13. La disqualification
Je rends la parole (toujours notée en italique) à Christophe Javaux pour la suite de cette aventure:
En ce mois de février 2003, nous sommes sur notre petit nuage: sélectionnés pour la finale, en confiance, désignés comme favoris par rapport aux autres équipes, nous avons en outre le soutien infaillible de tout le corps professoral du Collège. Plus rien ne peut nous arriver… Cette finale ne peut pas nous échapper.
Tout baigne, mais plus pour longtemps. Dominique Jeangette, le coach attitré, reçoit un coup de fil de la RTBF: les organisateurs de l’émission lui annoncent qu’ils vont disqualifier l’équipe pour non-respect du règlement! En fait, c’est le cas de Bertrand Jacquet, qui motive cette décision: comme il l’a dit lui-même, il est parent d’un employé de la RTBF. Le règlement – qu’il a signé! – lui interdisait donc de participer au jeu télévisé. Rappelez-vous (voir paragraphe précédent): son père est traducteur à la RTBF-Liège. Un concurrent du Christ-Roi d’Ottignies aurait entendu ses confidences à Théo Van Hamme et – on imagine – l’école en aurait profité pour déposer réclamation contre SFX. Le coup est rude, mais nos représentants n’y croient pas: ils veulent s’expliquer avec les organisateurs de l’émission, la disqualification leur paraît totalement absurde sinon révoltante.
Bertrand est effondré… il comprend que, par son insouciance lors du précédent enregistrement, il risque de faire chuter l’équipe. Histoire de calmer les esprits, M. Jeangette nous promet de nous emmener néanmoins le lendemain à Bruxelles pour s’expliquer. Mais cela ne suffit pas pour nous calmer… Cette déclaration tombe au plus mauvais moment… C’est en effet en ce mardi 25 février qu’ont lieu les éliminatoires internes de Génies en Herbe pour l’année suivante. Contrairement à la tradition demandant aux participants de l’année en cours de sélectionner les nouveaux, Madame Schoonbroodt a décidé de prendre les choses en main et de préparer elle-même les questionnaires, sans concertation aucune (...). Nous avons malgré tout assisté à ces éliminatoires, histoire de voir à quelle sauce ils seraient cuisinés.
Les résultats ne plaisent pas à nos concurrents, les sélections de Christophe (repris d’office) et de Jean-Abdon exceptées.
Pris d’un coup de sang, Gilles et moi écrivons sur la feuille des résultats que nous jugeons la sélection irrecevable (…) et demandons de nouvelles sélections. La réponse ne tarde pas: une heure plus tard, nous sommes directement convoqués chez M. Jaminet pour nous expliquer. Mlle Schoonbroodt n’est évidemment pas contente de la tournure des événements…
L’autorité du Collège fait comprendre que le temps du vedettariat est passé: Gilles et Christophe, calmés, s’excusent auprès de Marie-France Schoonbroodt. La direction a pris la mesure de la contre-publicité que risque d’engendrer cette disqualification: moins on en parlera, mieux ce sera. Malgré cela, la mauvaise nouvelle se répand comme une traînée de poudre, au Collège et… au-delà!
Christophe ajoute ici la note suivante: Lors de cette fameuse mise au point chez M. Jaminet, Jean-Abdon Hardenne a également été convoqué. Vu qu’à l’époque, il était régulièrement appelé pour des faits de turbulence et que son nom était apparu sur la liste, M. Jaminet a cru qu’il avait un rapport avec cette affaire, mais il n’en était rien! Il n’était même pas au courant des événements qui s’étaient tramés! Cet épisode l’a fortement surpris, car pour une fois il était victime d’une accusation non fondée. Il me reparle encore souvent de cet épisode!
