le tour de M. Auguste François (directeur de la Banque nationale à Verviers). J’ai encore connu M. Jean Magnée (directeur administratif de l'hôpital de Verviers), M. Jean-Marie Raxhon (avocat, échevin puis  bourgmestre de Verviers), Maurice (ingénieur) et Cécile Schyns, et aussi Marc Lejeune, un magistrat dont l'épouse (Carine Lambert) deviendra prof de latin à temps partiel au                         Lejeune-carine-97.jpg
Collège. Je me souviens bien de Charles Jacques et de Brigitte (écrivaine à succès). J'ai bien connu Pierre (sociologue) et Anne Delooz, et surtout Mme Geneviève Hayoit de Termicourt, épouse Humblet (brasseur), la présidente emblématique de notre Collège. Je n'ai pu oublier Paul Reul (psychologue et directeur de l'hôpital psychiatrique de Henri-Chapelle), qui était disciple comme moi du maître Martiny en 1956. Son épouse, Geneviève, le soutenait activement. M. et Mme Séquaris occupèrent aussi cette fonction importante, mais je ne les connais pas personnellement. Pardon pour ceux que j'ai oubliés. En tout cas, je voudrais aussi rendre hommage à M. et Mme Culot (parents de Véronique et de 2 anciens élèves) qui avaient le titre de Vice-présidents. Dans la même catégorie de parents dévoués, je me rappelle aussi les Vanaudenrode (orthographe non garantie) et Mme Bonhomme, souriante décoratrice.
Je sais que le rôle de ces parents responsables était bien autre chose que collecteur de fonds, évidemment, mais je me limite ici à cet aspect de la question.                          Raxhon-Jean-Marie-2005.jpg
En 1970, c’est M. François qui est aux commandes. La revue de septembre nous donne le bilan. C’est tout simple, il manque 474.000 FB pour l’équilibrer et il compte bien sur le parrainage pour les trouver avant la fin de l’année. Voici les chiffres, la Communauté et le Collège ne formant pas encore deux ASBL distinctes. Remarquons en passant que la Communauté des jésuites s’est séparée, à regret, de sa propriété de Stembert pour aider l’école, qui doit rembourser, outre le million de FB annuel, un emprunt à court terme de 1,9 million (à un particulier).

Parrainage :                            341.000
Fête d’hiver :                          276.000

Tir aux clays et tombola :       114.000

Location tennis :                       95.000
Immeuble Stembert :          1.600.000

Total :                                  2.426.000


Remboursement prêt :        1.900.000
Amortissement dette :         1.000.000

Total :                                   2.900.000

Le Président termine son article par ces quelques lignes : « Savez-vous par exemple que 78 parrains ont rencontré 8 fois, au cours de l’année scolaire 1969-70, les 361 familles de nos élèves. (…) Un regret cependant: sur les 361 familles visitées, 188 familles, soit plus de 50%, n’ont pas participé à l’effort commun. Est-ce possible? Il doit s’agir, de la part d’un très grand nombre, d’un oubli. Elles le répareront sans tarder. Nous en sommes persuadés et nous les en remercions chaleureusement. »

Evidemment, on est toujours libre de refuser…


Les photos pour le jeu de massacre

 

 Comme le jeu de massacre fait un tabac, il faut surtout le conserver et même l'améliorer pour les années suivantes. Evidemment, on doit répondre à la demande du client, qui vient surtout pour massacrer l'une ou l'autre tête de pipe. Nécessité donc de posséder le plus possible de photos de profs, en particulier des derniers arrivés. Jean Arnould, qui avait conservé précieusement tous les négatifs de ces photos comme de bien d'autres, vient de nous (ses proches) faire un cadeau royal en nous les transférant par ordinateur (nous sommes aujourd'hui le 28 février 2011). Il en a gentiment fait profiter toute une série de ses amis "raccordés". C'est une manne historique que je vous communique ci-dessous. Elles doivent dater de 1976 -77.

 

 

Non, ce n'est pas une cigarette (je ne fumais déjà plus à cette époque), mais le capuchon de mon stylo.














massacre-J-Servais.jpgmassacre-Jacques-delperdange.jpgmassacre-vdHeyden.jpg
















Dethier MF massacreMassacre-Fraeys.jpg








massacre-gaillard.jpgmassacrez Poumaymassacrez Th Lamb






massacrez Bodaux
massacrez Arnouldmassacrez Doneux
















massacrez Gillotmassacrez J Martinymassacrez J Ruwet















massacrez-Leclercq.jpg

Massacrez-Denooz.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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massacrez Pirotte B

 massacrez-Longree.jpg

 

 

 

 

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 08:45

 

La docimologie

Depuis quelque temps déjà, les milieux pédagogiques de notre petit royaume proposent une réforme des moyens d’évaluation des connaissances: le mot lui-même, docimologie, est d’origine québécoise (1945) d’après le Petit Robert; il s'est répandu chez les psychologues dans les années 60.de-Lannoy-Antoine-seul.jpg

