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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 13:23

Normalement, je n'écrirai plus rien dans ce blog puisque je suis arrivé à parler de mes dernières prestations au collège. Je ne vais pas raconter ici des choses que je n'ai pas vécues rue de Rome. Si je me sentais obligé de modifier quoi que ce soit, pour coller davantage à la vérité historique par exemple, je vous en avertirais si cela en valait la peine. D'autre part, si vous estimez que ce que j'ai écrit à certains endroits doit disparaître parce que cela pourrait vous nuire d'une quelconque façon, je m'engage à le faire. Merci à ceux qui m'ont encouragé dans cette folle entreprise et bon vent au collège Saint-François-Xavier qui m'a tant donné. Jean

article 94

Les langues germaniques
1. Les profs avant 1968
2. Evolution des horaires
3. Les échanges linguistiques

  article 95

2000-2001 : fin du commencement
1. Le dernier recteur?
2. Tributaires des élections communales

 article 96

3. La Saint-François-Xavier
4. Delobel s'en va

article 97
5. Les 3 premiers cabarets

article 98
6. Premier discours

article 99
7. Une excellente 5e
8. Les autres classes

article 100
9. Première retraite à Ciney

article 101
10. Génies: on revient dans le coup
11. Fléaux

article 102

12. Retour du sous-directeur intérimaire Jamotton
13. Décès de Georges Kupper

article 103
 2001-2002: le monde bascule
1. L'attentat
2. Des caractères forts en 5E

article 104
3. On fait avec ce qu'on a
4. Une joie de courte durée

article 105
5. Chacun à sa place?
6. Pas mieux en Primaire
7. Nouvelle retraite à Ciney

article 106

8. Compétences : Dominique Willem se lâche         

article 107

9. Evénements divers

article 108

10. Départ de Joseph Ruwet

article 109

11. Génies: jusqu'au bout
12. Louis Bernard

article 110

2002-2003: SFX traverse la rue de Rome
1. 5C: une macédoine de fruits

article 111

2. Un nouveau hall de sport
3. Et le chauffage?

 article 112
4. Une intérimaire qui en veut
5. le cabaret de 2002

article 113

6. Les gourmandises d'Eric Jaminet
7. Retraite-service en double exemplaire


article 114
8. Dans les autres classes
9. Examen amputé
10. L'inspecteur Jaminet enquête

article 115
11. De la petite Belgique au reste du monde
12. Génies: la nouvelle dream team

article 116

13. Disqualification
14. L'affaire rebondit
15. Ultimes considérations de Ch. Javaux

article 117

16. Jean Arnould se reconvertit
17. Les nouveaux quinquas

article 118

Le Gospel
1. Les débuts
2. Quelques critiques

article 119
3. Martin Leroy

article 120
4. Quelques précisions
5. Des jeunes et des dieux

article 121 
2003–2004: année historique
1. Mes classes de l’époque

article 122 
2. Retraite du 7 au 9 janvier 2004
3. Mes 60 ans en classe

article 123
4. L’intervision à SFX1

article 124

5. Un nain en 5e

article 125

6. Ouverture des maternelles

article 126
7. Les 3es à vélo
8. Trois collègues voguent vers la retraite

article 127
9. Et à part ça ?

article 128
Année 2004-2005 : la der des ders

                                               1. Ma décision est prise                                                        
2. Moi, ça fait 39 ans ou même 53 ans    
                           
 
article 129

3. Carte blanche à Philippe Dejong
                                   
article 130

4. Jean GILLOT sort de scène 

article 131
5. Visite de la ministre-présidente Marie Arena   

article 132
6. Encore lui !

article 133
7. Minifoot et jogging

article 134
                                      8. Les plus gentils                                        

 

 

 

 

AVIS à mes LECTEURS

 


J’ai raconté les souvenirs  sans prétention aucune  du temps que j'ai passé au Collège Saint-François-Xavier de Verviers, soit de 1952 à 1957 et de 1966 à 2005. Comme je suis arrivé à parler de ma dernière année scolaire, je ne vais pas narrer des histoires que je n’ai pas vécues rue de Rome. Donc, mes SOUVENIRS sont terminés.


Evidemment, il m’arrivera sans doute de me relire et de modifier quelque peu mon texte pour coller davantage à la vérité historique ou pour une autre raison que je n'imagine pas aujourd'hui.

Si j’estime que ces modifications «méritent» d'être publiées, j'en avertirai mes abonnés, sinon je m'abstiendrai.



En attendant, je remercie les lecteurs qui m'ont encouragé dans cette folle entreprise.

Et je souhaite de tout cœur que le Collège soit toujours une école remarquable au service des jeunes de notre région.

                                                                                                JJ

 

College-5.jpg

                                                                       
 

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 14:16

TABLE des MATERES (1ère partie)

(la suite de la table des matières des Souvenirs est au numéro suivant)

article 1
Tu iras chez les jésuites
1.  Motivation
   2. Présentation
3. Quelques réminiscences du contexte politique (1952)
4. Arrivée au Collège

article 2
5. Comment devenir vedette sans le vouloir

article 3
6. Deux vieux copains
7. Les billes
8. le basket
9. Le centenaire (1955)

article 4
10. Les Pauvres
11. Fin des primaires (1956)
12. La 6e Latine A

article 5
Le 18 de la rue de Rome
1. Le grand retour dans mon Collège (1966)
2. La vie avec la communauté

article 6
Un Recteur en clergyman
Un coup de force
Le conseil de classe des années 1960-70

article 7
Des problèmes de recrutement
Le repas chaud

article 8
Les maths modernes
Mai 1968
La communauté jésuite en 1969
Que de changements !

article 9
Une classe infernale

Place Verte le 15 juin 2013

article 10
Un collègue pas commode
L’éducation physique s’impose
1969: enfin une 6e moderne
Le samedi matin
La participation
Bonne nouvelle pour les profs

article 10 bis
La docimologie
Le palmarès
Le Latin-Grec en danger ?
Les rhétos de 1971 sur scène
Saint-Roch contre Saint-François-Xavier (1971-72)
Pourquoi partir si tôt ?

article 11
Le choix des langues
Une 7e heure
SFX : une excellente école primaire
La Fête d’Hiver
A vos poches !
Photos pour un jeu de massacre

article 12
Roger Belflamme

Un nouveau recteur plus tôt que prévu
Un orateur (1972)
Le volley de midi
 De nouvelles têtes

Encore dans les années 1970
1. Hommage appuyé au père Baumal
2. La semaine de cinq jours
3. Les florivaleries
4. Les 25 ans du Basket

article 13
5. Le catalogue jésuite de 1974
6.  A Vos Marques : Frépont dit du Bailoux (1975)
7. La gifle (1976)
8. La mixité en point de mire
9. Le centenaire de l’église
 10. Des constructions pour 50 millions (1977)
11. Ouvrir les yeux sur le monde
12. L’école Sainte-Marie
13. Souper des profs 1978
14. L’ambition d’un homme

article 14
15. La bataille du Rénové
16. La vacance du Pouvoir

60 ans de vie religieuse
Décès de M. Martiny
Rénové et mixité
1980: le 125e

article 15
Les rhétos de 1980
Tous une activité complémentaire
La journée pédagogique du 14 mars 1981
Le nouvel an 1982
L’informatique

article 16
La chorale du Collège
L’incurie de l’Education nationale
Le syndicat principautaire dégaine
Un coup bas
Numerus clausus
Reprise des Saints-Anges ?
L’Institut Saint-François-Xavier

article 17
L’ambiance générale au début des années 1980
Prolongée mais pas nommée
Une autre façon d’évaluer

article 18
Partout un numerus clausus
Arrivage féminin
Triste mois de mai 1982 : décès du R.P. Frépont
1984: le Centre scolaire à l'assaut de la Communauté
1985: Jean Paul II à Banneux
Le bal des professeurs 
Ping-pong et atelier de lecture
Le menu remplace la section

article 19
Le Primaire s'installe 
Un préfet du parascolaire en 1982
Accrochages avec des parents
Une bonne blague

article 20
Un examen oral qui dérange

article 21
L’Ecole agressée

article 22
1985: le père Fraikin s'en va

article 23
Des élèves mis en vedette… 
                                             …et d’autres

article 24
L’autorité est-elle un don ?

article 25
Les OLYMPIADES de MATH

article 26
Quelques membres du personnel

article 27
Davantage des copains que des collègues

article 28
Une carrière plane?
Quelques années plus tard

article 29
Et pourtant

article 30
COJEREM

article 31
Le complexe du régent

article 32
Les excursions

article 33
La vache et le bouc émissaire
Quel gâchis !

article 34
De grands événements en 1984 et 1986

article 35
Le corps professoral de 1987 vu par
  le petit bout de la lorgnette
Les rhétos de 1987 ont déjà 20 ans

article 36
1988 et 1989 : années fertiles
1. Val-Dieu

article 37
2. Des nouvelles vocations
3. Des anciennes vocations

article 38
4. La grande famille bouge

article 39
5. Une école primaire en plus
6. Premier voyage en Angleterre
7. Erich Alard rejoint le père Fafchamps
8. Au revoir M.Dechêne
9. La chute du mur de Berlin

article 40
1990-1991 : l'Ecole secouée
1. Trois recteurs
2. Le maître de musique
3. Une autre caricature
4. Les grèves de 1990
5. Un nouvel Icare

article 41
5. Des examens malgré tout
6. Copernic

article 42
7. Essayez l’ignorance
8. Jacques Buyle est irremplaçable
9. Deux frères et un guide 

article 43
10. Les anniversaires ignatiens
11. Organigramme de SFX
12. Le n° 100 de La Toque Anciens
13. Censuré par La Toque ou plutôt oublié?

article 44

Les balades de Raymond Gaillard

article 45
Mes inspections
1. Avant tout
2. Inspecté par deux frères
3. Becket, mon ami
4. L'exigeant M. Sart

article 46
5. Défi relevé 
6. Une diocésaine 
7. Deux inspectrices 
8. Maggy l'unique 

article 47
Le petit Fabry 

article 48
1992 : année de transition
1. Les bonus
2. De l'histoire en math
3.  SFX sans frontières
4. Le 269e
5. Où en est le club de basket ?
6. Une classe de  4e mémorable
7. L'exhibitionniste
 

article 49
1993: disparition des meilleurs
 1. Une personnalité du Collège
  2. Une maman dénonce sa fille 
3. Une bien triste Saint-Ignace

article 50
4. Beauduin (pas Baudouin!), triste sire
5. SFX en projet

article 51
6. CPA 
7. Retour de  l'éducation sexuelle?  
8. L'ange déchu 

article 52
9. Projet Montagne
10. JMC: la modestie du héros 
11. Quelques nouvelles en bref 

article 53
Mécontentement  des profs de maths
1. Nouvelle donne dans le Rénové
2. C'était trop simple 
3. Au tour du latin et du grec?
4. De l'orientation vécue

article 54
1994 : année faste
1. Le nombre d'échecs : une obsession
2. Le grec dans nos Cités

article 55
3. Les derniers arrivés 

article 56
4. Depuis 150 ans à Verviers
5. Mission des membres de la Communauté jésuite
6. Une pluie de prix

article 57
7. Quinquagénaires 

article 58
8. Berné en délibé 
9. Le carême

 

                                                                                                                               

                             Titres    

     articles

 

 

1995: ça bouge

59

1.Mgr Gaillot viendra à Verviers

59 

2. La 100e balade

60 

3. Départ de Joseph Cravatte

61 

4.SFX brille à nouveau

62 

5. Mariez-vous!

62 

6. Décès de M.De Donder

62 (suite)

7. Le Primaire change de chef

62 (suite)

 

 

1996 : année tragique

63

1. Julie et Mélissa

63 

2. Presque des faits divers

64

3. Grèves: c'est  reparti

65

4. Un conflit inutilement long

             66 

5. Le Collège au ralenti

 67 

6. Le recteur et le Sacré-Coeur

 68 

7. Courage, fuyons

 68 

8. Six départs d'un coup

             69 

9. Marcel, Jacques et les autres

 70 

 

 

Publicités et camps de montagne

             71

 

 

1997 : réformes de structures

72 

1. Le Zaïre redevient Congo

72

                    2. Le nouveau Préfet d'Education

72

3. Changement de Recteur

72

4. Le père Monfils

73

5. Révolution de palais 

74 

6. Le conseil de participation 

74 

7. Petite histoire des règlements

75

8. Petite histoire des   
règlements (suite)

76

9. Lily

77

10. Question de motivation

78

11. Un surveillant se lâche

79

12. Sous-directeur intérimaire

79

 

 

            Ma gym au XXe siècle     

80

1. La culture physique

80

2. L'éducation physique

80

3. Jean-Pierre Dumont

80

4. Un nid d'anciens

81

5. Brosseuses et brosseurs

81

6. Triathlon

81

7. Les journées sportives

82

8. Le défi montagne

82

9. Succès sportifs

83

10. Et les autres collègues?

83

 

 

1998 : année du coeur

84

1. Le père Dedeur s'en va

84

2. Démolition du Sacré-Coeur

84

3. La journée pédagogique du 5 mars 1998

85

4.  Mon remplaçant? Plus handicapé que moi

85

5. Réunions pédagogiques à répétition

86

6. Principale de terminale

87

7. Quelques nouveautés

87

 

 

RETRAITES DE 4e

88

1. Ayrifagne

88

2. Embourg

89

3. Poverello (Banneux) 1995-1999

89

 

 

1999-2000 

90

1. Reprise difficile 

90

2. Les derniers des Mohicans

90

3. Ma première 5e

91

4. Quelques vocations locales

91

5. Les nuits du passage

92

6. Retraite à Anvers

93

7. Pas de panique

93

 

 

LES LANGUES   GERMANIQUES

94

1.Les profs avant 1968

94

2.Evolution des horaires

94

3. Les échanges linguistiques

94

 

 

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 14:12

 

 

5. Ma dernière Saint-Nicolas

 

Dans sa dernière lettre aux élèves de 6e, datée du 21 novembre 2000, le directeur demande un spectacle «cohérent, amusant, intelligent MAIS qui respecte les personnes, professeurs/éducateurs et élèves…». Avant ce souhait, Jean-Marie Delobel énumère une série impressionnante d’interdictions, résultat d’expériences décevantes sinon révoltantes. Je relève par exemple qu’il met le holà aux boissons alcoolisées, pétards, fusées, farine, œufs et spectateurs étrangers (essentiellement des anciens rhétos qui ne venaient que pour chahuter les nouveaux). Nous applaudissons tous chaleureusement.

Si j’étais encore là, je redemanderais aux responsables de la Sécurité de ne plus couper l’alarme qui relie directement le Centre scolaire aux pompiers. Je me demande si ma première intervention avait été suivie d’effet. C’est pourtant fondamental: même si le nombre d’enseignants présents est important, cette activité est sans doute la plus risquée de l’année scolaire.2004-60-ans-Leroy-et-Albert.jpg


 

Grâce à Gilles Leroy (Rh. 2005) – revu avec plaisir à l’occasion –, je découvre une préparation minutieuse et des vidéos prêtes à l’emploi pour cette fête de fin 2004. Ma mémoire, pourtant très défaillante en l’occurrence, me remet instantanément dans le fauteuil du Centre, dans le fond à droite. Je revois la salle remplie d’élèves surexcités, non: chauds…
En fait, ce sont les intermèdes musicaux qu’ils préfèrent. Dès que les premières notes de ces morceaux à la mode retentissent, ils se lèvent tous comme un seul homme et se mettent à balancer leurs bras levés, la figure hilare ou transcendée par un plaisir sublime: ils n’entrent pas en transe, mais n’en sont pas loin... Les plus sportifs ajoutent à cette chorégraphie un joyeux sautillement censé respecter le rythme de la musique. Cette gestuelle n’est pas improvisée, mais manque de coordination pour que ce soit esthétique. En réalité, il n’y a pas de quoi étonner le téléspectateur moyen.