Le lendemain – mardi 26 février 2003, jour prévu de rendez-vous à Bruxelles pour la préparation à la finale –, toujours persuadés qu’ils vont pouvoir enfin s’expliquer avec les organisateurs du jeu, nos génies apprennent par Dominique Jeangette que la TV ne veut même pas les recevoir. A la place, ils sont convoqués chez le sous-directeur Embrechts pour un débriefing. Celui-ci se montre satisfait de leur parcours, mais aimerait aussi qu’ils adoptent une attitude digne et discrète, abandonnant toute attaque contre la RTBF. Bertrand, lui, n’accepte pas. Il veut malgré tout aller à Bruxelles pour faire valoir ses arguments. Pour lui, le point du règlement invoqué est désuet – il ne vit d’ailleurs pas chez son père – et le parcours sans faute du Collège leur donne droit à jouer la finale à 4 pour laquelle ils se préparent depuis un an. En outre, Bertrand présente un nouvel argument qui lui semble imparable: l’entraîneur du collège Saint-Michel d’Etterbeek (l’autre équipe favorite de la finale à 4) n’est personne d’autre que Michel Feys, un professeur également présentateur de la météo sur… la RTBF! Il a sûrement plus de contacts avec les rédacteurs de questions à Bruxelles que le papa de Bertrand, même s’il n’a aucun lien de parenté avec les participants. Le règlement est curieusement muet sur ce cas de figure: Jacquet est déchaîné!
Dominique Embrechts, informé que l’affaire prend des développements inattendus par l’entremise de jeunes anciens élèves du Collège (voir infra), maintient sa position, qui me paraît réaliste: on arrête tout, même si, dans le public, cette disqualification risque d’entraîner un soupçon de tricherie. Surtout, ne plus faire de vagues.
Pour les nombreux élèves qui nous soutenaient, cette annonce fait l’effet d’une bombe et alimente les conversations en interne. Beaucoup espéraient nous voir en finale et triompher des classiques écoles bruxelloises et sont dès lors déçus par l’attitude défaitiste de la direction. Sous l’impulsion de quelques professeurs qui nous soutiennent malgré tout, une pétition pour demander à la direction de débattre avec la RTBF verra même le jour; elle connaîtra un certain succès, mais ne fera pas bouger les choses d’un iota.
Fin de la belle aventure: dura lex sed lex!
14. L’affaire rebondit
Pourtant, deux Collégiens, fans de l’émission et surtout du Collège, vont
entreprendre de leur côté, en dehors de toute connivence avec qui que ce soit, une démarche téméraire pour tâcher d’inverser le cours des événements. Ces deux francs-tireurs – Louis Culot (futur avocat) et Philippe Leroy (futur médecin), sortis de rhéto en 2002 – vont écrire la lettre ouverte ci-jointe aux écoles d’où la réclamation aurait pu venir. Ils espèrent réveiller ainsi les consciences et voir enfin le bon sens triompher.
Honneur et Elégance :
Lettre ouverte aux écoles ayant participé à l'émission
Génies en herbe.
Criminels ! Quatre criminels de plus démasqués: joli coup de filet, assurément ! Et qui sont-ils ? Il s'agit des quatre membres de l'équipe de Génies en herbe du Collège Saint-François-Xavier de Verviers.
Leur faute: avoir admis parmi eux un participant dont le père travaille comme... traducteur à la... RTBF Liège !
Revenons aux faits: l'équipe du Collège Saint-François-Xavier a gagné, parfois haut la main, les matchs de Génies en herbe qu'elle a disputés cette année. Cette émission est avant tout un jeu. Un jeu où des équipes de jeunes s'affrontent dans une ambiance détendue et festive, un jeu où l'important demeure la participation et non la gagne.
A la suite de la victoire du Collège SFX, une école (mais laquelle ?) déposa une plainte. Simplement, répétons-le, parce qu'un membre de l'équipe de SXF a eu le malheur d'avoir un père traducteur à la RTBF Liège ! Une fonction qui n'a, cela saute aux yeux pour les personnes sensées, aucun rapport avec l'émission proposée par la chaîne de télévision bruxelloise.
Ceux qui ont pris l'initiative de cette plainte auraient été jusqu'à faire appel à un avocat. Mais pour défendre quoi ? Sérieusement ? Evoluons-nous dans le monde de la haute finance ou dans un jeu entre élèves ? Et que dire du fair-play dans tout cela ?
