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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 15:56

13. La disqualification

 

  Je rends la parole (toujours notée en italique) à Christophe Javaux pour la suite de cette aventure:
En ce mois de février 2003, nous sommes sur notre petit nuage: sélectionnés pour la finale, en confiance, désignés comme favoris par rapport aux autres équipes, nous avons en outre le soutien infaillible de tout le corps professoral du Collège. Plus rien ne peut nous arriver… Cette finale ne peut pas nous échapper.
 

Tout baigne, mais plus pour longtemps. Dominique Jeangette, le coach attitré, reçoit un coup de fil de la RTBF: les organisateurs de l’émission lui annoncent qu’ils vont disqualifier l’équipe pour non-respect du règlement! En fait, c’est le cas de Bertrand Jacquet, qui motive cette décision: comme il l’a dit lui-même, il est parent d’un employé de la RTBF. Le règlement – qu’il a signé! – lui interdisait donc de participer au jeu télévisé. Rappelez-vous (voir paragraphe précédent): son père est traducteur à la RTBF-Liège. Un concurrent du Christ-Roi d’Ottignies aurait entendu ses confidences à Théo Van Hamme et – on imagine – l’école en aurait profité pour déposer réclamation contre SFX. Le coup est rude, mais nos représentants n’y croient pas: ils veulent s’expliquer avec les organisateurs de l’émission, la disqualification leur paraît totalement absurde sinon révoltante.
 

Bertrand est effondré… il comprend que, par son insouciance lors du précédent enregistrement, il risque de faire chuter l’équipe. Histoire de calmer les esprits, M. Jeangette nous promet de nous emmener néanmoins le lendemain à Bruxelles pour s’expliquer. Mais cela ne suffit pas pour nous calmer… Cette déclaration tombe au plus mauvais moment… C’est en effet en ce mardi 25 février qu’ont lieu les éliminatoires internes de Génies en Herbe pour l’année suivante. Contrairement à la tradition demandant aux participants de l’année en cours de sélectionner les nouveaux, Madame Schoonbroodt a décidé de prendre les choses en main et de préparer elle-même les questionnaires, sans concertation aucune (...). Nous avons malgré tout assisté à ces éliminatoires, histoire de voir à quelle sauce ils seraient cuisinés.
 

Les résultats ne plaisent pas à nos concurrents, les sélections de Christophe (repris d’office) et de Jean-Abdon exceptées.
 

Pris d’un coup de sang, Gilles et moi écrivons sur la feuille des résultats que nous jugeons la sélection irrecevable (…) et demandons de nouvelles sélections. La réponse ne tarde pas: une heure plus tard, nous sommes directement convoqués chez M. Jaminet pour nous expliquer. Mlle Schoonbroodt n’est évidemment pas contente de la tournure des événements…

 

L’autorité du Collège fait comprendre que le temps du vedettariat est passé: Gilles et Christophe, calmés, s’excusent auprès de Marie-France Schoonbroodt. La direction a pris la mesure de la contre-publicité que risque d’engendrer cette disqualification: moins on en parlera, mieux ce sera. Malgré cela, la mauvaise nouvelle se répand comme une traînée de poudre, au Collège et… au-delà!

 

 
 

                  génies 4      

Christophe ajoute ici la note suivante: Lors de cette fameuse mise au point chez M. Jaminet, Jean-Abdon Hardenne a également été convoqué. Vu qu’à l’époque, il était régulièrement appelé pour des faits de turbulence et que son nom était apparu sur la liste, M. Jaminet a cru qu’il avait un rapport avec cette affaire, mais il n’en était rien! Il n’était même pas au courant des événements qui s’étaient tramés! Cet épisode l’a fortement surpris, car pour une fois il était victime d’une accusation non fondée. Il me reparle encore souvent de cet épisode!
 

Le lendemain – mardi 26 février 2003, jour prévu de rendez-vous à Bruxelles pour la préparation à la finale –, toujours persuadés qu’ils vont pouvoir enfin s’expliquer avec les organisateurs du jeu, nos génies apprennent par Dominique Jeangette que la TV ne veut même pas les recevoir. A la place, ils sont convoqués chez le sous-directeur Embrechts pour un débriefing. Celui-ci se montre satisfait de leur parcours, mais aimerait aussi qu’ils adoptent une attitude digne et discrète, abandonnant toute attaque contre la RTBF. Bertrand, lui, n’accepte pas. Il veut malgré tout aller à Bruxelles pour faire valoir ses arguments. Pour lui, le point du règlement invoqué est désuet – il ne vit d’ailleurs pas chez son père – et le parcours sans faute du Collège leur donne droit à jouer la finale à 4 pour laquelle ils se préparent depuis un an. En outre, Bertrand présente un nouvel argument qui lui semble imparable: l’entraîneur du collège Saint-Michel d’Etterbeek (l’autre équipe favorite de la finale à 4) n’est personne d’autre que Michel Feys, un professeur également présentateur de la météo sur… la RTBF! Il a sûrement plus de contacts avec les rédacteurs de questions à Bruxelles que le papa de Bertrand, même s’il n’a aucun lien de parenté avec les participants. Le règlement est curieusement muet sur ce cas de figure: Jacquet est déchaîné!

 

Dominique Embrechts, informé que l’affaire prend des développements inattendus par l’entremise de jeunes anciens élèves du Collège (voir infra), maintient sa position, qui me paraît réaliste: on arrête tout, même si, dans le public, cette disqualification risque d’entraîner un soupçon de tricherie. Surtout, ne plus faire de vagues.
 

Pour les nombreux élèves qui nous soutenaient, cette annonce fait l’effet d’une bombe et alimente les conversations en interne. Beaucoup espéraient nous voir en finale et triompher des classiques écoles bruxelloises et sont dès lors déçus par l’attitude défaitiste de la direction. Sous l’impulsion de quelques professeurs qui nous soutiennent malgré tout, une pétition pour demander à la direction de débattre avec la RTBF verra même le jour; elle connaîtra un certain succès, mais ne fera pas bouger les choses d’un iota.
 

Fin de la belle aventure: dura lex sed lex!

 

 

14. L’affaire rebondit

          

Pourtant, deux Collégiens, fans de l’émission et surtout du Collège, vont                                     Génnies Leroy Culot 2001 6E
entreprendre de leur côté, en dehors de toute connivence avec qui que ce soit, une démarche téméraire pour tâcher d’inverser le cours des événements. Ces deux francs-tireurs – Louis Culot (futur avocat) et Philippe Leroy (futur médecin), sortis de rhéto en 2002 –  vont écrire la lettre ouverte ci-jointe aux écoles d’où la réclamation aurait pu venir. Ils espèrent réveiller ainsi les consciences et voir enfin le bon sens triompher.







                                                            Honneur et Elégance :

Lettre ouverte aux écoles ayant participé à l'émission
Génies en herbe.

Criminels ! Quatre criminels de plus démasqués: joli coup de filet, assurément ! Et qui sont-ils ? Il s'agit des quatre membres de l'équipe de Génies en herbe du Collège Saint-François-Xavier de Verviers.

Leur faute: avoir admis parmi eux un participant dont le père travaille comme... traducteur à la... RTBF Liège !

Revenons aux faits: l'équipe du Collège Saint-François-Xavier a gagné, parfois haut la main, les matchs de Génies en herbe qu'elle a disputés cette année. Cette émission est avant tout un jeu. Un jeu où des équipes de jeunes s'affrontent dans une ambiance détendue et festive, un jeu où l'important demeure la participation et non la gagne.

A la suite de la victoire du Collège SFX, une école (mais laquelle ?) déposa une plainte. Simplement, répétons-le, parce qu'un membre de l'équipe de SXF a eu le malheur d'avoir un père traducteur à la RTBF Liège ! Une fonction qui n'a, cela saute aux yeux pour les personnes sensées, aucun rapport avec l'émission proposée par la chaîne de télévision bruxelloise.

Ceux qui ont pris l'initiative de cette plainte auraient été jusqu'à faire appel à un avocat. Mais pour défendre quoi ? Sérieusement ? Evoluons-nous dans le monde de la haute finance ou dans un jeu entre élèves ? Et que dire du fair-play dans tout cela ?

Ces méthodes ont profondément choqué ; ces procédés sont indignes d'un établissement scolaire quel qu'il soit. Notre équipe, victime de cet acharnement et de la cruelle injustice qui en résulte, est effondrée.

L'article du règlement de Génies en herbe (qui stipule qu'un élève parent d'une personne employée par la RTBF ne peut être admis à participer au jeu) est louable et nécessaire parce qu'il s'inscrit dans une logique d'impartialité et d'honnêteté destinée à prévenir d'éventuels abus. Pour autant, nous estimons qu'invoquer cet article dans le cas présent est complètement abusif et masque bien mal la mauvaise foi d'un perdant antisportif et rancunier.

Avec force, nous nous inscrivons en faux contre l'accusation de tricherie implicite résidant dans le mauvais procès qu'une école pointilleuse intente au Collège Saint-François-Xavier. Toutes les victoires acquises par SFX le furent à la régulière, et ceux qui affirment en douter ne doutent que d'eux-mêmes.

La déception éprouvée au soir d'une élimination est légitime. Maquiller le dépit par cet article du règlement est inacceptable. Marquer de basses rancunes du sceau de la « légalité » dénote un manque d'élégance affligeant.

L'opiniâtreté et l'anti-sportivité de cette méchante attaque prêteraient à rire si la bonne foi et l'honneur de notre équipe, et plus spécialement du membre dont le père est accusé, n'étaient mis en cause.

Voilà pourquoi nous demandons à la Direction de l'école plaignante ainsi qu'à l'ensemble des écoles ayant participé au jeu, par respect pour notre équipe et bien plus largement pour tous les supporteurs neutres et raisonnables de cette émission, de soutenir notre démarche pour que cette plainte soit retirée.

Le Collège Saint-François-Xavier n'a rien à se reprocher ! L'attaque dont il fait l'objet est déplacée. Associez-vous à nous pour choisir la voie de la sagesse et du fair-play.

Philippe Leroy & Louis Culot 
Simples supporteurs du jeu et de l'équipe du Collège SFX
Icphl@hotmail.com

 

 

Cette surprenante missive, je la découvre à cette époque sur une table de la salle des profs: est-elle là par inadvertance (un oubli du sous-directeur?) ou pour information discrète du corps professoral? Je ne sais pas (ou plus), mais comme elle a l’air abandonnée, je me l’approprie. Trois ans plus tard, les deux auteurs (anciens de "ma" 5E de l’an 2000) viennent me rendre une visite amicale au cours de laquelle je leur ressors le document. Agréablement surpris, ils croyaient que leur pamphlet était resté bloqué dans l'ordinateur de Jacques Camps, ils me racontent par le menu leur dernière tentative, pour le moins rocambolesque.
Nos deux Don Quichotte se retrouvèrent face à des moulins à vent. Leur tentative informatique désespérée
fut un coup dans l’eau, comme prévu: Philippe Leroy me rappelle qu'ils savaient tous deux que le Collège n'avait plus une chance sur cent d'être finaliste. Un peu  déçus mais pas découragés,  ils tentèrent un dernier geste (ça ne m'étonne pas d'eux!) pour faire pression sur la direction d'Ottignies: ils vont forcer la main du directeur via ses élèves. Voilci leur raisonnement (de la plume de Philippe):

En l'écrivant [cette lettre], nous avons un postulat et une stratégie clairs. Le postulat est que toute l'affaire se trame en dessous du Directeur d'Ottignies et qu'un tel homme ne pourrait pas laisser aller aussi loin une affaire si ridicule. Notre stratégie est donc de créer un remous suffisant dans l'école d'Ottignies pour que le directeur ne manque pas d'être informé et de s'emparer de l'affaire. Nous espérions (...), avec son intervention, qu'Ottignies exprime clairement à la RTBF qu'il refusait d'être sélectionné pour une finale sur le tapis vert. Apparemment ce ne fut pas le cas car, quelles qu'aient pu être les discussions, force est de constater qu'ils n'ont pas refusé cette finale...
 

Philippe et Louis firent donc 200 copies de cette lettre ouverte et, cette bombe à retardement sous le bras, ils pénétrèrent subrepticement dans ce collège (pas très éloigné de leur université) à la tombée de la nuit: rien de plus facile, la porte était ouverte à l’intention des basketteurs du soir… Louis et Philippe inondèrent alors de leur réclamation écrite les murs de toutes les salles accessibles. L’excitation était à son comble quand nos deux gaillards, au terme de leur travail clandestin, s’aperçurent que la lumière s’était coupée dans tout le bâtiment et qu’ils étaient désormais pris au piège, enfermés dans cette école ennemie devenue leur prison pour la nuit... Heureusement, les normes de sécurité, qui exigent des issues de secours ouvrables de l’intérieur, étaient respectées: de ce côté-là, l’école était en règle. La suite n’est pas bien connue. L’affichage clandestin n’aurait pas atteint sa cible. D’après certains renseignements non confirmés, quelqu’un – un surveillant matinal ou une femme d’ouvrage, qui sait? – aurait découvert les lettres intruses et se serait attaché à faire disparaître toute trace de ce brûlot.

En pratique, nos deux héros reçurent un et un seul courriel, mais pas de l’expéditeur attendu, c'était celui de M.J.Camps – le directeur d’un Centre scolaire à coup sûr! ­– leur intimant l’ordre d’arrêter définitivement leur campagne de sensibilisation.
Manifestement, le Collège avait négocié avec la RTBF et avec le Christ-Roi pour éviter au maximum la disgrâce de l’école et la publication des contradictions du règlement de cette activité ludique télévisuelle. Camps (ou Embrechts?) avait-il vraiment défendu l'honneur de ses élèves? Les inconditionnels de notre équipe en doutent toujours...

Réflexion de Ph.Leroy, 8 ans plus tard:

Avec le recul vient l'analyse plus calme, épurée des sentiments bouillonnants du moment. Et pourtant, je me revois exactement dans l'état d'esprit d'alors ! Cette lettre, je pense que nous avons eu raison de l'écrire. Notre jeune âge nous a autorisé la fantaisie de sa livraison. Notre indignation était réelle, légitime je le pense. Je reste persuadé que cette histoire n'était qu'une tempête dans un verre d'eau qui aurait dû se résoudre en 3 coups de téléphone. Pourquoi ne le fut-elle pas ? Voilà le mystère... Une petite conversation de mise au point cordiale entre les deux directeurs puis un message commun vers la RTBF ne me semblait pas inenvisageable. Pourquoi Jacques Camps et son homologue n'ont-ils pas réglé cela entre hommes? On en serait resté là, la RTBF aurait été plus vigilante vis-à-vis du respect du règlement l'année d'après, l'affaire était jouée et les réputations de tous saines et sauves.

Aucune information officielle sur ce cas de figure étonnant n'émanera de la RTBF. Même lors du passage sur antenne des émissions suivantes de Génies: personne n’expliquera à la TV comment le collège du Christ-Roi d’Ottignies se retrouvera en finale après avoir été nettement battu – ce match enregistré de la victoire du Collège est passé comme si de rien n’était – par le Collège SFX de Verviers.                                                                                                      
 

Nonobstant la volonté manifeste des diverses institutions de calmer le jeu, cette affaire fit grand bruit dans le Landerneau verviétois. La presse écrite locale s’empara de ce fait divers croustillant. Mais ne mettons pas tous les quotidiens dans le même sac. Si La Meuse relata l’événement dans des termes très mesurés, Le Jour n’hésita pas à enquêter tous azimuts, allant jusqu’à interroger nos Génies, toujours sous le choc, en dehors de la présence du moindre représentant du Collège. Il n’en fallait pas plus pour que Bertrand Jacquet, celui par qui le scandale était arrivé, et Gilles Laguesse déversent toute leur rancœur contre cette école qui refusait la défense de leur «honneur» et acceptait ainsi l’interruption brutale de la diffusion de leurs «exploits».


geh1titre-du-Jour.jpg


Plus réservés et sans doute plus mûrs, Joachim et Christophe évitèrent de jeter de l’huile sur le feu. Le journaliste prit pour du pain bénit tout ce que nos deux lascars racontaient et jeta ces propos contestables en pâture au public verviétois. A côté de la relation des faits (plutôt correcte), une colonne intitulée «Réactions» donnait la parole aux jeunes avec des sous-titres accrocheurs comme «Sur les conseils du prof» (mise en cause de Dominique Jeangette par Jacquet), «Pas soutenus par SFX»… Je fus particulièrement choqué par l'attaque unilatérale contre Dominique Jeangette. J’ai même tâché de le convaincre d’exiger un droit de réponse. Dominique, toujours très réservé, préféra s’abstenir pour ne pas entretenir la polémique. Je crois en fin de compte qu’il avait raison, il n’avait sans doute rien de bon à espérer de cette procédure peu appréciée par le commun des journalistes. Et le Collège encore moins.
Ah! le pouvoir de la presse…
                                                                                              

 

 

15Ultimes considérations de Ch.Javaux
 

M. Jeangette (…) jette l’éponge: il ne s’occupera plus d’une future équipe de Génies en Herbe. Quant à Bertrand Jacquet, il subit de nombreuses pressions de professeurs qui trouvent qu’il était allé trop loin dans ses déclarations. Le torchon brûle totalement entre lui et M. Dejong, alors que c’était un de ses protégés. Les altercations sont si vives entre eux qu’il est finalement interdit de «voyage rhéto»!
[Je précise que Christophe n’était pas dans la même classe que Bertrand, il n'était donc pas témoin direct de ce qu'il reproche à Philippe Dejong. D'ailleurs, je tiens la justification de cette exclusion exceptionnelle de la titulaire, Bénédicte Winandy (et non Philippe Dejong), qui m'écrit (le 13 mars 2011) textuellement ce qui suit:
Winandy-Bene-2003.jpg



Bertrand Jacquet était dans ma classe de rhéto, s’il n’est pas venu en voyage rhéto c’est qu’il a méprisé de signer le papier d’engagement d’un comportement adéquat lors du voyage. C’était la cerise sur le gâteau après l’accumulation d’épisodes inadaptés en classe, le sabotage du projet cabaret sur Bourvil (qui n’a jamais vu le jour !)  et suite aux dernières polémiques concernant génies en herbes. Je ne pouvais pas laisser passer cette accumulation de méfaits. Cet élève n’était pas fiable, j’avais perdu confiance en lui et il risquait de mal influencer le groupe lors du voyage].