Oui, mais dans la salle du Centre, ça vous prend aux tripes. Je suis littéralement envahi par la brusque et unanime explosion de joie de ces jeunes gens, encore assis calmement l’instant précédent: c’est comme la première vague d’un tsunami inattendu!
Pourquoi ai-je surtout retenu ces moments alors que presque tout le reste s’est effacé? Mystère. Ça ne devait pourtant pas être ma première expérience du genre. Mais je n’avais jamais réagi ainsi.
Je me revois encore, bien calé dans mon siège, la tête enfoncée dans les épaules, les yeux écarquillés, les mains croisées, les oreilles agressées et la boule à l’estomac. J’ai envie de sortir discrètement ou même de me sauver brusquement, mais le sens du devoir m’oblige à rester. Curieusement, je me sens subitement à l’étroit dans cette salle que j’ai fréquentée des dizaines de fois. Je n’ai plus du tout l’impression d’être dans mon école, chez les miens. Je suis totalement perdu au milieu de cette foule hurlante; écrasé, abandonné, minuscule, inutile… Que faire dans cette galère? au milieu de ce déluge? C’est dur, pour un prof, de ne plus être le maître!
Oui, il était temps de prendre ma
retraite. Je savais que j’avais vieilli – depuis le temps… –, mais pas que j’étais devenu vieux!
Aujourd’hui, bien à l’aise devant mon ordinateur, sans doute rajeuni de quelques années, je me reproche cette attitude… puérile! C’était le moment de me moquer de moi-même en adoptant leur posture, sûr d’amuser la galerie avec mon manque de souplesse et mes gestes maladroits. C’était l’instant où jamais d’abandonner mon costume de prof. 
 
Revenons sur scène, ou plutôt imaginons la scène à partir des documents en notre possession.
Tout commence par «Are you ready» de Blind: quel dommage, cette invasion anglo-américaine! Juste après, les présentateurs déboulent sur le plateau aux accents de «Eye of the tiger» (YouTube illustre ce morceau avec des combats de boxe entre Sylvester Stallone et d’abominables adversaires aux proportions effrayantes).  Stallone.jpg
Trois élèves
(Antoine Collart, Sandrine Briart et Virginie Karasavidis) sont ensuite appelés sur scène et déguisés en plantes vertes. Ils feront simplement partie du décor, arrosés toutes les 20 minutes!



 
2004-60-ans-Pitance.jpg
Les animateurs engagent la salle à chanter, comme il se doit, «
O grand saint Nicolas». Et c’est parti! Saint Nicolas, alias Nicolas Pitance (frère de Benoît, grand saint d’une précédente édition!), déboule sur scène à moto! Malgré cette arrivée fracassante, il n’a pas son air rassurant habituel. Il explique qu’un ancien roi mérovingien (dit le Méro), enterré sous nos pieds depuis des siècles, n’a pas apprécié que l’on profane sa tombe pour ériger les fondations de notre école en 1854. Il s’était déjà manifesté à l’époque sous forme de fantôme, harcelant les premiers pensionnaires de notre institut. Par bonheur, un chevalier au cœur vaillant, le frère Eustache, avait relevé le gant. Et sa méthode imparable était consignée dans un grimoire, blotti paraît-il en lieu sûr, malheureusement oublié de tous.

Une vidéo, datant sans doute de l’époque (!), montre le
frère Eustache-Dejong en train de relire à haute voix l’histoire de son coup fumeux. En regardant cette intervention solennelle de Philippe Dejong, revêtu d’un froc blanc pour l’occasion, je repense au discours emphatique, largement dramatisé, du président Charles de Gaulle, après le putsch d’Alger d’avril 1961. Ayant remis pour l’occasion sa tenue de général des armées, je viens de le revoir sur YouTube lancer à travers les ondes: «Au nom de la France, j’ordonne que tous les moyens, je dis: tous les moyens, soient employés partout pour barrer la route à ces hommes-là, en attendant de les réduire.»

Le frère Philippe-Eustache ne lui doit rien au moment de déclamer le discours  suivant:
Mes batailles ont été sanglantes et acharnées,
Mais elles étaient indispensables
[Défait], l’ennemi a promis de se venger
Alors, moi, frère Eustache, qui suis le seul survivant,
Je vais vous enseigner le moyen de le vaincre
Comme je l’ai vaincu en cette année de grâce 1854.
La marche à suivre est tout autre
Que tous vos produits, tous vos subterfuges sophistiqués.
Mais vous verrez,
Je vais vous enseigner comment vaincre cet ennemi
Je l’écris ici dans ce grimoire. Point!


 

Les spectateurs découvrent alors sur le grand écran la traque dans les couloirs du Collège. Elle est menée par François Hallut, assisté de deux lieutenants très remontés: sus au Méro!
Ils tâchent d’abattre ce spectre en lui jetant une poubelle dans les jambes: il tombe pour la première fois, mais se relève. Hallut Fr 2004





Jaminet-2004.jpgAu moment où, en pleine course, le revenant va passer devant la porte de l’ascenseur, celle-ci s’ouvre brusquement et notre fantôme la prend en pleine poire: il tombe pour la seconde fois. Le Méro est K.O. Le préfet de discipline, Eric Jaminet, auteur de cette agression involontaire, crie machinalement: «On ne peut pas courir dans les couloirs!» et poursuit son chemin sans jeter le moindre coup d’œil à la victime allongée piteusement sur le sol. Autrement, il aurait peut-être dit instinctivement: «Relève la tête, fier Sicambre!»…
dejongle
janssen rac

 

 

 

Le combat n’est pas terminé. On aperçoit le Méro reprenant ses esprits, assis sur un banc devant la salle de jeu, une Jup à la main…
Heureusement, Nadia Pirard, d’abord horrifiée par l’apparition du Méro dans le miroir des toilettes où elle se remaquille, réussit à se sauver de ses griffes et, bien aidée par une discrète copine, à dénicher le fameux grimoire dans la bibliothèque. Le public est conquis, la salle exulte (enfin, je l’imagine).
Nous sommes sauvés.

2004-60-ans-5-filles.jpg
 
On entend alors Eustache égrener sous forme de commandements, rimes comprises, sa méthode imparable. Chacun de ces curieux préceptes (imagination, quand tu nous tiens!) sera repris pour introduire le «jeu» suivant, présenté en vrai et non plus sur écran. Le principe est immuable: faire venir sur scène des profs et des élèves plus ou moins consentants et les ridiculiser devant tout le monde. Je note en passant que la complicité entre rhétos et professeurs est étonnante, je dirais même inimaginable pour un spectateur étranger. Les enseignants du Collège, du moins ceux qui sont appelés à s’exhiber sur les planches – je note pour cette année-ci Jean-Marie Merken, Hotermans 2003Patricia Hotermans, Manu Chaumont, Gérard Lemin, Louis Bernard Koch, Dominique Jeangette, Bénédicte Winandy et Cédric Schmetz – lemiin (Large)sont admirables. Certains diront peut-être naïfs. Mais n’est-ce pas le prix à payer pour la réussite de l’événement? La seule question que je me pose, c’est de savoir jusqu’où ils iront pour amuser la jeunesse. Je disais parfois par boutade (mais c’était surtout à la fancy-fair que je pensais) qu’on en arriverait à montrer un strip-tease… Mais je ne pensais pas aux profs à ce moment-là, ou pas encore…
Revenons aux choses «sérieuses». Je note en italique les fameux commandements de notre cher Frère. Préalablement, Jasmine Reinartz (5D) sera convoquée sur scène pour devenir une potiche, comme on en voit systématiquement dans les jeux télévisés (toujours une jolie fille, bien entendu). Son seul travail sera d’apporter les indices-parchemins aux 2004 5D Reinartzprésentateurs. Pour son malheur, elle sera affublée d’une tenue de plongée enfilée par-dessus ses habits. L’heure est à la glorification de la nature, pas encore au naturisme…

Merken gala 2005


1. Ta condition physique tu entretiendras

Pour le cycle inférieur, on appelle deux professeurs sportifs: Patricia Hotermans et Jean-Marie Merken. Ils sont priés de faire une course sur des vélos d’appartement. Le dernier (selon quels critères?), Merken, aura la surprise de recevoir, de la part du père Fouettard, une assiette de crème fraîche en pleine figure! Jean-Marie, mon voisin à Lambermont, m’a confirmé cet épilogue: «J’ai été pris par surprise, le coupable, Gilles Leroy (qui ne s’en souvient pas vraiment!), se tenait derrière moi.» Beau joueur (heureusement pour Gilles!) malgré tout, Jean-Marie se rappelle avoir humé toute l’après-midi une odeur de beurre rance (sans doute caché dans sa moustache…). Plutôt que de la crème fraîche, il a conseillé de prendre à l’avenir de la crème à raser. Le message est passé. 

 

2. Tes compagnons tu amuseras

Trois garnements sont chargés de raconter une blague au micro. Le plus nul subira l’épreuve de la tarte à la crème. En fait, ils seront classés ex æquo. Donc…          Gill

 

3. Aux questions tu répondras

Voici in extenso le texte du projet: «Sept élèves arrivent sur scène, et restent debout. On leur bande les yeux. Derrière eux, des rhétos (Becco, Viatour, Scius, Lolos…) ont un sceau (sic) rempli de trucs dégueux (mousse à raser, crème fraîche, ketchup, vinaigre…). Les présentateurs posent des questions aux élèves. A chaque mauvaise réponse, le sceau (resic) leur tombe sur la gueule :o)»
Non, on ne fait pas dans la dentelle.


 

4. Ta peur tu surmonteras
Epreuve réservée aux 10 redoublants de 5e. On continue dans la nourriture repoussante ou pour animaux. 

 

5. L’ennemi tu flatteras
On adjoint un élève à chaque prof appelé. Ces nouveaux couples doivent improviser un éloge poétique à l’intention du Mérovingien, présent de corps et d’esprit. Méro décidera souverainement du couple devant subir l’attaque pâtissière. 

 

6. A la mode tu t’habilleras

Les nominés sont les «retenus du lendemain». Ils sont d’abord emmenés en coulisse où on les habille d’une façon ringarde. Ils apparaissent ainsi vêtus pour le plus grand bonheur des spectateurs. Sur les murs de la salle sont accrochés des vêtements variés. Nos guignols ont alors le temps d’une chanson (d’un tube) pour se rhabiller au mieux, sexy de préférence. Je crois me souvenir que les moins élégants paieront le tarif habituel.  

 

J’arrête l’énumération de ces jeux plus ou moins amusants. Les autres sont du même tonneau. Ils se terminent tous par l’entartage public, pratique médiatisée inaugurée par le Belge Noël Godin dit Le Gloupier. Les victimes les plus célèbres de ces chevaliers du ridicule sont Bernard-Henri Lévy (à 7 reprises!), Bill Gates, Elio Di Rupo, Maurice Béjart, Nicolas Sarkozy, Patrick Bruel, Patrick Poivre d’Arvor, Jean-Pierre Chevènement et Ségolène Royal.

L’agression pâtissière a remplacé la violence verbale: c’est un progrès incontestable. C’est bizarre comme les adolescents aiment les films violents et les films d’horreur. Notez que ce dernier ingrédient a reçu une consécration inattendue avec la fameuse fête d’Halloween, réimportée d’outre-Atlantique après avoir été vidée de son sens initial irlandais. J’espère que cette mode essentiellement commerciale disparaîtra vite de notre Vieux Continent.

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                                                    gof

 


Une autre séquence, filmée en caméra cachée, montre comment un jeune surveillant, Serge Rouwette en l’occurrence, qui n’a ce jour-là qu’un garçon (dont j’ignore le nom) à surveiller, se fait tirer en bouteille par ce comédien hors pair: du grand art!sur (Large)


 

Bien entendu, on n’échappe pas à la traditionnelle série de dias – due à l’imagination fertile du grand Bertrand Lebecque. Je montre tout au long du présent article les photos des profs concernés. Comme je ne connais pas l’extrait de chanson destiné à chacun, l’effet comique est inexistant ou presque. Je vous laisse le soin de reconnaître vos anciens maîtres…

                                                       Lebecque 2003

                                                             2004-60-ans-Hardy.jpg

 

 

 


                                                  Leysten Laura t

Ce même Bertrand (dit Aralas) remercie ses collaborateurs: Laura Leysten, Benjamin Jacot, Sophie Chaumont, Steve Scius, Yohann Lolos, Charlotte Bontemps, Xavier Albert et Xavier Hardy.

 

Le reste ne se raconte pas, ça doit se voir et se vivre dans l’ambiance très particulière du dernier vendredi après-midi avant les examens de Noël.

 

Ah oui! J’oubliais: le rideau se ferme au moment où le Méro, ou son fantôme – allez savoir! –, se bat avec l’invincible saint Nicolas…
 

Il paraît que cette représentation de 2004 était un bon cru.

Allez, à votre santé!

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 11:59

 

4. La parole est aux Anciens

J’ai reçu quelques témoignages écrits d’Anciens que j’avais sollicités. Je ne résiste pas au plaisir de vous en donner la substantifique moelle.

Je commence par une anecdote de Vincent Maraite (Rh.1988):Maraite V

Si mes souvenirs sont bons, en 1987, j’exécutais des sketches raccord avec comme fil rouge le boxeur ROCKY et pour le déguisement j’avais retourné ciel et terre pour rocky-iv-1985-13-gdénicher le short de boxe aux couleurs américaines comme dans le film! Finalement, le magasin ROUDELET SPORT [publicité gratuite] me l'avait gracieusement prêté à ma grande… excitation!

 

Evelyne Favart (Rh. 1992): En fait je n’ai pas de souvenirs très précis, si ce n’est que nous étions super fiers en tant que Rhétos

                                     Favart Evelynen

d’avoir en charge la préparation de cette fête. Je me rappelle d’un reportage sur les vestes Millet, «uniforme» du collège tellement elles étaient répandues!

C’est d’ailleurs à cette époque qu’on avait lancé la rumeur qu’il existait chez nous un «club des 20.000», une prétendue association d’élèves dont la préoccupation essentielle était de toujours porter sur soi des vêtements pour au moins 20.000 FB! Pas vraiment une bonne publicité. Malgré diverses enquêtes, on n’a jamais su si c’était autre chose qu’une rumeur.

 

                                                     Geortay Thérèse

 

Je ne me souviens pas, dit Thérèse Geortay (Rh. 1991), de la fête de Saint-Nicolas de notre promotion et je me demande s'il y en a eu une [non!]. C’était l’époque des grèves et mes 5e et 6e ont été fort perturbées. Par contre, je me souviens de la Saint-Nicolas de mon frère François [en 1987]. Ils avaient fait une série de spots publicitaires dont un sur les plats surgelés «Bistro dîner» d’Igloo qui mettait en scène René Trokay: «Bistro dîner, bistro René». Un autre spot pour Pampers, je crois, avec des profs en couches-culottes. Je pense que vous étiez dedans!