Ces méthodes ont profondément choqué ; ces procédés sont indignes d'un établissement scolaire quel qu'il soit. Notre équipe, victime de cet acharnement et de la cruelle injustice qui en résulte, est effondrée.
L'article du règlement de Génies en herbe (qui stipule qu'un élève parent d'une personne employée par la RTBF ne peut être admis à participer au jeu) est louable et nécessaire parce qu'il s'inscrit dans une logique d'impartialité et d'honnêteté destinée à prévenir d'éventuels abus. Pour autant, nous estimons qu'invoquer cet article dans le cas présent est complètement abusif et masque bien mal la mauvaise foi d'un perdant antisportif et rancunier.
Avec force, nous nous inscrivons en faux contre l'accusation de tricherie implicite résidant dans le mauvais procès qu'une école pointilleuse intente au Collège Saint-François-Xavier. Toutes les victoires acquises par SFX le furent à la régulière, et ceux qui affirment en douter ne doutent que d'eux-mêmes.
La déception éprouvée au soir d'une élimination est légitime. Maquiller le dépit par cet article du règlement est inacceptable. Marquer de basses rancunes du sceau de la « légalité » dénote un manque d'élégance affligeant.
L'opiniâtreté et l'anti-sportivité de cette méchante attaque prêteraient à rire si la bonne foi et l'honneur de notre équipe, et plus spécialement du membre dont le père est accusé, n'étaient mis en cause.
Voilà pourquoi nous demandons à la Direction de l'école plaignante ainsi qu'à l'ensemble des écoles ayant participé au jeu, par respect pour notre équipe et bien plus largement pour tous les supporteurs neutres et raisonnables de cette émission, de soutenir notre démarche pour que cette plainte soit retirée.
Le Collège Saint-François-Xavier n'a rien à se reprocher ! L'attaque dont il fait l'objet est déplacée. Associez-vous à nous pour choisir la voie de la sagesse et du fair-play.
Philippe Leroy & Louis Culot
Simples supporteurs du jeu et de l'équipe du Collège SFX
Icphl@hotmail.com
Cette surprenante missive, je la découvre à cette époque sur une table de la salle des profs: est-elle là par inadvertance (un oubli du sous-directeur?) ou pour information discrète du corps professoral? Je ne sais pas (ou plus), mais comme elle a l’air abandonnée, je me l’approprie. Trois ans plus tard, les deux auteurs (anciens de "ma" 5E de l’an 2000) viennent me rendre une visite amicale au cours de laquelle je leur ressors le document. Agréablement surpris, ils croyaient que leur pamphlet était resté bloqué dans l'ordinateur de Jacques Camps, ils me racontent par le menu leur dernière tentative, pour le moins rocambolesque.
Nos deux Don Quichotte se retrouvèrent face à des moulins à vent. Leur tentative informatique désespérée fut un coup dans l’eau, comme prévu: Philippe Leroy me rappelle qu'ils savaient tous deux que le Collège n'avait plus une chance sur cent d'être finaliste. Un peu déçus mais pas découragés, ils tentèrent un dernier geste (ça ne m'étonne pas d'eux!) pour faire pression sur la direction d'Ottignies: ils vont forcer la main du directeur via ses élèves. Voilci leur raisonnement (de la plume de Philippe):
En l'écrivant [cette lettre], nous avons un postulat et une stratégie clairs. Le postulat est que toute l'affaire se trame en dessous du Directeur d'Ottignies et qu'un tel homme ne pourrait pas laisser aller aussi loin une affaire si ridicule. Notre stratégie est donc de créer un remous suffisant dans l'école d'Ottignies pour que le directeur ne manque pas d'être informé et de s'emparer de l'affaire. Nous espérions (...), avec son intervention, qu'Ottignies exprime clairement à la RTBF qu'il refusait d'être sélectionné pour une finale sur le tapis vert. Apparemment ce ne fut pas le cas car, quelles qu'aient pu être les discussions, force est de constater qu'ils n'ont pas refusé cette finale...