Des expériences sont tentées par-ci, par-là. Elles ont plutôt bonne presse. Le père Antoine de Lannoy étudie la question, puis nous propose de réaliser une expérience limitée à la 6e Moderne. Je suis parmi les professeurs concernés avec Jean Gillot (titulaire, photos à 12 ans puis à 28 ans) et Jean Arnould en tout cas. Nous préparons le terrain aussi bien que nous pouvons et nous imaginons, renseignements pris, des feuilles quadrillées et cartonnées à l’intention des élèves et des Gillot 56profs qui serviront de bulletins d’un côtéGillot J 69 et de carnet de cotes de l’autre. Ces documents regroupent de nombreuses cases à remplir pour chaque discipline. Y figurent d’abord deux grandes subdivisions: les aptitudes et les attitudes. Aptitudes:  pour chaque cours, il y a une série de 3 ou 4 rubriques que l’on notera en plaçant un point sur une échelle (des petits casiers) de 5 niveaux: TB, B, S, I, TI (Très Bien, Bien, Satisfaisant, Insuffisant, Très Insuffisant). Les rubriques en question sont classiquement la mémorisation, la compréhension et la production (parfois subdivisée en convergente et divergente). Le même genre de canevas est dévolu aux attitudes, mais j’en ai oublié les intitulés. Je ne sais pas si, au Collège, on avait prévu la place pour l’autoévaluation de chaque élève, mais cela se faisait ailleurs. On a aussi inventé – ce qui n’était pas souhaité par les promoteurs – une cote de globalisation, véritable casse-tête du titulaire. Jean Gillot, un peu débordé, a souvent dû faire appel à Marie-Claude, son épouse, censée avoir un regard neutre, pour remplir cette case avec tout le bon sens qu’on lui connaît. Il était impossible de faire des moyennes, puisque les notes chiffrées étaient strictement prohibées. Vous voyez là le premier défaut de cette cuirasse. Le second, bien pire à mon sens, mais toujours d’actualité, c’est d’obliger de noter chaque interrogation ou plutôt chaque test, pardon, en fonction des fameuses rubriques imaginées. Si vous n’y pensez pas au moment d’écrire vos questions, vous êtes partis pour la gloire… Il faut donc tout penser en fonction de la manière d’évaluer. On retrouve aujourd’hui ces mêmes tortures sous la rubrique « compétence». Vous n’avez pas fini de vous amuser…


Après 9 mois d’expérience organisée honnêtement, nous décidons en concertation d’imposer une courte série d’examens pour nous aider à mieux juger l’acquisition des connaissances de nos élèves, les délibérations se profilant à l’horizon. Patatras!  Le constat est désastreux,  nous sommes tombés, à notre grande surprise, sur des échecs à répétition. Je crois n’avoir jamais connu autant de redoublements en 6e Moderne. Pourtant, nous n’avions pas une si mauvaise classe que ça. Un des meilleurs du groupe – qui avait beaucoup de mal à rester assis durant 50 minutes – était Jean-Luc Goffin; il devrait se souvenir de cette expérience qui fut, évidemment, abandonnée sur-le-champ.
Ci-dessous, voyez le type classique de carnet scolaire de l'époque (j'y ai ajouté une bande jaune pour cacher le nom de l'élève).

Bulletin-74-Berr-maquille.jpg

Bulletin 74 Br2

 








Celui-ci est probablement l'exemplaire du cas le plus désespéré que j'aie rencontré. Heureusement pour lui, le garçon, qui venait de l'enseignement technique, y est retourné. Mais je ne l'ai plus jamais revu.

Voyez les "observations": je n'y allais pas avec le dos de la cuillère! En fait, j'aurais bien voulu le faire réagir, évidemment, mais également ses parents. Peine perdue!
Bulletin-Ber-74.jpg











Quelques années plus tard, avec le Rénové (septembre 1980), l'aspect du carnet scolaire est tout différent. Le format est définitivement en A4 et le nombre de pages a augmenté. Quant à la couleur de la couverture, elle changera chaque année.



Bulletin-vert-82.jpg
Ouvrons-le à la page Mathématique.Bulletin Br 74

Nous sommes en 1983. On s'est mis au goût du jour en se souvenant quand même de l'épisode malheureux de 1972-73: surtout ne pas lâcher totalement les points ni le principe des examens, quitte à les appeler bilans.
Maintenant, le carnet scolaire comprend autant de pages que de cours plus la page récapitulative. J'ai choisi de scanner la page réservée au prof de maths de cet élève de 14 ans. Comme pour toutes les autres disciplines (l'éducation physique et la musique exceptées), la page est divisée en 3 parties:

A. APTITUDES – B. COMPORTEMENTS – C. COMMENTAIRES.

Après négociations entre profs de branches, nous décidons des rubriques donnant lieu à évaluation. En math, on s’est mis d’accord sur les 3 thèmes suivants dans les aptitudes: mémorisation, devoirs et exercices. Quant aux bilans, on n'utilisera qu'une seule note (sur 100) jusqu'en troisième. Pour cette année-là, on différenciera l'algèbre et la géométrie.

Les aptitudes sont notées sur 10, les comportements avec des lettres (comme en 1972) tandis que les commentaires sont laissés au libre arbitre de chaque professeur, pour les 5 périodes de l'année.
En fait, une modification importante vient d'apparaître: désormais, le titulaire n'est plus le seul à écrire dans le carnet scolaire, chaque professeur rem
plit de sa main et de sa plus belle écriture la page réservée à son cours. Voilà du travail en moins pour le professeur principal et un supplément pour les autres. Le professeur devra être très attentif à chacun des commentaires exprimés sachant que celui-ci sera lu par l'élève concerné et par ses parents, mais aussi par le restte de la famille et même par les amis. Attention en particulier à l'orthographe! Je me rappelle que je relisais consciencieusement chacun de ces commentaires des collègues de ma classe pour éviter un couac qui pourrait porter préjudice à son auteur. Quelle belle solidarité avec mes collègues, qui n'en ont jamais rien su!

 .
En français, les 3 aptitudes sont les connaissances, la compréhension et l’application.
En initiation scientifique et technologique (IST), en 2ème (professeur: Patrick Constant), les subdivisions des aptitudes sont au nombre de 5 :
1. Connaissances – 2. Compréhension – 3. Utilisation de l’acquis  – 4. Savoir-faire (dessin – graphique – résumé – élocution …) – 5. Curiosité scientifique.