                          Couches-pour-bebe.jpg

Effectivement, Thérèse, je me revois aux côtés de Jean-Luc Goffin et d'un troisième homme, tous logés à la même enseigne, en train de pasticher une célèbre publicité télévisuelle où des bébés montraient toute leur joie d’être ainsi culottés. Oui, nous étions aussi peu habillés qu’eux, et tous les élèves nous ont vus dans ce simple appareil sur grand écran! Non, nous n’étions pas gênés, mais franchement amusés.




Voilà la preuve que les profs étaient partie prenante dans ce défoulement collectif, très loin de l’image de marque qu’on donne trop souvent à notre école.
 Thonnard Myriam 85-86 3 A                Pom-Pom-Pom
En 1988, Nathalie Leveaux était déguisée en Pompom Girl. Cette idée venait d’une étudiante d’échange américaine. Elle était accompagnée de Myriam Thonnard et d’Estelle De Poerck. Ces

 

                               Levaux Nathalie

filles encadraient de près et servaient avec empressement saint Nicolas. Nathalie (photo de gauche) n’a malheureusement pas de photo de cet événement, mais elle estime finalement que c’est peut-être mieux ainsi…





Arnaud Charlier (Rh. 1997) – dommage que la photo                                                   Charlier n
soit floue! – est sans doute celui qui a le plus approfondi la question.


La force du Collège en la matière est d’avoir su créer une tradition où, le temps d’une après-midi, les rhétos avaient le droit de régler leurs comptes avec leurs 
«tortionnaires» et condisciples, souvent de manière subtile, parfois un peu moins. Tout ceci avec la bénédiction de la direction laissant une grande latitude aux étudiants tant sur le contenu que sur la forme. Cela permettait également d’offrir un spectacle bon marché aux années inférieures et de canaliser les étudiants à l’intérieur de l’enceinte en évitant bon nombre de débordements. Au début, les premières et deuxièmes allaient voir un film au cinéma en lieu et place du spectacle [quelle frustration!]. Ce n’est que vers 1996 qu’une représentation leur sera dédiée le matin.
Dans ce spectacle, je retiens entre autres la très célèbre séquence «dias» qui consistait à faire défiler une série de photos de profs et d’élèves, accompagnée de musique pour faire contrepoint avec la situation ou la victime. Souvent très drôle.

Oui les professeurs savent rire d’eux-mêmes et acceptent la moquerie le temps de quelques heures.

Il y avait également toute sorte de séquences vidéos, comme de fausses publicités où gentiment certains professeurs ou directeurs devenaient star d’un jour. J’ai eu la chance de pouvoir réaliser plusieurs séquences pour mon année.

Sur scène des sketches, des chansons animaient l’après-midi. Des challenges dans lesquels s’affrontaient profs et élèves venaient pimenter le débat. Comme par hasard, les protagonistes n’avaient pas vraiment d’affinités. Ils devaient Dejong--Philippe-en-93.jpgparfois faire une course autour de la salle [confirmation de Philippe Dejong] Dethier-Eric-2003.jpgdont le concurrent pour cette finale «olympique» était Eric Dethier. Philippe a eu la peur de sa vie, m’a-t-il certifié, littéralement enfoncé dans une charrette du Delhaize conduite à fond de train par un élève surexcité] ou encore lire un dialogue de schtroumpfs la gorge gonflée d’hélium. Parfois pire… collaborer pour réaliser le défi, façon «team building».

Il y avait encore la remise de prix: les profs les plus sexys, les plus sympas… tout ceci dans une ambiance bon enfant, ou de temps en temps chauffée à blanc par les anciens rhétos présents au balcon, venus pour régler leurs comptes sans risque d’en payer les conséquences [véritable calamité dont le staff de direction n’a réussi à se débarrasser qu’en fermant toutes les issues du Collège et en patrouillant tout l’après-midi du vendredi]. A ma connaissance et dans les années que j’ai vécues au Collège, il n’y a jamais eu de véritable débordement.

Saint Nicolas, quant à lui, n’était pas en reste. Habituellement haut perché (le costume de saint Nicolas était souvent endossé par le rhéto le plus grand, trop grand pour le costume, lui donnant un air complètement décalé), ses entrées étaient en général fracassantes: en rappel du haut de la salle du Centre, à mobylette, ou sorti tout droit de son cercueil...

Ce dernier pouvait encore jouer de la guitare électrique dans un groupe rock ou gentiment railler l’un ou l’autre élève pour ses derniers exploits non recommandables. Si mes souvenirs sont bons, il avait également le pouvoir de supprimer les heures de retenue accumulées la semaine.

Le spectacle terminé, dans une ambiance électrique on remontait en classe pour y découvrir des mandarines et bonbons déposés avec bienveillance par notre saint Nicolas de titulaire. La quantité déposée correspondait-elle à l’attachement du professeur pour ses élèves, ou alors simplement s’agissait-il d’une façon d’acheter notre sympathie?

Même si le spectacle était improvisé, souvent chaotique et parfois de mauvaise qualité, cette après-midi était très appréciée par les élèves. Je pense qu’il en était de même pour les professeurs, car chaque année bon nombre d’entre eux se prêtaient volontiers au jeu.

Aussi étrange que cela puisse paraître, cet événement symbolise pour moi l’esprit du Collège par la liberté et l’autonomie laissées aux étudiants. Je m’explique. Le Collège est réputé pour son Gospel ou encore sa fancy-fair dans lesquels les élèves sont encouragés à prendre des initiatives et à participer activement, que ce soit pour le support technique et logistique ou pour l’apport artistique.
Ayant participé à la réalisation de deux Saint-Nicolas (en 5e pour le support technique, ensuite en tant que rhéto accompli), j’ai pu voir des dizaines d’élèves prendre des initiatives constructives, s’organiser, travailler plusieurs heures, se motiver, se réunir autour d’un projet, sans aucun encadrement de professeurs, pour finalement le mener à bien.

Le résultat final de ces événements n’est bien entendu pas comparable, mais ils permettent au même titre de développer la prise de responsabilité, l’autonomie et l’investissement qui sont autant de qualités nécessaires dans la vie professionnelle.

La beuverie en ville avait bien peu d’importance par rapport au plaisir de mener à bien ce projet après plusieurs jours de travail.

 

Benoît Pitance (Rh. 2000): J'ai eu la chance d'être saint Nicolas lors                                                       Pitance Benoit 142xx

du spectacle des rhétos en décembre 1999. Je dois bien avouer m’y être beaucoup amusé.
Jean-Philippe Humblet affronte la difficile tâche de présentateur dont il se sort très honorablemen [mieux que cela, je dirais même qu’il était épatant, je ne lui connaissais pas ce punch]. Gaëlle Demez, avec son énergie légendaire, était à la manœuvre.
Je pense qu'un des grands moments de cette belle édition a été incontestablement les montages photos et vidéo que Gaétan Guyot avait concoctés.
Comme anecdote, nous avions pour projet de raser la barbe de J.-F. Jamotton sur la scène. Nous nous en étions évidemment ouverts auprès de lui préalablement. Après un accueil favorable, il a fini par refuser après quelques nuits de sommeil et, à mon avis, quelques discussions  conjugales.


Il y a bien longtemps, finalement...

 
Je sais que cette année-là, les rhétoriciennes nous avaient offert un très plaisant ballet. C’était en général un régal de voir évoluer ces filles légères et court vêtues se déplaçant à petits pas sur une chorégraphie soignée et une musique entraînante. Je vous assure qu’en ces instants, nous ne boudions pas notre plaisir. La foule applaudissait à tout rompre.
ballet

                      (ceci est un rêve et non une photo prise sur le vif...)
 


D'après Thomas Lambiet, Mehdi Mehari (Rh.2006) réussit un exploit "historique" sans le vouloir: il est le premier Arabe (son père est algérien) à se travestir en saint Nicolas au Collège!

                                       Merahi Mehdi 2004 5D re

Ce même jeune homme garçon très sympathique à l'allure nonchalante a, pour moi, un autre titre de gloire: c'est le dernier de mes élèves de 5e maths fortes à avoir décroché la première place à un de mes examens.


Les Saint-Nicolas, c’est un peu comme le vin, il arrive que l’on sorte un grand cru, mais c’est exceptionnel. Le défi est énorme, reconnaissons-le. Amuser durant deux heures de cours (100 minutes) des élèves de 12-14 ans, puis recommencer l’après-midi pour des adolescents de 15-17 ans, ça relève de l’exploit, surtout pour des jeunes gens inexpérimentés. Je crois depuis longtemps qu’on devrait raccourcir la durée de ces représentations. Ce serait bénéfique pour tout le monde.

Nous avons connu certaines années où l’objectif louable – distraire les plus jeunes par un spectacle de bon goût –  avait été perdu de vue, voire carrément ignoré. Manifestement, les rhétos voulaient surtout s’amuser entre eux sans trop se soucier des spectateurs. Je suppose que les titulaires de 6e ont tâché de recadrer leurs ouailles. On a retrouvé un peu plus d’altruisme dans les dernières années de ma présence au Collège.

 

Mon plus mauvais souvenir date du jour (fin des années 1980) où une jeune fille fut ridiculisée devant tout le Collège, diapositive et chanson à l’appui, pour la seule raison qu’elle était corpulente: une véritable agression psychologique. J’étais gêné, honteux d’être éducateur dans cet établissement, dans mon école. Et que faire pour rattraper cette gaffe monumentale? Dans ces cas-là, le mal fait est irréparable. Elle a changé d’école l’année suivante.
Connaissant bien sa famille, je sais que cette Ancienne est devenue artiste lyrique et semble tout à fait épanouie. Le temps a donc fait son œuvre salvatrice.   
 

Ce qui est curieux, c’est que chaque classe de Rhéto a tendance à penser que «sa» St-Nicolas est et restera la meilleure de tous les temps...                    VDH-150.jpg
L’anecdote suivante, envoyée par Joseph van der Hoeven, professeur d’allemand et de néerlandais, est éclairante à plus d’un titre.
Tu te rappelles sans doute que le 30 novembre 2001, la Saint-Nicolas a été annulée suite au décès tragique d’une élève de 5e la veille ou l’avant-veille. Peu de temps après l'annonce de cette nouvelle, j’avais cours en rhéto. Il était évidemment inutile d’essayer de faire du néerlandais dans ces conditions et j’ai passé ces 50’ à discuter avec eux et à essayer de les convaincre du bien-fondé de la décision de la direction. Je leur ai expliqué que moi aussi j’aurais trouvé tout à fait indécent que la fête continue alors que leur camarade n’était même pas encore enterrée. Mais les avis étaient partagés et une élève était particulièrement affectée, révoltée même, en larmes, non pas à cause du décès... mais parce que la fête qu’elle avait préparée avec autant de cœur était supprimée!

 

 

                                                          Jacquet 1919 1364274 n

 

 

En 2002, les présentateurs sont Gilles Laguesse                                                         Laguesse 279 1053684 6073
et Claire Hennen. Un petit film montrait la prise d’otages par un saint Nicolas miniature (Bertrand Jacquet) et ses sbires d’une série d’enseignants coincés dans la salle des profs. Une télé-réalité à la sauce locale.Je tiens cette information du grand Barthélemy Houben, inséparable copain de Bertrand.
                                 5E 2001 B Houben

Saint Nicolas, ajoute Gilles, exigeait la suppression de toutes les heures de retenue du prochain week-end.
A chaque tour, sur le modèle de Koh-Lanta ou du Maillon faible, les professeurs pris en otage devaient éliminer l’un des leurs.

 

                                Brecht-Anne-pascale.jpg

 

 

 

 

 

Il y avait là J.-F. Jamotton, J. Janssen, J. Gillot, A.-P. Brecht et M.-F. Dethier (Mme Ramaekers) et peut-être d’autres. 

                                                       Dethier-Ramak-MF-2004.jpg                                                                                                                                    Jamotton 2004

Systématiquement, Gillot votait «Janssen» avec un rire de
                                      Gillot-2004.jpg

 

 

psychopathe que je n’oublierai jamais.






En fait, Jean Gillot me désignait à chaque étape comme maillon faible, qualifiant son acharnement de «vieille vengeance»: réplique qui est restée culte auprès des étudiants, précise Christophe Javaux.
 

Gilles reprend: Tu [il s’adresse à moi] seras au final éliminé parce que tu auras commis l’erreur («de concentration», nous diras-tu, «le stress») de voter contre toi-même.
Les étudiants et saint Nicolas te rendront hommage en chantant cette 
                                                            Javaux Chris 2002

chansonnette que tout étudiant que tu as eu associe à toi pour le reste de sa vie (j’en ai encore eu la preuve hier): «Le carré d’l’hypoténuse, est égal si je n’m’abuse...»

 

 

Une ancienne élève insiste aussi sur l’aspect beuverie de ces journées, pratique que nous n’avons jamais cautionnée – faut-il le dire? – et qui n’est pas l’apanage de nos élèves.

La Saint-Nicolas, c’est le jour de guindaille, c’est le jour où les rhétos pensent qu’ils sont les plus grands, les plus forts de l’école, c’est leur jour! Dès le matin, on fait la manche pour pouvoir aller acheter de l’alcool et ça marche, puis il y a le spectacle... le truc à ne pas rater où on peut se permettre de se moquer de tout le monde, même des profs et des élèves les plus snobs de l’école, de ceux qui ont fait des bêtises et puis la série de photos sur les musiques, c’est toujours super drôle.

Après on retourne en ville et on reboit, et cette année-là (1997), nous avions dormi à l’école, on avait occupé la salle ciné comme des clochards et on avait fait le mur le matin, mais ça je ne dois peut-être pas vous le raconter...
Bref, la Saint-Nicolas, ça se fête et ça ne s’oublie jamais....

 

                               Schoonbroodt-2005-gala.jpg

Voici un avis (très différent) de Marie-France Schoonbroodt, une de mes collègues:
J’ai pensé à ta demande mais n’ai, comme toi, pas vraiment de souvenirs «impérissables» des fêtes de Saint-Nicolas au Collège. En tant que jeune professeur, j’ai pu être parfois «charmée» par le fait d’être citée «positivement» dans un commentaire de photos ou d’être invitée à l’un ou l’autre concours de danse sur scène... Ceci dit, au bout de quelques années, on est conscient que ce sont les mêmes propos qui reviennent, les mêmes moqueries entre élèves, la même envie de faire «du bruit» tout simplement (y a pas de mal...). En salle des profs, il me semble qu’il n'a jamais été de bon ton de trouver le spectacle «intéressant». Le fameux: «C’est pire chaque année!» me revient en mémoire. Tu dis que ce qui se passe hors école ce jour-là n’est pas le Collège... Je n’en suis pas si sûre. Car les retours «éméchés» de certains élèves (les plus dociles, souvent, car ils n’ont pas l’habitude de boire...) furent parfois des moments d’anthologie dans la bouche de l’un ou l’autre préfet d’éducation: l’élève suppliait parfois (de manière très extravertie du fait de son état) l’adulte de ne pas faire venir ses parents...

