6. Principale de terminale
Arrivée en 1988 par la petite porte (intérimaire de Jean Lemaire pour un mois), Bénédicte Winandy (épouse Demazy), licenciée en romanes, est devenue, 10 ans plus tard, une valeur sûre du Collège.
Successivement titulaire de 5e et de 4e, elle montre ses aptitudes à mener une classe et surtout à l’enthousiasmer. C’est une petite femme énergique qui a du caractère. Malgré un horaire partiel (elle a une grosse famille), elle n’hésite pas à se lancer dans des organisations qui la mobilisent durant de longues soirées. Madame Demazy ne compte pas son temps: elle a mis sur pied des spectacles comme «Gainsbourg» et «Les Pavés sous la ville» qui furent de francs succès. «Tous les élèves y participent, dit-elle. Et le plus beau moment dans une telle organisation, c’est de les sentir tous concernés et responsables. L’individu ne compte plus, on se donne entièrement pour le groupe. Ce sentiment est exceptionnel.»
Lorsqu’Eric Dethier, pour des raisons personnelles, préfère quitter le titulariat de Rhétorique pour celui de 4e, il paraît assez logique que Bénédicte le remplace. Qu’elle soit une représentante du beau sexe ne gâte rien. Elle devient professeure principale de la 5e rhétorique de notre vénérable institution (non, je n’ai pas dit la 5e roue de la charrette!), à côté de pédagogues installés pour ne pas dire mandarins: Joseph Ruwet, Philippe Dejong, Thomas Lambiet et Dominique Willem. Rien que des littéraires – mais ça n’a pas beaucoup d’importance – aux tendances machistes? Je connais des anciennes très affirmatives à ce sujet…
La forte personnalité de notre collègue Béné lui permet de s’imposer en terminale et les élèves ne s’en plaignent pas. Bénédicte et Philippe Dejong partagent souvent idées et initiatives – question d’affinités, sans doute. Leurs classes respectives ont pris plus d’une fois le même car pour aller en retraite à Taizé, ou le même avion pour l’Espagne ou la Tunisie. Ces organisations annuelles demandent aux titulaires un gros investissement, mais gravent chez les étudiants des souvenirs inoubliables.
Certes, le titulariat de Rhéto pèse sur les épaules du responsable – il s’agit en outre de ménager la transition entre le secondaire et les études supérieures –, mais il entraîne honneurs et reconnaissance. Le professeur principal devient très naturellement le symbole du Collège pour tous les anciens. Ils se désignent volontiers comme anciens de M. Untel et bientôt de Mme Winandy. Et lors des retrouvailles, s’ils n’invitent qu’un professeur, ce sera à coup sûr leur titulaire de terminale (tant qu’il est vaillant…).
J’ai lu dans La Toque (février 2000) que Béné résume son action de titulaire en trois mots: authenticité, enthousiasme, confiance. C’est tout elle.
Certains (jaloux de son succès?) tempèrent quelque peu ces éloges en utisant cet aphorisme: "Qui trop embrasse mal étreint!"
7. Quelques nouveautés
– Radio SFX
Poussés dans le dos par les discours de la direction et en particulier par le slogan: «Mon école comme je la veux», les élèves de 2e proposent au préfet d’Education d’animer les récréations par une toute nouvelle Radio SFX . Ils prétendent s’occuper de tout dans cette entreprise. Les créneaux horaires leur accordés sont chacun de 20 minutes: à 8h et à 12h.
C’est bien d’encourager ainsi les initiatives des jeunes! Ces écoliers prétendent intéresser leurs condisciples, voire enthousiasmer tout le Collège, par une alternance de jeu, de musique et d’information. Je ne sais plus combien de temps cette expérience a duré, mais j’entends encore ces relents de fancy-fair écraser le joyeux gazouillis des enfants de primaire, les cris, rires ou parlotes de nos ados, et les… murmures des amoureux. Non, vraiment, ça ne me plaît pas: il y a confusion de genres. La Fête d’Hiver ne peut pas durer toute l’année. Heureusement (pour moi), l’expérience n’a pas fait long feu. Pardon de donner ici mes sentiments de vieux prof – c’est vrai que j’ai déjà 56 ans à cette époque –, mais j’ai réalisé à ce moment que la musique d’une récréation faisait partie de ma vie de «collégien». SFX sans ses récréations sainement bruyantes devient un Centre scolaire anonyme, quelconque, un centre commercial, quoi.
– Les craies
Le projet environnement est une des premières concrétisations du remue-méninges de cette année. Le groupe comprend 6 rhétoriciens, 4 instituteurs, une maman d’élève, un prof et le préfet d’Education Embrechts (nommé président). Quelques décisions pratiques sont prises au mois de décembre. J’en retiens 2, dont la plus comique est la suivante: un treillis amovible pourrait être placé au-dessus des toilettes pour éviter que des plaisantins ne ferment les W.-C. de l’intérieur et ressortent en passant par au-dessus de la porte (voilà un sport qui m’aurait plu à leur âge!).