Dans les autres disciplines, c’est encore différent. Je ne sais pas si les parents s'y retrouvent mieux, en tout cas, ils ont de la lecture!

Je constate qu'à l'époque 4 périodes sur 5 se terminaient par des bilans, ce qui permettait aux profs de donner les points de ceux-ci dans les ... commentaires!


Comme souvent chez les enseignants, les directives ne sont pas parfaitement respectées. C'est ainsi que le prof de maths concerné ne remplit pas la rubrique Globalisation (des aptitudes) alors que chacun de ses collègues utilise, comme demandé par la direction, une note littérale.

Quand on est parents, on voit les choses très différemment. En 1981, ma fille entre en 1re. Son premier carnet scolaire est remis juste avant la Toussaint. J'ai encore certaines
notes en tête. Son prof de maths lui avait décerné un B en globalisation et un laconique mais réjouissant TB en commentaires!
En revanche, elle avait obtenu un affreux zéro en compréhension pour le cours de français. A croire qu'elle n'était pas francophone! Renseignements pris (j'allais voir subrepticement les bulletins dans les casiers des profs), je m'aperçus d'abord que dans cette excellente classe (18 élèves qui avaient tous choisi l'allemand comme 2ème langue), 8 élèves en étaient au même stade que ma fille! Des nuls en compréhension! Voilà qui me rassurait quelque peu. Ma collègu
e, professeur de français, m'expliqua qu'elle s'était sentie obligée de compléter cette rubrique alors qu'elle n'avait posé qu'une seule petite question dite de compréhension dans les tests (elle ne disait plus interrogations) durant toute la période (près de 2 mois): my God!

Ah! quand on sait tout...

Ci-dessous, vous voyez la dernière page, intitulée Récapitulation. Ce sont les fameux TB, B, S, I et TI, souvent agrémentés d'un + ou d'un -, qui résument la situation.
Je crois que c'est vers cette époque qu'on a enfin supprimé l'infâmant TI (très insuffisant).



Bulletin récapitulatif Br 1974


 
Je n'ai pas d'exemplaire de carnet scolaire entre les années 1983 et 1993. C'est dommage (mais je ne désespère pas en recevoir) car on a connu une année exceptionnelle dans le genre compliqué. Je me rappelle par exemple que, dans le cycle supérieur où les élèves suivaient en sciences des cours de biologie, de chimie et de physique, on avait réussi à imaginer 9 rubriques rien que pour les aptitudes: un véritable délire en pensant que certains élèves n'avaient que 3 heures par semaine pour ces cours de sciences!

Le bulletin suivant, daté de 1993, est sans doute le plus fameux de ceux que j'ai eu le plaisir de signer en tant que titulaire de 4e. Massa bulletin n

 

C'est tout différent de la page récapitulative du précédent bulletin. Remarquez qu'en une seule page, on a tout compris!
J'ai effacé le nom de l'élève et les signatures de ses parents: c'est un document confidentiel dont j'ai gardé la photocopie par hasard.

Mais revenons aux années 1970.

Le palmarès


Nous avons encore pour quelques années des bulletins traditionnels et le ... palmarès. Avouons que celui-ci n'est pas particulièrement beau, il est fait de coPalmarès 1971uvertures de couleurs (on change chaque année) comme vous voyez ci-dessous. L'intérieur est composé de feuilles stencilées, le tout agraphéL'intérêt se trouve évidemment dans ce qui est écrit. Chaque titulaire est prié de remplir sa feuille de palmarès en classant les élèves dans l'ordre décroissant des résultats globaux et en indiquant les prix (P pour le 1er de la classe) et les accessits (a pour les autres élèves qui sont classés dans le premier quart de la classe). Et puis on fait le total des prix et des accessits. Tout ça doit être proclamé à la grande salle, devant les parents, en tout cas pour les rhétos.

 



Au début du palmarès, une série d'informations jugées intéressantes ou nécessaires à la compréhension de la suite figurent chaque fois. J'ai retapé ci-dessous les premières pages du palmarès de juin 
1975.

 

Palmarès

des résultats de l'année scolaire 1974-1975 des Classes d'Humanités du Centre scolaire 
                              Saint-François-Xavier

Le Prix de DISCIPLINE et d'ENERGIE    est destiné à récompenser les élèves qui se sont distingués par leur conscience professionnelle.  Il est attribué à

Messieurs

Rcger MOSTERT                2 L-Sc.

Jean-Marie BOLAND          4 L-G.

  Marc LENNAETS                 5 L-G.

Le Prix fondé ALARD LEJEUNE récompense un élève particulièrement consciencieux. Il est décerné à Monsieur René LOSCHER de 1ère Scientifique.

Le Prix d'Honneur fondé par les Anciens Elèves du Collège pour le premier en composition française en classe terminale est décerné à Monsieur    Pierre  COUNET.

Le Prix de la Banque de Bruxelles est attribué à Monsieur Philippe  CULOT,
1 Sc.

Au Concours de Dissertation française,  organisé par la Résistance, Monsieur Jean-Marie MATHONET, de 2me Latin-Sciences,  a été classé parmi les lauréats.

Au Concours d'Eloquence  organisé par le "  Lion's Club "  de Spa, Monsieur Philippe PIERRET,  de 1ère L-Sc. a obtenu une brillante troisième place.

 


Page 2 :


Au Tournoi d'Eloquence organisé par les Jeunesses Scientifiques de l'Enseignement catholique, Patrick HOFFSUMMER, finaliste à Verviers,  s'est classé second à la finale francophone à Bruxelles.