                                    Loffet F
François Loffet m’a envoyé le texte qui suit: Notre fête de la Saint-Nicolas (novembre 2001) a été annulée en raison du suicide d'une condisciple. Je me souviens juste que les vidéos qui avaient été préparées ont été projetées vers le mois de mars aux élèves qui le désiraient sur le temps de midi.

Autrement, pour mes Saint-Nicolas en tant qu’animé, je me souviens surtout de l’excitation qui régnait en classe à la première heure de l’après-midi, en attendant que les rhétos viennent nous chercher pour le spectacle. Je me souviens aussi de caméras cachées et de certains sketches. Il y avait notamment un sketch vidéo sur les autorisations et les différentes cartes qu’il fallait avoir à l’école. Les rhétos avaient inventé toute une série de cartes fictives dont il fallait se munir. Par exemple, une carte pour aller aux toilettes, une pour pouvoir fumer, une autre pour le parking, encore une autre permettant d’avoir un cartable d’une certaine couleur, etc.

Plus concrètement, lorsque nous étions en 5e (en novembre 2000, avec M. Janssen comme titulaire), je me souviens que les rhétos avaient voulu nous piéger. Lors d’une interrogation, Mme Schoonbroodt (professeur de français) avait fait semblant de se sentir mal et nous avait dit: «Je vous fais confiance, ne trichez pas, je reviens dans quelques instants.» Nous avions flairé l’arnaque et avions rapidement fouillé la classe pour découvrir dans une boîte sur l’appui de fenêtre une caméra qui nous filmait. Nous avons pris la cassette puis avons regagné nos places comme si de rien n’était. Ensuite, Madame est revenue et 5 minutes plus tard, les mêmes rhétos entrent tout fiers pour reprendre leur caméra. Quand ils sont sur le point de partir, nous leur demandons juste s’ils avaient bien tout repris… et toute la classe a rigolé.

Lorsque j'étais en première (1995), il y avait eu une autre caméra cachée, mais celle-là avait marché. On voyait un élève de première, envoyé par un Rhéto, aller chercher quelque chose dans son casier. Au moment où l’élève ouvre le casier, des paquets de cigarettes tombent ainsi que quelques revues osées. La surprise de cet écolier va tourner au cauchemar: au même moment, le préfet Embrechts arrive. Celui-ci joue la surprise et emmène l’élève dans son bureau. Prenant les choses au sérieux, il téléphone aux parents du malheureux… Pas très drôle pour ce jeune garçon! Et pourtant, tous ses condisciples riaient de bon cœur…
J’ai retrouvé par hasard la victime de cette très mauvaise blague (honte à leurs auteurs!), dont je tais évidemment le nom. Il m’écrit en bref: 

Il s’agissait d’un casier rempli de livres pornographiques... Je devais aller chercher les bonbons des rhétos et voilà le gros piège évidemment et M. Embrechts arrive par-derrière pour me demander ce que je faisais. Il téléphone ensuite à mes parents pour m'expulser de l'école et je me mets à pleurer comme un petit enfant orphelin…

 

Il me reste à visionner un DVD gentiment offert par Gilles Leroy (Rh.2005) sur la fête de 2004. 



 

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 14:18

3. La guerre du feu

 

1985 marque un tournant. C’est la première fois que le Collège a des rhétoriciennes et c’est aussi la première fois qu’un film digne de ce nom est entièrement réalisé par nos élèves. L’entreprise est colossale. Tout sera organisé minutieusement par nos jeunes qui sélectionneront un casting comprenant 10 acteurs de premier plan, tous professeurs. Les professionnels se plaindront sûrement de quelques longueurs, mais l’histoire retiendra plutôt l’audace de ces jeunes gens.
Une star de l’époque, Jean Arnould, témoin au-dessus de tout soupçon, ne tarit pas d’éloges sur le sérieux de l’organisation. Le scénario était complètement écrit et chaque comédien l’avait reçu avec toutes les précisions qu’il pouvait espérer. Deux cadreurs filmaient les scènes, le repas de midi était assuré (chez les parents de François-Mathieu Winandy à Oneux) et le froid régnant sur le bois de Sohan, lieu du tournage, était partiellement compensé par un (comme on dit «j’ai bu un verre») petit péket bien de chez nous. C’est vrai que, pour certains, l’effet de ce breuvage ne fut pas négligeable en fin de tournage… 

En ce jour de la Toussaint 1985, le temps est clair, le sol est sec et les feuilles multicolores sont en train de quitter les arbres définitivement. Les conditions sont idéales pour la réalisation composée de Catherine Leroy, François-Mathieu et José-Benjamin Longrée, justement trois élèves que j’ai bien connus. La mise en scène est réglée par Xavier Boffing, Jean-Pierre Meessen, Daniel Meunier et Bernard Jacquemin (encore un de mes anciens). Quant au montage, il est l’œuvre d’Alain Lahaye. Ces renseignements sont de première main puisqu’ils proviennent de la cassette (assez abîmée) dudit film transmise justement par Jean Arnould. guerre du feu 1

Le scénario est inspiré de La Guerre du feu, film à succès réalisé par Jean-Jacques Annaud et sorti sur les écrans en 1981.D’ailleurs, nos jeunes ont repris intégralement le début de l’œuvre originale, où on voit des hominidés

(pratiquement des orangs-outans) se battre à coups d’énormes os.
Puis c’est la forêt de Sohan – «là où la main de l’homme n’avait jamais mis le pied». On vient de faire un bond de 20000 ans. Gros plan sur un arbre en ce bel automne: «On n’est plus à l’âge de la pierre, mais à l’âge de la feuille, c’est le feuillage!» Vous avez compris que le commentaire doit amuser le jeune public allant de 12 à 18 ans. guerre du feu 2
Le feu, élément magique vénéré mais redouté, devient l’objet de luttes pour la survie de l’espèce. Apparaissent enfin ces ancêtres de l’humanité dont la parenté avec la race actuelle est manifeste. En 20000 ans, non seulement les longs poils noirs ont disparu, mais le vêtement est plus qu’une ébauche. Fini les peaux de bêtes! On découvre même, furtivement, un short bleu mal caché par une veste défraîchie. Les chaussettes sont déjà à la mode, et même les baskets. Les mâles (disons les hommes) ont les cheveux soignés, sauf le personnage joué par Jean Gillot: sa perruque doit être d’époque! Mais les femmes sont nettement moins coquettes de ce côté-là, confirmation que le salon pour dames n’était pas encore inventé. Le langage n’a guère évolué: ce sont des cris simiesques dans lesquels domine la syllabe wou

Boldo guerre du feu 85

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est temps de parler des protagonistes de cette quête du feu. Le commentateur nous présente en passant la tribu des ALCOLICUS comprenant Williquetta (Jacqueline Boldo), l’australopithèque Erectus Constantus (Patrick Constant), l’homo Kupperus (Georges Kupper), aussi appelé l’homme de Nederlandertaal, les deux derniers de cette tribu sont le petit et le gros Magnon: Gil-lotus (Jean Gillot) et Amesse (Jean-Louis Hamès).Gil-Lotus 1985






Hames Amesse1982


En face, les SOBRIUS. Citons en premier lieu Longréa (Anne Longrée), compagne (je suppose que le mariage n’existait pas encore, ni le Pacs) de Fleuronus (Joseph Fléron). Les autres membres de cette tribu, un peu plus évoluée puisqu’ils ont réussi à conserver ce feu précieux, sont Arnoldus (Jean Arnould) et Embrettus (Dominique Embrechts).
La première scène nous montre les Alcolicus en pleine sieste, «qu’ils n’ont  pas méritée», précise le commentaire. La caméra s’attarde sur
les mouvements de ces corps agités sans doute par des cauchemars (se croyaient-ils Longréea 85. njpgattaqués par quelque carnivore affamé?). Mais Constantus, le premier réveillé, a l’air de flairer quelque chose. Son instinct le guide. Il presse le pas en s’aidant de ses mains. Il ne s’arrête qu’un instant pour manger une grande araignée plus appétissante que les autres. Un vent favorable pousse vers lui une fumée issue du camp des Sobrius. Eurêka! devrait-il se dire s’il était un peu plus évolué, ces sauvages ont réussi à garder le Kupperus 83 Nederlandertaalfeu! Vite, il retourne chez les siens et leur communique la bonne nouvelle par le téléphone arabe: ça consiste d’abord à les réveiller Arnouldus 83par quelques coups violents. Commentaire: «Il faut battre le fer tant qu’il est chaud et la chair autant qu’il le faut!»










C’est la mobilisation générale chez les Alcolicus. Sus aux Sobrius. Se déroule alors une longue scène de bagarres, une mêlée indescriptible, les coups partent dans tous les sens, ce sont encore des luttes à mains nues, quelques branches mortes exceptées. En wallon, on parlerait de troûlaie. La scène la plus intense – très bien filmée d’ailleurs – est celle du combat singulier entre les deux femelles (ou femmes, mais certainement pas dames…). Elles se roulent à terre en faisant voler les feuilles mortes, et se frappent, se tirent les cheveux, se mordent, se griffent… Quelle sauvagerie, quelle barbarie, quelle Fleuronus 87bestialité! Nous sommes encore très loin des Embrettus 83«précieuses ridicules».
Les Alcolicus réussissent à voler un peu de feu et à le ramener triomphalement dans leur clairière. Ils enlèvent en même temps Longréa (renommée probablement Sabina) dont ils ligotent les mains. Le petit Magnon est commis à sa garde, mais il en tombe amoureux: censure!
Surexcités, les Alcolicus vont chercher de l’eau avec une casserole (on n’est pas à un anachronisme près). Ils y ajoutent une substance connue d’eux seuls et font bouillir cette mixture pour obtenir un liquide aux vertus euphorisantes, d’où le nom de la tribu sans doute. Chacun se précipite alors sur cette potion magique dont l’effet le plus visible ressemble furieusement à celui de l’alcool de notre époque. «L’homme des cavernes est en passe de devenir l’homme des tavernes!»Constantus erectus 1986
Williquetta, juste avant de tomber de sommeil, renverse la casserole sur le feu, qui meurt définitivement!

Le réveil de cette tribu est dramatique: le temps glacial leur donne la tremblote. On a froid pour eux. Le feu est indispensable à la survie: on est reparti pour une nouvelle bagarre. Au cours de celle-ci, le grand Magnon glisse, tombe et son large postérieur étouffe le dernier foyer jalousement gardé par les Sobrius! Catastrophe! L’homo Gil-lotus court à toutes jambes: c’est sans doute l’origine de l’expression «avoir le feu au derrière». Au moment où il s’assied dans la rivière pour refroidir ses fesses, il éteint en même temps la dernière flamme vive, condamnant du même coup le genre préhumain à mourir de froid! C’est partout la désolation. Même plus de raison de se taper dessus. C’est l’origine de la guerre froide…guerre du feu le feu
Le film ne peut pas se terminer ainsi. Pour la troisième fois, on aperçoit les pas d’un homme élégant, en imperméable tout nouveau (sans doute de chez Marvan) avançant calmement dans ce bois de Sohan, l’attaché-case à la main. Maintenant, on l’aperçoit de pied en cap. C’est Louis Bernard Koch (LBK), encore plus raide que d’habitude. Sur un fond musical de circonstance («O grand saint Nicolas…»), LBK s’approche des sauvages, se penche vers le sol et, sans un mot (inutile de toute façon), allume un feu avec son… briquet.

 

Tout le monde est heureux. Merci saint Nicolas LBK! Générique.

P.S. En relisant mon texte (en ce jour de Pâques 2013), je m'aperçois que j'en ai un peu remis, comme on dit vulgairement... Ma passion l'a emporté sur la vérité historique; j'espère que vous me pardonnerez cetteKoch 1986 LBK exagération littéraire.

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 07:30

2. Le show

Jeangette sur facebook (en 2012)
En 1973 – d’après mes informateurs Dominique Jeangette (ci-dessus, mais en 2012) et Stephan Junker (Rh.1974) –, la Saint-Nicolas retrouve une st-nicolas-1979--DDD-avec-Jeukens.jpgdimension un peu perdue. En tout cas dans le secondaire. Notez qu’en primaire, ce n’est pas mal non plus. Henri Defawes s’y entendait pour surprendre son monde chaque année (voir Souvenirs 19 : «Un préfet du parascolaire»).

Comme jadis, les rhétos ont repris la responsabilité d’organiser une séance dans la salle du Centre pour amuser les autres élèves, tous les autres élèves du secondaire. Pour ce faire, l’autorité (le recteur Lefèbvre) décide que tout le Collège se retrouvera au Centre en dernière heure du vendredi précédant les examens.
Vous n’imaginez pas la difficulté de l'entreprise. C’est une véritable gageure. Deux classes différentes doivent donc se coordonner plus tard, ça ira jusqu'à 5 , se répartir la tâche, trouver des idées amusantes tant pour les petits que pour les grands, convenir des moments et des endroits pour les réunions, les répétitions, etc. Et ne pas trop laisser le titulaire de l'époque (le père Charlier, qui chapeautait les deux classes) dans l’ignorance.
Lors de cette animation, les rhétos représentent une salle de tribunal dont le juge est saint Nicolas. Le greffier, l’avocat général et l’avocat de la défense ont chacun une soutane en guise de robe, soutane qui n’est plus sortie de la garde-robe des jésuites "pourvoyeurs" depuis cinq ans environ. Les couvre-chefs des magistrats sont paraît-il authentiques. Ces accoutrements donnent la solennité nécessaire à l’exercice de la justice. Les effets de manches sont calculés, on s’y croirait. Les prévenus successifs, accusés du crime abominable d’irrespect à l’égard de la gent collégienne, sont jugés avec toute la rigueur nécessaire. Les réquisitoires sont implacables. Les sanctions tombent comme des couperets et les peines sont à exécuter sur-le-champ, pour la plus grande joie du nombreux public. C’est un magnifique spectacle que les élèves et les enseignants n’oublieront pas de sitôt.
Saint-Nicolas-Dedon-1973.jpg
Le plus connu des condamnés est M. Louis De Donder. Les rhétos l’avaient mis dans la confidence et lui avaient demandé d’interpréter, en guise de peine, un récit où il était question de «biquettes aux mamelles gonflées de lait». En son temps, il jouait ce morceau de littérature (probablement la traduction d’un passage des Bucoliques de Virgile) debout sur son bureau avec moult gesticulations. Le cliché ci-joint montre à suffisance l’énergie qu’il pouvait dégager dans de pareilles circonstances: ses pieds ne touchent même plus le sol!
Une autre photo, probablement de la même année, montre deux jeunes profs (Jean Gillot et moi) obligés d’exécuter un bras de fer sur la scène. Je ne me rappelle plus quelle en fut l’issue, en revanche, je suis sûr que nous n’avions pas répété. Oui, il arrivait déjà que les rhétos, sûrs de leur coup, demandent aux profs d’improviser.