La seconde décision ne m’a pas enthousiasmé. Pour éviter les batailles de craies entre élèves non surveillés durant les intercours – notion qui n’a jamais été bien définie au Collège –, la commission environnement a décidé de supprimer les boîtes de craies dans les classes. Les professeurs utilisant ce moyen désuet sont priés d’emporter les craies avec eux, et surtout de ne pas les laisser traîner dans les rainures des tableaux: plus de projectiles, partant plus de combats!
Le but, louable, n’est pas tant de calmer les envies belliqueuses de nos enfants que d’éviter de souiller les sols. La réponse est un peu simpliste: si vous ne voulez plus les émanations de CO2, commencez par interdire les automobiles et conseillez le retour aux voitures hippomobiles!
C’est un fait que les boîtes de craies – une pour les blanches, l’autre pour les couleurs – laissées perpétuellement sur le bord d’une fenêtre attiraient les tirailleurs sénégalais et autres assaillants de châteaux forts. En outre, les «douilles» jonchant le tapis plain (vraiment une très mauvaise idée pour une classe) écrasées par des pieds balourds de combattants, quand ce n’était pas les «pieds noirs» des professeurs distraits, donnaient des résultats épouvantables. J’ai dû, moi aussi, réagir à ces mauvaises habitudes. Quand la saison des combats de craies recommençait – c’était cyclique, comme la mode des pistolets à eau, des élastiques, des bichettes (des tchoukès à Liège), des boulettes de buvard mâché, des grenouilles de Saint-Nicolas, etc. –, j’avertissais les élèves que j’allongeais les devoirs d’un exercice par craie trouvée à terre: résultat garanti immédiat et définitif (pour l’année scolaire).
J’accuse plutôt certains collègues de ne pas voir (ou même pas regarder) si le local est sale, de ne pas réagir en conséquence, et d’arriver systématiquement en retard au cours. Remarquez que certaines femmes, avec ou sans verres de contact, n’étaient pas plus «regardantes» que leurs collègues masculins, au contraire… D’accord, dira le préfet d’Education, mais ces professeurs sont trop vieux pour changer. Je lui répondrai, comme Charles le Téméraire (devise adoptée par Guillaume d’Orange dit le Taciturne): «Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.»
Ce qui m’embêtait le plus, c’est qu’il fallait penser tous les jours à emporter ces outils indispensables (pour moi: je n’étais pas prof de langues…) qui me rappelaient le temps lointain où j’étais fumeur: ne jamais sortir sans ses cigarettes!
– Responsables de niveau
Enfin, grande nouveauté annoncée fièrement par le préfet d’Education, les éducateurs seront dorénavant responsables de niveau, entendez de degré (1-2, 3-4 et 5-6). Jean-Claude Houssonlonge (à gauche) est responsable du 1er degré; Nadine Sprumont et Marie-Thérèse Blocteur se partagent le 2e degré, tandis que Liliane Hubin et le préfet Embrechts s’occupent du 3e degré. Sachez qu’Eric Jaminet est coincé à la B.C.D. (bibliothèque et centre de documentation). On rappelle aussi que les éducateurs prennent en charge les surveillances des études, des intercours (pour éviter les jets de craies?) et des récréations et, au 3/4, les remplacements sans intérimaire; ce que les profs appellent les piquets, dont ils ont d’ailleurs une sainte horreur. Liliane Hubin arrive tous les jours à 7h30 pour ouvrir le Collège (il faut bien remplacer le père Dedeur).
Surtout, ne pas oublier que les éducateurs prennent en charge 8 heures sur 25 pour «co-animer» CPA (voir SOUVENIRS 51).
Enfin, les tâches administratives comme la gestion des dossiers, le prêt des livres et les visites médicales sont aussi du ressort de ces collaborateurs indispensables. Comme je ne vois nulle part le nom de Catherine Dourcy, j’en déduis qu’elle était en congé de maternité.
Enfin, je crois que c'est à ce moment que le préfet Embrechts a décidé de donner un coup de sonnette 3 minutes avant la fin de l'après-midi pour que les élèves de chaque classe aient le temps de faire le ménage dans chaque classe et de mettre les chaises sur les tables avant de sortir: ça fait gagner du temps aux dames qui nettoient. Et moi je râle parce que je perds trois minutes de cours, et que le matin, ça fait un potin bête d'enlever les chaises des tables: un maladroit (ou un endormi) renverse systématiquement une chaise ou deux.
Les profs qui ont de l'ordre et de la discipline gardent leurs locaux propres. Quant aux chaises, on peut faire ça en 10 secondes après le coup de cloche.
Je n’oublie pas que, cette année-là, j’ai comme élève en 4B ma future collègue (en langues) Anne-Catherine Lemin .