L’affaire fit grand bruit auprès des élèves.
Quant à M. Embrechts, déçu par l’ampleur prise par les événements (…), il décide de ne pas réinscrire le Collège pour l’année suivante (2003-2004), histoire de calmer le jeu. La nouvelle équipe de Mlle Schoonbroodt ne verra donc jamais le jour.

Enfin, (…), la RTBF délégua une équipe de son émission Projet X (présentée par les frères Deborsu) pour nous interviewer et recueillir nos doléances. Sans grande surprise et sans grande innovation, nous ressasserons notre credo de bonne foi et de bon sens en n’acceptant toujours pas notre éviction de la compétition. (…). Ce reportage passera inaperçu lors de sa diffusion et plus personne n’y fera allusion par la suite.

Quant à la finale du jeu, elle s’est déroulée sans encombre. L’équipe de Saint-Michel d’Etterbeek (celle entraînée par M. Feys!) l’a emporté haut la main devant le collège d’Ottignies, étonnant deuxième de cette finale à 4 alors qu’il avait été régulièrement éliminé par les Verviétois du Collège.

Dernières révélations: j’eus droit à quelques éclaircissements de l’affaire en rencontrant par le plus grand des hasards un supporter de l’équipe d’Ottignies. Ce que je raconte ci-dessous n’a jamais été mis à la connaissance du Collège.
La rencontre s’est déroulée durant la 1re semaine des vacances de Pâques. J’étais parti en vacances à Oxford pour un stage de langues avec la Mutualité du Chemin de Fer, qui regroupe des jeunes venant de tous les horizons de la Belgique. A peine quelques jours après mon arrivée, un jeune me reconnut: il m’avait vu lors de l’enregistrement de
Génies en Herbe contre son école, le collège du Christ-Roi d’Ottignies… Quelle coïncidence! Voilà l’occasion rêvée d’en apprendre un peu plus sur la tournure réelle des événements. Il me fit des révélations surprenantes…

Il y eut en effet une plainte déposée par Ottignies auprès de la RTBF. Cependant, cette plainte n’était pas adressée dans un but mesquin ou anti-sportif (comme on l’avait cru), mais plutôt en guise d’information sur leur vision des choses. Leur lettre portait surtout sur le fait que lors de notre confrontation, beaucoup trop de questions BD avaient été posées, ce qui avait favorisé Guillaume Joachim, notre spécialiste BD (ce qui est vrai, puisque nous avons gagné 130 points uniquement sur de la BD, c’est énorme!). Par ailleurs, ils mentionnaient aussi le fait que la RTBF ne respectait pas le règlement à la lettre (la fameuse déclaration de Bertrand sur son papa) et qu’elle ferait bien de le respecter à l’avenir (…).

 

D’après ce «témoin» (attention, ça ne reste qu’un témoignage!), son école aurait envoyé une lettre de mise au point et non pas de menaces. Restons réalistes: pourquoi une école engagerait-elle des procédures judiciaires très onéreuses contre la RTBF pour faire participer ses élèves à la finale et ramener un maigre butin de quelques milliers d’euros à l’école? Cela aurait joué de toute façon en leur défaveur. D’ailleurs, le jeune Ottintois avouait que son équipe était même surprise d’être réintégrée pour la finale: d’une part, parce qu’ils ne le demandaient pas dans leur lettre, et d’autre part, la tradition ertébéenne voulait qu’en cas de désistement d’une équipe, on repêche le meilleur perdant des quarts de finale, c’est-à-dire le collège Saint-Louis de Namur!

 

Lors de la saison 2004-2005, l’équipe de Saint-Michel d’Etterbeek (la gagnante de la saison 2002-2003, entraînée par M. Feys!) fut disqualifiée d’entrée de jeu parce qu’un parent des participants travaillait à la RTBF! Celle-ci avait donc décidé de passer à l’attaque et de sanctionner toute équipe ne respectant pas à la lettre son règlement. Notre cas avait donc fait jurisprudence; désormais, une équipe pouvait se faire sortir sur base de «l’Arrêté Collège SFX 1 de Verviers».  (…) Deux ans plus tard (saison 2006-2007), l’émission met la clé sous le paillasson…

 

En conclusion, je peux affirmer que notre participation à Génies en Herbe a été un événement marquant de notre jeunesse et nous laisse de nombreux bons souvenirs. Au-delà de notre éphémère popularité au sein du Collège, cette expérience nous a permis de découvrir l’envers du décor d’une émission télévisuelle et de se confronter au stress d’un jeu TV en équipe. Personnellement, ce fut aussi l’occasion de rencontrer des gens, notamment au sein de l’équipe réserve; je vois encore régulièrement Hervé Hortelan
                     Javaux-et-Hortelan-20-mars-2011-n-.jpg
ou Jean-Abdon Hardenne. Je regrette cependant les proportions ahurissantes que le jeu a prises à la fin. Nous nous étions fortement impliqués dans cette aventure, un peu trop sans doute. Si le but était à la base de participer, à la fin, il devenait indispensable de gagner la finale, coûte que coûte. Il est clair que nous avions un peu «la grosse tête» et que nous nous sentions intouchables. Notre disqualification nous a ramené les pieds sur terre, dans la douleur certes, mais cela nous a permis de revenir à la raison et de nous concentrer entièrement sur nos études.

Parmi toutes les tensions qui ont été créées au sein du Collège par notre faute, je regrette plus que tout le mal qu’on a pu faire à M. Jeangette (en interne ou lors des enregistrements), car malgré tout ce qu’on a pu dire sur lui, c’était le seul professeur qui nous a accompagnés du début à la fin. J’estime que nous n’avons pas été assez reconnaissants à son égard.  

 

Et dire que ce n’était qu’un jeu… 
 

 

 

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 15:42

 

 

A cette époque, le ministre de la Communauté française chargé de l’Enseignement secondaire est le libéral Pierre Hazette (nom prédestiné!). Ce Hazette-bis.jpgprofesseur de langues anciennes ne fera rien pour nous libérer des compétences, au contraire. D’autre part, le ministre avait la ferme intention de créer une école destinée aux élèves mineurs qui se seraient rendus coupables de faits de violence ou qui auraient été renvoyés à plusieurs reprises – ce qu’on a appelé «l’école des caïds». Les socialistes et les écolos hurlèrent à la «ghettoïsation». Hazette fut ainsi contraint de retirer son projet. On créa à la place les fameux centres fermés pour jeunes délinquants, toujours surchargés.

Pierre Hazette réussit à garder son portefeuille de 1999 à 2004: je crois que c’est son principal titre de gloire. Mais il ne s’est pas attaqué à l’emploi des profs, c’est déjà ça.

Fait exceptionnel en Belgique, il aura vu de son vivant une école primaire communale (dans le village de Marneffe) porter son nom! On a les héros qu’on mérite…

Mais ce n’est que broutilles à côté des événements internationaux. Cette époque est incontestablement marquée par des conflits armés de grande envergure, plusieurs guerres civiles en ex-Yougoslavie, puis l’invasion de l’Irak (2e édition) par les armées anglo-américaines.

Je retiens surtout que dans les Balkans, l’OTAN a utilisé (en 1999) le tout nouveau concept, cher à Kouchner, de devoir d’ingérence, pour bombarder des positions serbes, avec dégâts collatéraux non négligeables. Cette intervention aérienne «limitée» s’est engagée sans l’assentiment de l’ONU, au mépris de cette organisation créée pour la paix des nations! Ce n’est malheureusement pas une première, même la Belgique (peu après l’indépendance du Congo) s’est laissée aller à ce mépris des institutions internationales.
Pour se dédouaner face au public, les Occidentaux utiliseront largement la désinformation et ça fonctionnera, contre toute attente, alors que le conflit se passe sur notre petit continent! Je trouve qu’il manque quelque chose dans nos humanités: une réflexion sur la politique internationale des dernières années et les mensonges d’état.  

Bush-GW.jpgEn mars de cette année 2003, on aurait été bien inspiré de réfléchir aux moyens d’information. Rappelez-vous le temps où George W. Bush tentait d’effrayer le monde en parlant des fameuses armes de destruction massive prétendument en possession de Saddam Hussein. Il propose maintenant une guerre préventive contre l’Irak, la première étant toujours en cours en Afghanistan.Villepin.jpg  

Heureusement, tous ses alliés traditionnels ne marchent pas dans cette combine. Le discours remarquable de Villepin à l’ONU (14 février 2003) démontant les arguments américains et expliquant pourquoi la France de Chirac Saddam lors de son arrestationne participera pas à cette nouvelle croisade, contrairement à la France de Mitterrand 12 ans plus tôt, est devenu un classique, à étudier dans les écoles. L’ONU refusera son blanc-seing aux Anglo-américains, qui passeront outre le 20 mars 2003: un crime contre l’humanité! L’obsession américaine ira jusqu’à la pendaison de Saddam Hussein (par les Irakiens eux-mêmes, c’était plus propre!).
Aujourd’hui, huit ans plus tard, Bush prétend qu’il a lui-même été berné par ses conseillers militaires: aucune arme de destruction massive n’a été trouvée en Irak! Et tout ça pour détruire Ben Laden (toujours vivant aux dernières nouvelles) et ses sbires, champions du terrorisme international…

Non, je ne suis pas sorti de mon sujet, j’ai le souvenir que tout ça manquait à nos grands élèves, tenus loin des grands problèmes du monde, même si quelques velléités se manifestaient chez l’un ou l’autre prof, comme Joseph Ruwet, qui faisait des interros (hors programme) sur l’actualité.

 
12. Génies: la nouvelle dream-team

 

Pour narrer cette aventure par le menu, j’avais demandé le concours de Christophe Javaux, un des représentants de notre équipe, élève dans ma classeJavaux Chris 2002 de 5C à cette époque. Christophe, garçon remarquable devenu ingénieur à la SNCB entre-temps,  m’a envoyé un texte très détaillé relatant cet épisode unique dont il se souviendra toute sa vie. Je vais en profiter en notant en Laguesse-279_1053684_6073.jpgbleu les citations textuelles que je vais lui emprunter, avec son accord, bien entendu.

Dès le début de l’aventure, raconte Christophe, nous avons été bien encadrés par des anciens de ce jeu, qui nous transmirent tous leurs tuyaux accumulés au fil des années et qui nous entraînèrent à l’exercice délicat des questions de rapidité. Ces mêmes anciens préparèrent les présélections au sein du Collège. L’épreuve consistait alors en deux séances écrites de 50 questions de culture générale (piochées de façon très large dans tous les domaines de prédilection de Génies en Herbe), suivies d’une séance orale de questions de rapidité. La moyenne pondérée de ces épreuves permit de sélectionner de façon impartiale l’équipe A du Collège, qui aurait le privilège de participer à l’émission, et l’équipe B, la réserve en cas de désistement d’un participant. Voici la composition de ces équipes:

 Hortelan 2002

-         Equipe A: Bertrand JACQUET, Christophe JAVAUX (5C), Guillaume JOACHIM et Gilles LAGUESSE

-         Equipe B: Jean-Abdon HARDENNE (5C), Tom STOCK, Josselin WILDEMEERSCH (5C) et Anne SWALUE (celle-ci se désistera et sera remplacée par Hervé HORTELAN, qualifié à la suite d’un duel épique contre Thomas BRUNO, tous deux de la classe de 5C).Wild Joss 2002

 

Hazette-et-Bruno.jpg










Après ces présélections internes
, continue Christophe, un premier gros morceau nous attend: les épreuves écrites éliminatoires à Bruxelles. Le cadre est impressionnant: une centaine d’équipes se retrouvent dans une grande salle de la RTBF et doivent répondre à 100 questions de culture générale en un temps réduit (30 à 60 minutes).

 

Pour une école parfaitement drillée et avertie du type de questions posées, c’est une formalité. Forts de la complémentarité de notre équipe, nous réussissons la présélection haut la main en finissant 4e sur 100 écoles! Ce beau score nous motive fortement et nous pousse dès lors à réviser différentes matières afin de nous préparer au mieux à cette aventure télévisée.

Il faut d’une part travailler la rapidité (car beaucoup de questions posées à l’émission sont faciles et demandent simplement d’être le plus rapide sur le buzzer et d’autre part améliorer encore notre culture générale. On décide alors de répartir le travail d’étude entre nous afin que chacun se spécialise dans une des matières suivantes:

– Bertrand Jacquet: sciences, littérature et musique.
– Christophe Javaux: géographie et histoire.
– Gilles Laguesse: BD, littérature, politique et musique.
– Guillaume Joachim: actualité, sports, histoire et musique.

Néanmoins, il convient que chacun étudie également les classiques afin d’être opérationnel sur les épreuves individuelles: les capitales, le tableau de Mendeléev, les vainqueurs du Tour de France et des championnats du football belge, le gouvernement belge, etc.

 

L’été 2002 sera donc studieux afin d’être au point pour le premier match situé en septembre! Le mauvais temps du mois de juillet nous aidera à nous mettre au travail. Le premier choc est programmé pour le vendredi 13 septembre 2002. A la rentrée, nous profitons des quelques jours qui restent pour nous entraîner au buzzer lors de petits matchs fictifs où des questions sont posées par quelques copains de l’équipe de réserve.

 

N.B. Si, l’année précédente, il était facile de trouver un local pour s’entraîner sur le temps de midi, ce n’est plus le cas cette année: nos prédécesseurs ont eu la mauvaise idée de finir leur préparation en jetant des boules puantes dans la classe où ils s’entraînaient… Désormais, pour pouvoir disposer d’un local, il faut montrer patte blanche et demander une clé à M. Jaminet.

 

Par ailleurs, comme suite à des contacts de Gilles Laguesse avec SFX 2 – pour la première fois de son histoire, notre école «sœur» a passé avec succès les éliminatoires –, on organise une confrontation amicale entre les deux écoles. Quelques jeunes professeurs motivés de SFX 2 préparent avec sérieux cette rencontre de prestige. Trop sûrs d’eux, les candidats de la rue de Rome perdent sans gloire face à ceux de la rue de Francorchamps. Voilà de quoi calmer l’euphorie de nos représentants.

Pour ce premier match, le Collège met les petits plats dans les grands et loue un car pour le transport: quel luxe! Pour les matchs suivants, les sélectionnés devront rallier Verviers à Bruxelles par leurs propres moyens: une sacrée aventure, explique Christophe! 

Pour nous soutenir dans le public, nous avons droit à une cinquantaine de supporters, soit 2 classes et quelques professeurs. Le choix des supporters est une question délicate, source de tensions internes entre classes…

Nos premiers adversaires sont les étudiants de l’institut des frères Maristes de Mouscron, des néophytes à Génies en Herbe: non seulement c’est leur première aventure, mais ils ont même deux candidats très jeunes: 15 et 14 ans! Durant la séance de maquillage, nous avons l’occasion de les rencontrer: ces jeunes concurrents nous apparaissent bien sympathiques, mais ils ont l’air tétanisés à l’idée de nous affronter en duel! Il faut dire que le Collège SFXun de Verviers (appelé «vulgairement» Centre Scolaire par les producteurs de l’émission) est dans le cercle très restreint des favoris au même titre que d’autres écoles, déjà titrées par le passé, telles que Saint-Michel d’Etterbeek, Saint-Boniface-Parnasse d’Ixelles et Saint-Paul de Godinne-Burnot. A l’issue du premier match, Thomas Van Hamme n’hésitera pas à nous Van-Hamme-et-Boulangier-essai.jpgcomparer au Real de Madrid avec toutes ses stars: il y va fort!

Par ailleurs, notre équipe entame les épreuves très décontractée et très confiante. Gilles et Bertrand sont particulièrement en verve: ils discutent et blaguent avec les présentateurs, les cameramen, les maquilleuses et les habilleuses. Ce sera d’ailleurs le cas lors de chaque enregistrement. Au maquillage, nous avons également l’occasion de faire plus ample connaissance avec les présentateurs de l’émission.

