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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 16:53

3. La Saint-François-Xavier
 

Depuis plusieurs années, la Saint-François-Xavier, où on parle de moins en moins du grand saint pour centrer l’événement sur l’école elle-même, est l’occasion de mettre tout le monde dans le coup autour d’un thème choisi par

Sfx-1-JJ.jpgl’équipe d’animation pastorale (ou spirituelle). Cette année, l’attention est portée sur Verviers: son histoire, ses habitants, ses traditions, etc. Ce mercredi matin du début novembre, une série de professeurs se tiennent à différents endroits de la ville, déguisés de façon significative et porteurs d’un message pour chaque groupe d’élèves. J’ai pu apprécier à cette occasion un jeune collègue débarqué chez nous en septembre: David Jungblut.
Natif de Corée du Sud, adopté par une famille de Welkenraedt, ce licencié en maths connaît ses classiques, mais est fortement desservi par son épouvantable accent de Welkètè. Ce garçon, très discret au début, m’épatera par sa volonté farouche d’intégration: il est de tous les coups, acceptant volontiers les tâches les plus ingrates et les défis les plus risqués. Il n’est pas avare de son temps. Un peu naïf parfois: je l’ai vu faire ce jour-là une démonstration de taekwondo (art martial coréen) devant les 5es médusés lors de l’apéritif offert à la salle Notre-Dame, après la cérémonie à l’église. Ces jeunes, qui ne le connaissaient pas (il ne donnait cours qu’en 4e), se demandaient s’ils devaient rire ou applaudir. Très rapidement intégré dans le groupe des matheux, il nous invitera à domicile pour découvrir ses talents de cuisinier. Très sportif, véritable kamikaze en voiture (jusqu’au jour où il se retrouva dans le fossé…), il va réussir à affiner une silhouette trop rondelette à son goût. Plus tard, il fera la preuve concrète de ses dons pour les langues en étudiant le tchèque en trois mois! Un vrai phénomène qui cherchait avec fébrilité l’âme sœur, qu'il a trouvée depuis (en Tchéquie, évidemment).

Le jour de la fête du Collège, nous étions au pont Parotte (voyez la photo ci-dessus), chargés d’une mission que j’ai oubliée.Nos déguisements – on avait fait avec les moyens du bord – étaient une simple accroche. Le montage photographique ci-joint est l’œuvre du talentueux Christian Merland, SFX-1-Merland-2000nn.jpgreporter-photographe de cette journée mémorable.

Je crois que c’est alors que j’ai vu pour la première fois (il faut un début à tout) une église pleine à ras bord (pour une cérémonie religieuse) applaudir chaleureusement chaque intervenant (prêtre ou non) et surtout chaque chant. Nos jeunes se croyaient sans doute au spectacle. Applaudir, c’est tout de même mieux que dormir ou chahuter…
 

4. Jean-Marie Delobel s’en va
 

Vu d’aujourd’hui (2010), le départ de Jean-Marie Delobel (56 ans) en milieu d’année scolaire fait penser à une fuite. C’est un peu comme s’il s’apercevait subitement qu’il était urgent, après 22 ans à la tête de l’institution, de passer la main. Je peux témoigner qu’à l’époque, ce n’était pas du tout le souhait du corps professoral. Mais on acceptait son choix de vie.

Les plus anciens, comme moi, étaient devenus davantage des amis que des administrés ou de simples collaborateurs. La confiance était réciproque. Il n’est venu qu’une seule fois m’inspecter en classe, et encore était-ce à ma demande expresse; j’avais besoin d’un avis extérieur sur ma façon de donner cours.

Je ne me souviens pas qu’il ait jamais dit non à la moindre de mes requêtes (olympiades de maths, lieu de retraite, achat d’un livre, recyclage, permutation d’horaire occasionnelle, choix de manuel, etc.). Evidemment, j’ai toujours été modéré en l’occurrence, comme la plupart de mes collègues. Joseph van der Hoeven fait exactement le même constat que moi (voir Souvenirs 94: Les échanges linguistiques). Jean Gillot m’a certifié la même chose à son égard. Je peux même dire que Delobel a largement encouragé les initiatives prises par ses professeurs (échanges linguistiques, excursions ou visites culturelles, journées sportives, retraites, matériel informatique, etc.), même si le risque financier était important comme ce fut le cas avec le «défi montagne».