Saint-Nic-73-bras-de-fer.jpg
Vers 1974-75, André Beaupain, suite à une épreuve manquée d’avance, au lieu de recevoir un bonnet d’âne, était affublé d’un casque à antennes pour suivre les leçons des extra-terrestres: cette photo existe, je revois encore la figure amusée d’André et ses mains jointes comme s’il demandait pardon. Cette année-là, le père Buyle est monté sur scène pour une de ses spécialités: l’imitation du dindon!
guerisseurs-philippins-2.jpg
Un autre témoin, Benoît Fonsny (Rh. 1980), se rappelle qu’on avait pris un de ses profs (probablement Joseph Ruwet) comme cobaye. Pour bien comprendre le gag, il faut savoir qu’à l’époque des «guérisseurs» philippins réussissaient, d’après la presse internationale, à opérer à mains nues des centaines voire des milliers de malades, arrivés d’Europe et d’Amérique par charters entiers. Ces pauvres gens, que la médecine traditionnelle avait condamnés sinon abandonnés, se raccrochaient au fol espoir venu des Philippines. Ces prétendus thaumaturges travaillaient entourés de «prêtres» et de fidèles priant ostensiblement pour que ces miracles à répétition continuent. L’opération était même gratuite, mais les assistants encourageaient le patient subitement «guéri» à soutenir généreusement l’œuvre miraculeuse. Il a fallu de nombreuses années pour s’apercevoir que tout cela n’était qu’une monumentale arnaque.


Or, voici Joseph Ruwet, allongé sur une table d’opération, confié aux mains expertes de ces chirurgiens hors normes. Ils s’affairent sur le corps de notre professeur souffrant et en ex traient théâtralement des déchets de boucherie (provenant d'un seau bien caché) puis des objets hétéroclites comme un réveil (Joseph n’arrivait pas toujours à l’heure) ou une chambre à air (il aimait le vélo). «Lève-toi et marche!», lui aurait ordonné le grand magicien, et notre JieR de se relever en pleine santé!
A.Muytjens, rencontré au marché ce samedi 9 juin 2012, confirme cette version.

Toujours en 1979 (je crois), on choisit l'élève le plus ancien du Collège (15 ans de présence alors qu'il n'existait pas encore de maternelles!) pour jouer le rôle de l'ami des enfants sages (voir ci-dessous la photo de Jean Magnée).saint nic17 Jean Magnée 1979 p t
Joseph van der Hoeven est sûr, lui, d’avoir dansé sur une musique orientale habillé en marchand de tapis: je n’ai malheureusement aucun cliché de l’événement.
Au cours des ans, la séquence la plus attendue par les élèves sera celle des diapositives. Elle consiste à lancer un extrait de chanson sur la diapositive d’un enseignant. Cela dure quelques secondes, le temps que chaque spectateur ait compris la relation comique ou satirique entre les deux, et puis on change de tête de pipe. L’occasion est trop belle, l’humour peut facilement devenir ironie ou même sarcasme, d’autant plus que la victime n’est pas préalablement consultée et que la censure n’existe pas, ou plutôt n’existait pas. Joseph vdH se souvient surtout du stress éprouvé chaque fois à l’approche de cette fameuse séance de diapositives.  «Mais je n’en ai jamais souffert, c’était toujours plutôt bon enfant», affirme-t-il. Je crois que vdH a eu de la chance, comme la plupart, mais quelques collègues n’en ont pas gardé un excellent souvenir. D’ailleurs, tout le corps professoral n’assistait pas à ces joyeusetés. Mettez-vous à la place du professeur qui découvre sa photo prise à l’improviste (donc une photo volée) accompagnée de la voix de Fernandel dans «On m’appelle Simplet, l’innocent du village…»: cas vécu. On a connu mieux, si j’ose dire.
A 18 ans, on peut facilement se monter le bourrichon: que ne ferait-on pas pour réussir un bon mot devant les copains? En outre, soyons indulgents, l’inexpérience dans ce genre d’exercice ne permet pas de bien mesurer l’effet amplificateur du grand écran et d’une salle bien garnie. J’ai gardé en mémoire l’une ou l’autre charge assez méchantes contre des collègues. Inutile d’en rajouter! Dans un contexte un peu différent j’ai fait les frais d’une moquerie gratuite – ou que j’ai pris pour telle. Heureusement, ça ne pouvait avoir aucune répercussion sur ma réputation. Le plus étonnant pour moi, c’est que cette raillerie semblait provenir d’un garçon (devenu célèbre entre-temps) avec lequel je n’avais jamais eu aucun rapport. Que devais-je faire? Ecraser évidemment. Et oublier: vous constatez en me lisant que je n’y suis pas parvenu, ça ne se commande pas. Et pardonner ? Bien sûr. Le prof incapable de pardonner à un adolescent doit changer de métier.

Je viens de lire un long message envoyé gentiment par Christophe Davenne Davenne-1991-4D.jpg(Rh. 1994). J’ai la preuve qu’il a une mémoire phénoménale. Je lui laisse volontiers la parole.  
 « Si mes souvenirs s'avèrent exacts, nous avons fêté la Saint-Nicolas en décembre 1993. Nous avions décidé de centrer la fête autour du concept de deux émissions télé qui cartonnaient à l'époque: Coucou c'est nous (Ch. Dechavanne) et Nulle part ailleurs (A. De Caunes). Bref, saint Nicolas était l'invité d'un talk show. C'est Alexandre Mauhin qui s'était déguisé et son arrivée fut fracassante.
Tout d'abord, nous avions fait croire à une interdiction par la direction de fêter saint Nicolas, prétextant des débordements alcooliques trop nombreux [confirmation de Jean-Philippe Jason]. Celle-ci serait donc remplacée par la pJason-Jean-Philippe-2008.jpgrojection d'un documentaire animalier. Je pense que le directeur s'était prêté au jeu en l'annonçant lui-même sur scène, sous les huées un peu forcées de l'auditoire.
La salle est plongée dans le noir, le documentaire (sur des lions) débute. Le public rigole moins, commençant à vraiment croire en l'annulation de la fête. Soudain, l'image se coupe et la musique du générique débute, un nuage de fumée envahit la scène, percé par une lumière mauve. Au moment où le générique s'emballe, saint Nicolas arrive au dessus du «plateau télé», se balançant tel Tarzan à une corde de rappel (et se faisant une grosse frayeur au passage, l'adrénaline l'ayant sans doute poussé à faire un énorme saut dans le vide). Ces images sont toujours très claires en moi.
Si je me souviens bien, les «présentateurs télé» étaient Jean-Philippe Jason et Antoine Grand (j'ai un doute sur ce dernier).
L'émission retraçait la vie mouvementée de ce saint Nicolas des temps modernes (parfois éméché et pas toujours sympathique avec les enfants... ) maniant beaucoup le second degré. Elle était entrecoupée par de fausses publicités et par de petits gags que nous avions tournés nous-mêmes (dans l'esprit des Snuls je pense).
Sur scène, un groupe jouait de courts extraits musicaux entre chaque séquence de l'émission. Je m'en souviens particulièrement bien car ce furent là mes premiers pas de musicien sur scène. Depuis, j'ai dû faire plus de 200 concerts (un comble, André Sauté m'avait conseillé d'arrêter la musique en 1ère secondaire). Un souvenir marquant pour moi qui jouais de la guitare depuis une grosse année. Je pense que Fabien Boniver était le batteur du groupe et Gauthier Detry l'autre guitariste.
J'ai le souvenir d'une fête très réussie et très bien préparée (beaucoup d'heures de répétition). Nous avions d'ailleurs reçu les félicitations de bon nombre de professeurs.
 
En 1990 –  je pense qu'à ce moment Vincent Flamant était en Rhéto les élèves jouaient le rôle d’enseignants du Collège se retrouvant coincés dans la salle des profs. Je me souviens d'un Gérard Lemin et d'une Anne Longrée particulièrement bien imités. Cela reste mon meilleur souvenir des Saint-Nicolas de Saint-François-Xavier.

Voici une autre anecdote, nettement moins drôle. Je crois qu'elle date de 1991. Des élèves et des professeurs, qui avaient connus quelques tensions, étaient invités à monter sur scène pour "régler" leurs comptes en public. Le but était clairement de profiter de cette occasion unique de franche rigolade pour enterrer définitivement la hache de guerre. L'un imitait l'autre et au final tout le monde se pardonnait dans un grand éclat de rire. Sauf... Alexandre Binet et Jean Arnould. En effet, Alexandre (qui n’était d’ailleurs pas en Rhéto) a vraiment été cruel envers M. Arnould, l'accusant de tous les péchés du monde. Le professeur riait jaune.
Renseignements pris auprès le la victime, Jean était complètement piégé, ne s’attendant pas du tout à une charge aussi rude; une vengeance quoi, sous prétexte de faire rire le public. Mon collègue est donc resté sans réaction. Mais il a réalisé peu de temps après qu’il avait été ridiculisé dans un jeu de dupes. Les dés étaient pipés. Le lundi suivant, les protagonistes se sont retrouvés en classe d’anglais et, pour la première fois, précise Christophe, Arnould s’est adressé à la classe en français: j'ai rarement vu un professeur aussi remonté, ajoute-t-il.
L’affaire a eu quelques suites fâcheuses pour notre Alexandre: il était moins fier!
Aujourd’hui, tout le monde en rit, à commencer par mon collègue Arnould, définitivement réconcilié avec son ancien agresseur.


Tous comptes faits, le temps permet de relativiser: un seul petit coup de griffe en plus de 30 ans, c’est dérisoire.

Le rôle de saint Nicolas n’est pas toujours fondamental. Après une entrée plus ou moins tonitruante, il fait souvent partie des potiches. Sauf en fin de spectacle. Les collés pour le samedi suivant espèrent de tout cœur que le grand saint n’oubliera pas de proclamer l’amnistie générale. A la longue, cette décision finit par être considérée comme automatique et certains élèves prenaient même le risque des 2 heures de bloc «pour le fun». Faut-il ajouter que le préfet de discipline et les surveillants s’en donnaient de leur côté à cœur joie?
Oui, mais que faire en cas de faute impardonnable? Le préfet de discipline – Jacques Servais à cette époque –, dans sa grande sagesse, prenait la précaution de distribuer les billets verts la semaine suivante, et le tour était joué: à malin, malin et demi!

Au fil des années, le spectacle perd en spontanéité ce qu’il gagne en modernité. Un véritable staff technique devient nécessaire pour régler micros, projecteurs, enregistreurs, vidéos, etc.


Déjà en 1979, on voyait s’affairer l’ingénieur du son (voir la photo): c’était Alain Muytjens, presque un professionnel. On voit derrière lui Richard Peeters et, sur la scène, on devine Pierre-Yves Delhez.

  

 


Les deux photos suivantes doivent dater de la même époque, mais je ne suis sûr de rien. Je ne reconnais pas le garçon au chapeau blanc.
st-nic13-inconnue.jpg

 

 

 

 

Ci-dessous, c'est Tanguy Marbaise (d'après Jean Arnould) ou Didier Malherbe (d'après moi et un de ses copains) en 1981. On se demande s'il n'est pas en train de sortir de sa baignoire (nu?). Je vais tâcher de le toucher pour qu'il enlève… notre inquiétude.   

1979-st-Nicolas-Malherbe.jpg

 

 

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 16:57
La Saint-Nicolas
 

1.   Mes premières années 
J’ai quelques réminiscences de cette fête lorsque j’étais en primaire (entre 1952 et 1956). En relisant le chapitre 62-suite, [fin du paragraphe 6], je me rappelle avoir assisté à un genre de pièce de théâtre dont tous les comédiens – des rhétoriciens sans doute – étaient en soutane. Chacun d’eux jouait le rôle d’un jésuite local. Il s’agissait d’une réunion exceptionnelle dont le but manifeste était de singer de façon caricaturale les tics ou petits travers de chacun des jésuites. Les rires fusaient dans la salle des fêtes (la salle de cinéma n’existait pas encore), qui se trouvait alors à l’étage du bâtiment voisin de la piscine non encore rénové. Est-ce ce jour-là que nous avons eu droit au spectacle du fakir raconté dans le chapitre précité? Je n’en sais plus rien. Bref, déjà à l’époque, les rhétoriciens s’étaient décarcassés pour amuser tous leurs jeunes condisciples. Notez que c’était surtout les grands d’humanités qui riaient, nous connaissions assez peu les profs du secondaire. 

Quand je suis revenu en 1966, cette façon de faire avait disparu. En pratique, le 6 décembre (ou le jour de classe le plus proche), quelques   

                                                  Saint-Nic-et-Hanscroufx.jpg
rhétos se promenaient de classe en classe. Un saint Nicolas – pas celui du Grand Bazar  ni celui de l’Innovation – accompagné de Hanscrouf (le père Fouettard, aussi appelé de Zwarte Piet chez les Flamands), plus noir que le plus foncé des Africains et armé d’un martinet dont il usait avec parcimonie à l’encontre du (ou des) moins sage(s) du groupe, venait frapper avec sa crosse sur la porte de chaque classe avant d’y entrer avec cérémonie.
Pour bien faire, nous devions chanter «O grand saint Nicolas, patron des écoliers…». Une poignée de rhétos non déguisés complétaient cette petite troupe folklorique; ceux-ci se chargeaient de distribuer quelques friandises (surtout des chiques), dont les élèves donnaient l’impression d’être gravement privés: un rôle de composition!

Ce scénario se répétait à l’identique, ou presque, dans chaque classe du cycle inférieur du secondaire. Il était pourtant attendu avec une impatience non feinte.  La question cruciale était de savoir qui allait être «puni» par Hanscrouf. Cet événement annuel, ce rite très simple, avait le don de mettre tous les élèves en joie.

Le grand spectacle dans la salle de cinéma n’a véritablement commencé pour moi qu’en 1973. Mais je n'étais revenu au Collège qu'en 1966. Cette édition ressemblait à une pièce de théâtre bien jouée par des comédiens convaincus, c'était en fait une séance de tribunal. (voir article suivant).
J'ai retenu des premières représentations à la salle du Centre que des élèves, dont la popularité tenait généralement à la singularité de leur comportement et au nombre impressionnant d’heures de retenue collectionnées, étaient appelés sur la scène. Après avoir, comme il sied lors de la rencontre avec un évêque, baisé son anneau pastoral un genou en terre, le pénitent ou présumé tel devait écouter sans broncher – Hanscrouf y veillait! – le réquisitoire du toujours pompeux avocat général détaillant les attitudes inconvenantes du prévenu et réclamant à son encontre un châtiment exemplaire sous les vivats de la foule. Quant aux professeurs appelés, ils étaient généralement tenus de réaliser un gage à vocation comique. Il va de soi que ce n’était pas une surprise pour cet enseignant nécessairement de connivence. La difficulté des organisateurs était parfois de trouver une victime consentante dans un corps professoral assez méfiant, du moins au début.

Le succès de cette
«première» édition fut tel que chacun était persuadé qu’il venait de vivre un moment historique. Jamais plus on ne reverrait pareille fête au Collège. Pour moi, c’était à coup sûr un one shot – comme on ne disait pas à l’époque.
Dans la salle des profs, la satisfaction faisait plaisir à voir: le spectacle avait de la gueule et de la tenue. Et ces rhétoriciens, félicités de partout, étaient persuadés d’avoir créé un événement unique dans l’histoire du Collège. On en parlerait encore dans 50 ans! 