L’entrée sur le plateau est stressante. Quelques petits pas pour les participants, mais que de travail pour les cameramen! Les prises de vue sont recommencées jusqu’à la perfection. Tout doit être coordonné: l’entrée en file indienne, la ola générale du public (en chœur et synchronisée) et le traditionnel bonsoir à Marie-Hélène Paternottre, juge-arbitre des émissions. L’instant est crucial, car le moindre faux pas se retrouve dans le bêtisier de fin d’année. 

 

Le premier match, contre Mouscron, ne pose pas de problèmes. Guillaume assure le minimum sur son duel d’histoire. Le Collège fait la course en tête. Mais en culture, Gilles se fera remarquer de façon bien peu glorieuse. Parmi les 4 sujets proposés, aucun ne l’inspire. Il choisit alors le sujet le plus difficile, espérant de la sorte que son adversaire ne sache pas y répondre. La manœuvre n’est pas très fair-play. Plutôt que d’adopter une attitude de réserve, Gilles en remet. Au fur et à mesure des questions, il fait mine de s’en désintéresser, et s’éloigne même du buzzer afin de ne pas être tenté de répondre. Intrigué par son comportement, Thomas Van Hamme lui demandera la raison d’une telle attitude. «Question de tactique!»  déclarera-t-il haut et fort, sous les huées de l’équipe adverse…

 

Voilà donc le Collège directement sélectionné pour les huitièmes de finale. Notons en passant la maîtrise de Christophe en géographie. A peine remis de leurs émotions, nos représentants sont invités par l’équipe de SFX 2 à jouer la revanche, qui se tiendra lors de leur fancy fair. Christophe Javaux sera absent ce jour-là, mais ce n’est pas une excuse pour se faire battre à nouveau: la honte! Cependant, SFX2, champion des matches amicaux, se fera sortir au premier tour par le collège de Godinne-Burnot…

En novembre, galop d’entraînement organisé dans le cadre du salon Orienta à Bruxelles où le Collège termine à une honorable 2e place derrière l’Athénée Royal d’Herstal.      

 

Deuxième manche officielle le 15 janvier au matin, juste après la retraite. L’adversaire est le lycée Berlaymont de Waterloo. Cette équipe brabançonne se présente en uniforme et dégage un parfum d’arrogance qui ne nous plaît guère: ils ne nous  adressent même pas la parole dans les coulisses. Par contraste, l’ambiance verviétoise est toujours bon enfant: Bertrand, plus boute-en-train que jamais, raconte ses histoires et fait rire tout le personnel de la RTBF. Nous faisons sans doute un peu trop de bruit pour la concentration des jeunes de Waterloo, qui sortent tout simplement dans le couloir pour attendre le début du jeu! Le ton est donné…

 

A l’occasion de ce début de 2e match, nouveau dérapage verbal de la part de Gilles Laguesse, sans doute surexcité par le contexte. Alors que tous les participants sont déjà installés, Gilles prend la parole et demande si SFX peut lancer un cri de guerre: initiative totalement improvisée. Les organisateurs, pris de court, acceptent et voilà notre Gilles hurlant une phrase peu avenante pour M. Jeangette, une boutade connue de nos seuls rhétos, qui répondent en chœur, tout heureux de réagir comme des potaches. Ce genre d’idiotie ne fait rire que les initiés, et encore. Voilà un initiative particulièrement malvenue à l’égard du prof le jeangette-D-2002-5B.jpgplus actif dans la préparation de l’équipe. Celui-ci aura la sagesse d’ignorer cette gaminerie.
Thomas Van Hamme, un peu désemparé, demande aux concurrents de Waterloo s’ils ont aussi un cri de guerre à lancer. Leur capitaine répond du tac au tac: «Nous, nous n’avons pas besoin de ça!»

           

En pratique, SFX remporte la victoire sur un score sans appel: 415 à 185.

 

On retiendra également le «jeu du professeur» (sur les années de ses 18 et 20 ans), pour lequel Philippe Dejong s’en sort avec un très honorable 3 sur 4. Il ne se pardonne toujours pas la seule erreur commise…

 

Au retour, ces champions se précipitent aux éliminatoires des Olympiades de Maths, mais aucun d’eux ne se qualifiera pour les demi-finales: la fatigue sans doute...

 

 

Notre répit est de courte durée: l’enregistrement du quart de finale a lieu la semaine suivante, le mardi 21 janvier. Nous affrontons pour l’occasion l’équipe du collège du Christ-Roi d’Ottignies [devenu jésuite depuis peu]. Le contact est assez chaleureux, on se confie, on raconte les anecdotes des matchs précédents, les langues se délient… trop peut-être.

Bertrand Jacquet a la mauvaise idée d’apprendre à Thomas Van Hamme que son père travaille comme traducteur à la RTBF-Liège. Le naïf savait pourtant que le règlement – qu’il avait signé! –, sans doute désuet par bien des côtés, interdisait à tout parent d’employé de la RTBF de participer à ce jeu télévisé. Van Hamme ne s’en émeut pas, il lui répond que le règlement est peut-être trop strict, mais qu’au fond, ce ne sera ni le premier ni le dernier à l’enfreindre. Un concurrent d’Ottignies, en même temps au maquillage, entendra cette conversation… Si le Christ-Roi dépose réclamation, nous sommes dans la panade…

SFX réalise ce jour-là le match parfait, sans dérapage: toute l’équipe est au top. Ottignies reçoit une véritable dégelée: 520 à 205!

 

Nous sommes en finale! Le retour à Verviers se fera en grande pompe; nous aurons même le droit de faire passer un message vocal dans le train (privilège rarissime) pour remercier tous les professeurs qui nous avaient accompagnés et soutenus. La bonne nouvelle se répand évidemment comme une traînée de poudre au Collège.
Pressés, les candidats s’organisent déjà pour l’enregistrement de la grande finale de fin mars. Pour la préparer, la RTBF nous invite le 26 février à une journée complète avec tous les autres finalistes.
 
En l’occurrence, encore une bonne occasion de brosser les cours avec la bénédiction des autorités. Ils sont là pour l’honneur du Collège, pardi!

           

Le samedi 1er février 2003, l’émission enregistrée passe sur la Une, c’est justement la fancy-fair au Collège. Comme de nombreux élèves et sympathisants, je me réjouis de visionner le match avant de me rendre rue de Rome. Mais ce soir-là, un événement autrement important va faire passer notre belle performance au second plan: l’explosion de la navette  Columbia1 lors de son retour sur Terre, au-dessus du Texas! Les émissions spéciales se suivent et se ressemblent sur toutes les chaînes. La diffusion de notre match est dès lors reportée au dimanche suivant, après-midi et sur la Deux. Elle  passera inaperçue. 

 

1 L'équipage de la navette: de gauche à droite: David Brown, le commandant Rick Husband, Laurel Clarkle, Kalpana Chawla, Michael Anderson,le co-pilote William McCool et l'Israélien Ilan Ramon, de nationalité israélienne.

Explosion-de-Columbia.jpg



 

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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 15:38

8. Dans les autres classes

Longree-2001n.jpgEn 5B, coachée par Anne Longrée, j’ai 23 élèves – 24 si je compte l’Australien Robert Schell, véritable touriste – ayant tous choisi le cours de maths à 4h (cours dit faible). Je m’adapte tout en exigeant un minimum: même s’ils ne sont pas des foudres de guerre, ils doivent apprendre quelque chose de consistant, le cours de maths n’est pas une garderie, qu’on se le dise! Le travail de l’année n’est pas très performant, mais ils s’en sortent en général à l’examen. A posteriori, j’ai parfois l’impression que je me suis très fort adapté au moment d’écrire les questions d’examen... Au total, un seul élève devra redoubler et 3 passeront un examen de maths.

Dans les deux quatrièmes, j’ai une série d’élèves que je vais retrouver l’année suivante. J’en reparlerai.

En 4A, ils ont tous choisi le latin, cours donné par la titulaire, Geneviève Tristant (épouse Scheen). Je me souviens surtout du premier cours. Il fait splendide, la classe est en rangs (disons plutôt en groupe) dans la cour après le coup de cloche de 10h20. Le soleil est généreux en ce début de septembre et je sais que, dans leur local situé dans l’ancien bâtiment, la chaleur est étouffante. Je n’ai vraiment pas envie d’aller cuire tout de suite: je transpire très vite. Je pense subitement que ce serait le moment idéal pour aborder le cours de géométrie sur la projection cavalière (l’ombre solaire).

4A-2002-2003-notee.jpg
Contrairement à mon habitude, après avoir salué ces nouveaux élèves qui me regardent comme une bête curieuse, je ne démarre pas sur les chapeaux de roues vers leur local. Je temporise, je laisse monter tous les autres rangs. Puis je dis aux élèves de faire demi-tour: on se dirige vers le panneau de basket situé du côté du préau et de l’autre bâtiment. Le soleil produit une ombre parfaite sur le sol: le carré devient un magnifique parallélogramme (aucun angle droit) et le cercle est une ellipse. Durant le court déplacement, je m’aperçois qu’une jeune fille, une belle métisse (je crois) au look un peu trop voyant, a des difficultés pour marcher: elle est juchée sur des grandes bottes à hauts talons, par un temps pareil! Je m’enquiers de la raison de sa démarche hésitante et, devant son embarras, je comprends rapidement qu’elle est incapable de marcher avec ces pompes! Je lui dis d’enlever ses bottes – c’est la première fois que nous nous rencontrons, elle ne sait pas si je blague ou pas –, elle s’exécute, à ma grande surprise! Et elle marche à pieds nus, avec quelques difficultés, mais pas vraiment gênée. Je crois qu’elle ne déteste pas se faire remarquer. Elle fera le chemin inverse toujours déchaussée.


La leçon marche bien, mes nouveaux élèves sont très attentifs (encore heureux, le premier cours…). Effectivement, peu de catastrophes en fin d’année. Des surveillants sont intrigués par mon manège: pourquoi Janssen reste-t-il dans la cour en train de faire de grands gestes? Un premier jour de cours, en plus. J’espère qu’ils n’ont pas remarqué que j’ai une originale qui se prend pour Yannick Amanda-neame-2002.jpgNoah. De toute façon, je devrai satisfaire leur curiosité. Quant au chat débotté, Amanda Neame, elle avait changé de look le lendemain. Notez qu’elle aimait ça. Je me suis laissé dire que son vœu le plus cher était de devenir mannequin: elle avait les mensurations adéquates et le maintien parfait, restait à apprendre à marcher…
Mais, malgré ses minauderies habituelles et ses sourires qu’elle croyait sans doute ravageurs, c’était loin d’être une fille superficielle, et pas la fofolle qu’on aurait pu craindre.


Elle est aujourd’hui docteur en droit et fait des petits boulots pour se payer une spécialité en droit fiscal. Je suppose qu’elle a oublié ses fantasmes de mannequin.




En 4C – titulaire: Karina Baggen (épouse Royen) –, Baggen-Tristant-2003.jpgpersonne n’a du latin, la classe est donc plus faible. Effectivement, le nombre d’échecs est impressionnant. Un quart de la classe a des insuffisances en maths (j’ai connu pire). Tous comptes faits, il n’y a que deux élèves qui devront redoubler (sur 27): ce n’est pas une catastrophe.








9. Examen amputé


Nous sommes au mois de juin, mois des examens finals. La 6E  (5E de l'année précédente: voir Souvenirs 103) doit passer l'examen de maths avec René Trokay. Celui-ci prend ses précautions pour éviter les regards obliques: il a réservé le réfectoire des Primaires où chaque rhéto sera placé à une table différente, à l'aise. Il a tout le temps: les petits n'arrivent au réfectoire qu'à 11h15. Mais l'épreuve est beaucoup plus longue que prévu: personne n'a terminé lorsqu'arrive la marmaille affamée. Les rhétos réclament un délai supplémentaire. Trokay ne peut le leur refuser. Que faire? La priorité de René reste le principe d'un seul élève par banc. Or, s'il rejoint le local habituel de la 6E, libre à coup sûr, il a deux fois trop peu de bancs.
Moi, j'ai résolu depuis longtemps ce problème en créant deux questionnaires différents, un pour les élèves de gauche, l'autre pour ceux qui sont à droite du banc. C'est vrai que cela demande deux fois plus de temps pour élaborer les questions, mais il faut savoir ce qu'on veut!

J'imagine que son cerveau bout. C'est sûrement la panique dans son esprit: il doit réagir vite, les gamins de Primaire sont là, bruyants, trépidants. Il prend alors une décision unique dans les annales du Collège: les concurrents qui n'ont pas d'échec au T.J. du second semestre sont priés de rendre leurs feuilles séance tenante: c'est fini pour eux.
Pour les autres, tranfert vers la classe de 6E où chacun pourra se retrouver seul à une table. Imaginez la réaction des pauvres
types qui doivent rendre leur copie incomplète!

Trokay est intransigeant, c'est ainsi que cela se passera. J'ai rencontré récemment Olivia Grenade et Xavier Franck, tous deux en échec à cette époque Trokay-rene-2005.jpg(comme l'année précédente!). Ils ont pu terminer leur examen à l'aise et ainsi sauver les meubles. La décision leur a donc été favorable. Ils mesurent bien la chance qu'ils ont eue ce jour-là.

Quant aux autres, c'était la révolte.Les palabres débouchent sur une décision pratique: le délégué de classe plaidera leur cause auprès de leur titulaire afin qu'il en soit tenu compte en délibé. Ils craignaient d'être victimes de cette décision arbitraire. La panique avait changé de camp.

Finalement, tout le monde s'en est sorti indemne. En outre, ça fait une anecdote de plus à raconter sur René Trokay...


  

10. L’inspecteur Jaminet enquête

Voici l’histoire, écrite (en bleu) par Eric Jaminet lui-même, de la chasse aux artificiers de l’ombre, épisode fameux datant de l’année scolaire 2002-2003.

Un matin, lorsque la cloche annonce la fin de la récréation, 2 détonations jaminet-nn-Hubin.jpgsuccessives et puissantes se font entendre. Les bâtiments, qui entourent la cour et qui forment ainsi une enceinte idéale, amplifient de belle façon le tonnerre d’un feu d'artifice!

Les élèves en rangs semblent surpris et amusés.

Difficile de savoir si l’origine de ce feu d’artifice est le Collège ou alors la ville avoisinante.

Les cours reprennent, je n’y porte plus trop d’attention.

Erreur...

Le lendemain, cela recommence dès la fin de la récréation.

Et le surlendemain...

Les élèves se marrent...

Bigre, nous sommes donc bien confrontés à des potaches qui défient l’autorité de notre vénérable institution! Je perçois très vite le danger potentiel que représentent ces tirs incongrus. Imaginons un instant une fusée défectueuse qui explose au sol au milieu des élèves... 

Cette histoire sent la poudre. (Héhéhé!)

Avec l’aide des éducateurs, je cherche en vain le lieu du «crime», c’est-à-dire la zone de lancement des ces maudites fusées. Si nous parvenons à découvrir cet endroit, il suffira d’attendre les artificiers et les surprendre la main dans le sac.

Il nous est difficile de repérer l’endroit, car, bien souvent, plusieurs jours s’écoulent entre deux tirs. Au fil des jours, notre surveillance se relâche. Il ne se passe plus rien, cette histoire se terminera donc ainsi. Les coupables ont gagné.

Erreur...

Deux semaines plus tard, cela recommence. Cela commence réellement à m’énerver (et, paradoxe, cela m’amuse tout autant, je dois bien l’avouer).

Je me dis que les apprentis artificiers doivent probablement se fournir dans un commerce local. Le principal étant «Hodimont Cotillons», je me rends chez le commerçant rue Spintay avec un classeur reprenant les photos des élèves. J’adopte une attitude austère, sévère, grave en faisant bien comprendre au commerçant sa responsabilité si, d’aventure, l’auteur des tirs (mineur de surcroît) venait se fournir chez lui. La vente de feux d’artifice étant, me semble-t-il, interdite aux personnes mineures.

Cela m’amuse de plus en plus.

Le commerçant fait mine de collaborer et regarde minutieusement les photos individuelles de nos élèves. Sans résultat, évidemment. Je m’en doutais, mais cela valait la peine d’essayer.

Le lendemain, bingo! Enfin! On découvre des bouteilles en verre déposées sur le toit du gymnase (possibilité d’accès par le sommet de l’escalier vitré). Les bouteilles servent manifestement de rampeLieu-du-crime.jpgs de lancement pour les fusées. On les tient! A chaque récréation, je place des éducateurs aux endroits stratégiques, avec vue directe sur le toit du gymnase (Jean-Claude Houssonlonge, par exemple, était planqué sur le pont du chemin de fer, rue des Ploquettes).

Il faudra encore se montrer patient quelques jours, car, depuis la découverte des bouteilles sur le toit, il ne se passe à nouveau plus rien. Ces potaches sont «diaboliques», ils jouent avec nos pieds... et mes nerfs!Houssonlonge-2000-B.jpg

Auguste Brugnerotto découvre, par hasard, 2 grandes fusées (environ 70 cm!) planquées dans un dévidoir (armoire métallique avec lance d’incendie) à proximité de l’escalier vitré. Un tir est donc programmé. Nous connaissons donc la zone de tir et le lieu de stockage des fusées. On approche du but. Je décide de laisser en place les fusées et d’attendre patiemment (avec l’instinct du chasseur) la venue de l’artificier en herbe.