L'Insitut interscolaire "DACT-ECOLE "   organise,  au collège, un cours de dactylographie. En voici les résultats   :


En 1ère année

avec la plus Grande Distinction  : V. GERONTITIS    5 L-G
avec la Grande Distinction     :   B. CRUTZEN           5 L-M

                               :  S.  COLLIN         5 L-G

avec Satisfaction                    :  J-M. DOSQUET    5 m B.

 

En 2me année avec la plus Grande Distinction B.SCHMITZ 4L-M
                                             P.CRUTZEN 4L-M                                                 Y.MATTHIEU 4L-M              avec distinction : 
J.HAURENS 4L-M                         
            avec Satisfaction : E. THIELEN 4L-M

Aux Eliminatoires du Prix national d'Orthographe,  JP. ADAM, de 3me L-G  figure parmi les 37 lauréats ( sur  997 concurrents  ) qui ont réussi un "sans faute". F-L. MONTULET,  de 3me L-G.,  n'a fait qu'une seule faute.

 

Les pages suivantes sont trop peu nettes (c'était encore des stencils à alcool sans doute) pour que le présent blog (pas vraiment performant) en donne une version lisible. Sachez quand même qu'il s'agissait d'abord de la PREMIERE LATIN-GREC du P.J.Charlier. On commence par Accessit d'Excellence (allez voir la signification ci-dessus) :
Cordonnier J. 74%, 5 P et 5 a;   Paquay Ph. 72%, 4 P et 6 a; Thibaux
J-B: 72 %: 2 P et 11 a; Pirard J: 70%,  4  P et  10 a; Dauby P. 70%, 1 P et 7 a; et Junker St. 70%, 1 P et 6 a..

On arrive aux 60% obtenus par Guyot L-Ph., Grand P., Onclin J-P. et Tefnin M. Obtient 50% : Crosset Ch. : 54%. On note qu'Eric Voss, n'ayant pu prendre part à tous les concours, n'a pas été classé.
En PREMIERE LATIN-SCIENCES (titulaire : Mr J.-M. Delobel, 21 élèves), le premier est Lamalle D. qui obtient 79%, 5 P et 13 a.
Enfin, en PREMIERE SCIENTIFIQUE (titulaire: P.J.Charlier), la tête de classe est tenue par Löscher R., 71% avec 7 P et 6 a.

Ce n'est pas fini pour les rhétos:

 

Les examens oraux de fin d'Humanités ont été réussis

 

en section Latin-Grec :    avec Distinction par Messieurs
Philippe Paquay,  Jacky Pirard et Jean-Baptiste Thibaux.

 

                                     avec Satisfaction par Messieurs
Patrick Dauby, 
Pierre   Grand, Louis– Philippe  Guyot,             Stéphan Junker et Jean-Paul Onclin                                                                                                                                                                    en section Latin-Sciences : avec Grande Distinction par Messieurs Pierre Counet, Didier Lamalle et Marc Lampaert.

                                            avec Distinction par Messieurs André Carlier,  Philippe Goblet,  Michel Leclercq, Philippe Pierret  et Michel  Reul.                                                       

                                              avec Satisfaction par Messieurs Philippe Brandt, Eric  Dethier,  Daniel Posséprez, Raphaël Grosjean,  Vincent  Halleux,Didier Huart et William Mond.                                                                                                          en section Scientifique :        avec Distinction par Messieurs 

Patrick Barvaux et René Löscher.                                                                                                             
                                   
     avec Satisfaction  par Messieurs
Patrick Bodeux, Philippe
Culot, Jean-Marc Levaux et David Spencer. 
                                                                                                 

                                      – – – – – – – – – – – – – – – –
 

 

Remarquez qu'il n'y a aucune "grande distinction" en rhéto cette année-là pour les examens écrits.  D'ailleurs, pour toutes les classes d'humanités, seul Didier Marcotte (93%) obtient la plus grand distinction. Il est à cette époque en 5LG avec comme titulaire M. Martiny.

On n'a jamais jeté les points à la tête à SFX!
Enfin, on note la liste de ceux qui ont obtenu le fameux "diplôme de maturité" qui sera bientôt supprimé.

 

Voici par comparaison le palmarès de la classe de Première Latine A (titulaire: Jean Gillot) de 1976-77 où on peut remarquer que, désormais, les élèves sont cités par ordre alphabétiquePalmar-77--.jpg
et n'ont plus de pourcentage, mais on leur attribue encore des prix (P) et des accessits (A). On ne sait plus très bien sur quel pied danser. Ou plutôt, on s'avance pas à pas vers la suppression des places et donc prochainement des prix et des accessits, donc du palmarès.

Surtout ne pas comparer les enfants entre eux; ne jamais dire que l'un est plus fort que l'autre: comme s'ils ne le savaient pas... Fini de donner un pourcentage global, comme ça il sera impossible de les classer.

En tout cas, cette année-là, Michel Jaspar et Christophe Six trustaient tous les prix de la 1re latine A.


  

Le Latin-Grec en danger?

Depuis quelques années déjà, on annonce le déclin du grec. C'est d'ailleurs pour cela que le Collège a ouvert une section Latin-sciences et demande l'ouverture d'une section Modernes.
En 1968, le recrutement en 5e Latin-grec est bon et même excellent côté qualité. C'est incontestablement la meilleure classe de LG que j'aie connue. Je suis sûr que M. De Donder était fier de poser à leurs côtés sur la photo (ci-dessous) de Rhéto.
1972-73-ddd-rheto-LG--charlier.jpg
Pendant que l'espoir grandit au fur et à mesure que les modernes avancent, les tenants du Latin-grec reçoivent un coup de bambou sur la tête: il n'y a que 10 élèves qui choisissent le grec en septembre 1969 et ils ne sont déjà plus que 7 en 4LG-70.jpg4LG l'année suivante. Voyez cette petite famille autour de M.De Donder!