J'étais persuadé d'avoir vu naître une tradition quand mon petit-cousin, Philippe Dejong, pensionné depuis un an (nous sommes le 5 juillet 2012), vient me contredire formellement: déjà lors de sa Rhéto, en Dejong-rh-64-65.jpg1964, la salle du Centre aurait retenti des rires et des applaudissements suscités par les comédiens d'un jour entourant joyeusement un saint Nicolas du cru. J'attends avec impatience la photo qu'il posséderait de cet événement. On y voit d'après lui (mais pourquoi en douter?) Maurice Detry, futur professeur de français à Saint-Michel (Verviers).
Les premiers
rhétoriciens – quels qu'ils soient n’avaient pas conscience d’avoir ainsi lancé une tradition toujours bien vivante. Un événement que les autres écoles nous ont longtemps envié, avant de tenter de nous copier, comme souvent.


Certes, le succès était d’autant plus facile que ça ne concernait que les humanités – peu nombreuses à l’époque (environ 360 élèves en 1973, encore moins auparavant). Et les élèves de terminale se connaissaient d'autant mieux qu'il formaient au maximum deux classes. Enfin, les garçons (pas encore de filles à cette époque) connaissaient pratiquement tous les professeurs et les élèves brocardés à cette
occasion.
                        saint-nic17-Jean-Magnee-1979-p-t.jpg

Comme je n'ai pas vécu la naissance de cette façon de faire, je ne peux en témoigner. Mais je n'arrive pas non plus à bien restituer tant d’événements du même ordre. J’ai donc commencé un travail de recherche auprès des anciens élèves, témoins de ces événements si importants pour l'histoire folklorique du Collège. Je fais aussi mon enquête auprès de quelques collègues, mais j’ai, jusqu’à présent, peu

                                                  Dejong-Phil-mfr.jpg

de renseignements utilisables.

 

Quant aux photos, qui doivent bien exister, je me demande où elles se cachent.
Je suis donc certain d'écrire un texte que je devrai revoir au gré des informations découvertes.
Je vais quand même commencer avec les matériaux que je possède.

 

 

 

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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 06:10

 Départs en fanfare

J’ai donc atterri à 400 m de chez moi, sur le terrain A de mon club, le REFC Lambermontois, auquel j’avais consacré l’essentiel de mes loisirs durant 24 Mymi.jpgans. Oui, j’étais doublement chez moi. Quelques comitards, vrais amis, avaient  répondu à l’appel de l’Amicale des profs, présidée depuis peu par Annette Delhaes: ils assureraient gracieusement le service buvette.2005 4 juin Delob
Cette double retraite – je rappelle que Denise Linckens, venue des Saints-Anges depuis près de 25 ans, partageait mon sort – allait attirer énormément de monde: on allait ainsi rencontrer des gens du primaire et du secondaire, des éducateurs, des membres de la direction et plusieurs retraités. Ce 4 juin 2005 devenait ainsi un jour mémorable pour SFXun.



2005 Denise et JJ


Après l’accueil chaleureux et bruyant (les haut-parleurs portaient bien leur nom), les festivités continuaient par un petit match de football (forcément) entre des femmes débutantes et enthousiastes et des hommes sûrs d’eux-mêmes. Jacques Camps, arbitre impartial comme prévu, dirigeait la partie avec une discrétion 2005 4 juin Femmes Fde bon aloi. Jean-Marie Delobel prenait beaucoup de plaisir à voir cette confrontation entre ses anciens administrés. Le match, pourtant très correct, devait être interrompu pour permettre au service de secours (folklorique) de soigner le frêle (?) Jean-Marie Merken. Le commentaire du match, branché sur les haut-parleurs, était assuré par Philippe Dejong, reporter sportif débutant. Le Contradicteur-amusant (surnom bien mérité) s’en donnait à cœur joie pendant 2005 4 juin Dumont Dejongque les photographes habituels du Collège – Christian Merland et Jean Arnould – s’affairaient pour ne pas manquer les phases essentielles. La caméra officielle du studio de la rue de Rome était tenue alternativement par Joseph Ruwet-le-retour et Dominique Embrechts. 2005 4 juin Hommes notésUne séance de penalties devait départager (disons-le ainsi) les équipes, puis tout le monde, joueurs comme supporters, gagnait la belle grande salle du club, dotée d’une scène bienvenue.

Le spectacle proposé – véritable cabaret animé comme d’habitude par Bernadette et Dominique (voir Souvenirs 112) auxquels s'ajoute Jean Arnould, notre magicien –, à peine interrompu le temps du souper, allait tenir en haleine les spectateurs jusque tard dans la nuit. Un festival varié de chants, de sketchs, de ballets et… de surprises. Vraiment, Denise et moi étions subjugués par tant de manifestations d’amour.
Ma première grosse surprise – après l’hélicoptère –  fut de découvrir une série d’anciens élèves, venus tout spécialement pour moi.


                                2005 4 juin Arnould Pirotte




                                   2005 4 juin Cormann
L’Amicale avait vu juste: rien ne pouvait me faire plus plaisir. Je retrouvais ainsi des élèves de la 4E 1994 (Grégory Cormann, Alain Camus, Jean-Michaël Gauthy, Laurent Goblet, Laurence Hardenne, Pierre Stangherlin et Vincent Zintzen; Julie Honnay s’était excusée) et de la 4F 1997 (Nicolas Kyndt, Sophie Lorquet, Béatrice Dejong, Géraldine Detry, Kevin Dejalle, Pierre Franssen, Virginie Meunier et François Pitance). Ces deux groupes allaient relire les messages respectifs, écrits par leur titulaire, qui se livrait enfin à cœur ouvert le jour de la remise des bulletins. Lettres pleines d’émotion alors, mais combien plus en ce jour!

 

 

Quelques étudiants de la 5C 2003 (Audrey van der Wielen, François Gramme, Christophe Javaux et Jérôme Corteil), en pleine «bloque», avaient tenu à me faire parvenir un CD sur lequel ils rappelaient en chantant des «hauts faits» de l’époque, solidairement exécutés par Gérard Lemin et moi.2005 4 juin fabien Boniver

Charles-Henry Massa (4E 1993), alors à New York, ne put atteindre que le répondeur de mon GSM. Enfin, Fabien Boniver (2F 1991), perché sur une chaise pour avoir l’air d’être à la hauteur, présentait une imitation amusante de son ancien professeur. Je buvais du petit lait!



Le théorème de Pythagore servait de thème à cette journée festive. Il faut savoir que je chantais chaque année son énoncé sur l’air de «Le travail c’est la santé» d’Henri Salvador. Bien entendu, mes collègues de maths étaient tous là pour faire ma… fête.

                                     2005 4 juin F louis

JieR (Joseph Ruwet pour les non initiés) avait – au dernier moment paraît-il – invité la fameuse confrérie Vervî’riz, en grand uniforme, pour associer le monde folklorique local à mon départ. Je me rappelais ainsi que j’étais toujours fils de boulanger. J’ai appris plus tard que Monique Mahaux avait réussi à coudre la cape et le bonnet qui allaient me recouvrir en fin de cérémonie. Après 20 attendus, bien documentés et assez canailles pour y reconnaître la marque de mes amis proches, le président poursuivait ainsi son discours:

«Nous, Sieur Lambrette [pas José], Grand Seigneur de la très noble Confrérie de Vervî-Riz, accompagné de Messire…. [ici, il me manque les noms de ses 4 assistants], confions au Sieur Janssen le haut mandat et l’insigne mission de la création au sein du corps professoral du Centre Scolaire Saint-François-Xavier d’une association telle que confrérie, gilde ou autre seigneurie.2005 4 juin vdh
Son but social et culturel sera de dynamiser, d’animer et de parfaire à fin d’excellence individuelle dans de multiples domaines les confrères et consœurs qui ont œuvré dans un passé proche ou lointain dans ledit établissement.
Le défi par nous proposé n’excédera pas le semestre. Passé ce délai, les attributs que nous allons conférer au Sieur Janssen perdront tout pouvoir. [Je l’ai pris au mot: le 30 juillet, veille de la Saint-Ignace, je fondais avec quelques collègues l’Amicale Les Vieux Loups Verts. En novembre de cette même année 2005, la première activité de cette nouvelle Amicale avait lieu à... Lambermont. Voir les 2 photos ci-dessous ].
                                                 2005-1ere-A-sortie-VLV.jpg

 

                                              2005-1ere-sortie-C-VLV.jpg



Messires, faites monter les attributs.
Sieur Janssen, que cette cape houppelande et ce bonnet vous rappellent la solennité de cet instant et l’importance de la mission qui vous est confiée.»
 (Voir la photo ci-jointe où je tire une tête de grand «dadais», qui convient bien à cette mascarade...)
                                         2005 4 juin Vervî riz


 
L’Amicale avait eu la bonne idée d’alterner les numéros destinés aux deux professeurs fêtés. Bernard Namur, le mari de Denise, n’avait pas hésité à monter sur scène pour mettre sa femme en bouteille. J’appris ainsi que Denise était une maniaque de la propreté. Elle dut se produire sur scène brosse en main.



Mais, concernant Mme Namur, j’ai surtout retenu l’intervention de Philippe Massart. Celui-ci, avec sa façon inimitable d’enrober sa cible de flatteries avant de lui décocher le trait final, réussit à faire rougir Denise. Je vous en donne, de mémoire, la chute. 2005 4 juin Lambrette2005 4 juin MassartDécouvrant avec délectation les gambettes de notre chère Denise, Philippe, les yeux pétillants de désir, s’était exclamé tout bas: «Denise, tu as une paire de jambes à… tomber à genoux!» Du grand Massart!


Les Lambrette, Ruwet et Dejong, conjointes comprises, ne se privaient pas de me mettre en vedette, chacun à sa façon... Philippe – mon petit-cousin! – n’était pas le plus maladroit dans ce genre d’exercice.  
Marie-France Schoonbroodt me rassurait à la veille du grand départ sur l’air de «Tu verras» de Claude Nougaro. Et les dames (que j’avais eu l’outrecuidance d’appeler patronnesses) s’en 2005 4 juin dejong soloallaient comme les anges de nos campagnes à la pêche aux moules en brocardant au passage les impétrants. Je parle ici d’Annette Delhaes, de Marie-Jeanne Brance (le moteur silencieux de l’Amicale), de Claire Collard (toujours aussi spontanée) et d’Odette Moureau (dans un rôle de composition).


                              2005 4 juin dejong



             2005 4 juin institsJean-Bernard Van Bossche, Dominique Jost, Véronique Culot, Jean-François Tromme, Olivier Pirenne, Serge Heuschen et Thierry Grumiaux, dignes représentants de l’enseignement fondamental, n’avaient pas hésité à augmenter artificiellement leur volume corporel pour insister sur

                                      2005 4 juin V Culot instits

 

mon embompoint… Je me souviens surtout de la joie juvénile et communicative qu’ils avaient à railler mes «petits» travers (donner des coups de pieds à la photocopieuse subitement défectueuse, par exemple).



Et puis,  Jean-Philippe  Thonnart et ses acolytes: Anne Merveille, Bénédicte dscn5421.jpg Pension Jean 4 juin 05Winandy, Eric Dethier et Philippe Dejong, tout de noir vêtus, utilisaient merveilleusement la scène pour offrir à l’assemblée médusée une composition originale sur le thème improbable de mon patronyme.           
                   2005 4 juin Merveille Thonnart   
Comme les voix des participants étaient à la hauteur de la recherche poétique, ça donnait une qualité au spectacle que des professionnels n’auraient pas reniée. Moi, j’étais épaté. Je le suis encore aujourd’hui (janvier 2012) en relisant le texte de leur chanson, dont voici les deux premières strophes:

 

Jean Jeann(e) s’aiment

Et si Jeanne est sans son Jean Jeann(e) saigne
C’est pour Jeanne
Qu’à Jean j’enseigne
De ne jamais faire – Jean! – Jeann(e) scène

Jean sans gêne
Sèm(e) l’argent
Jeann(e) s’enchaîne
A son Jean

 

C’était trop! Et pourtant, ce n’était pas fini. S’inspirant de l’actualité – le déclin physique puis le décès (le 2 avril) du pape Jean Paul II –, Jean-Pierre Kis avait écrit une pièce en un acte où j’étais devenu pape (Jean Paul III?). Mais mon entourage parlait à mots couverts de ma déchéance physique et surtout mentale… Mon prétendu portrait (reconnaissez-vous là un savant mélange informatique de Wojtyla et de Janssen?)

                                          JP III JJ

dominait la scène. Les acteurs, en véritables costumes religieux, étaient des laïcs bien connus: Jean Gillot, Jean-Pierre Kis, Annette Delhaes, Isabelle Brugnerotto et Piero Gagliardi (patron du local officiel du cercle Coué: voir Souvenirs 59). Le titre de la pièce:

                   2005 4 juin Gillot Kis
«Mais qui donc va Lui succéder?» en disait assez sur l’intrigue bien menée par l’auteur, qui connaissait parfaitement mon curriculum vitae. J’ai redécouvert dans mes archives, gentiment cédées par les auteurs, le sérieux de l’organisation   
2005 4 juin Isabelle Bde cette troupe occasionnelle. Ces acteurs, excellents, étaient assistés de Nora Stangherlin, script-girl, Henri Leclercq, ingénieur du son, Christian Merland, chargé de la photocomposition, Cédric Schmetz et Patrick Briamont, tous deux accessoiristes. Excusez du peu!

A propos des comédiens, j’avais remarqué leur flegme tout britannique durant la longue attente imposée par le retard pris en cours de route. Il est vrai que le frère Grand-Echanson – pourvoyeur du bar en gaillots – et le personnel de la buvette veillaient scrupuleusement à désaltérer régulièrement les futurs acteurs; je parle ici au masculin, comme dans l’Eglise.


Après cette dernière prestation, j’étais vidé. Mon premier réflexe fut justement d’aller au bar prendre un gaillot avec quelques élèves que je n’avais pas encore eu le temps de saluer et de remercier.                                                  2005 4 juin choeurmath   

 

Il faut être dans le cas pour savoir la fatigue engendrée par l’émotion et l’attention soutenue: je ne pouvais rien rater des allusions plus ou moins perfides ni des traits d’humour parfois très subtils. Ajoutez à cela le fait d’être continuellement sous les feux de la rampe et vous comprendrez

2005 4 juin Final ma toute nouvelle compassion pour les gens dont on fête le départ… 
Le lendemain, un dimanche heureusement, j’ai repensé à cette journée inoubliable. Je n’en revenais pas de ne pas avoir eu le moindre écho de cette grosse organisation. Mais mon esprit était déjà ailleurs. En m’appliquant à écrire un mot de remerciement pour l’ensemble de mes collègues, j’ai commencé à me rendre compte que j’allais bientôt quitter tout ce qui avait fait mon bonheur au travail.
      2005-4-juin-Ruwet.JPG
Ci-dessous, vous voyez le montage exécuté de main de maître par mon excellent collègue Christian Merland.
2005-4-juin-montage-Merland.jpg
 
P.S. Pour plus de détails sur cet événement, voir  http://www.collegesfx.be  – Anciens – Amicale SFXun.
(supprimé depuis quelques mois, on ne sait pourquoi !)