Depuis mon poste d’observation (2e étage en face de l’escalier vitré), je vois subitement Bertrand Lebecque gravir calmement les marches de l’escalier vitré. Sans avoir l’air de rien, il pénètre dans le petit couloir où se trouve le fameux dévidoir. Il l’ouvre, y plonge les mains, le referme et disparaît par le couloir de l’aumônerie. Fin de la récréation, pas de tir de fusées. J’enrage et fonce voir si les fusées sont toujours en place. Vide! Ils ont senti quelque chose. Ils sont vraiment diaboliques.

Je n’ai plus le choix. Je vais chercher Bertrand Lebecque et le mets aussitôt sur le grill. Le pauvre. Il bafouille, rougit, hésite puis craque. Il lâche le morceau. Il n’est Lebecque-Bertrand-2003-5-B.jpgresponsable de rien. A la demande de Pierre Baudinet, qui devait sentir quelque chose, il est allé chercher les deux fusées dans le dévidoir et les a cachées sous son manteau. Il faut dire que le gaillard est très grand (pratiquement 2 mètres) et qu’il a un long manteau. Baudinet avait vu en Lebecque la valise idéale. Il rend les fusées à Baudinet qui les fait à nouveau disparaître.

Auguste, encore lui, décide de m’aider. Il commence aussi à bien s’amuser. Il découvre dans le grenier (fermé à clé!) de la communauté des Pères s.j. tout l’arsenal. Une bonne dizaine de fusées ainsi que des bouteilles vides.

Je tombe illico sur Baudinet et lui mets une grosse pression. Le bougre est beaucoup plus coriace. Il finit quand même par tout me dire. Tout est parti d’un pari et puis il y a pris goût! Le jeu du chat et de la souris, l’engrenage, la gloire auprès des élèves qui sont dans la confidence… Il avait obtenu la clé du grenier par l’entremise de l’ancienne troupe des scouts de SFX. Il achetait les fusées chez le commerçant cité précédemment (il m’a bien eu, celui-là!). Il sera sanctionnéBaudinet Pierre 2004 (Baudinet, pas le commerçant).

Deux ans plus tard, fin juin, lors de la remise solennelle des diplômes aux rhétoriciens, je fais un cadeau à Baudinet. Lors du verre de l’amitié offert par l’association de parents, je lui rends toutes les fusées confisquées tout en précisant bien de ne pas les faire exploser tout de suite. Il n’en revient pas. Je lui explique alors que cela restera pour moi un excellent souvenir.

On boit un verre ensemble. Salut, l’artiste!
Bouquet final.

P.S.: Cette histoire a fait le tour de tous les collèges jésuites de Belgique.

 

 

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 20:00

6. Les gourmandises d’Eric Jaminet

On connaît mal ses amis: vu de l’extérieur, Eric Jaminet, jeune préfet de Discipline, pouvait donner l’impression d’un fonctionnaire appliqué. Comme j’ai rarement recours à ses services (tant mieux pour moi!), je ne fais que deviner ses activités. Au fond, tant que tout marche, pourquoi s’en inquiéter? Et puis, un beau jour, il prend une initiative étonnante, Jaminet-2004.jpgretentissante, je dirais même fulgurante. Pourquoi s’agiter ainsi?

Ce passionné de livres – normal pour un ex-bibliothécaire – cherche un moyen d’améliorer la qualité de vie de nos élèves, tant du primaire que du secondaire. Il voudrait financer l’achat de bancs et tables en bois à disposer çà et là dans la cour, surtout celle des petits et, d’autre part, installer des poubelles murales encourageant les grands à maintenir notre cour propre. Bien placé pour connaître la pression financière subie, pour quelques années encore, par la trésorerie du Collège, il en déduit que c’est à lui de trouver l’argent pour réaliser son objectif. Il s’oblige donc à mettre les mains dans le cambouis.

Merland-05-n.jpgSeul, en tout cas au début. Primo, trouver l’idée géniale… Un concept nouveau, facile à mettre en œuvre. Surtout pas une opération mangeuse de temps et accapareuse de bénévoles: ceux-ci – toujours les mêmes – en font assez: ne pas tuer la poule aux œufs d’or! L’étincelle jaillit un beau jour dans ses rêves… éveillés: c’est le fameux Cahier gourmand. Une brochure de 100 pages regroupant «Plus de 200 recettes des amis du collège Saint-François-Xavier». Voilà ce qu’on lit sur la couverture dessinée, comme il se doit, par l’artiste maison: Christian Merland. 

Le premier trimestre avance inéluctablement vers les fêtes de fin d’année (2002). Ce serait bien de sortir ce catalogue culinaire pour «mettre au pied du sapin de GourmandNoël»: voilà une bonne publicité! Objet pas cher – vendu 8 € –, utile, attrayant, facile d’emploi, durable, manipulable, familial, original, dont les auteurs sont des gens connus (éventuellement soi-même!), bref, un bon moyen d’améliorer la convivialité sans frais, ou quasi. Le principe, avouons-le, est excellent. On pourrait ajouter au verso: «N’oublions pas grand-maman!» Effectivement, les propositions attendues sont plutôt des recettes de grand-mère, celles qu’on aime bien et qu’on ne trouve jamais pareilles ailleurs.

Il ne reste plus qu’à se lancer dans la réalisation. Il attaque tout azimut: les profs, les parents, les anciens, les élèves, à la recherche de recettes originales, simples de préférence, idéalement peu coûteuses. Le bouche-à-oreille va fonctionner comme jamais. Le fournisseur de recette est évidemment un acheteur potentiel, voire un revendeur. Publicité, récolte, classement, dactylographie, mise en pages, impression, commandes, distribution, vente, réimpression, etc. Seul? Impossible. Heureusement, son enthousiasme fait école. Il reçoit dès le départ l’aide précieuse de Nadine Sprumont, qui va gérer la mise en page. Ils prennent chacun le taureau par une corne. Attention, le risque est grand de publier des erreurs. On a besoin d’une spécialiste, capable de relire minutieusement et de corriger les imperfections. Nous avons ça à domicile; le Collège est riche en talents. Anne Longrée connaît la musique, ou plutôt la cuisine. Je l’ai vue à l’œuvre dans les camps du Val d’Aoste: impressionnant, un vrai chef! Anne accepte, évidemment.
Le modus operandi est parfaitement défini. C’est parti. Jaminet, emballé, règle tout ça comme du papier à musique. Nonobstant, c’est un homme prudent: il est hors de question de se lancer dans une entreprise téméraire. On imprimera donc par lots de 50 exemplaires au fur et à mesure de la demande. Et pour amortir le coût de l’impression, les encarts publicitaires feront l’affaire. Eric pense à tout: son job lui a donné de bons réflexes.

Ce Cahier gourmand, mémorable, fera un tabac: plus de 700 exemplaires Sprumont-Nadine-2000.jpgen quelques semaines. Pratiquement un par famille. Eric et Nadine sont aux anges, tous les collègues, admiratifs, viennent les congratuler (enfin, j’imagine).

L’idée était trop bonne (comme disent les jeunes). Deux ans plus tard, on en parle encore. Pourquoi ne pas remettre ça? Oui, il reste une série de recettes qui n’attendent que la publication. On réamorce la pompe et, sans efforts, on vend une nouvelle série de 400 exemplaires, toujours avec la même couverture du même Christian Merland, qui n’oubliera pas de changer l’étiquette: «Cahier gourmand n°2».

Outre les recettes, bien présentées, nous trouvons une table des matières divisée en entrées, potages, plats, desserts, light et divers. Les plats exotiques mentionnent leur origine : Congo, Sénégal, Hongrie, Tunisie, Grèce, Tchétchénie, Antilles, Italie, Maroc, Géorgie, Texas, Australie, Bretagne, Provence… A propos, si vous voulez préparer du poulet à la mwambe (Cahier 1, p. 32, recette de Déborah Tshitenda), sachez que vous avez besoin, pour 4 personnes, de 3 pili-pili entiers (plus suivant le goût), mais que le vin est déconseillé, car il active le feu du pili-pili si vous épicez à l’africaine. «Dans ce cas, une bière bien fraîche est idéale.» A votre santé!

Le mobilier scolaire espéré et les poubelles indispensables sont installés dans la cour, peut-être pour des décennies. Tous comptes faits, l’entreprise n’aura mobilisé que deux personnes, Eric et Nadine, pendant moins de 6 mois – leur travail habituel n’étant en rien négligé – et aura produit un bénéfice approchant la moitié d’une… fancy fair!

Il en a sous la casquette, le petit Jaminet!

7. Retraite-service en double exemplaire

Arrivée à la gare de Ciney (toujours au Mont de Lasalle: voir Souvenirs 100 et 105) en train le mercredi 8 janvier 2003 vers midi.  Comme chaque année, le frère André Delaive nous attend sur le quai, accompagné d’un de ses Frères. Installation et dîner vite expédiés et départ vers les institutions. Gérard et moi accompagnons chacun un groupe. Je vais à l’IMP (Institut Médico-Pédagogique) où nous avons rendez-vous à 14h: la sœur Marie-Rose n’est pas là (étonnant), je l’appelle avec mon GSM pour entendre la sonnerie de son fixe à un… mètre de moi!

Nous sommes au Tabor. Notre hôte entre rapidement dans le vif du sujet: elle amène quelques résidents   du village formé par l’IMP, dont un petit Ludovic qui a l’art de nous dérider par ses pitreries. Ne traînons pas, ils savent le but de leur sortie et ils trépignent. Le temps est  glacial. Chacun tient un infirme par la main – la sœur en prend trois! Ceux-ci ont tendance à mener le train: difficile de freiner mon camarade occasionnel tant il est fort! On termine la promenade par quelques chants à la chapelle, heureusement bien chauffée. A 16h30, retour au bercail. La sœur nous dépasse à vélo en brûlant (comme l’an passé) un stop pourtant bien visible.

Dodo revient vannée du CPAS: elle a nettoyé tout l’après-midi, une grande première pour elle; mais elle ne se plaint pas. Bénédicte et Anne-Marie ont réussi à éviter de s’acharner au travail. Elles s’en vantent. 
Les six de la maison de retraite Sainte-Thérèse reviennent surexcités. Josselin raconte à la cantonade son après-midi en insistant sur le fait que je posséderais mon fan-club parmi les pensionnaires...

Le soir à 20h commence la veillée préparée par les élèves formés à la Mutu (Mutualité chrétienne). Comme l’année précédente, nous voilà plongés dans l’ambiance Star Ac’: l’équipe Nolwenn affronte le groupe Houcine. Jérôme, présentateur occasionnel, multiplie les «sans transition». L’ambiance est Retraite-Ciney-2003-1.jpgexcellente et, d’après Jérôme, de plus en plus chaude… Retraite-Ciney-2003-2.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oui, cela va tourner à surprise-party: j’interviens gentiment mais fermement.

 

  Retraite-Ciney-2003-4.jpg

 

Tout le monde se replie sur les jeux de cartes avant de rejoindre plutôt calmement sa chambre. 

Le jeudi, réveil en chanson (Le Galérien). Les trois filles du CPAS sont déjà au travail quand nous arrivons à 8h pour le petit-déjeuner. Sophie, malade, est restée au lit; refroidissement sans doute. Je vais chercher des médicaments dans l’aile réservée aux frères âgés ou handicapés. Je confie mon GSM à Sophie avec les numéros des institutions visitées. Puis je lRetraite-Ciney-2003-3.jpg’abandonne pour quelques heures; elle n’est manifestement pas à l’article de la mort. Pourvu que sa maman ne téléphone pas, elle est capable de venir la rechercher. Sophie aura le plaisir de recevoir plutôt l’appel traditionnel du directeur Camps, sans doute surpris par la voix de son correspondant.

Gérard accompagne le groupe de l’IMP, tandis que je rejoins le home du Sacré-Cœur. Nous avons là deux petits groupes de trois préparant chacun des spécialités pâtissières de notre région en invitant les résidentes à mettre la main à la pâte. L’après-midi, nous mangeons notre production: macarons de Dison et gâteaux de Verviers.

Hervé prend le relais pour présenter un montage de dias sur Verviers. Après le dîner, Anne-Catherine se présente spontanément pour aider à la vaisselle: bravo! Aurélie distribue les pâtisseries aux personnes qui doivent garder la chambre. Tout baigne.

En relisant les notes prises à cette époque, je m’aperçois que j’avais tout organisé très minutieusement. Chaque élève avait son rôle bien déterminé: chef d’équipe, animateur des soirées, responsable d’ambiance (!), chargé des horaires, trésorier, infirmier, etc.

Mont-de-la-Salle.jpgEn revenant au Mont de Lasalle, Gérard et moi rencontrons Régis Dohogne, représentant syndical bien connu des enseignants depuis les grèves (voir Souvenirs 40 - 4 et 65) et on engage la conversation. Il est là pour présider une grande réunion de tous les secteurs de la FIC (Fédération des Instituteurs Chrétiens). Notre étonnement vient surtout de les avoir vus prier avant d’entamer leur Dohogne.jpgréunion.

 


Lemin-dep-saute-2005.jpgLa deuxième soirée, toujours organisée par la Mutu, verra ma défaite cuisante à l’occasion d’un quiz sur des matières scolaires. Audrey n’en revient pas de m’avoir battu. Je m’y attendais un peu: je suis bien moins cultivé qu’on ne le croit généralement. Le reste de la soirée est annoncé encore plus «osé» que la veille. Effectivement, certains jeux sont un peu limite, du niveau du Club Med. Nouvelle tentative pour dévier tout doucement vers la soirée dansante. Nouveau veto de ma part malgré l’insistance conjuguée de Josselin et d’Audrey. Entêtement inutile! Finalement, tous les élèves sortent dans le parc malgré le noir et le froid, mais rentrent bien à 23h comme prévu. Ils voulaient ainsi montrer leur mauvaise humeur. Quand nous allons avec Gérard les retrouver, nous entendons distinctement ces paroles sortant de l’obscurité: «v’là les casseurs d’ambiance». Mon sang ne fait qu'un tour, je n’admets pas ce jugement et je le fais savoir. Tout rentre dans l’ordre, la nuit sera calme.
Le lendemain – je change de chanson pour le réveil: «Une fleur au chapeau» –, Sophie déjeune: ouf!

Ce vendredi, j’accompagne le groupe de Sainte-Thérèse. Nous participons longuement au verre offert par Mme Isabelle (animatrice) à ses collaborateurs. Je bois du jus de fruit. Pour le dîner, ce sera de l’eau, tandis que mes élèves savourent la Ciney ou la… Rochefort! Il ne suffit pas de montrer l’exemple…

Retour assez joyeux et grands «au revoir» en chansons devant la gare de Verviers. C’est vrai que, malgré quelques petits accrochages, la retraite s’est très bien passée. Le frère André et les responsables des institutions visitées sont déjà prêts à nous accueillir l’an prochain. Rien que des louanges sur l’attitude des élèves. Nous répercuterons ces félicitations aux parents de ces jeunes bien élevés. Et les retraitants, eux, sont prêts à recommencer.


Nous reviendrons effectivement à 18 le week-end des 26 et 27 avril 2003. L’occasion est la soirée organisée au profit de Sainte-Thérèse. Souper: 10 € pour des boulettes ou du vol-au-vent.

Anne-Marie arrive in extremis à la gare de Verviers. Elle m’explique, tout essoufflée, qu’elle est trop fatiguée pour partir avec nous: trop tard pour être remboursée! Elle ne s’en formalise pas. 

Ciney-collegiale.jpgNous assistons à la messe de 18h à la collégiale de Ciney (toujours intacte en 2003; la tempête dévastatrice date de 2010). Le souper commence à 19h au hall omnisports de Natoye. Juste avant, les jeunes sont retournés dans chacune des institutions fréquentées 3 mois plus tôt. Le souper se termine par une soirée dansante: pas question d’intervenir, nous sommes dans un tout autre contexte et je ne vois pas le mal partout. Nous irons jusqu'au bout des festivités, aux petites heures. Le seul risque que nous prenons, c’est de nous laisser reconduire au Mont de Lasalle par des gens de bonne volonté, mais pas tous amateurs d’eau…
J'ai appris récemment que la nuit n'est pas un temps de sommeil pour tout le monde. Ainsi, Arnaud Freeman faisait des démonstrations d'alpinisme en passant d'une fenêtre de la façade à l'autre à mains nues, au second étage : Dieu du ciel!

Pour le retour, je savais que le papa de François Hallut viendrait chercher son fiston en voiture à Ciney pour qu’il puisse Collegiale-Ciney-14-juillet-2010.jpgjouer son match de foot à l’Espoir Minérois: gâté, va!

Quant à François Gramme, je ne sais plus par quel miracle il a récupéré le sac qu’il avait oublié dans un train.

Voilà terminés ces déplacements avec cette gentille classe, sans oublier la journée de lancement où nous sommes allés voir, sous la conduite de l’ami Gérard, des écrevisses à pattes rouges à Hestroumont.