En Poésie, il n'en reste que 6 autour de Jean-Marie Delobel...

1972-Poesie-LG--6-eleves.jpg


 



C'était donc la fin des humanités classiques? 

Heureusement, en 1970, on reprend espoir, on retrouve une classe de 5LG bien achalandée. Nous voilà sauvés de la catastrophe. Oui, mais pour combien de temps? Le ver n'est-il pas dans le fruit?
En fait, la section se défendra honorablement jusqu'à l'avènement du Rénové, en 1981.
1976-Poesie-LG.jpg

Les rhétos de 1971 sur scène


Je ne sais s'il fallait vraiment motiver les rhétos pour monter sur les planches. En tout cas, le père Debelle - grand amateur de théâtre - avait vu juste en demandant aux filles du graduat de Sainte-Claire de donner la réplique à nos garçons. Ils se lancèrent avec enthousiasme dans les répétitions de "La Maison de la Nuit", pièce de Thierry Maulnier. Le père Charlier nous raconte que "partout l'on y travaillait: après les cours, à la grande salle, le dimanche à la salle Boland, le soir à la maison ou au café des B...; partout, le père Debelle et ses équipes s'affairaient." Quel pudeur Chacha! Tout ça pour éviter de faire la publicité du  café des Brasseurs, haut lieu de rendez-vous des grands élèves et des...professeurs!
Les élèves de 3 classes s'y sont mis. Le résultat aurait pu être meilleur, mais la pièce était difficile et son texte dur.  "On le savait dès le départ, précise Charlier, mais nous continuons de penser qu'il faut faire jouer à nos étudiants des oeuvres plus grandes qu'eux-mêmes, qui les élèvent et les valorisent." Bravo! Voilà un vrai jésuite!
Jean Charlier continue: "Ils s'en tirèrent d'ailleurs au mieux et la réaction du public fut très encourageante: les jeunes qui assistaient à la générale du mercredi 17 mars écoutèrent dans un silence remarquable cette pièce austère et le jeudi 18, un public nombreux applaudit vivement les jeunes talents."

Durant ce même second trimestre 1970 -1971, les étudiants du Collège participent au tournoi d'éloquence du "Lion's club" de Spa. Nous affrontons 10 autres écoles. Nos rhétos, sans doute trop occupés par le théâtre, placent 3 candidats sur 4 en demi-finale, mais ne vont pas plus loin. Heureusement, Alexandre Yvanoff, de 2e latin-Sciences, le benjamin du tournoi, sauve Yvanoff-68-4LM.jpgl'honneur en décrochant une excellente 3e place en finale et le prix de la qualité du langage.



Saint-Roch contre Saint-François-Xavier (1971-1972)

Le cycle inférieur des Modernes est pratiquement complet; les rentrées sont très bonnes en première (2 Latines et une grosse Moderne; bientôt 4 classes) et le corps professoral compte en son sein un licencié en chimie avec plusieurs années d’expérience à l’Ulg: Marcel Lepièce. On prépare l’ouverture du cycle supérieur des Modernes-Scientifiques B, des études renforcées en sciences. Pas de concurrence avec Saint-Michel qui présente depuis des décennies une Scientifique A (poussée en math). Mais c’est de Saint-Roch Theux, maintenant, que l’offensive surgit. Ils ont déjà cette section et tâchent de persuader les instances diocésaines (leur P.O., d’ailleurs) que nous menaçons la survie de leur section. Via le conseil de direction du Collège, les professeurs sont très tôt au courant des tensions, et puis personne n’a oublié la bataille précédente. Je vais rapidement  m’intéresser de près à cette question et devenir une sorte d’expert statisticien en l’occurrence. Je veux comparer l’évolution des populations scolaires des deux écoles, mais je ne dispose pas des données de Saint-Roch: c’est le règne du secret! Qu’à cela ne tienne, j’irai les demander au directeur Duysinx (vieille connaissance!) lors d’une réunion pédagogique où on suggère que certains profs changent d’école à cette occasion: la participation, toujours! Acculé dans son bureau, l’abbé Duysinx s’exécute, évidemment! C’est du pain bénit pour moi: rien ne permet de s’inquiéter à Theux, qui n’est pas vraiment notre premier concurrent (10 km): l’école est en pleine expansion. Les graphiques comparatifs me paraissent lumineux, l’ouverture ne peut nous être refusée.
Ce ne sera pas si simple; le chanoine Boxus, vicaire général chargé du domaine scolaire, croit plus volontiers les paroles de son confrère du collège de Theux que les arguments statistiques verviétois. Les parents du Collège s’en mêlent et me voilà décroché en pleine Fête d’Hiver par le délégué des parents M. Auvray (Français bon teint) pour épauler celui-ci dans le bureau de Mgr Van Zuylen, évêque de Liège. J’ai l’impression d’être devant un boss (quel immense bureau!) qui voit les choses d’un peu loin: il nous explique qu’il a toute confiance en ses collaborateurs, en l’occurrence le chanoine Boxus… Mince! Je sors de là un peu pessimiste, au contraire de M. Auvray. C’est lui qui aura raison. La décision finale sera favorable au Collège, qui exulte, ou plutôt qui soupire: il est passé très près d’un clash de dimension. Un bémol cependant: le Collège ne peut accepter en 3e scientifique B que des élèves sortant de sa 4e moderne!