14. Encore quelques jours

Ce lundi 6 juin 2005, je débarquais en classe l’air conquérant, comme d’habitude, pourtant c’était mon dernier jour de cours. Dans ma classe de 5D, il me paraissait urgent de donner une dernière heure de révision: mes élèves l’avaient bien compris. Ils me donnèrent d’ailleurs rendez-vous pour un moment festif lors de la remise des bulletins.
Dans la 4A, la titulaire, Geneviève Tristant, était là pour me dire un petit mot gentil tandis qu’un élève m’offrait un livre au nom de ses copains. En outre, il y avait à boire et à manger…
Dans la 4E de Cédric Schmetz (ma toute dernière heure de cours), ils m’ont fait une haie d’honneur à l’entrée comme à la sortie de la classe. Entre-temps, tout le monde est resté debout à bavarder avec moi de choses et d’autres, surtout de mes… souvenirs. Voilà un dernier cours vraiment très agréable.

Etais-je ému? Oui et non. Je l’aurais sans doute été davantage s’il ne restait pas cette perspective des examens qui assombrissait légèrement le futur proche. Ainsi est fait l’enseignement en Belgique: terminer par le moment le plus stressant de toute l’année avant de se quitter pour deux mois ou pour… toute la vie!
En sortant du dernier cours, j’ai découvert dans mon casier une belle lettre signée par le sous-directeur, Dominique Embrechts, intitulée: «Ta dernière heure est arrivée!». Un titre qui traduit bien une maxime qui nous est commune: «Rire d’abord, philosopher ensuite.»
Je recopie ici un paragraphe qui reste bien dans la note des présents Souvenirs:

«Se faire taquiner (balleter comme on dit chez nous) par toi, c’était le premier rite d’intégration dans notre équipe professorale. Je me souviens de l’époque où les jeunes collègues qui parlaient un peu trop fort se faisaient invariablement remettre à leur place par un joyeux: «T’es nommé, toi? Non? Alors, tais-toi!»
                                          dscn5504.Souper Profs juin 2005

 

Bien entendu, lors du souper de fin d’année (25 juin), je m’attendais à recevoir des compliments de la part de notre directeur, tradition oblige. Je viens de retrouver la bafouille que j’avais préparée en guise de réponse. J’y relatais déjà
quelques épisodes croustillants de ma vie d’enseignant. Je ne savais pas que je commençais à cet instant une impressionnante série d’articles à ce sujet. Je vois que j’étais encore sur mon petit nuage. Jugez plutôt.

                             2005-25-juin-denise.JPG



Je voudrais d’abord remercier tous ceux qui, depuis le 4 juin, disent du bien de moi. S’ils me connaissaient mieux, ils en diraient bien davantage … (…) Je m’aperçois que je ne déroge pas à l’adage wallon: "si vos volez ètint des élodges à vos endrwè, soyez d’es viquant li djou di vos pinsion." Je traduis pour les étrangers : «si tu veux entendre dire du bien de toi, tâche d’arriver vivant à ta pension.»

Plus loin, je deviens enfin sérieux, je crois même que je suis ému:
«Malgré cela, je trouve que j’ai vécu ici une vie professionnelle magnifique entouré de collègues merveilleux: vous! Je n’ai jamais rêvé être ailleurs. C’en est à un point tel que j’ai bien l’intention de revenir l’an prochain mais simplement dans le circuit du tutorat [ je suis effectivement devenu tuteur, comme un grand élève, durant 2 ans].
(…) je voudrais présenter mes excuses les plus sincères à tous les collègues que j’ai vexés en voulant simplement faire un bon mot. Tous ces collègues qui m’ont tout de même organisé une fête comme je n’osais en rêver.(…)


Je termine sans pleurer, mais en criant presque: Merci du fond du cœur, bonnes vacances à tous et vive le Collège Saint-François-Xavier.

 

                        jj1.Retraite Jean mi-juin 2005, chez lui

Entre-temps, nous, les profs de maths passés ou présents, avions célébré le très attendu jour de notre rencontre annuelle. Ce rendez-vous – devenu traditionnel depuis le départ à la retraite de Liliane Schmits, épouse Bemelmans,
                    jj5.jpg   (voir Souvenirs 77) – ne pouvait se passer que chez moi, pardon, chez nous, car la charge en revenait surtout à ma chère épouse. 

 



                                           jj6.jpg                                                                             jj12.jpg Liliane Schmits et Eric Dethier sèchent sur le jeu de Jean-Marc Charette.

 

                                 jj11.Retraite Jean Juin 2005 chez JJ
Cet après-midi reste un excellent souvenir, l’ambiance ne manquait pas: les photos ci-jointes en témoignent suffisamment.

  

A la date de ce jour (mardi 31 janvier 2012), je n’ai encore jamais manqué ce rendez-vous annuel, où je vois progressivement le nombre de retraités rattraper celui des actifs.

 

                                      jj9.Véronique Rouwette

 

 

Serons-nous un jour majoritaires? Voilà une question de probabilité qui touche une corde sensible, donc personne n’a encore osé la poser. Je suppose que vous avez compris pourquoi.

Les mathématiques sont parfois – rarement – à éviter!

              YZJM18 Photo historique des dormeurs éveillés
La photo ci-dessus a été prise le samedi 28 août 2010, jour des 50 ans de Jean-Marc Charette: nous étions allés le réveiller!
Noms des présents sur la photo :

Liliane Schmits; Jean-Marie Merken et Jean-Marc Charette;Cédric Schmetz, Bernadette Pirotte, Jean Janssen et Damien Gorissen; Bruno  Dethier, Véronique Rouwette et Françoise Roberti.
Manquent sur cette photo : Henri Leclercq, René Trokay et Bernadette Mignot (tous trois retraités); et Frédéric Beaumaikers.

P.S. Quand je regarde la photo ci-dessous du Secondaire de 2004-2005, je suis impressionné par le nombre de personnes qui travaillaient à enseigner et à éduquer nos adolescents.

Z-profs-2004-2005.jpg

 

 

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 06:50
12. En hélicoptère

 

Un peu avant Pâques 2004, je réponds favorablement à une invitation de mon élève Nadia Simonis. Elle est concernée par l’ONG Défi Belgique-Afrique, qui organise chaque année des séjours dans l’Ouest africain pour des jeunes Belges désireux de venir en aide à des populations locales. Comme d’autres auparavant, elle va consacrer une partie de ses vacances à ce projet Simonis Nadia 2003 5C humanitaire: chapeau!
C’est ainsi que 3 collègues (Jean-Philippe Thonnart, Bernard Potelle et Jean-Marc Charette) et moi nous retrouvons dans la salle de la Jeunesse à Elsaute pour un Méninge-trophy, jeu de culture générale à la mode destiné à des équipes de 4. Nous Charette 2005 math sommes assez excités de nous retrouver ainsi à 4 collègues de Saint-François-Xavier. L’honneur du Collège est-il en jeu? Non, ça reste un jeu, mais quand même, il ne faudrait pas que nous soyions ridicules. Ma femme est présente, mais ne peut participer avec notre équipe (règlement!). Elle restera tout de même près de nous et fort intéressée par les questions. Elle nous soufflera Potelle Bernard 2005 même une (petite) réponse. Pas très catholique, tout ça, mais le jeu n’est pas vraiment surveillé, le copiage n’est pas notre exclusivité. Je suppose que les lots ne sont pas de grande Thonnart gala-150valeur, en tout cas, nous ne nous sommes pas intéressés à la question, nous venons essentiellement pour l’œuvre.

Même si le concours est assez long (plus ça dure, plus ça rapporte à la buvette…), nous passons une bonne soirée. La plus grosse surprise vient de notre classement: notre table (chaque table de joueurs est numérotée) termine à la deuxième place. Nous exultons! Le nombre de concurrents est tout de même impressionnant. L’honneur est sauf.
Quand le meneur de jeu nous appelle pour aller chercher notre prix sur la scène: «J’appelle maintenant la table n°x, qui termine à la deuxième place», nous prenons chacun un pied de la table, nous la levons bien haut pour faciliter notre progression et transportons celle-ci en prenant l’invitation au pied de la lettre. L’humour, toujours! Plutôt qu’un cadeau utile, je choisis une promesse de baptême de l’air en hélicoptère pour deux personnes: je sais que mon épouse en rêve depuis belle lurette. Ce cadeau est offert par un industriel local (zoning de Thimister, un certain Piront), propriétaire d’un tel engin. J’imagine que ses affaires sont florissantes.

La soirée se termine bien. Pour profiter du cadeau, il suffit de prendre rendez-vous avec le patron de l’entreprise en question, ce que nous faisons sans traîner. Mais le temps est capricieux, nous dit-il, il faudrait rappeler quand il fera beau. Nous nous exécutons dès que la météo le permet, mais, pas de chance, il est justement absent. Pour plus de facilités, nous demandons que ça soit plutôt lui qui nous avertisse au moment propice. L’été se termine… Rien! Plus le temps passe et moins nous avons l’impression que cette promesse sera honorée. Je suis gêné de rappeler à nouveau, je me sens dans la peau d’un quémandeur. Tant pis, je crois que nous pouvons faire une croix dessus. Ça ressemble à une arnaque.

Evidemment, je raconte cet événement à quelques amis autour de moi. Méfiez-vous des prometteurs de beaux… tours!

En 2005, cet épisode est quasi oublié quand ma femme, après un coup de fil inattendu le samedi 4 juin, m’annonce que l’Arlésien s’est enfin manifesté, mais il faut qu’on se dépêche, le temps est incertain... Le lieu de rendez-vous est proche de chez nous, le pilote nous attendra 10 minutes plus tard dans une prairie en face du terrain de football de Petit-Rechain. Incroyable, je n’ai même pas le temps de m’étonner! Je m’habille en vitesse et je suis ma moitié, prête instantanément – ce qui n’arrive jamais!–, à croire qu’elle en avait le pressentiment!
Arrivé au lieu dit, je découvre un petit engin jaune posé pratiquement en bord de route. Des curieux se sont déjà regroupés pour découvrir ce manège peu banal. J’ai l’impression qu’il n’y aura pas de place pour nous deux! Je ne pense qu’à l’instant présent.
Il y a déjà 2 trimestres que je ne suis plus président de l’Amicale, je ne suis donc plus absorbé par les préoccupations traditionnelles de cette association. A chacun son tour. Mais j’avoue qu’à certains moments, je me demande si l’Amicale continuera à fêter les retraités: penseront-ils à moi? Je ne sais trop. Et puis j’oublie: les examens se rapprochent, on commence mardi prochain. Le dernier jour de cours sera bien nécessaire pour revoir une matière spécifique en 5C. Dans les autres classes, je suis plus à l’aise. Evidemment, les questions doivent être rédigées pour ce lundi au plus tard. Mais voici un moment rare de répit, profitons-en!  
Comme prévu, l’habitacle est trop petit pour prendre 2 passagers. Le pilote fera donc 2 trajets. Galant, je pousse ma moitié vers l’aéronef, mais elle n’en veut pas, elle prétend avoir peur! Elle préfère que j’y aille d’abord. Le pilote me presse, on risque d’avoir de la pluie: ce serait dommage! Effectivement, on risque d’attendre encore… deux ans. Je me dévoue après avoir suivi le conseil du pilote me demandant d’enlever mon manteau. Bizarre. Je ne suis pas encore assis dans cet engin exigu – mais comment attache-t-on la ceinture de sécurité? – que le chauffeur me demande très sérieusement combien je pèse. Je marque ma surprise et lui avoue que je dépasse le quintal... Il prend très au sérieux cette information sans marquer vraiment de surprise. J’ai l’impression de ne pas être hors normes. Effectivement, l’engin décolle sans réelle difficulté. Je suis rassuré et j’écoute distraitement les consignes de sécurité de mon voisin de droite – oui, c’est une conduite à droite – toujours tracassé par l’évolution du climat: il fait sombre du côté de Banneux. On ira donc d’abord vers l’est. Le vol est très agréable et le panorama splendide. Contrairement à ma première impression, mon voisin est un gentleman, il me fait visiter la région verviétoise avec force explications. Que de piscines à Heusy! Il ira même jusqu’à me montrer un atterrissage sur le toit de son garage à Thimister: du grand art! Puis il me demande où j’habite. Facile à trouver: à Lambermont, juste à côté (à vol d’oiseau!) des 3 terrains de football du REFC Lambermontois qu’on ne peut manquer. Il met le cap sur mon village et entame sa descente dès qu’il arrive au premier terrain. Mais il descend très vite, je suppose qu’il va me déposer là, au milieu du terrain où, heureusement, il n’y a pas de match. Que vois-je? Juste au milieu du terrain mes initiales (JJ) sont peintes en grand comme si on... m’attendait! Mais...
DSCN5285.JPG

Oui, je comprends enfin, une série de collègues se tiennent dans la zone neutre, à 50 m du rond central où nous atterrissons en douceur. J’y suis, ils m’attendent là pour fêter mon départ à la retraite. Je descends le regard fixé sur ces arsouilles (je peux parler ainsi, ils Helicopt-2005.jpg sont tous plus jeunes que moi!): ils m’ont bien eu et... la portière de l’hélico me reste en main! Suis-je maladroit! Cette portière est sortie de ses gonds sans prévenir… Que faire sous les rires de mes collègues qui s’attendaient bien peu à pareil gag? A souhaiter que je n’aie rien cassé. Je m’applique à réparer ma maladresse. Le pilote, lui, n’est pas autrement inquiet. C’est aussi facile à remettre qu’à déboîter.
Hélicoptère en grand




DSCN5287.JPG

A part cette portière de Saint-Nicolas, tout était combiné, de A à Z. Même le pilote était dans le coup: il m’avait poussé dans l’hélico malgré mon désir de donner la priorité à ma moitié. Il a atterri sur le DSCN5284.JPGbon terrain et il m’a 2005 4 juin Vanessa et Merken même offert une bouteille de cidre pour fêter mon départ à la retraite.

 

Je n’y ai vu que du feu! Ma femme était évidemment dans le coup. En réalité, le propriétaire de l’hélicoptère n’est pas du tout celui qui nous devait un baptême de l’air (et qui nous le doit toujours!), mais une connaissance d’Eric Laurent, qui a profité de la situation qu’il connaissait bien. Voilà comment tout a commencé!

Et mes collègues entonnent "Adieu M. le professeur", mLaurent-Eric-2005.jpgusique à l'appui...
La grande buvette du club de Lambermont, que j’ai tant fréquentée, est le lieu choisi astucieusement par mes collègues pour nous fêter. Oui, nous sommes deux à quitter le navire le même jour: Denise Linckens, professeur d’économie, qui enseignait d’abord au
x Saints-Anges, et moi.

Tant mieux, tous les yeux ne seront pas constamment fixés sur ma personne.

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 17:10

 

 

11. Pour les amoureux des statistiques

Comme j’ai donné cours au Collège de 1966 à 2005, j’ai suffisamment de matière pour créer –  pour moi tout seul – une statistique! En pratique, j’ai fait le relevé des résultats moyens des examens du second semestre de chaque classe rencontrée, et cela pour chaque année. Je note au-dessus de chaque tableau l’année du mois de juin concerné. En dessous, la classe en question: lettres minuscules (a, b, c, d, e, f ou g: on n’est jamais arrivé à h !) pour la subdivision des classes de même niveau, lettres majuscules pour la section au moment où c’était toujours le traditionnel: L = latin, LG = latin-grec, LM = latin-math et M = moderne. Il faut savoir que la numérotation des classes a changé à partir de l’année scolaire 1976-77. La 6e est devenue la 1re (élèves de 12-13 ans) et la 4e des adolescents de 14-15 ans s’est appelée 3e. En 2004-2005, je n’avais plus que des ados de 4e et de 5e, qui avaient donc en moyenne entre 15 et 17 ans.
Pour calculer la moyenne pondérée des résultats de tous mes élèves en 2005, je procède comme suit (voirle tableau ci-dessous):
[(20 x 68.5 + 26 x 74.8 + 25 x 67.5 + 21 x 55.5) / 92] qui donne bien 67sur 100.