La veille de la remise des bulletins du second semestre, nous sommes invités chez Thomas à Saint-André, où nous profitons d’un joyeux barbecue musical. Je termine l’année par la lecture de la désormais traditionnelle «lettre à mes élèves». J’en profite pour philosopher quelque peu, mais en n’oubliant pas de citer Shakespeare: «Jamais ne vécut philosophe qui put en patience endurer le mal de dents.» Je les ai quand même encouragés à lire un vulgarisateur comme André Comte-Sponville, dont voici une pensée: «Sans Gutenberg, nous aurions eu tôt ou tard l’imprimerie. Sans Villon, pas un seul vers de la Ballade des pendus. Les inventeurs font gagner du temps. Les artistes en font perdre et le sauvent.»

Dans la foulée, je m’entends encore leur lire avec délectation la Ballade des pendus, en entier!

ballade-des-pendus.jpg

« Frères humains, qui après nous vivez,
  …

 Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!»
 

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 15:54

4. Une intérimaire qui en veut

A partir du 25 septembre 2002, Vanessa Kerschen remplace Myriam Soret (Mimy), sur le flanc pour quelques mois: pas de chance pour ma sympathique collègue. Vanessa, biologiste, étudie encore à Namur en vue d’obtenir son agrégation; ce n’est pas la vie de château. Toute jeune dans la profession, elle sort de son Kerschen-Vanessa-2003-noel.jpg premier intérim pour donner chez nous des cours dans l’inférieur et dans le supérieur. Une débutante, quoi. C’est sans doute son dynamisme qui me la rend immédiatement sympathique. Elle prend son métier à cœur et en parle. Contrairement à beaucoup d’autres, elle demande volontiers conseil aux anciens, une attitude qui ne peut que leur plaire. Je trouve là une occasion de réaliser ce que tout prof expérimenté voudrait faire, même inconsciemment peut-être: valoriser son expérience auprès de ses jeunes collègues. Nous sommes ainsi faits, nous les profs, que nous avons toujours envie de dispenser notre savoir ou de partager notre savoir-faire. Comme elle n’est pas matheuse, nos conversations informelles concerneront  essentiellement l’attitude face à l’élève, la façon de réagir devant la classe ou la manière de gérer le travail excessif demandé au maître débutant. A l’époque, tout s’est passé très naturellement. Elle aime enseigner et trouve beaucoup de plaisir en classe. Ses élèves lui paraissent très corrects, même si elle voit bien qu’il ne faut jamais baisser la garde.

Elle aura l’excellente idée de venir régulièrement à nos réunions facultatives et souvent folkloriques du Dôme, le vendredi à 16h. Notre assemblée compte habituellement une bonne dizaine de personnes. Le but est d’abord de souffler, d’évacuer la pression de la semaine, de se détendre ou même de se lâcher. La conversation a naturellement tendance à tourner à la franche rigolade, mais nous avons des moments sérieux. Quand nous ne parlons pas du Collège, nous débattons de politique, de pédagogie, de philosophie ou même de religion. On en apprend souvent plus sur certains élèves au Dôme qu’au Conseil de classe. Il nous est arrivé plus d’une fois de remonter le moral de certains collègues qui avaient vécu une semaine éprouvante ou qui se sentaient dépassés par l’exigence du métier. En tout cas, Vanessa en garde un excellent souvenir.

C’est peut-être le moment de faire le point sur l’évolution des mentalités dans notre école. Parlons simplement des rapports entre enseignants. Je l’ai déjà dit, plus rien n’est comparable à la situation des années 1960-1970 lorsque l’école comptait moins de 400 élèves en humanités, une grosse partie de jésuites dans le secondaire et une école primaire fort proche des humanités. Ne rêvons pas, on ne retrouvera plus cette ambiance exceptionnelle. Les relations primaire-secondaire se sont très fort distendues et ne paraissent pas devoir s’améliorer avec le nouveau chef d’école. L’informatique, qui s’impose à tous les jeunes, grignote les derniers bastions de réfractaires. C’est loin de simplifier notre labeur et de permettre des économies de papier… En 2002, on voit déjà bien que personne n’y échappera. Certains profs, comme Philippe Massart ou René Trokay, imaginent atteindre l’âge de la pension en évitant tout contact avec ces machines diaboliques. Ils se font des illusions. Que ça rapproche les êtres humains, j’en doute, même si des cas particuliers étonnants peuvent cacher la marche effrénée de notre société vers l’individualisme. Le Collège n’est pas sur une île déserte, il évolue au même rythme que nos autres institutions. L’individualisme avance insidieusement, même chez nous. Je suis persuadé qu’on doit réagir; si nous sommes dans le vent, nous devons tenter de ne pas nous laisser emporter par une tempête. Surtout ne pas oublier nos maîtres, les jésuites!

En pensant au temps jadis, je revois l’action concertée des membres de la Compagnie qui savaient y faire pour accueillir les débutants. Voilà qu’on découvre la détresse de certains temporaires comme si ce phénomène était nouveau. Depuis des décennies déjà, la direction insiste en début d’année pour qu’une sorte de parrainage des nouveaux soit instauré. Mais ceux qui arrivent en cours de route – c’est le cas habituel des intérimaires – sont oubliés, ou presque. Nous, vieux loups de mer, devons offrir spontanément nos services aux jeunes recrues, et avec simplicité. Voilà un bon plan que certains appliqueront sans désemparer, ces collègues s’en souviendront longtemps. C’est un peu dans cet esprit de convivialité et d’intégration que l’Amicale fonctionne. Cette association a entamé sa mission depuis 4 ans et certains s’imaginent que ça fait partie intégrante du Collège depuis des lustres, elle a fait son trou et prouvé son utilité. L’organisation des cabarets et des départs à la retraite dans un esprit résolument festif n’y est pas pour rien. Idem pour le goûter de Noël et la perpétuation du traditionnel dîner de fin d’année.
Je crois que Vanessa aura profité au maximum de ces moments privilégiés pour réussir à s’intégrer comme elle le souhaitait d’emblée. Contrairement à ce que j’ai toujours cru, elle m’a confié que l’adaptation n’était pas si facile. Normalement, le travail d’équipe (par branches) doit faciliter les relations entre collègues d’une même discipline; normalement! Malheureusement, ces dispensateurs de la même science forment rarement des équipes. En particulier dans les deux groupes de sciences. Notez que notre intérimaire apprécia très fort l’accueil lui réservé par Christophe Fettweis, qui est capable de se montrer charmant. Pour les autres, elle Soret-Mimi-2004.jpgn’a pas que des bons souvenirs. Concernant ses rapports nécessaires avec Mimi, ils ont en revanche toujours été extrêmement positifs, heureusement. Débutante, elle ne peut pas savoir qu’un coup de colère de Claire Collard (surnommée «Claire Colère») n’est pas vraiment anormal ni dramatique: c’est dans l’ordre des choses. Et à propos du directeur? Nous en avons reparlé récemment, voici son diagnostic: «M. Camps a toujours été très bien avec moi. Il a été compréhensif à certains moments et je le trouvais assez disponible. C’est quelqu’un de très humain mais un peu maladroit.» Bien vu!

Son premier intérim au Collège se termina par le spectacle du Cabaret de Noël 2002: une véritable thérapie pour ceux qui terminent l’année sur les genoux. Même le compagnon de Vanessa trouvait qu’elle était tombée dans une école géniale: ah! que c’est b on à entendre!

Deux autres intérimaires de sciences ont enseigné durant ce premier trimestre: Alex Baiverlin et Santina Donatelli. Alex, je l’ai appris bien plus tard, est le compagnon de Nadine Sprumont: un gars vraiment sympathique, qui n’est pas un débutant. Il a l’air de connaître la musique.
La jeune Donatelli, une petite aux longs cheveux, très souriante, semble trop timide pour se livrer à ses collègues et parler de ses difficultés de débutantes. On ne peut aider les gens malgré eux.
Sprumont-Nadine-Alex-Baiverlin.jpg
intérimaire Donatelli

 5. Le cabaret de Noël 2002

 Cette année, ça se passera le jeudi 19 décembre, toujours dans la salle de jeu (sous la première salle de gym). Je ne sais qui désigne les places, mais on retrouve bizarrement les deux jeunes intérimaires remplaçantes de Mimi à côté du père Recteur, qu’elles connaissaient à peine: tout pour les mettre à l’aise…

croisière 2002



 

Comme d’habitude (1995, 1997, 2000), les présentateurs sont les dynamiques cabaret-97-Pirotte-Embrechts.jpgBernadette Pirotte et Dominique Embrechts, qui entonneront «Love boat…» de La croisière s'amuse.

Je passe en deuxième position avec une réflexion moralisatrice, que je tente de faire passer sous des aspects humoristiques.
A cette époque, ça faisait tout un temps que la salle des profs me paraissait de plus  en plus anonyme, aussi conviviale qu’un hall de gare. Certains collègues ne faisaient qu’y passer en coup de vent ou s’y installaient sans même esquisser le moindre signe, pas le plus petit bonjour, à l’adresse des occupants. Je visais en particulier Jean-François Hannotte, M. Courant d’air. Ce n’est ainsi, me disais-je, qu’on va ranimer la flamme de la convivialité. Durant ma prestation, d'apparence aussi légère que possible, Eric Jaminet, préfet de discipline en mal de chahut, tenta de me déstabiliser avec une intervention (rien de méchant). Il ignorait, le pauvre, que j'avais prévu de l'égratigner quelques instants plus tard: j'avais relevé dans un communiqué habituellement insipide de début d'année (il faut bien rappeler les inévitables formalités!) un copier-coller anachronique, qui ramenait au Collège Joseph Ruwet, pensionné depuis plusieurs mois... 

Louis-F-2005.JPG
Je ne sais si la leçon (une obsession chez les profs) est bien passée, mais je trouve cette tentative méritoire, bien que je le dise moi-même.


Après cette causerie, Marie-France Schoonbroodt profite de ses dons vocaux pour nous bercer avec «Une chanson douce». Eric Dethier, Philippe Dejong (qui ressemble de plus en plus à Jean Yanne), Anne Merveille et Bénédicte Winandy ont changé les paroles d'une chanson classique pour raconter une histoire où Jacques Camps est devenu un visiteur suspect de nos locaux nouvellement transformés.  Une autre fois – ou est-ce le même jour? – Eric et Philippe avaient déchaîné les rires en allongeant Dethier Eric 2003. coupémalicieusement la finale (psss) du patronyme de notre cher directeur.
Dejong-Phil-mfr.jpgDominique Jost présente un savoureux "Voulez-vous gagner des millions?", dont le candidat est l'excellent Jean-François Tromme. Françoise Louis, à deux reprises, nous sort un sketch, à la façon d'une Vamp, de derrière les fagots: quel talent! Gérard Lemin vient avouer qu'il lui est arrivé de ranger une paire de souliers dans un congélateur!
Anne Merveille et  Vinciane Maréchal, enceinte jusqu'aux yeux, nous content une histoire savoureuse en wallon. Philippe Massart, aidé cette fois-ci d'Odette Moureau et de son compère Yves Charlier, joue le professeur blasé racontant à sa façon les nouveautés de son école. Les jeunes femmes de notre école (enfin, les plus jeunes...) se lancent une fois de plus dans un ballet échevelé. Sur l'enregistrement vidéo (pas de très bonne qualité), je reconnais Sabine Simon, Viviane Hollands, Anne Quoilin, Claire Collard, Edith Gentges, Patricia Hotermans, Bernadette Pirotte et Karina Baggen. Enfin, surprise du chef, le sous-directeur et surtout le directeur déboulent au milieu des girls en baskets, bermudas, chemises à fleurs et casquettes! C'est dans cet accoutrement étonnant que Jacques va nous souhaiter très gentiment une bonne fête de Noël.

Je ne sais pas si je retrouverai des photos de cet événement, mais j'ai sous la main, grâce à l'ordre de Bernadette Pirotte, le programme de cette soirée mémorable. Je vous le livre tel quel :

                                     Programme du Cabaret 2002

1. B.Pirotte et D.Embrechts       La croisière s'amuse
2. J.Janssen                                Bonjour
3. D.Jost & compères                 Qui veut gagner des biftons?
4. F.Louis                                      M.Madoin
5. JF Hannotte                            True Lies (intermède)
6. Th.Grumiaux                           Que fait la police?
7. E.Dethier & compères            Les Frères de Jacques
8. D.Embrechts                            Pas de Boogie woogie
9. F.Louis                                      Viagra
10. JF Hannotte                          True Lies (intermède)
11. MF Schoonbroodt                
   Un peu de douceur dans ce
    & compères                               monde de brutes         
12. JF Jamotton                          La réunion de parents
13. V.Maréchal                             Petit Papa Noël
14. F.Louis                                    Jet Set
15. JF Hannotte                           True Lies (intermède)
16. Ph.Massart & compère         Ca va se savoir
17. A.Delhaes & compères         Les nonnettes en vacances

  A entendre dans la vidéo les rires de la salle, on peut dire sans risquer de se tromper que c'était encore une réussite, un bon moment de convivialité. 

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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 16:11

2. Un nouveau hall de sport

Le directeur Delobel a acheté le Crédit général, en face de l’entrée du cinéma Le Centre, dans l’intention de combler enfin le déficit d’infrastructure sportive. Depuis plusieurs années, l’extérieur est considéré comme un lieu habituel de cours d’éducation physique! Le dossier avance lentement, puis Camps, à peine directeur (début 2001), reçoit le feu vert pour ouvrir le chantier. Bonne nouvelle, incontestablement; cependant, c’est un éléphant que notre directeur va devoir cornaquer, et sans entraînement!
A partir de cet instant, le nouveau patron sera tout entier absorbé par ces transformations. Si le C.A. est au fait de la question, malgré les informations épisodiques sur l’avancement du chantier par la direction, les profs ne se sentent pas fort concernés, les maîtres d’éducation physique exceptés. Nous ne mesurons pas vraiment la charge qui s’abat ainsi sur nos responsables. Pour faire avancer le projet, on doit obtenir les autorisations, l’accord des divers entrepreneurs, et surtout coordonner tous les corps de métier.

Dans les SFX-News n°2 de septembre 2002, le chef nous informe: «La réception provisoire de 4 lots sur 6 (gros-œuvre, électricité, chauffage et sanitaires) aura lieu le lundi 30 septembre.» Puis, subitement, le patron prend la mouche: «Nous attendons le bon vouloir de Belgacom pour pouvoir réceptionner le lot 5 ascenseur, mais il faut plus de 6 semaines et de multiples rappels pour obtenir qu’un technicien vienne simplement permuter 2 paires de fils dans le central téléphonique. A l’heure où j’écris ces lignes, aucun rendez-vous précis n’a encore pu être fixé! C’est une situation tout à fait absurde et indigne d’une compagnie qui se veut à taille internationale.» On peut comprendre pourquoi Jacques était obsédé par ces travaux. D’autant plus que des surprises désagréables l’attendaient: l’architecte (ou l’entrepreneur, ou les deux?) n’avait pas prévu l’insuffisance électrique du nouveau hall qu’il fallait aussi chauffer: voilà qu’on doit creuser une tranchée partant de la cour du Collège pour aboutir au nouveau hall après avoir traversé la rue de Rome; outre les embêtements de circulation pour les élèves, les enseignants et les usagers en général, les dépenses en prenaient un méchant coup (et coût!). Ce ne sont pas des nouvelles réjouissantes pour le maître d’œuvre.

Sachez encore que sous ce hall un nouveau parking (couvert, sécurisé et… payant, bien entendu) est aménagé, contrainte de la Communauté française, paraît-il. Ce coffre-fort souterrain est fermé à double tour: une grille et un volet! Il paraît qu’on peut y ranger 47 voitures. Je connais mal ce saint des saints, baptisé par le commun des travailleurs locaux parking des milliardaires pour montrer la gradation dans la sécurisation de nos véhicules. Nous aurons ainsi trois parkings: le long de la piscine, il est gratuit, c’est le parking des pauvres. A la place de l’église, emplacements réservés, il est payant, c’est le parking des riches. Il est protégé par une grille (télécommande obligatoire) donnant sur la rue de Rome. On n’imaginait pas monter encore de catégorie.

L’inauguration du nouveau hall de sport est programmée pour le samedi 30 Mini 2005 Hallnovembre 2002, un petit mois après son entrée en fonction. Le moment est historique: c’est la première fois que SFX s’implante de l’autre côté de la rue de Rome, du côté des numéros impairs. Allons-nous vers l’annexion de toute la rue de Rome? Peut-être, mais pas de mon vivant.

Ce samedi – lendemain de la traditionnelle Saint-Nicolas des élèves, qui s’est très bien passée –, je me fais un devoir d’assister à l’inauguration de ce bel outil, mais je suis un peu déçu par le peu de collègues présents.
Je crois que le corps professoral n’apprécie pas à sa juste valeur cette étape importante dans l’histoire Bougard-2006.jpgde notre institution. Le Collège continue à grandir et à se moderniser, c’est un signe de vitalité remarquable.

Je ne sais plus dans quel ordre Jacques Camps et Jean-Luc Bougard, Hall-2.jpgreprésentant des professeurs d’éducation physique et technicien du sport, ont pris la parole. La satisfaction, voire la fierté, se trouvait plus dans le fond des discours que dans la forme: pas facile de se lâcher dans ces moments officialisés par la présence de quelques personnalités, de nombreux parents, de collègues et surtout de la presse (y compris Télévesdre).