L’avenir nous donnera raison, Saint-Roch ne sera pas retardé dans sa marche aujourd’hui triomphale.
 

Pourquoi partir si tôt?

Voilà bien la question que tout le Collège se pose une fois apprise la nouvelle du départ du recteur Capelle. Trois ans à peine après sa nomination, il sera remplacé pour devenir lui-même Recteur de la communauté de Gramme et professeur de philosophie. Cela ne ressemble pas vraiment à une promotion. Mais pourquoi changer quelqu’un qui semble faire du bon boulot? Recommence-t-on la même comédie qu’avec le père Misson lors de l’ouverture des Modernes 3 ans plus tôt? Tout semble pourtant moins chaud cette fois-ci, personne n’a entendu parler d’un mouvement dans les corps professoraux. Mais les voies du Seigneur sont impénétrables... pour nous.

Cependant, 2 ans plus tard, nous, professeurs laïcs de Saint-François-Xavier, allons recevoir une lettre à en-tête personnalisée signée Norbert Capelle nous expliquant d’une façon fort émouvante son chemin personnel vers le… mariage! Un choc pour beaucoup d’entre nous, surtout quand on repense à tant d’attitudes de notre ex-Recteur dans l’exercice de son ministère religieux: il paraissait si heureux dans son choix de vie!

Le microcosme verviétois va alors bruisser comme jamais: les ragots les plus fous sont répandus, à peine sous le manteau. On trouvera tous les défauts à cet homme qui s’était ainsi fort exposé, surtout qu’il restait dans la région: les chiens étaient lâchés, comme dirait plus tard Mitterrand lors de l’enterrement de Pierre Bérégovoy.

En attendant, nous héritons le 31 juillet 1972 d’un nouveau Recteur-directeur, le quatrième en 6 ans! Et nous ne savons pas que c’est le dernier.

Le père Louis (dit Luigi bien qu'il ne soit pas d'ascendance italienne) Lefèbvre est professeur de rhétorique à Saint-Servais quand il apprend sa promotion. Arrivé rue de Rome, il a l’air aussi surpris que nous. La première fois que je le rencontre, il me donne l’impression d’être un bon vieux papa hilare, un peu paysan dans sa démarche.

 

    


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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 09:43

Un collègue pas commode

A mon avis, l’ambiance générale du Collège a beaucoup gagné avec l’arrivée de mes jeunes collègues, en particulier dans le cycle inférieur, qui représente manifestement l’avenir de l’école. J’en reparlerai. Cependant, comme dans toute association, il est des personnes avec lesquelles les relations sont plus difficiles. Je veux parler ici du père Ernotte.

Roger (je ne l’ai jamais appelé ainsi) est un jésuite comme on aime les caricaturer. Intelligent, exigeant, diplomate par moments, accueillant en général, mais quelquefois suspicieux, avec les élèves en particulier. Et un tantinet hypocrite, diront certain(e)s collègues…Il sera durant de nombreuses années titulaire d’une 5e (élèves de 13-14 ans). Il suit ses élèves de très près, mais peut-être de trop près. Entendons-nous bien, je ne l’accuse pas du tout d’amitiés particulières (je n’ai jamais entendu aucun ragot de cette nature à son sujet), mais certains adolescents auront l’impression qu’il fouille leur conscience, et certains jeunes collègues le trouveront quelquefois trop mielleux, voire retors. De Donder, devenu titulaire de 4LG et recevant le premier jour des élèves du père Ernotte, leur aurait dit: "Vous êtes sortis du moule à gaufres!"
5LM-mai70-totale.jpg 

                                            
Quand Luc Peeters est venu me remplacer lors de mon service militaire, je lui ai dit (Luc me l'a souvent rappelé) une seule chose lors de notre première entrevue: "Méfie-toi d'Ernotte!". Il ajoutait en me rappelant cette anecdote:
" Tu avais bien raison!".
Je crois que c’est un homme qui a beaucoup souffert de son handicap physique: je ne l’ai jamais vu traverser la cour sans canne. Il pourra seulement se passer de sa troisième patte (comme il disait) après plusieurs opérations lourdes et bien longtemps après sa retraite: ce jour-là, je n’en croyais pas mes yeux!
C’était un torturé. Franchement, je crois que cet homme n’était pas fait pour l’enseignement, alors qu’il semblait très bien convenir aux personnes âgées ou aux handicapés. Ma mère le trouvait charmant quand il venait en paroisse à Ottomont remplacer le père Dedeur. Je ne comprends pas que la Compagnie ne s'en soit pas aperçue.
C'est le seul prof qui, parmi les Anciens revus à l'occasion, fait toujours l’unanimité contre lui.

L’éducation physique s'impose

Si le Collège est fier de son nouveau hall de sports, tout le monde n’est pas vraiment convaincu de son utilité; on parle d’effet de mode, voire de dépenses somptuaires... Certains pensent encore que la gymnastique – appellation habituelle – n’a pas vraiment sa place dans un cursus scolaire. L’ancien gymnase pourrait suffire. Si on se contente du minimum obligatoire, on donne simplement une heure/semaine de gymnastique en humanités et encore moins en primaires. Comme il n’y a, à cette époque, jamais plus de 13 classes d'humanités et autant en primaires et qu’on compte habituellement 32 périodes hebdomadaires, on peut voir venir! Je crois que le professeur d’éducation physique de l’époque devait se sentir un peu comme le douzième homme d’une équipe de football, une sorte de bouche-trous.