Philippe et Louis firent donc 200 copies de cette lettre ouverte et, cette bombe à retardement sous le bras, ils pénétrèrent subrepticement dans ce collège (pas très éloigné de leur université) à la tombée de la nuit: rien de plus facile, la porte était ouverte à l’intention des basketteurs du soir… Louis et Philippe inondèrent alors de leur réclamation écrite les murs de toutes les salles accessibles. L’excitation était à son comble quand nos deux gaillards, au terme de leur travail clandestin, s’aperçurent que la lumière s’était coupée dans tout le bâtiment et qu’ils étaient désormais pris au piège, enfermés dans cette école ennemie devenue leur prison pour la nuit... Heureusement, les normes de sécurité, qui exigent des issues de secours ouvrables de l’intérieur, étaient respectées: de ce côté-là, l’école était en règle. La suite n’est pas bien connue. L’affichage clandestin n’aurait pas atteint sa cible. D’après certains renseignements non confirmés, quelqu’un – un surveillant matinal ou une femme d’ouvrage, qui sait? – aurait découvert les lettres intruses et se serait attaché à faire disparaître toute trace de ce brûlot.
En pratique, nos deux héros reçurent un et un seul courriel, mais pas de l’expéditeur attendu, c'était celui de M.J.Camps – le directeur d’un Centre scolaire à coup sûr! – leur intimant l’ordre d’arrêter définitivement leur campagne de sensibilisation.
Manifestement, le Collège avait négocié avec la RTBF et avec le Christ-Roi pour éviter au maximum la disgrâce de l’école et la publication des contradictions du règlement de cette activité ludique télévisuelle. Camps (ou Embrechts?) avait-il vraiment défendu l'honneur de ses élèves? Les inconditionnels de notre équipe en doutent toujours...
Réflexion de Ph.Leroy, 8 ans plus tard:
Avec le recul vient l'analyse plus calme, épurée des sentiments bouillonnants du moment. Et pourtant, je me revois exactement dans l'état d'esprit d'alors ! Cette lettre, je pense que nous avons eu raison de l'écrire. Notre jeune âge nous a autorisé la fantaisie de sa livraison. Notre indignation était réelle, légitime je le pense. Je reste persuadé que cette histoire n'était qu'une tempête dans un verre d'eau qui aurait dû se résoudre en 3 coups de téléphone. Pourquoi ne le fut-elle pas ? Voilà le mystère... Une petite conversation de mise au point cordiale entre les deux directeurs puis un message commun vers la RTBF ne me semblait pas inenvisageable. Pourquoi Jacques Camps et son homologue n'ont-ils pas réglé cela entre hommes? On en serait resté là, la RTBF aurait été plus vigilante vis-à-vis du respect du règlement l'année d'après, l'affaire était jouée et les réputations de tous saines et sauves.
Aucune information officielle sur ce cas de figure étonnant n'émanera de la RTBF. Même lors du passage sur antenne des émissions suivantes de Génies: personne n’expliquera à la TV comment le collège du Christ-Roi d’Ottignies se retrouvera en finale après avoir été nettement battu – ce match enregistré de la victoire du Collège est passé comme si de rien n’était – par le Collège SFX de Verviers.
Nonobstant la volonté manifeste des diverses institutions de calmer le jeu, cette affaire fit grand bruit dans le Landerneau verviétois. La presse écrite locale s’empara de ce fait divers croustillant. Mais ne mettons pas tous les quotidiens dans le même sac. Si La Meuse relata l’événement dans des termes très mesurés, Le Jour n’hésita pas à enquêter tous azimuts, allant jusqu’à interroger nos Génies, toujours sous le choc, en dehors de la présence du moindre représentant du Collège. Il n’en fallait pas plus pour que Bertrand Jacquet, celui par qui le scandale était arrivé, et Gilles Laguesse déversent toute leur rancœur contre cette école qui refusait la défense de leur «honneur» et acceptait ainsi l’interruption brutale de la diffusion de leurs «exploits».