Hall II 2Pour terminer en beauté, nous fûmes gratifiés d’une magnifique démonstration de gymnastique rythmique, spectacle enthousiasmant présenté par un groupe de jeunes filles parfaitement entraînées.








Sur la caricature ci-dessous –  émanant de la Revue de Parents , on voit bien l'entrée (à partir de la rue de Rome) du Crédit Général transformé.


2002-Hall-omnisport.jpg

3. Et le chauffage?

Le montant total des transformations serait de 1.440.000 € (58.000.000 BEF), ça fait rêver…

De mémoire, l’ancien hall avait coûté (en 1968, la valeur de l’argent n’était pas la même) environ 8.000.000 BEF (je suis sûr qu’on remboursait 400.000 BEF par Hall-I-1.jpgan).

Il s’agit d’avoir un bon gestionnaire à la tête de l’école. Nous l’avons, pas de doute là-dessus.

Passons sur les maux de tête financiers consécutifs aux emprunts et donc aux remboursements engageant les années à venir: chasse gardée du Conseil d’administration.

Mais ce n’est qu’une partie des charges qui s’accumulent sur nos responsables. Camps s’attaque au problème récurrent du chauffage. Voilà des décennies que nous étions reliés à l’Intervapeur (usine créée en 1937 et rasée en 2005), chauffage typiquement verviétois, très confortable mais horriblement

cher. Et voilà Intervapeur-rue-Biolley.JPGune éternité qu’on n’arrivait pas vraiment à régler ce chauffage dans le bâtiment de la rue de Rome.  

En toute logique, il fallait prendre la décision de se lancer dans de nouveaux travaux avec les inévitables conséquences financières. Je suis sûr que dans ces moments-là, le Conseil d’administration est une aide précieuse.
Je me rappelle quand le père L. Lefèbvre (en 1975 ou 1976) avait demandé notre avis au sujet du projet de transformation du «nouveau» bâtiment  – j’étais à cette époque dans le C.A. –, tout le monde était conscient qu’on engageait les finances du Collège pour 30 ans sans même pouvoir imaginer la situation de notre école en 2005 (année du remboursement le plus important) dans un monde imprévisible. Il fallait une belle dose d’optimisme. Avant de donner son avis lors de ce conseil, tout le monde retenait son souffle. Le Recteur semblait accroché à nos lèvres comme si sa vie en dépendait: on voyait bien qu’il était fort inquiet, mais aussi qu’il était plein d’espoir et que notre accord le soulageait d’un fameux poids. Il n’était pas tout seul face à cette décision capitale. Je suppose que Jacques Camps se trouvait dans le même état d’esprit.

Une fois la décision prise, le voilà avec un nouveau mammouth sur le dos (un nouveau hochet, disaient les mauvaises langues). Si je suis bien renseigné, cette entreprise obligera le Centre scolaire à emprunter 400.000 € (16 millions de BEF). En fait, les subsidesCamps-Toque--avril-2001.jpg annoncés viendront nettement alléger la facture.  Mais quand? Nous savons tous que nos instances tant fédérales que régionales et communautaires prennent plus de temps pour payer que pour réclamer…

Directeur: un métier qui n’a pas grand-chose à voir avec celui de professeur.

Ai-je été sensible à ces responsabilités? Je ne sais plus, mais je me souviens que je trouvais excessives les critiques au sujet de ce courageux directeur. Et je n’ai pas apprécié les moqueries dont il a été victime lors d’un nouveau cabaret de Noël. J’ai l’esprit railleur (j’en ai trop souvent abusé), mais je crois qu’on ne doit pas accabler un gars (surtout en public) qui fait son possible. Je lui ai fait connaître mon avis, sans insister.

 

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 06:14

2002– 2003 : SFX traverse la rue de Rome
 

1. La 5C: une macédoine de fruits
 

Quand je regarde leur photo de classe, c’est fou tout ce qui me revient en tête. J'ai une irrépressible envie de passer les troupes en revue.
Ce qui me frappe surtout dans ce groupe, c’est la variété des personnalités, la disparité des caractères, la différence de maturité, l’écart entre la volonté de l’un et de l’autre, entre leurs ambitions. Je me souviens en particulier du premier cours que j’ai terminé en leur donnant la parole en toute liberté, sans risques. J’étais en confiance, je connaissais déjà la plupart d’entre eux depuis la 4e. La première à profiter de mon invitation (et la seule, je crois) fut Véronique Meens (la fille de ma collègue Viviane Hollands). Elle m’interpella gaillardement – c’était un reproche, rien de moins! –  sur mon intervention à l’égard d’Hervé Hortelan duquel j’avais dit, après avoir encouragé chacun à poser des questions, «sauf Hervé Hortelan, bien entendu!». C’était une boutade destinée à un élève que je connaissais bien et à qui j’avais demandé depuis un an de parler après avoir réfléchi et non avant… C’était le spécialiste de la bête question alors que le garçon ne manquait pas d’intelligence, loin de là. J’ai répondu brièvement à mon interpellatrice que c’était «un problème entre lui et moi». Elle n’a pas insisté, tant mieux! Mais quel courage, quelle audace chez cette Véronique!

J'aimais les élèves de cette trempe. A propos d'Hervé, il faut dire qu'il était particulièrement rasoir, mais pas rancunier pour un sou. Il avait beaucoup le sens de l’autodérision et reconnaissait volontiers qu’il était casse-pieds (je suppose que c'était pareil en famille). Je réagissais souvent à ses interventions intempestives en commençant par «Mais enfin, Hervé de mes bottes…». Voilà une expression qui lui est définitivement restée à tel point qu’aujourd’hui encore, ses copains le surnomment Botte sans nécessairement savoir l’origine de ce sobriquet. Je me permets ici d’insister sur ce cas particulier, car Hervé sait que, dans le fond, je l’aime beaucoup. D’ailleurs, il vient chaque année me dire un bonjour sympathique avec son ami Christophe Javaux, tous deux étudiants en ingénieur. Ce Christophe est un tout autre personnage. Plutôt timide, attentif, intelligent, l’esprit critique toujours en éveil, il préfère attendre le bon moment pour donner son avis, juste le contraire d’Hervé à ce sujet. J’en reparlerai à l’occasion de Génies en Herbe.
5C-2002-gauche.jpgVincent Degives, le plus grand de la classe, était au début de l'année un peu naïf, intervenant souvent à contretemps, mais jamais avec de mauvaises intentions. Il s'est bonifié en cours d'année.
François Hallut (futur romaniste), sympathique petit-fils de mon collègue Joseph Cravatte, persuadé de ses dispositions littéraires, ne montra pas beaucoup d'atomes crochus pour la reine des sciences. Arnaud Mathonet, arrivé en 5e contre toute attente, tenta et réussit les examens au jury central: bravo! Aujourd'hui, il est diplômé en français (Rivageois). J'avais l'impression qu'il était, à cette époque, un peu trop gâté en famille. 
Bruno Thomas
–  non dépourvu de qualités  –, restera pour moi un personnage mystérieux. Ses copains prétendaient qu'il se complaisait à secouer des idées un peu loufoques.
François Leroy (un des 3 frères), dans le rouge tout au long de l’année dans mon cours, fut repêché malgré son échec à l’examen de passage. Ai-je été trop bon? Non, je crois qu'il méritait un examen de repêchage, mais pas de recommencer son année. Josselin Wildemeersch (HEC, Liège)toujours prêt à "chahuter" tant qu’il était sûr que vous ne le voyiez pas, m'a fait penser pendant un certain temps à un vrai faux-cul: tout le monde peut se tromper! Mais il a prouvé sur pièces qu’il fallait compter avec lui. Jérôme Corteil (futur médecin) donnait l’apparence d’un bon vivant susurrant entre ses dents: «cause toujours», pendant qu’il vous observait d’un œil rieur. Il est pourtant plus volontaire qu’il n’y paraît. Alexandre Hick était un gars bien, un peu hésitant, un rien compliqué dans sa tête, mais plein de bonnes intentions et en général de bonne humeur. Très actif en classe, il ne manquait pas d'esprit critique (master en droit et en droit fiscal).

Adrien Dewalque, charmant garçon, un éternel demi-sourire aux lèvres, donnait l’exemple de l’élève 5 C 2002 centresur lequel on peut se fier les yeux fermés. Idem pour Jean-Abdon Hardenne, qui "souffrait" surtout du prénom dont l’avaient affublé ses parents, personnes très agréables par ailleurs – un peu comme les Wathelet dont chaque fils aîné devait se prénommer Melchior. Il fera aussi de la politique, mais pas dans la même boutique.
Dodo Chochitaichvili, d’origine géorgienne comme Joseph Vissarionovitch Djougachvili dit Staline, n’avait vraiment rien de cet horrible tyran. Dodo, la plus petite de la classe, avait une étonnante maturité et une présence en classe qui accroche le regard du maître à tous les coups. Elle était passionnée de philosophie; je serais curieux de connaître son parcours professionnel et humain.

 Aurélie Classen et B.R. sont deux filles qui ne causèrent aucun souci et qui brillèrent par leur bonne humeur communicative.  Véronique Meens, dont j'ai déjà parlé, est aujourd'hui prof de maths à Welkenraedt. 

Arnaud Freymann, pas trop complexé par sa petite taille, donnait l’apparence d’un futur savant à l’esprit lent ou d’un philosophe tracassé par de fumeuses théories. Mais j’avais confiance dans son avenir: il avait du potentiel. Alpiniste téméraire, sa passion pour escalader les façades des maisons le menait tout droit vers l'architecture. 
Anne-Catherine Charlier donnait une impression de force, en tout cas de force de caractère, capable de dominer bien des garçons. Je serais curieux de la voir en ménage, si toutefois elle consent à partager sa vie. Fille attachante malgré tout, dont les résultats étaient plus que satisfaisants.

 François Gramme (frère du fameux Pierre Gramme: voir Souvenirs 23) a tendance à rassurer le prof: «Ne vous en faites pas pour moi, ça ira!». C’est sans doute le seul élève qui ait sollicité l’autorisation de passer durant les vacances une épreuve supplémentaire en maths alors que je ne l’exigeais pas. Probablement pour prouver qu’il était meilleur que ses résultats de l'année ne le laissaient croire. Il y est arrivé. Aujourd'hui, ingénieur-électronicien sorti de Gramme (!).

Delphine Bomboir semblait se jouer de toutes les difficultés, donnant perpétuellement une figure rassurante au professeur généralement habité par une sorte de doute viscéral. Audrey Van der Wielen (fille de ma collègue Marie-Jeanne Brance) était naturellement douée en maths, sans doute la plus forte de la classe; déjà un phénomène en maternelle! Elle brille aussi ailleurs. Promise à de brillantes études, on se demandait parfois si elle était trop sûre d’elle quand elle se permettait des «distractions de savant» ou si elle se sous-évaluait par moments. Je l’ai revue récemment (septembre 2010): elle est presque (question de temps) docteur ingénieur [c'est fait en 2014]! Je ne savais même pas que ce titre existait… Dans la tête de classe figurait un garçon attachant, Christophe Javaux, aujourd'hui  ingénieur à la SNCB. Deux autres filles ont aussi impressionné leur professeur de mathématiques: Sophie Mawet, ingénieur et prochainement docteur (aussi!) en cryptologie  et Anne-Claire Jacques, licenciée (grande distinction) en maths et normalement faite pour l’enseignement. Côté coeur, elle a investi sans risques: Jérôme Corteil est devenu sa moitié ou l'inverse...

Enfin, mon carnet de bord me signale que cette année-là, nous avions une Drapeau-Afrique-du-Sud.jpgétudiante d’échange venue d’Afrique du Sud: Caroline Richardson. Je me souviens seulement qu’elle m'a rappelé mon voyage récent dans son magnifique pays, où on roule à gauche et qui possède un drapeau de toutes les couleurs. Un magnifique symbole.

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 22:09

11. Génies: jusqu’au bout

L’équipe était formée de 4 garçons (mais pourquoi pas de filles?), 3 de mon ancienne classe de 5e: Genies-2002.jpgSébastien Radoux, François Goblet et Arnaud Melen, et un d’une autre 6e: Mathieu Simons, fils de Monique Mahaux (une sympathique collègue de primaire). Toute sélection laisse, par définition, des candidats sur le côté, pas toujours les moins bons.
  
                                     Goblet-Francois-2000.jpg
Ainsi, on a pu regretter la non-sélection des jumeaux Damien et Gauthier Bernard. Mais loin de se laisser abattre, ceux-ci allaient réagir magnifiquement et devenir de véritables coachs de l’équipe sélectionnée. Dès le départ, on sentait une forte motivation chez François et Sébastien. Les deux autres se prendraient au jeu au fur et à mesure de l’aventure. Pour préparer l’émission, les jumeaux consacraient leur temps de midi à entraîner nos champions. Equipés d’un buzzer (provenant d’un jeu Questions pour un Champion), les 6 garçons récoltaient des centaines de questions de tous horizons (Trivial Pursuit, Questions pour un Champion, Quiz d’Internet, etc.) et répétaient comme des pros.

François s’affirma comme le leader du groupe et Sébastien comme l’intellectuel, grand spécialiste de musique classique. Du côté des professeurs, le soutien est surtout venu de Dominique Jeangette, mais aussi de Marie-France Schoonbroodt.

 

Tout a commencé contre le collège Saint-Quirin de Huy. La production avait demandé aux deux équipes de trouver un déguisement original. L’équipe la plus imaginative devait se voir attribuer un bonus. Nous avions décidé de nous habiller en filles, tandis que les Hutois avaient enfilé des costards: match nul!
La confrontation en elle-même ne s’est pas très bien passée: on sentait nos champions crispés! Cependant, ils prirent un risque payant au moment de l’épreuve du casino. Ce coup d’audace leur permit de rattraper et même de dépasser les Hutois. Les éclairs en cascade ne changèrent rien au résultat final.


Le second match opposait le Collège à l’athénée François Bovesse de Namur. Match facile pour les Verviétois: tout baignait.


La troisième partie allait nous opposer au favori: l’institut Saint-Boniface-Parnasse d’Ixelles. Cette école est traditionnellement dans le dernier carré de Génies en Herbe. D’ailleurs, nos candidats le remarquèrent directement dans les coulisses, où ces adversaires montraient davantage que les nôtres un esprit de compétition. «On croirait voir des pros, me raconte Arnaud Melen. En outre, leur entourage entretenait assidûment cet état d’esprit. A propos du match, les deux équipes se sont tenues tout au long de la partie. Personnellement, je pensais que l’une d’entre elles allait craquer à un certain moment, mais ce ne fut jamais le cas. Nous avons gagné ce match de peu, mais avec des scores élevés: les deux équipes devaient être dans les 400 points, je pense.»

Le dernier match pour la qualification à la grande finale opposait SFX à l’athénée royal d’Herstal. Le match commença très mal pour nos couleurs.   Tout semblait aller de travers. «Sur les épreuves individuelles, nous entendions que nos opposants se soufflaient les réponses; ce qui leur a d’ailleurs valu d’être réprimandés par les animateurs à plusieurs reprises, mais sans être sanctionnés.»  Malgré cet off-day de nos troupes, notre école mène encore de 30 points avant les éclairs en cascade, mais Herstal revient dans le coup, ils sont menaçants, ils sont sur nos talons… «Cette ultime épreuve étant chronométrée, plus nous gagnions du temps, plus de chances nous avions d’être en finale. C’est pourquoi (et je n’en suis pas fier, avoue Arnaud) j’ai à plusieurs reprises buzzé sans avoir la réponse à la question, ni même avoir écouté la question. Je me rappelle même ne pas avoir su répondre à la question: Quel instrument permet de mesurer la pression atmosphérique? Au total, nous avons gagné d’un fifrelin!»

Pour la finale, pas de préparation spécifique rue de Rome. Le grand jour reste un beau souvenir pour Arnaud. François n’est pas du même avis. Après s’être rendus en train et taxi Boulevard Reyers avec le soutien de M. Embrechts, ils ont passé toute la journée à répéter. Ils ont aussi eu l’occasion de rencontrer les deux invités «variétés» de l'émission: Roch Voisine et Eve Angeli.

Les rhétos, vrais supporters, étaient bien présents dans les gradins. Joseph Ruwet, à quelques jours de la retraite, était sur les dents. Ne parlons pas des coachs, de Jeangette et de Schoonbroodt…
   jeangette-Dom-2005.jpg                                     Schoonbroodt-2003.jpg


Le début du jeu aura été catastrophique pour SFX, qui n’est jamais revenu dans le coup. Battu si près du but…

Le soir même, j’avais téléphoné aux parents Goblet pour connaître le résultat (l’émission n’était pas en direct). La maman était très déçue et même amère. Elle avait pris le jeu trop à cœur, comme son fils. Peut-on les en blâmer?
Voici la réflexion d’Arnaud, sollicité par mes soins 8 ans plus tard: Les autres équipes s’étaient spécifiquement préparées et entraînées. Je pense que nous avions perdu la notion de jeu. Nous avons terminé 4e alors qu'en répétition tout s’était parfaitement déroulé; certaines équipes simulant même le fait de ne pas connaître des réponses (ils nous l’avoueront à la fin du jeu). Mais ce ne fut pas une déception. L’aventure fut belle et enrichissante pour nous. (…)

La victoire était allée à l’institut Saint-Boniface-Parnasse devant le collège Saint-Paul de Godinne-Burnot. Je me rappelle encore avoir vu les autres élèves et professeurs vraiment stressés lors de la finale. 
Pour ma part, ce qui m’aura vraiment plu dans cette aventure, c’est d’avoir formé une équipe soudée malgré nos motivations et nos caractères différents. Nous avons montré une belle image du Collège (…). Si nous sommes arrivés jusqu’à la dernière émission, chacun de nous quatre, mais également chacun des membres de notre entourage (familles, élèves, professeurs...), y a apporté sa contribution plus ou moins grande.