Mais les temps changent, le prof de gym, très persuasif, a déjà obtenu d'ajouter une heure de sport par semaine de la 4e à la Rhéto et une heure de natation en 6e. Du coup, le gymnase, déjà pas très grand (impossible d'imaginer deux classes travaillant simultanément), est à saturation en 1967-68, même si on n'accorde qu'une demi-heure hebdomadaire à chaque classe de primaire. Jacques Florence [décédé en janvier 2008] – qui deviendra professeur (photo ci-contre)      
à l’université de Louvain-la-Neuve – a l’art de s’intégrer au Collège. Il réussira à persuader le recteur Nachtergaele de la nécessité pédagogique de cette modernisation indispensable. Et surtout, il forcera l’admiration de ses collègues par sa façon d’envisager l’intégration de ces activités physiques dans la formation des jeunes. C’est aussi, de son point de vue, un apprentissage de la maîtrise de soi et du respect des autres. J’ai retenu de lui quelque chose qui semble aujourd’hui inaccessible. Quand ses élèves investissent la cour pour profiter de l’espace qu’elle offre et du beau temps toujours éphémère dans nos contrées, il est évidemment près d'eux (ce ne sera pas toujours le cas quelques années plus tard, avec d'autres «responsables») et veille au silence pour ne pas déranger les autres élèves qui ont cours, fenêtres ouvertes. Et ça marche. On entend à peine le bruit des pantoufles crissant lors des virages serrés, ou d’un ballon s’écrasant par inadvertance sur une porte du cinéma, ou encore le très léger sifflement que Jacques produit sans sifflet pour rappeler ses garçons à l’ordre, du genre «Tssst». Quel type! Henri Defawes réussira le même tour de force avec les enfants de Primaire. Bravo, Messieurs, et merci! Oui, c’est une autre époque.


1969: enfin une 6e moderne

La bataille est rude, paraît-il. Ceux qui ont vécu les choses de près (moi, je  suis à l’ombre du drapeau belge cette année-là) affirment que le torchon a brûlé entre Saint-Michel et le Collège: le corps professoral de l’Institut est très remonté contre cette ouverture de section risquant de mettre en péril l’emploi chez les Frères. Le syndicat s’en mêle, l’évêque Van Zuylen doit trancher entre la Compagnie et les Frères des écoles chrétiennes: un problème d’Eglise!

Nous avons gagné, mais à quel prix? Je crois, comme d’aucuns, que le père Misson – en première ligne durant toutes les négociations –  a servi de bouc émissaire; il doit donc quitter Verviers. Mais les jésuites ne peuvent pas non plus perdre la face: on ne change pas un recteur après 2 ans, ça voudrait dire qu'il est désavoué s'il ne prend pas un poste plus élevé. Voilà sans doute pourquoi le Provincial a créé très provisoirement ce poste de Vice-Provincial: promoveatur ut amoveatur! En outre, ça permettra, du côté jésuite, d’aborder la bataille du cycle supérieur des modernes (la fameuse Scientifique B) avec des forces fraîches et, du côté des adversaires, de ne plus rencontrer ce jésuite entêté de Misson. De la haute politique, comme on sait la faire en Belgique et ...dans la Compagnie! Attention, le chanoine Boxus, Vicaire général responsable de College-vers-1970.jpgl'enseignement dans le diocèse de Liège, nous impose une restriction à l'entrée en 6e moderne: celle-ci est strictement réservée aux élèves issus de nos Primaires, pas question d'inscrire un élève venant d'ailleurs. Le même genre de restriction sera imposé lors de l'ouverture de la 3e scientifique B, tout ça pour protéger le recrutement de Saint-Roch, qui n'en a vraiment pas besoin.

En attendant, le père Capelle engage un nouveau titulaire, son ancien élève Jean Gillot, régent en français-histoire-religion, officier de réserve, depuis 2 ans à l’école Albert (Don Bosco). C’est un jeune du sérail, rompu aux traditions jésuites et actif depuis longtemps dans les œuvres de jeunesse chapeautées par le père Longrée, les cadets entre autres. Avec Joseph Ruwet, c’est un nouvel Ancien qui revient au bercail. Jean va s’intégrer très rapidement rue de Rome, somme toute il est chez lui. Il aura la sagesse de rester modeste et de profiter au maximum de l’aide en latin (cours qu’il donnera toute sa carrière) d’un maître en la matière: M. Martiny, son ancien professeur de…maths et de géographie.

J’aurai le plaisir de donner cours dans les mêmes classes que lui durant de nombreuses années. Nous avons à cette occasion établi une complicité que les élèves et les parents apprécieront. C’est à un point tel que certains parents nous confondent, encore aujourd’hui. Même le bourgmestre Raxhon, ancien président de l’Association de parents, prendra Mme Janssen pour  Mme Gillot. Se tromper d’épouse, voilà bien une erreur que nous n’avons jamais commise…Evidemment, nos chemins se sont déjà croisés en 6e Latine comme élèves, puis 2 ans au régendat à Saint-Bar, avant de nous retrouver collègues au 18 de la rue de Rome. Notre complicité dure encore dans des activités que nous n’avions pas imaginées du temps où nous «professions».