Année

2005

classe / nombre d’élèves / moyenne de la classe pour
les examens du 2d sem.

5d /20 / 68.5%

classe / n. él. / moyenne

5b / 26 / 74.8%

classe / n. él. / moyenne

                         4a / 25 / 67.5%

classe / n. él. / moyenne

4e / 21 / 55.5%

Moyenne générale pour le total des élèves

(nbre total de ces élèves)

67 %
(92)

 


J’ai aussi passé mon temps à calculer le nombre d’élèves qui avaient participé à mes cours de maths : 3171 exactement. Disons plutôt qu’en comptant les examens de maths des mois de juin, j’en ai corrigé exactement 3171 Evidemment, un élève que j’ai eu 3 années consécutivement, je l’ai compté 3 fois.  

4E 92-93 Cormann 3e année

C’est ainsi que j’ai donné cours 3 années consécutives à certains, en particulier entre 1991 et 1996 (j'ai noté les noms de ces disciples concernés sur les 2 photos ci-jointes).  J'ai en même temps eu le plaisir d'enseigner 2 ans d'affilée à l'ensemble de la 4E ci-dessus (de 1991 à 1993). 

1995 4F triples j
Je n’ai pas fait ici le relevé des quelques élèves que j’ai eus au début du Rénové en informatique et en socio-économie. )

Année

2001

2002

2003

2004

classe/

n. él./moy.

5e/27/61.6%

5e/23/57.7%

5c/25/61.8%

5c/27/62.7%

classe/

n. él./moy.

5c/10/51.2%

5b/26/55.7%

5b/23/63.7%

5b/24/62.5%

classe/

n.él./moy.

4b/24/72.8%

4b/21/69.6%

4a/22/60.9%

4b/24/71.4%

classe/

n. él./moy.

4c/19/65.2%

4e/21/51.3%

4c/27/54.9%

4d/21/59.2%

Moy. gén.

(nbre él.)

64.5%

(80)

58.4%

(91)

60.1%

(97)

64% 

(96)

En 5e, la première ligne correspond aux élèves de math 6h, la seconde aux
élèves de math 4h.

 

Année

1997

1998

1999

2000

classe/n. élèves/moy

4d/25/68.2%

4a/25/74.2%

4b/23/59.7%

5e/25/56.8%

classe/n élèves/moy

3a/25/76%

4f/23/54.5%

4c/20/56.5%

4b/24/70.3%

classe/n élèves/moy

3c/24/59.6%

3a/24/72.6%

4f/25/55.2%

4c/20/59.1%

classe/n élèves/moy

2g/20/69.3%

2c/21/71.7%

3a/23/71.7%

3a/21/64.2%

Exam.2d sem.

 (n. él.)

66.3%

(94)

68.4%

(93)

60.8%

(91)

62.6%

(90)

En 1999-2000, c’est la première fois que je suis titulaire d’une classe de 5e (math 6h).

1993

1994

1995

1996

4e/20/71.4%

4c/26/60.3%

4d/26/68.6%

4f/24/77.3%

3d/21/65.5%

3e/22/78.2%

3e/22/77.6%

3e/20/79.4%

2c/25/69.3%

3b/24/65.2%

3a/21/70.9%

3a/23/66.7%

 

2d/15/65.9%

2f/20/69.8%

2g/25/72.7%

68.7 %  (66)

67.1%  (87)

71.6%  (89)

73.9%  (92)



 

 

 

 

 

 

Les examens de Pâques sont supprimés à partir de l'année scolaire 1992-93.

C’est en juin 1996 que j’aurai la meilleure moyenne générale (73.9%).

 

1989

1990

1991

1992

3c/25/67.8%

3c/24/69.3%

3d/22/64.9%

4e/23/62.4%

3b/25/62%

4d/24/(*)

4b/24/62%

4b/20/76.3%

2f/22/65.6%

2e/19/(*)

3b/26/64.8%

3e/21/67.6% 

2g/22/69.2%

2f/21/(*)

2e/24/69%

 

66% (94)

69.3%  (87)

65.2 % (96)

68.5% (64)

 

 

 

 

 




A cause des longues grèves de 1990, on diminue le nombre d’examens des élèves.Les seuls examens pour une classe entière seront ceux des cours d’options de base (math.
en 3c par exemple).
 

1985

1986

1987

1988

3a/29/70.2%

3a/21/73.2%

3A/23/67.5%

3a/26/58.6%

3b/27/69.6%

3c/28/60.1%

2D/18/60.4%

3e/22/51.4%

2b/27/61.7%

2a/24/71.1%

2E/17/69.5%

2e22/64.6%

 

1b/24/69.2%

 

2f/23/68.8%

67.2%  (83)

67.9 % (97)

65.9% (58)

60.8%  (93)









 

Voyez comme le nombre d’élèves et de classes change d’une année à l’autre.

1981

1982

1983

1984

3LM/25/52.8%

3LM/14/56.3%

3c/20/66.5%

3a/27/62.8%

3LG/21/55.5%

3LG/15/69.5%

3d/24/58.7%

3ce/27/63.8%

2LG/17/65.9%

2a/19/58.7%

2d/29/66.8%

2e/24/59.4%

2M/32/56.1%

  

  

  

56.9% (95)

61.4%  (48)

64% (73)

62.1% (78)

 

 

 

 

 

 

 

 


En septembre 1981, je donne cours pour la première fois dans une classe du Rénové, la 2a.

 

En 1982-83, en 2d, le bulletin ne fait pas apparaître clairement des examens
(réforme docimologique oblige) mais il existe des cotes chiffrées pour des rubriques comme mémorisation, devoirs, exercices, algèbre et géométrie. J’ai calculé la moyenne de ces 2 dernières rubriques pour le 3e trimestre. De mémoire, ça devait être des examens (appelés bilans).
Cette année-là, j’ai un cours formé par des élèves de deux classes différentes

(c et e): ça fait bizarre! Je connais pour la première fois de ma vie une situation classique pour les profs de langues.

1977

1978

1979

1980

3LM/20/61.3%

3LM/19/61.8%

3LM/17/59.6%

3LM/16/56.8%

3M/14/50.9%

3LG/19/57.3%  

3LG/19/64.9%

3LG/31/54.8%

2M/14/54.8%

2LG/19/69.9%

2LG/33/66.3%

2M/20/52.8%

 

1La/20/62.9%

1La/23/70.5%

 

56.4% (48)

63% (77)

65.8% (92)

54.7 (67)











En 1976-77, on passe de la numérotation décroissante à la numérotation croissante pour les classes du secondaire.
La plus mauvaise moyenne de mes élèves (j'en suis au moins partiellement responsable) date de 1980.

1973

1974

1975

1976

4LM/20/67.3%

4LM/14/54.1%

4LM/27/57.1%

4M/20/58.7%

5LM/16/62.9%

4LG/21/50.1%

4M/13/54.9%

4LM/21/64.9%

5M/26/54%

5LG/20/59.6%

5LM/25/66%

5LG/28/61.9%

6M/17/66.5%

6La/31/60%

6La/25/64.3%

6La/21/60.7%

 

6Lb/29/66.6%

 

 

61.9%  (79)

59.1%  (115)

61.3%  (90)

61.6%  (90)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1969

1970

1971

1972

service

4LM/33/51.6%

4LM/26/62.5%

4LM/24/64.4%

     militaire

4LG/16/65.2%

5LM/26/65.9%

5LM/25/62.6%

 

6Lb/22/67.1%

5LG/16/64.6%

5M/26/57.4%

 

6Lc/ 8 /47.2%

5M/24/59.9%

6M/29/--

 

6M/22/50%

 

 

 

56.4% (101)

63.1%  (92)

61.4%   (75)

 

 

 

 

 








En 1968-69, j’étais sous les drapeaux. Je n’avais donc aucun élève.
En septembre 1969, on ouvre une 6e moderne. Celle-ci sera jumelée avec la 6e latine c (10 élèves au départ) pour tous les cours communs. Comme les modernes ont 6h de math et les latines 4h avec le même programme (!), je me trouve dans une position très inconfortable: 2h de plus par semaine avec les modernes sans avancer dans la matière!
A partir de cette année-là, je suis passé (bien obligé) à la Mathématique moderne dans tous mes cours.

En 1972, on n'utilise plus de cotations chiffrées, donc plus de moyennes, et plus d'examens avant le 3e trimestre. Expérience jamais renouvelée telle quelle: un désastre! (Voir SOUVENIRS 10 bis).

1967

1968

4LM/17/63.6%

4LM/18/58.7%

4LG/24/73.4%

4LG/20/65.9%

 

6La/31/65.6%

69.3% (41)

63.9% (69)


En 1966-67, en 4LM, on avait 2h d’algèbre, 2h de géométrie et 1h d’arithmétique. En 4LG, 2h d’algèbre et 1h de géométrie. L’année était divisée en 3 trimestres et donc 3 séries complètes d’examens. Les totaux étaient proportionnels au nombre de cours de chaque branche. Les moyennes données ici tiennent compte de tous ces examens des 2e et 3e trimestres (soit le second semestre). Le passage à la Math moderne a commencé chez nous en 1967.

     GRAPHIQUE des MOYENNES GENERALES ANNUELLES

graphique-4.jpg                           

 La première impression que me donne ce graphique, c’est l’incohérence: jamais 4 ans d’affilée la même tendance, ni à la hausse ni à la baisse. On se croirait sur des montagnes russes. Il faut bien voir qu’en prenant une longueur plus courte pour l’unité (1%) sur l’axe des ordonnées, ça change l’impression, voyez ci-dessous. C’est un des risques de ces graphiques.

graphique 4
Evidemment, le nombre d’élèves n’est jamais énorme (entre 48 et 115) d’où l’impossibilité d’en tirer des enseignements statistiquement valables ou généralisables. Pourtant, avant de regarder l’allure de la courbe, ce qui me frappe c’est l’écart terrible entre les résultats extrêmes: 50.5% en 1970 et 74% en 1996! Près de 25% d’écart alors que j’avais 101 élèves en 1970 et 92 en 1996: ce n’est sûrement pas la différence du nombre d’élèves qui a épuisé le même prof (moi en l’occurrence!), surtout qu’il n’avait que 26 ans au moment de cette catastrophe et juste le double l’année des bons résultats. Non! Je ne vois d’ailleurs pas non plus des événements personnels ou familiaux qui auraient pu expliquer une différence d’attitude de ma part. En 1969, ma fille Brigitte naissait et, en 1996, elle se mariait… Je ne vois pas pourquoi ces événements auraient modifié ma façon d'être en classe.
Je cherche tous azimuts et je ne trouve rien de ce côté. En 1969-70, j’ai 5 classes et une de moins en 1996. Il m’est même arrivé d’en avoir 3, mais les résultats ne tiennent manifestement pas à ça.
J’écarte donc toute explication matérielle ou psychologique influençant le professeur ou l’examinateur. 

D'autre part, on pourrait dire qu’à partir de 1980 (moyenne de 55%), les notes ont une tendance à remonter d’une façon assez chaotique jusqu’au sommet de 1996 (74%), puis à redescendre avec quelques soubresauts jusqu’en 2002 (58%) pour remonter 3 années consécutivement jusqu’en 2005 (67%). Mais ça serait dû à quoi?

J’examine une autre possibilité: les maths modernes.  En fait, j’ai donné des maths traditionnelles en 1966-67, année où je n’avais au Collège que 2 classes de 4e. Bonne moyenne à l’époque (69%), mais l’année suivante, pour un cours identique, toujours des élèves de 4e LM et LG, la moyenne baisse nettement alors que la première classe de math moderne (la 6e Latine a) ne donne pas de résultats surprenants (66%). A partir de l’année suivante, on oubliera définitivement (façon de parler) les maths traditionnelles. Je crois que cela n’a pas changé fondamentalement les résultats, contrairement aux espoirs des novateurs.  

Est-ce le fait d’avoir finalement des élèves en moyenne plus âgés en fin de carrière qui a tout changé ? J’ai commencé à donner cours dans le supérieur en 1990, à une seule classe de 4e au début. Et je n’ai plus de classe du cycle inférieur depuis 2001. Les résultats ne montrent pas de nettes différences dans ces années-là.

Pour expliquer les résultats catastrophiques de 1970, une autre raison s’impose. C’est la qualité des élèves et aussi leur manque de motivation dans certaines classes. En 4LM (voir Souvenirs 9:Une classe infernale), la situation est tendue dès le début de l’année. La classe est quasi impossible à tenir, les éléments perturbateurs sont majoritaires, l’ambiance est détestable, les résultats ne pouvaient qu’être mauvais. C’est un très mauvais souvenir pour l’ensemble des profs qui ont fréquenté ce groupe d’ados. Et en 6e Moderne – ouverture de la section moderne cette année-là – il faut bien dire que notre recrutement, essentiellement des élèves de nos 6es Primaires, est intellectuellement très faible. A part deux ou trois élèves, les garçons qui inaugurent cette section ne seraient sans doute pas allés en Latines l’année avant, ils auraient quitté le Collège pour trouver chaussures à leurs pieds. Nos instituteurs de 6e Primaire en étaient très conscients. Et les quelques élèves de 6e latine C (10 au départ, 8 à l’arrivée) étaient jumelés avec cette faible 6e moderne pour la majorité des cours. Je ne sais pas s’ils avaient été choisis en connaissance de cause, mais on aurait pu le penser. Voyez les moyennes de ces trois classes et comparez avec les 2 autres de cette même année scolaire!

Loin de moi l'idée de nier la responsabilité du professeur. Il va de soi qu'un enseignant est meilleur certaines années que d'autres (nous ne sommes pas des robots). Les circonstances de la vie changent d'une époque à l'autre. les programmes évoluent. les questionnaires aussi. La façon de coter varie insensiblement. Etc. Mais tous ces facteurs ne sont pas chiffrables et, a priori sans conséquences importantes, on les considère comme négligeables.

A mon avis, l'essentiel dépend du potentiel des élèves que nous recevons.
Mais le Rénové et la mixité ? Honnêtement, je crois que ça n’a pas changé grand-chose quant aux résultats. Comme on croit généralement que les filles sont plus studieuses que les garçons, on peut dire que la mixité a plutôt poussé vers le haut les moyennes. Impossible de donner un avis cohérent concernant le rôle du Rénové dans cette statistique. Les profs interrogent les élèves sur les matières vues par les élèves. Une autre réflexion pourrait être menée par rapport aux programmes et aux horaires. Nous sortons alors du cadre de cette étude.
Ce qui serait intéressant, ce serait de pouvoir comparer avec les résultats de l’un ou l’autre collègue. Mais qui est assez fou pour passer des heures à cette sorte de calculs pour le plaisir ?

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