Arnaud? un sage!
 

12. Louis Bernard
 

Je crois que c’est le moment de parler de mon collègue Louis Bernard Koch (oui, sans trait d’union). Il y a 20 ans qu’il est arrivé au Collège. Je me souviens de la première impression qu’il m’a faite. Après quelques mois, je l’aurais volontiers caricaturé par ces quelques mots: ancien de l’athénée, affable, sûr de lui, portant beau et toujours pressé. Voilà un portrait qui mérite d’être affiné.

Licencié en histoire, curieusement, il donnera toujours cours dans le cycle inférieur, exactement comme Bernard Potelle, un autre historien ancien de l’athénée de Verviers. Ils devront tous deux s’adapter à l’Etude du Milieu (EMI) dans le 1er degré, le Rénové étant déjà passé par là. En 3e, l’EMI se partage entre les classiques cours d’histoire et de géographie. Koch sera très tôt confronté à un classique des débutants: les échecs pleuvent lors d’un examen d’histoire en 3e (classe faible, bien entendu).
                                           Koch-LBK-90.jpg
Delobel a l’art de faire comprendre aux jeunes profs que ça ne peut plus arriver: ça n’arrivera plus, au contraire. Je me rappelle que, peu de temps après (en 1985), les résultats de son examen d’histoire dans ma classe de 3A (29 élèves d’un bon niveau) sont époustouflants: les 29 élèves réussissent brillamment, une douzaine d’élèves a même plus de 90% et la moyenne de la classe dépasse largement les 85%. On se croirait à l’école des fans de Jacques Martin. Interrogé gentiment sur les raisons de cette embellie, il me répond très naïvement qu’il n’y est pour rien, ce sont les élèves qui sont très forts… A ce point-là?
Au-delà de l’anecdote, ça pose la question de la différence d’élèves d’une classe à l’autre. Ma 3A ne comprenait que des latin-maths d'un très bon niveau. Dans la 3E, ils n’avaient ni latin, ni maths fortes, mais l’économie comme option de base. Je me rappelle les difficultés qu’avait déjà en 1975 un vieux routier comme De Donder dans son cours d’histoire de 3e Moderne. Rien de changé en ce domaine!

 

Les attributions de début d’année font qu’on se croise plus souvent certaines années que d’autres. Comme j’ai commencé à quitter le cycle inférieur en 1989, nous n’avons pas souvent travaillé dans les mêmes classes. Je n’ai pourtant pas oublié un conseil de classe où Louis Bernard était titulaire (il donnait latin et histoire). C’était probablement en 1986. Ce jour-là, à 16h, l’objet de la réunion était de faire l’état des lieux la veille de la remise du premier bulletin. Habituellement, le titulaire présidait l’assemblée veillant à écouter l’avis de chaque prof sur chaque élève. Il prenait note des informations les plus significatives qui lui permettraient de rédiger la meilleure synthèse possible dans la case du bulletin réservée à cet effet. Cette dernière activité, importante, prenait souvent la soirée. Louis Bernard avait une méthode nettement plus rapide: il écrivait le commentaire en direct. Une fois la réunion terminée, les bulletins étaient complets: et hop! J’étais à la fois admiratif de voir en action un tel esprit de synthèse et scandalisé de constater avec quelle hâte il exécutait ce travail si délicat. Mais j’ai surtout retenu l’épisode de l’élève Lambda (j’ai oublié son nom). Ouvrant le bulletin à la bonne page, Louis Bernard écrivit dans la case adéquate ce commentaire qu’il nous lut en même temps à haute voix: «Très bonne période dans l’ensemble…» puis, devant la réaction indignée de ses collègues chez qui Lambda accumulait les échecs, Louis termina sa phrase sans désemparer en ajoutant: «sauf en mathématiques, en néerlandais, en géographie et en religion.» Du délire!

Je suis sûr qu’il est aujourd’hui plus circonspect. Comme tout le monde, Louis Bernard a sa réputation, méritée ou non. On a chacun son dossard, comme aimait dire Joseph Ruwet. C’est une manie très répandue qui tend à enfermer son prochain dans une prison imaginaire d’où il ne pourra plus jamais sortir. Pour Koch, c’est le traditionalisme. Pensez donc, un historien qui donne latin… Et qui porte une admiration inconditionnelle à notre roi, ou plutôt à la monarchie; et au pape! Il sera d’ailleurs reçu en audience par Jean Paul II (toujours pas de trait d’union!), une magnifique photo en atteste: son épouse figure aussi sur ce document, qui doit dater de leur voyage de noces. Enfin, il prie en classe et ne cache pas son attachement à l’Eglise catholique. Figurez-vous que ce n’est pas si bien vu que cela dans le microcosme du Collège. On colporte  volontiers que Louis Bernard est (probablement) charismatique, voire de l’Opus Dei, bref, d’une de ces chapelles facilement qualifiées de sectes. De ces bavardages, je crois que Koch n’en a cure. Il marche toujours vite, la tête haute et le sourire accueillant.
 

J’ai un autre avis sur le personnage. D'abord, Louis Bernard toujours de bonne humeur ne manque pas d'humour. Il a par exemple participer en tant qu'acteur au fameux film "La guerre du feu" (voir Souvenirs 141), projeté en son temps lors d'une Saint-Nicolas (1985). A côté des Anne Longrée, Georges Kupper, Jean Arnould et Patrick Constant, entre autres, qui se battaient comme des hommes de la préhistoire, Louis Bernard apparaissait, plus britisch que jamais, élégant, armé de son classique attaché-case et réglait tous les problèmes comme un vrai saint Nicolas... Un grand moment!
Je remarque
Koch-2004.jpg que c’est un homme qui ne cache pas ses convictions, je trouve ça plutôt bien, surtout que celles-ci ne jurent pas avec l’orientation philosophique de notre institution. Bernard (c’est plus court) prend volontiers des initiatives sans jouer les vedettes pour la cause. Je sais qu’il s’occupe discrètement de personnes en détresse. Et pour ce qui est des nouveautés pédagogiques, il n’est pas le dernier. Je crois que c’est lui qui utilise le plus l’ordinateur comme outil pédagogique. Il connaît pratiquement tous les logiciels concernant le latin: pas vraiment la tasse de thé d’un vieux rétrograde… Il sait entraîner ses élèves dans les manifestations importantes qui sortent un peu des sentiers battus comme la Saint-François-Xavier, les joggings (il court lui-même), la fancy-fair, le projet vélo (sur sa bicyclette), le Gospel, etc. Je trouve qu’il bonifie avec l’âge.
 

                            Koch-JP-II.jpg
En 1999, nous serons tous surpris (sauf peut-être Thierry Fraëys et Christian Merland) d’apprendre que Bernard va faire paraître une BD. En fait, ce n'est pas son coup d'essai: voyez la couverture jointe et le titre qui ne peut pas surprendre.
Tout part de sa passion d’historien pour les biographies. Je lis dans La Toque, sous la plume de Rodolphe Magis, l’interview de Louis Bernard, qui explique comment lui est venu le déclic: Un soir, je suis tombé par hasard sur «Le beau jeu de ma vie», un recueil de lettres de Guy de Larigaudie. (…) Ce livre m’a interpellé. J’ai été frappé par l’actualité du témoignage de vie de cet homme.

 

                                   Toque-avril-1999.jpg

 

Le soir même, je me suis dit que j’allais réaliser une biographie chronologique du personnage.Koch-LBn.jpg

A partir de là, l’historien se met en route: recueil de documents et témoignages inédits. Il rencontre la sœur (97 ans) de Larigaudie et son petit-neveu. Après 18 mois de travail, il présente sa biographie à un ami, qui lui conseille d’en faire une BD.

Louis embraye et propose son projet aux Editions du Triomphe à Paris. L’éditeur est très enthousiaste. L’aventure prend forme.

La BD de LBK sortira en avril 1999. J’aurais dû m’y intéresser davantage.

Il a une autre passion: la photo. A chaque activité de l’Amicale des profs, Bernard mitraille tous azimuts. C’est une mine d’or pour… moi: une grosse partie des photos de profs figurant sur le présent blog ont été prises par Bernard, qui me les transmet volontiers.

Après 20 ans de Collège, il s’est imposé comme un personnage atypique, mais indispensable. Et puis, quelle politesse et quelle

                        Fraeys-et-Koch-Noel-2003.jpg

gentillesse: la classe, quoi!  

 

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 16:01

10. Départ de Joseph Ruwet

Voyant approcher le jour de la retraite de Joseph Ruwet (voir Souvenirs 8 et 9 ), qui avait déjà choisi de ne plus travailler qu’à mi-temps, je pris peur. Allait-il, lui aussi, comme Servais, Gaillard, Beaupain, Lepièce, etc., partir sur la pointe des Ruwet-23-03-2002.-pension.jpgpieds? Quitterait-il comme une ombre ce Collège qu’il avait animé pendant 33 ans? Ses collègues allaient-ils omettre de lui marquer concrètement leur reconnaissance, ce sentiment si souvent oublié et pourtant tellement important dans la vie d’un professeur? Non, je jurai que non. Dans mon esprit, l’Amicale avait été fondée spécialement à cette intention.

Comme prévu, je n’eus aucune difficulté à convaincre mes collègues de passer à l’acte. Il fallait organiser quelque chose qui lui ressemble, donc rien de banal, ni de statique et dans sa région d’Aubel, assurément. Nous ne sommes pas allés jusqu’à proposer une sortie à vélo, même si le cyclisme a toujours fait partie de sa vie, mais on n’oubliera pas cet aspect important.

Nous devions y mettre du sentiment: Joseph a un grand cœur, c’est un homme généreux, sans ostentation.

Ce ne serait pas mal d’organiser sa fête sous forme de rallye, comme lui pour les Anciens, quand il était devenu leur cheville ouvrière. Il avait su relancer l’Association par des manifestations attrayantes et un rafraîchissement de La Toque. Il fallait trouver un guide pour expliquer en même temps Ruwet et sa région: qui mieux que Thomas Lambiet? Le nom de l’opération, tenue secrète jusqu’au bout, serait «Le Grand Paysage de Joseph Ruwet». Thomas connaissait parfaitement toute la famille Ruwet, leur Aubel natal, et côtoyait professionnellement notre Joseph depuis 30 ans.
Ruwet-23-mars-02-Lamb-et-Ernst.jpg

Rendez-vous fut pris le premier jour des vacances de Pâques, le samedi 23 mars – également le premier jour de la retraite de notre collègue –, à Clermont-sur-Berwinne, départ du rallye. Nous étions assez nombreux pour être représentatifs du corps professoral. Le questionnaire à choix multiple distribué à chacun était tout entier centré sur la vie de JR (initiales utilisées depuis le très connu feuilleton américain Dallas, dont JR était le principal protagoniste). Ce n’est qu’à ce moment-là que le pot aux roses fut découvert par notre nouveau pensionné. Je pourrais rappeler quelques questions pour cerner un peu mieux la personnalité de l’aîné de la famille Ruwet (très autoritaire sur ses sœurs, un peu à la manière des musulmans…):

 

 

 

Questions

A

B

C

D

1

Quel film JR a-t-il présenté devant son auteur ?

Le dîner de cons

Le fabuleux destin d’Amélie Poulain

La grande vadrouille

Le grand paysage d’Alexis Droeven

2

A quoi reconnaît-il un éducateur ou un administratif de SFX ?

il surveille

il a un bureau et un téléphone

il est disponible

il glande

3

Comment a-t-il baptisé la salle audio 1 ?

salle Martiny

salle Maystadt

le conclave

le foutoir

4

Quels élèves aurait-il le plus busés en histoire?

les étrangers

les filles

les élèves chahuteurs

les élèves les plus petits

5

Un soir de réveillon, à quoi passa-t-il son temps ?

aider une vache à vêler

remplacer des tuiles

réparer sa voiture

héberger un Hollandais perdu

6

Comment appelle-t-il les éducateurs?

des surveillants

des collabos

des promeneurs

des G.O.

7

Si Joseph répond « je ne sais pas », c’est que

il ne sait pas

il pense à autre chose

il ne vous aime pas

ce n’est pas Joseph Ruwet

8

JR a tenté de boycotter

la fancy fair

le principe du parking payant

Génies en herbe

le tournoi d’éloquence

 

 

Bonnes réponses: 1-D, 2-C, 3-B, 4-B, 5-A, 6-D, 7-D, 8-B. On pourrait ainsi reprendre chacune des questions sauf une: elle concernait ses fonctions au Kiwanis.

Depuis lors, JR est monté de grade, passant de lieutenant-gouverneur du district de Welkenraedt au titre de gouverneur du district Belux (Belgique-Luxembourg): excusez du peu! Ces renseignements ont paru en première page (immense photo à l’appui) dans Le Jour-Verviers du 14 septembre 2010.

Malgré tous ces honneurs et le fait qu’il ne marche jamais la tête baissée, Joseph n’est pas hautain comme le croient certains. C’est seulement une apparence. Quand on le connaît un peu, c’est tout le contraire. Cet homme en intrigue plus d’un. Moi, j’ai longtemps cru qu’il jouait un personnage, toujours en représentation. Maintenant, je sais. Ce qui étonne les gens, c’est de rencontrer un homme libre. Ce n’est pas fréquent, réfléchissez bien. Il tient ça en partie de son père, d’après Thomas, mais la liberté n’est pas une simple affaire d’hérédité, elle se gagne tous les jours.

Cela ne l’empêche pas d’aimer se retrouver sur les planches d’un théâtre et de jouer différents personnages qui ne lui ressemblent en rien. Il sera l’un des principaux comédiens de la troupe du Collège tant qu’elle existera. Il deviendra aussi metteur en scène, tant pour ses élèves que pour ses collègues. C’était sa passion dans les années 1980.

c-5-ruwet-23-03-2002.jpgJoseph a tout fait dans sa vie: arbitre international de cyclisme, photographe, organisateur de voyages, maréchal-ferrant, carreleur occasionnel, cuisinier, créateur de vin de fruit, et il a même pratiqué le… nudisme.







Evidemment, il lui arrive d’être un peu débordé par toutes ces entreprises. J’ai un jour émis des doutes sur le fait qu’il réussirait à terminer à temps un travail entrepris, il s’est cabré en affirmant avec conviction qu’il y arrivait toujours, mais souvent in extremis. A vérifier.

Dans les années 1990, on ne verra presque plus Joseph à la salle des profs: il passe des journées entières dans un local du 1er étage (côté rue de Rome) devenu, avec les encouragements de Delobel, un véritable studio de vidéo, banc de montage compris. Sa vidéothèque (d’après Raphaël Degey dans La Toque des Anciens de mars 2003) ne compte pas moins de 2000 émissions! Et tout ça au service des élèves. JR a squatté cette pièce si longtemps qu’elle porte aujourd’hui encore le nom de «studio Ruwet». Une sorte de consécration.

 

Et en classe? Je n’ai évidemment jamais assisté à l’un de ses cours. Je m’en tiendrai au témoignage de Jean-Paul Adam, un de ses anciens élèves: «Ruwet, on sentait qu’il nous aimait.» Que dire de mieux?

 

Revenons au «rallye» guidé par Thomas: nous sommes allés dans la salle du Conseil d’Aubel ouverte exceptionnellement à l’intention de Joseph Ruwet,  Conseiller communal d’opposition de 1970 à 1985. Une de ses motivations politiques provenait de son opposition viscérale aux méthodes dictatoriales du sénateur-bourgmestre Baltus, potentat inamovible.

Nous avons évidemment découvert sa maison natale, son école communalec-6-ruwet-23-03-2002.jpg primaire, le magnifique musée de la dernière guerre tenu par sa belle-sœur, pour retrouver au Casse-Croûte en face du Moulin du Val Dieu une série de collègues empêchés de venir l’après-midi. Là, Joseph a failli craquer. Je me rappelle très nettement l’avoir entendu, après son interrogatoire sur l’actualité (une de ses marottes de prof d’histoire) et la réception d’un petit cadeau des collègues: «Je ne savais pas que j’avais tant d’amis!»

En réalité, il allait de surprise en surprise. La veille déjà, son retour à domicile avait été dur. Pourtant, juste avant, en sortant de la classe où il venait de donner son dernier cours, il tombe sur le directeur, Jacques Camps, venu l’accueillir spécialement pour marquer ce moment historique. Jacques voulait ainsi le remercier d’avoir passé tant d’années rue de Rome au service des jeunes. Mieux: il va l’accompagner jusqu’à sa voiture, dans le parking: Joseph n’en revenait pas. Ce geste de Jacques Camps l’a beaucoup ému, d’autant plus qu’il n’avait jamais imaginé Camps dans un tel rôle. Comme quoi, il ne faut pas trop vite juger les gens.