Nos plus jeunes collègues avaient été engagés par Delobel et lui en étaient sans doute reconnaissants. En tout cas, tout le monde appréciait, outre son intelligence, son humanité.

Et puis, le Collège tournait sans difficulté majeure. Une légère inquiétude se faisait jour en primaire. Le nombre d’élèves baissait pour des raisons sociologiques indépendantes de l’action du Collège. On verrait bien si le mouvement allait se répercuter dans le secondaire et comment s’y adapter.

Certes, Jean-Marie était moins souvent disponible après 16 heures, mais il en était de même pour beaucoup de collègues qui avaient charge de famille.

Les responsabilités d’une école de notre envergure devenaient-elles trop lourdes pour lui? Les exigences administratives toujours plus fortes et déshumanisantes le décourageaient-elles? Sans doute, comme pour les profs. Mais je pense plutôt que le cumul de ses deux fonctions commençait à lui peser. Finalement, il a préféré l’échevinat des Travaux: difficile d’oublier qu’entre la politique et l’enseignement, pour la seconde fois (voir Souvenirs 13 - 12: «L’ambition d’un homme»), il a choisi la politique.

L’histoire du Collège, qui demande un peu plus de recul, dira à quel point ces 22 ans de direction ont été importants pour l’évolution de notre institution. N’oublions pas que c’est le premier laïc dans cette fonction et que les directeurs jésuites ne dépassaient jamais 6 ans à la tête d’une même école. Je me dis parfois que le Collège new look a commencé fin des années 1970, quand nous avons eu notre premier directeur laïc et que nous avons ouvert le Collège au Rénové (on aurait peut-être pu résister plus longtemps) et à la Mixité. Et que, insensiblement, les jésuites ont quitté le navire.
Nous venons donc de terminer cette première étape de ce renouveau. Oui, c'est la fin du commencement!

équipe fin 2000 B


En vérité, je crois que Jean-Marie est parti l’âme en paix. Je me rappelle l’avoir entendu dire, un jour où il était en veine de confidences, qu’il espérait rendre le Collège aussi bien qu’il l’avait reçu. Quelque temps plus tard, il me confiait être persuadé de ne plus pouvoir rendre l’école du tout! Celle-ci allait à terme se dissoudre dans un «centre scolaire régional» mammouth pour d’obscures raisons de rationalisation. Il avait l’air dépité. Je ne l’avais jamais vu si pessimiste. Cette catastrophe n’est pas arrivée (du moins pas encore), il a donc rendu une école nettement plus grande qu’il l’avait reçue. Avait-elle gardé son âme? Question essentielle, mais tellement délicate: là, nous ne sommes plus dans le quantifiable.

équipe staff fin 2000 A

 

En tout cas, il était déjà regretté le jour de son départ, de proches collaboratrices (celles du staff) y allèrent de leur petite larme…

Heureusement, on n'oublia pas de fêter Jean-Marie Legrand (voir les 2 photos ci-dessus), celui qui avait sans doute passé le plus d'années au Collège, sans le proclamer, discrètement...

[C'est seulement fin novembre 2012 que Jean-Marie Delobel - ci-dessous, à gauche de la photo du Jour Verviers du 30/11/2012 - quittera définitivement le conseil communal après avoir passé les 6 dernières années dans l'opposition. Mais il restera actif au CPAS et dans le domaine social (chrétien en particulier)]
Delobel-2012-Le-Jour-30-nov.jpg


 

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12 août 2010 4 12 /08 /août /2010 15:34