Le samedi matin

Je crois que c’est alors que les Primaires adoptent la semaine de 5 jours. Le samedi matin, nous serons désormais seuls au Collège. Quel vide dans la cour et dans la salle des profs. Curieusement, ça donne un petit air de fête, de vacances. Quand on arrive, souvent pour 2 heures seulement, on a déjà l’esprit en congé. Ma mémoire n’a retenu que des samedis de soleil! Les élèves sont dans le même état d’esprit. Cet avant-midi est le seul de la semaine où                                             
les Latin-Math ont cours de dessin, sous le crayon de Raymond Remy (photo ci-contre), charmant garçon donnant aussi cours à Sainte-Claire, qui sera largement mis à contribution pour chaque fancy-fair. Raymond aura comme collègue de dessin durant l'année 1971-1972 un très éphémère G.Gourdange en attendant Jacqueline Parotte. D’autres ont ce jour-là le fameux cours d’Exspir (Exercices spirituels), répertorié dans les 3 (ou 4) heures de religion.  Cette 4e heure, quand elle existe, est souvent l’occasion d’une messe de classe dans une des chapelles de l’école. Le titulaire, qui donne en général plusieurs cours différents dans sa classe, place le samedi des cours un peu plus légers. Et puis, il y a la remise des bulletins de quinzaine qui sera l’occasion de la venue du Préfet des Etudes, si le titulaire le désire. Le cérémonial d’antan a disparu depuis longtemps. Personne, pas même notre nouveau délégué syndical, Jean-Marie Delobel, qui remplace André Beaupain, démissionnaire, ne parle de la semaine anglaise. Le syndicat est d’ailleurs très calme dans l’enseignement. Sa préoccupation principale est de tâcher de faire payer les enseignants à temps.

 

Revenu du service militaire fin juillet 1969, je recevrai mon premier traitement en…février 1970! Le père Dedeur, économe (ou ministre, je crois) de l’école, me consentira des avances sans jamais rechigner; le règlement l’y oblige, d’ailleurs.

La participation

Je me souviens de deux slogans qui résonnent régulièrement dans la salle des professeurs, formules lancées par la direction: l’élève d’abord et la participation.
Si le premier n’est vraiment pas une surprise dans une école, le second procède plutôt de l’air du temps et est d’ailleurs régulièrement repris dans le milieu syndical. C’est même un mot d’ordre sinon une revendication politico-sociale, conséquence évidente du mouvement soixante-huitard. Il faut participer au Pouvoir. Et, chez nous, c’est le recteur qui en fait la promotion, bien relayé par quelques jeunes, comme Delobel et moi par exemple. A posteriori, je me dis que la Compagnie avait sans doute compris qu’il y avait urgence en la matière. Je me lance à corps perdu dans les réunions de préparation de la création de ce conseil de direction. Je suis tout heureux d‘écrire le règlement du scrutin, que je propose à deux tours (si nécessaire) comme en France. Ces réunions porteront le titre ridicule de COCODI (Commission du Conseil de Direction)! En plus du père Recteur (directeur), des préfets et du chef d’école primaire (M. Plumhans), siégeront dans                                     

ce premier conseil un représentant des parents, un ancien (Paul Maystadt, alors président de l'Association des anciens, photo ci-dessus), deux professeurs élus (Delobel et moi) et un instituteur élu (Bernard Denooz).

                                   Denooz-69-70.jpg
Certes, il est bien clair que ce n’est qu’un organe participatif, qui n’a donc pas de pouvoir de décision, mais c’est incontestablement une ouverture et une façon de sensibiliser les laïcs (la Communauté éducative, comme on dira bientôt) aux responsabilités qui vont tout doucement leur revenir. Les visionnaires sont déjà en 2000, moi pas. Je n’ai vraiment aucune arrière-pensée, mais je suis sensible aux honneurs et, en tout cas, très fier de ma toute nouvelle popularité. Je ne dois pas redouter l’adage suivant: «Tout pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument».

Dans un deuxième temps (1972), ce sera la création de deux ASBL pour clarifier la réalité du Collège: CESCO pour CEntre SCOlaire Saint-François-Xavier, l’école quoi, et COJEVER pour Communauté JEsuite VERviétoise, les jésuites de Verviers en tant que communauté religieuse. C’est devenu une nécessité politique, toutes les écoles catholiques suivront le même mouvement. CESCO a, comme toute ASBL, une assemblée générale (habituellement nommée P.O. – Pouvoir Organisateur – dans les écoles) et son conseil d’administration dans lequel il y aura d’emblée des représentants des enseignants, priés d’oublier qu’ils représentent ceux-ci…

Si mes souvenirs sont bons, la division en deux ASBL distinctes permettra au Centre scolaire (CESCO) de bénéficier du prêt à remboursement à taux réduit. Une nouvelle disposition légale permet à toute institution scolaire d'emprunter avec garantie de l'Etat pour les remboursements: l'école devra toujours rembourser le capital emprunté et des intérêts au taux avantageux de 1,25%, l'Etat remboursant le reste. Une aubaine qu'il ne fallait pas louper!
 

Peu de temps après, on crée un conseil de plus: celui des professeurs, destiné à examiner les problèmes professionnels quotidiens des enseignants du Collège.

Dans la foulée, on (les profs) imaginera même le FUT (Front Uni des Titulaires), dont me parle encore Henri Leclercq; mais cela restera à l’état de projet folklorique.

                            Leclercq-H-1975.jpg









 




Bonne nouvelle pour les profs

Le 22 octobre 1971, malgré une conjoncture économique peu encourageante pour 1972, mais grâce au climat favorable dû à la période préélectorale (gouvernement Eyskens), une nouvelle Convention collective du Service public 1972-1973 est signée.
                          Trokay-Lepiece-1972--3-ScB.jpg
Les traitements bruts des instituteurs augmentent de 29% pour les jeunes et de 21,7% après 30 ans d'ancienneté; pour les régents, ça augmente respectivement de 19% et 18% et pour les licenciés, ça va de 19% à 15%. Les syndicats font la fine bouche (il ne faut jamais crié cocorico), mais les profs apprécient. Je ne verrai plus jamais pareille augmentation de toute ma vie!

 

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