Plus réservés et sans doute plus mûrs, Joachim et Christophe évitèrent de jeter de l’huile sur le feu. Le journaliste prit pour du pain bénit tout ce que nos deux lascars racontaient et jeta ces propos contestables en pâture au public verviétois. A côté de la relation des faits (plutôt correcte), une colonne intitulée «Réactions» donnait la parole aux jeunes avec des sous-titres accrocheurs comme «Sur les conseils du prof» (mise en cause de Dominique Jeangette par Jacquet), «Pas soutenus par SFX»… Je fus particulièrement choqué par l'attaque unilatérale contre Dominique Jeangette. J’ai même tâché de le convaincre d’exiger un droit de réponse. Dominique, toujours très réservé, préféra s’abstenir pour ne pas entretenir la polémique. Je crois en fin de compte qu’il avait raison, il n’avait sans doute rien de bon à espérer de cette procédure peu appréciée par le commun des journalistes. Et le Collège encore moins.
Ah! le pouvoir de la presse…
M. Jeangette (…) jette l’éponge: il ne s’occupera plus d’une future équipe de Génies en Herbe. Quant à Bertrand Jacquet, il subit de nombreuses pressions de professeurs qui trouvent qu’il était allé trop loin dans ses déclarations. Le torchon brûle totalement entre lui et M. Dejong, alors que c’était un de ses protégés. Les altercations sont si vives entre eux qu’il est finalement interdit de «voyage rhéto»!
[Je précise que Christophe n’était pas dans la même classe que Bertrand, il n'était donc pas témoin direct de ce qu'il reproche à Philippe Dejong. D'ailleurs, je tiens la justification de cette exclusion exceptionnelle de la titulaire, Bénédicte Winandy (et non Philippe Dejong), qui m'écrit (le 13 mars 2011) textuellement ce qui suit:
Bertrand Jacquet était dans ma classe de rhéto, s’il n’est pas venu en voyage rhéto c’est qu’il a méprisé de signer le papier d’engagement d’un comportement adéquat lors du voyage. C’était la cerise sur le gâteau après l’accumulation d’épisodes inadaptés en classe, le sabotage du projet cabaret sur Bourvil (qui n’a jamais vu le jour !) et suite aux dernières polémiques concernant génies en herbes. Je ne pouvais pas laisser passer cette accumulation de méfaits. Cet élève n’était pas fiable, j’avais perdu confiance en lui et il risquait de mal influencer le groupe lors du voyage].
L’affaire fit grand bruit auprès des élèves.
Quant à M. Embrechts, déçu par l’ampleur prise par les événements (…), il décide de ne pas réinscrire le Collège pour l’année suivante (2003-2004), histoire de calmer le jeu. La nouvelle équipe de Mlle Schoonbroodt ne verra donc jamais le jour.
Enfin, (…), la RTBF délégua une équipe de son émission Projet X (présentée par les frères Deborsu) pour nous interviewer et recueillir nos doléances. Sans grande surprise et sans grande innovation, nous ressasserons notre credo de bonne foi et de bon sens en n’acceptant toujours pas notre éviction de la compétition. (…). Ce reportage passera inaperçu lors de sa diffusion et plus personne n’y fera allusion par la suite.
Quant à la finale du jeu, elle s’est déroulée sans encombre. L’équipe de Saint-Michel d’Etterbeek (celle entraînée par M. Feys!) l’a emporté haut la main devant le collège d’Ottignies, étonnant deuxième de cette finale à 4 alors qu’il avait été régulièrement éliminé par les Verviétois du Collège.
Dernières révélations: j’eus droit à quelques éclaircissements de l’affaire en rencontrant par le plus grand des hasards un supporter de l’équipe d’Ottignies. Ce que je raconte ci-dessous n’a jamais été mis à la connaissance du Collège.