 2000-2001: fin du commencement

1. Sans doute le dernier Recteur

Le 31 juillet 2000, le père Dupont est nommé recteur et responsable de N.-D. des Récollets. Il ne donnera pas cours, mais sera dans l’animation pastorale (ancien missionnaire en Afrique, il s’est occupé pendant 15 ans de la paroisse de Jolimont).
Le père Sonveaux est nommé supérieur de la Communauté du Sacré-Cœur de Charleroi, il donnera 6 heures de religion et deviendra en outre l’assistant du délégué du Provincial pour la coordination des écoles associées à la Compagnie de Jésus. Il quitte après 3 ans de fonction le rectorat de Saint-François-Xavier, ce n’est pas fréquent. On chuchote qu’il se rapproche du Soleil: ce serait bien le futur Provincial…Contrairement à ce qu'annonce La Toque (ci-jointe) d'octobre 2000, Sonveaux ne sera pas le dernier Recteur de SFX.Toque-oct-2000.jpg

Le père Dupont, très affable, un peu «Mamé Jésus» (voir Souvenirs 40) sur les bords, n’impressionne personne. Les profs ne le prennent pas au sérieux, comme si c’était un vague intérimaire, un de plus… La communauté jésuite fait presque partie du folklore pour le Centre scolaire, c’est du moins comme cela que je le ressens. Comble de malheur, le recteur Dupont sera victime (en 2003) d’une attaque cérébrale qui va le mettre sur la touche pour de nombreux mois, sinon des années. Personne ne saura vraiment qui le remplace. Ou, plus exactement, personne ne s’en souciera! En fait, l’intérim sera assuré par le père ministre Lecomte, le frère Maurage assurant les fonctions de ministre.

Renseignements pris (10 ans plus tard),
M.Dupont, encore un peu handicapé, aurait épousé son infirmière...


2. Tributaires des élections communales

La rentrée scolaire est fortement teintée de politique. Le 8 octobre 2000, comme les autres citoyens du pays, tous les enseignants sont appelés à voter pour les communales. Mais, Delobel verso tête delobelgrande nouveauté rue de Rome, nous présentons 7 candidats au suffrage universel, dont 5 néophytes! On pourrait croire que la campagne bat son plein à la salle des profs, (comme je l’aurais tant voulu: j’adore les campagnes électorales animées), mais c’est au contraire assez plat. Deux publicités électorales concernent plus particulièrement nos candidats verviétois. Je les ai conservées (voir ci-dessous). Inutile de vous dire que Delobel (cdH),




Delobel à chevaldevenu pour l’occasion le plus lourd jockey de la planète, déclenchera l’hilarité générale.

Quant à Gillot, plus conventionnel dans ses tracts (moins coûteux), il s’est aventuré sur une lGillot élections 2iste dissidente des libéraux (avec quand même un ex-élu socialiste) nommée opportunément «Verviers librement ». La fois précédente, ce parti censé défendre les intérêts de nos concitoyens s’intitulait «Verviers autrement»: on n’arrête pas le progrès. Jean, grand amateur de théâtre, jouera en l’occurrence le plus mauvais rôle de sa carrière: un bide mémorable! Et donc une source inépuisable de taquineries librement formulées... Il n’en perdra pas pour autant son optimisme légendaire.


Préférant le traditionnel cdH (ex-PSC), Geneviève Tristant, proche de Melchior Wathelet senior (un voisin de Petit-Rechain), ne décrochera pas la timbale. Et le cdH local ne lui donnera même pas un lot de consolation: le siège de conseillère au CPAS reviendra à Huguette, la femme de Jean Arnold. Potelle Bernard 2005

Bernard Potelle, écolo convaincu, subira le même sort sans se lamenter. Il s’émerveillera plutôt du nombre de suffrages reçus. Bernard est toujours de bonne humeur.

Le corps professoral, en réalité, n’avait d’yeux que pour le résultat de Jean-Marie, notre directeur. Avec un bon classement et une majorité rouge-romaine reconduite, notre patron reprendrait un échevinat et… quitterait la rue de Rome. En cas d’échec, il resterait notre capitaine au long cours. Ce dilemme s’explique par les changements administratifs portés à l’encontre des cumulards politiques. Les bourgmestres et échevins des grandes villes travaillant dans le secteur public perdront dorénavant leur traitement. Delobel ne touchait déjà plus que les trois quarts de son traitement de directeur. En cumulant les deux fonctions, il serait devenu un directeur bénévole. Faut pas pousser!…

Le suspense ne durera guère: notre capitaine au long cours (22 ans à la tête du Collège!) passe la main. En voilà assez pour Verviers, qui aura comme premier magistrat le très rouge professeur d’université Claude Desama.