Jacques ne manquera pas non plus de le féliciter d’avoir décidé d’accompagner ses élèves en voyage, pendant les vacances de Pâques, alors que sa retraite était déjà officiellement entamée.
JR n’a jamais été un fonctionnaire.

 

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 06:14

 

 9. Evénements divers

 

euro-1.jpgL’année 2002 commence par la même préoccupation pour la plupart des Européens – événement rarissime –, le passage à l’euro. On ne parle que de ça. Je me souviens que ça tracassait surtout les personnes âgées, en particulier dans les maisons de retraite visitées durant notre retraite à Ciney. Plusieurs animations y étaient d’ailleurs consacrées.

 

  zone-euro.gif

 

 


Au Collège, c’est Sabine Simon (ne pas la réduire à ses initiales!), la grande argentière, qui alerte la maisonnée. Dans les News nouveau nom des Valves de poche, largement occupées par le sous-directeur, qui écrit entre autres ses réflexions sous le titre (un peu prétentieux) de «Ce que j’en pense» –, Sabine nous apprend que «les monnayeurs des diverses machines (coca, café…) travailleront uniquement, et ce pour des raisons techniques, avec des prix de vente multiples de 0.05 EUR». Il n’y a pas de petits profits. «Comme le prévoit la loi, continue Sabine, à partir du 1er janvier 2002, nous serons obligés de rendre la monnaie en euro et cela, que le paiement soit effectué en franc belge ou en euro.» Franc-5-Baudouin.jpg

En outre, Sabine refuse de garder de l’argent lui confié par des profs avant le Nouvel An (argent des retraites, par exemple): ce sera «IMPOSSIBLE cette année». Allez comprendre pourquoi.

Enfin, pour ceux qui franc-5-1998.jpgseraient tentés de liquider brutalement leurs petits francs (nous allons tous «crouler» sous la monnaie, nous avertit Sabine), sachez que les commerçants sont en droit de refuser des pièces de 1 BEF si leur nombre dépasse 100 exemplaires: capito?

petit-franc-B.jpg


Comme le taux de change officiel est de 1 euro pour 40,3399 BEF, l’aptitude au calcul mental (essentiellement la multiplication par 40) sera d’une grande utilité au début. Notez que moi, j’en suis toujours là! Et je suis très content de ne pas être sous la coupe des Français: 1 euro = 6,5595  FF...

Vu le drame vécu en cette fin d’année, Ruhina Dhalla attire notre attention sur la prévention du suicide en milieu scolaire.

En deux pages, quelques Counet-2003.jpginformations pratiques sont données. Si vous avez remarqué qu’un jeune va mal et qu’il vous le fait savoir d’une manière ou d’une autre, vous ne pouvez rester seul avec cette information, ni agir seul.

Il est nécessaire de partager ce renseignement avec les autres membres de l’équipe éducative tout en prévenant l’adolescent.
Je suis étonné, mais je retiens cette leçon de gens plus qualifiés que moi.

Dahla-Ruhina.jpg

Plus que jamais, la prévention des dépendances, réflexion organisée par le Pirotte-Bern-2003.jpgsous-directeur, est à l’ordre du jour. J’admire tous ces profs qui ont consacré du temps à se former dans ce domaine:
Karina Baggen, Anne Counet, Marie-France Dethier, Ruhina Dhalla, Viviane Hollands, Vinciane Maréchal, Véronique Rouwette, Bernadette Pirotte, Myriam Soret, Geneviève Tristant, Manu Chaumont et Dominique Embrechts.

Oui, seulement 2 hommes pour 10 femmes! Pourquoi? Les hommes se méfient davantage des formations d’ordre psychosocial. Question de nature? Je suppose.

 

 

 

Rouwette-2003.jpg


 Marechal-2003nn.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 




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Depuis quelques années déjà, Eric Dethier a lancé l’idée d’une entraide entre élèves. Aidé de Ruhina, il a organisé ce qu’on nomme chez nous le tutorat. Appel Dethier 97est fait aux grands élèves pour aider les plus jeunes en difficulté  dans une discipline scolaire. Les volontaires offrent leurs services, en général une fois par semaine, dans leur branche forte. D’un autre côté, les élèves dans le besoin sont invités à se présenter pour faire connaissance avec leur tuteur et organiser leurs rencontres. Le système marche bien, au contraire des rattrapages officiels donnés par les professeurs. Il est évidemment plus souple et surtout plus convivial: pour un jeune adolescent, c’est plus facile d’échanger avec un autre élève. Certes, les explications seront peut-être moins orthodoxes, mais au moins l’adolescent n’ira pas aux rendez-vous avec des pieds de plomb. Eric – grand organisateur devant l’Eternel et professeur très dynamique – sait s’y prendre pour attirer les bonnes volontés et surveiller discrètement si la machine tourne bien. Cette année, il est heureux de nous apprendre qu’il a 12 tuteurs en maths, 7 en français, 11 en sciences, 7 en anglais, 2 en allemand et même 11 pour l’aide aux étrangers de primaire ou du secondaire; mais on manque de tuteurs en latin et en néerlandais.

Eric est heureux de nous apprendre l’arrivée en renfort de Bernadette Mignot-.-2004.jpgMignot (dite Mamy) et de Gérard (dit Gégé) Lemin.Lemin-Ger-2005.jpg

Je trouve cette initiative vraiment magnifique tant pour les tuteurs que pour les demandeurs. Je proposerai concrètement mon aide, à titre de tuteur et non d’organisateur, dès que je serai retraité. J’y retrouverai surtout des élèves du cycle supérieur.









 

Le carême (toujours de partage) est un moment important pour l’équipe d’animation spirituelle. C’est l’occasion de soutenir des projets humanitaires comme celui de Manthoc au Pérou. Voilà une association de dévoués travaillant à la scolarisation des jeunes déshérités de Lima. Leurs projets sont originaux, mais demandent un soutien financier. Nos liens avec ces Péruviens seront renforcés par la présence là-bas d’Alexandre Massart, jeune ancien et fils de Jacqueline et Longree-2001n.jpgde Philippe. Pour récolter des fonds à cette intention, on organise plusieurs manifestations, dont certaines sont récurrentes. C’est le cas du bol de riz. Les élèves sont invités chaque vendredi de carême à remplacer leur dîner par un bol de riz fourni par l’école et servi sous le préau au prix de 1,50 €. La cheville ouvrière, cuisinière réputée (le riz était excellent, je puis en témoigner) est l’historienne Anne Longrée, très persévérante en l’occurrence. Elle sera souvent aidée dans sa tâche de serveuse par Viviane Hollands, Gerdy Schmetz, Annette Delhaes, Marie-Jeanne Brance, Philippe Massart et Yves Charlier, entre autres. Beaucoup de jeunes collègues s’y mettront aussi très volontiers. Cette opération bénéficie d’un succès certain auprès des élèves. Mais j’ai remarqué que la plupart allait manger ses tartines après avoir consommé le riz. Interrogés à ce sujet, les élèves répondaient en général qu’ils avaient oublié de ne pas prendre de tartines le matin!

L'équipe d'animation pastorale  –  véritable institution au Collège –  se compose en général d'un noyau de 3 ou 4 personnes qui se chargent de dynamiser l'école côté chrétien. Cette année, la troïka (nom choisi par autodérision) se compose de... 4 membres: le recteur Hubert Dupont (toujours très accueillant), Karina Baggen, Yves Charlier et Philippe Massart. 


C’est une année d’élection pour les différentes assemblées représentatives. L’Assemblée générale (21 membres) est présidée par Philippe Laoureux, Laoureux-Philippe-Toque-Juin-2002.jpgreprésentant laïc de la Compagnie de Jésus. C’est un ancien du Collège, natif d’Andrimont (client de la boulangerie Janssen: voir Souvenirs 1), qui a transité quelques années chez les novices jésuites avec son ami Dejong, avant de devenir professeur au collège d’Erpent. Devenu directeur de l’école secondaire Saint-Joseph à Jambes en 1990, il accèdera ensuite à la direction du collège du Sacré-Cœur à Charleroi, le revoilà de nouveau chez les jésuites, qu’il n’aura quittés que 3 ans depuis sa 1re primaire! En 2000, il devient le délégué du père Provincial pour les collèges. C’est à ce titre qu’il devient président de plusieurs Assemblées générales de collèges. Un type bien, d’après tous les échos.
Les élus représentant les enseignants de SFX1 (il y en a 3 pour SFX2) sont Jacqueline Degueldre (secrétaire) et Philippe Dejong pour le secondaire, Jean-Bernard Van Bossche pour le primaire. Madame Geneviève Humblet (qui me prend pour un excellent professeur…) représente nos parents.
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Le Conseil d’Administration du Collège ne compte que 9 personnes: le même président, les mêmes directeurs (forcément), les mêmes enseignants (sauf Jacqueline) et Raphaël Degey comme représentant (très actif) des Anciens. Passons sur le C.P.P.T. pour voir la composition du Conseil de Participation de SFX1.

Le P.O. a désigné, pour le représenter, le recteur Hubert Dupont, les directeurs (Camps et Louis) et 3 enseignants: Embrechts, Jaminet et Van Bossche. Sont élus par le corps enseignant: Karina Baggen, Giovannina Fornieri, Jean-François Jamotton et Bernard Potelle pour le secondaire; Valérie Piedbœuf et Olivier Pirenne pour le primaire. Les 4 places prévues pour les élèves sont attribuées aux seuls candidats Boutet-Marie-5B-2001.jpg(donc pas d’élection): Marie Boutet, Georges Legros (que je ne connais pas), Hervé Hortelan et Tom Stock.Hortelan-2001-4E.jpg

Dans les News, on nous annonce le programme de ces élèves, mais pas ceux des autres membres: que je sache, on n’a jamais demandé aux candidats d’avoir un programme! Nos adolescents proposent de traiter (prioritairement) des casiers des élèves, de la sécurité (racket aux alentours du Collège, loubards à la fancy-fair), du tutorat en informatique, de la questure, des activités de classe, de l’évaluation (formative et certificative…) dans le cycle supérieur, de l’environnement et des horaires. Vaste programme!



Temps de midi: faut-il interdire les sorties en ville aux élèves de 3e? Deux enquêtes seront organisées à ce sujet: que veut le peuple? L’enquête auprès des élèves du cycle inférieur montre une grosse majorité d’avis défavorables: quelle surprise!… L’autre auprès des parents donne du 50-50. Conclusion: il n’y a pas lieu de prolonger l’interdiction de sorties à midi. Le préfet Jaminet, toujours très précis et réaliste, avait préalablement fait remarquer au Conseil de participation que l’école disposait déjà de trop peu de places pour les 1res et 2es seules, surtout par mauvais temps. En outre, le nombre de surveillants est insuffisant et l’école ne peut rémunérer un surveillant sur fonds propres: alors, pourquoi ces enquêtes?Jaminet-Eric-n2-2005.jpg










 

Simon-Pierre Baiwir, ancien élève, licencié en classique, avait déjà remplacé Jamotton l’année dernière; il revient cette fois-ci  remplacer Joseph Ruwet. Voilà une bonne recrue. J’ai oublié de parler de Caroline Deltour, la fille de MarcDeltour-gala-.jpg (ex-Saint-Michel, directeur à Sainte-Claire, puis prof de religion à Sainte-Véronique). Elle donne les langues dans le cycle inférieur. Elle s’intègre très vite et ne rechigne pas à donner de son temps.






Avec Marie-Martine Schyns, nous avions trouvé 3 excellentes recrues, qui n’auront malheureusement fait que passer, à notre corps défendant.

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Le mardi de Pentecôte 21 mai 2002 [une rencontre précédente au même endroit avait eu lieu en mai 1991, voir Souvenirs 43-10], dix écoles de Bruxelles, Charleroi, Erpent, Godinne, Liège, Mons et Verviers se rencontraient à Erpent pour une journée pédagogique commune. Ce sont les collèges «jésuites» de la partie francophone de notre pays. Je devrais plutôt dire à la façon de Jacques Camps «les collèges et instituts, constitués en ASBL autonomes liés par convention à l’ordre des jésuites» souhaitant garder des liens entre eux. Partis au petit matin en car, nous prenons en passant au Delhaize de Herstal notre légion liégeoise (Mmes Longrée, Moureau, Denève, Fornieri et Maréchal; MM. J. van der Hoeven, M. Charlier et D. Jeangette).
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Nous nous retrouverons là-bas à plus de 1000 enseignants dans 64 ateliers. C’était l’occasion de retrouver mes collègues du Cojerem (voir Souvenirs 30) et de croiser parfois de vieilles connaissances perdues de vue. Bonne organisation sur place. Je suis allé dan
 s un atelier pour rencontrer des collègues, d’Erpent surtout, capables d’animer leur Amicale de professeurs. De là provient l’idée du verre de l’amitié du premier vendredi du mois à 16h, à la salle des profs transformée pour la cause en sympathique troquet. Concernant les inévitables discours, je n’ai malheureusement plus de souvenirs précis.Charlier Momau 2002

 


Les balades de profs ne se sont pas arrêtées à la 100e du guide Gaillard (voir Souvenirs 60). Elles seront désormais dirigées par le guide-nature Eric Laurent; ainsi en a décidé notre guide démissionnaire et ancien doyen. Eric a consigné toutes ses sorties dans un petit carnet qu’il a eu la bonne idée de me confier. Voyez ci-joint la photocopie de la première page.
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Ce 28 octobre 1995, à Solwaster – où Eric habite avec d’autres Laurent et des Fransolet –, Raymond Gaillard lui remet solennellement la canne de «chef».

Le lundi 27 mai 1996, 4e balade de l’ère Laurent. C’est la drache à Sourbrodt autour de chez Georges Kupper, pas en très bonne forme.
Nous ne sommes que 3 en comptant le chef. Les 3 mêmes se retrouveront un an plus tard dans une clinique allemande où Georges se refait une santé. L’initiative en revient à Eric, qui montre ainsi ses qualités de cœur.

A La Gileppe, en octobre 1996, la troupe a croisé 2 chevreuils et des sangliers. Le 27 décembre, mes potes sont venus m’arracher de la salle des ordinateurs au Collège pour que je profite avec eux d’une magnifique journée ensoleillée. Le ciel est bleu comme rarement et le sol est gelé, donc on n’aura même pas les pieds mouillés.






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Le 8 mai 1997, seuls les deux guides, l’ancien et le nouveau, sont présents…

Au congé de Toussaint, nous sommes 13 – dont les familles de Dominique Darimont et de Patrick Constant – pour la «première balade de la  nouvelle Amicale  des profs du  Collège». Notre  guide allonge sans  le vouloir l’exercice  physique  de 2 km: errare humanum est!darimont-150.jpg

Un peu avant la Noël, découverte d’un coin des Pays-Bas: Epen. La balade était annoncée «enfants admis», mais pas un gosse n’est présent!











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Le 1er juin 1998, lundi de Pentecôte, l’Amicale organise un barbecue à Nivezé. Pour se mettre en appétit, Eric guide une balade pédestre (cette fois-ci les enfants sont là), tandis que Jean Arnould conduit les amateurs de VTT. Excellente ambiance.









Le samedi 13 février 1999, nous sommes 8 (Raymond Gaillard a pris la photo) sous le soleil de Hockay, mais les bottes enfoncent dans une épaisse couche de neige. La marche est fatigante. Au retour, nous nous affalons littéralement sur les chaises du café. D’après le podomètre de Raymond, nous avons marché 20 km au lieu des 12 annoncés! Patron, remettez une tournée…

Nous irons encore du côté du Val-Dieu et à Nivezé. Les notes du petit Laurent s’arrêtent à Royompré le 24 février 2001. C’était la 19e et dernière balade conduite par notre chef Eric, nouvel échevin de Jalhay.sc2Fevr99-nn.jpg






















Pour sauver cette institution, j’alerte notre ancien guide, toujours présent lors de ces promenades pédestres. Il reprend gaiement du service. Mais le nombre d’adeptes diminue inexorablement, les gens n’ont plus le temps, paraît-il… Et puis c’est le clash: le 30 octobre 2004, Raymond se retrouve seul au rendez-vous… Il allait guider sa 118e balade! Ce samedi après-midi-là, je reçois un coup de fil de l’ex-doyen qui engueule copieusement le nouveau! Oui, je suis coupable, je lui avais encore dit quelques jours plus tôt que moi, au moins, je serais là et… j’ai oublié! C’est lamentable, mais c’est vrai. J’en rougis encore de honte. Ainsi finit cette belle histoire commencée 38 ans plus tôt.

Heureusement, cette triste fin n’a en rien entamé notre amitié.

Le 14 juillet 2002, en pleines vacances donc, le père André Kruth nous quitte à l'âge de 78 ans. Je l'avais vu peu de temps avant lors de son hospitalisation. . Professeur-inventeur de 3e Latin-Sciences lorsque je suis arrivé au Collège en 1966, il termina sa carrière verviétoise comme aumônier de l'hôpital. Un homme charmant et discret.Kruth-66.jpg

     

 

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