La rencontre s’est déroulée durant la 1re semaine des vacances de Pâques. J’étais parti en vacances à Oxford pour un stage de langues avec la Mutualité du Chemin de Fer, qui regroupe des jeunes venant de tous les horizons de la Belgique. A peine quelques jours après mon arrivée, un jeune me reconnut: il m’avait vu lors de l’enregistrement de Génies en Herbe contre son école, le collège du Christ-Roi d’Ottignies… Quelle coïncidence! Voilà l’occasion rêvée d’en apprendre un peu plus sur la tournure réelle des événements. Il me fit des révélations surprenantes…
Il y eut en effet une plainte déposée par Ottignies auprès de la RTBF. Cependant, cette plainte n’était pas adressée dans un but mesquin ou anti-sportif (comme on l’avait cru), mais plutôt en guise d’information sur leur vision des choses. Leur lettre portait surtout sur le fait que lors de notre confrontation, beaucoup trop de questions BD avaient été posées, ce qui avait favorisé Guillaume Joachim, notre spécialiste BD (ce qui est vrai, puisque nous avons gagné 130 points uniquement sur de la BD, c’est énorme!). Par ailleurs, ils mentionnaient aussi le fait que la RTBF ne respectait pas le règlement à la lettre (la fameuse déclaration de Bertrand sur son papa) et qu’elle ferait bien de le respecter à l’avenir (…).
D’après ce «témoin» (attention, ça ne reste qu’un témoignage!), son école aurait envoyé une lettre de mise au point et non pas de menaces. Restons réalistes: pourquoi une école engagerait-elle des procédures judiciaires très onéreuses contre la RTBF pour faire participer ses élèves à la finale et ramener un maigre butin de quelques milliers d’euros à l’école? Cela aurait joué de toute façon en leur défaveur. D’ailleurs, le jeune Ottintois avouait que son équipe était même surprise d’être réintégrée pour la finale: d’une part, parce qu’ils ne le demandaient pas dans leur lettre, et d’autre part, la tradition ertébéenne voulait qu’en cas de désistement d’une équipe, on repêche le meilleur perdant des quarts de finale, c’est-à-dire le collège Saint-Louis de Namur!
Lors de la saison 2004-2005, l’équipe de Saint-Michel d’Etterbeek (la gagnante de la saison 2002-2003, entraînée par M. Feys!) fut disqualifiée d’entrée de jeu parce qu’un parent des participants travaillait à la RTBF! Celle-ci avait donc décidé de passer à l’attaque et de sanctionner toute équipe ne respectant pas à la lettre son règlement. Notre cas avait donc fait jurisprudence; désormais, une équipe pouvait se faire sortir sur base de «l’Arrêté Collège SFX 1 de Verviers». (…) Deux ans plus tard (saison 2006-2007), l’émission met la clé sous le paillasson…
En conclusion, je peux affirmer que notre participation à Génies en Herbe a été un événement marquant de notre jeunesse et nous laisse de nombreux bons souvenirs. Au-delà de notre éphémère popularité au sein du Collège, cette expérience nous a permis de découvrir l’envers du décor d’une émission télévisuelle et de se confronter au stress d’un jeu TV en équipe. Personnellement, ce fut aussi l’occasion de rencontrer des gens, notamment au sein de l’équipe réserve; je vois encore régulièrement Hervé Hortelan
ou Jean-Abdon Hardenne. Je regrette cependant les proportions ahurissantes que le jeu a prises à la fin. Nous nous étions fortement impliqués dans cette aventure, un peu trop sans doute. Si le but était à la base de participer, à la fin, il devenait indispensable de gagner la finale, coûte que coûte. Il est clair que nous avions un peu «la grosse tête» et que nous nous sentions intouchables. Notre disqualification nous a ramené les pieds sur terre, dans la douleur certes, mais cela nous a permis de revenir à la raison et de nous concentrer entièrement sur nos études.
Parmi toutes les tensions qui ont été créées au sein du Collège par notre faute, je regrette plus que tout le mal qu’on a pu faire à M. Jeangette (en interne ou lors des enregistrements), car malgré tout ce qu’on a pu dire sur lui, c’était le seul professeur qui nous a accompagnés du début à la fin. J’estime que nous n’avons pas été assez reconnaissants à son égard.
Et dire que ce n’était qu’un jeu…