N’oublions pas les résultats de nos candidats extérieurs. Une liste jalhaytoise d’intérêts communaux tirant vers le bleu présentait Anne Quoilin (pour faire avancer la liste…) et un homme à poigne nettement plus ambitieux: Eric Laurent. Dès le lundi matin, la presse locale relQuoilin Pirnay A 2006ate qu’à Jalhay, c’est la bouteille à encre. LesLaurent Eric 2005 quotidiens Le Jour et La Meuse rivalisent de ragots à ce sujet, ils tiennent ainsi le public durant toute la durée des tractations semi-secrètes. Nous – informés à bonne source – constatons l’indigence de ces feuilles de chou, racoleuses de cancans: triste! Ce suspense «insupportable» prend fin sur une note enthousiasmante pour notre petit Laurent, devenu assez grand pour diriger l’échevinat de l’Enseignement. Désireux de donner du temps à sa commune, Eric va même réduire son horaire à SFX1 durant son mandat: un homme sérieux, je vous dis.

Schyns MM 2007De son côté, Marie-Martine Schyns (1re à mon examen de juin en 2e, donc fille intelligente…) se présentait à Herve sous l’étiquette cdH. Pour un coup d’essai,  ce fut aussi un coup de maître: le cdH lui décerna une écharpe scabinale malgré son jeune âge (23 ans). Dans son sillage, Simon-Pierre (sic) Baiwir, ancien élève et jeune collègue aussi, allait devenir 6 ans plus tard son porteur d’eau, comme on dit en cyclisme. A ce moment, ils auront tous deux quitté le Collège qui ne leur offrait que des intérims; Marie-Martine pour Saint-Michel et Simon-Pierre pour Marie-Thérèse.
J'apprends ensuite (le 23/9/2010) que Simon-Pierre Baiwir-Le-Jour-nn-23-sept.jpgest devenu échevin (provisoirement?), ce qui permet à Marie-Martine de se retirer du collège échevinal pour s'occuper prioritairement de sa famille.
En 2012, elle est revenue en politique, en temps que cheffe du groupe cdH, mais dans l'opposition. Peu de temps après (17 juillet 2013), la voici bombardée Ministre de l'Enseignement obligatoire 
et de Promotion sociale de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en remplacement de Marie-Dominique SIMONET, obligée de se retirer pour raison de santé. Où s'arrêtera donc Marie-Martine?
Evidemment, c'est Simon-Pierre qui devient alors chef du groupe cdH à Herve... 

Au café du Commerce («Le Dôme») de la rue des Martyrs, les débats tournent autour du rapport présumé entre nos professeurs politiques et la réputation du Collège. Ces élus le sont-ils grâce à notre réputation, serviront-ils notre renommée ou la terniront-ils? La question reste ouverte. Vous remarquerez en passant que, quel que soit l’événement, le Collège n’est jamais bien loin. Les plus pessimistes estiment que ces candidats se sont servis du Collège pour faire leur trou en politique et vont ternir son image en considérant cette activité comme secondaire par rapport à leur mandat public. Mais ce ne sont que propos du café du Commerce, à oublier au plus tôt!

Le plus important pour SFX1 est de savoir qui sera son directeur le semestre prochain. Les paris sont ouverts. Camps tient la corde, mais on annonce un éventuel candidat extérieur. On cite les noms les plus farfelus. On fonctionne comme La Meuse!… Non, quand même pas.

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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 05:45

 

 

Espace libre pour un ajout éventuel

 

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 09:03
Les langues germaniques

1. Les profs de langues avant 1968

Quand j’arrive en Primaire en 1952, les écoles catholiques offrent une initiation au flamand (sic) à partir de la 5e. C’est donc avec M.Plumhans, puis avec M.Schreurs en 6e que je m’initie (très peu) au langage de nos amis du Nord de la Belgique. Ça peut toujours être utile à la mer... Arrivé en 6e Latine, il n’y a pas d’alternative au flamand, c’est comme ça dans tout l’enseignement libre. Notez que dans l’Officiel verviétois, vu la proximité de la frontière allemande, c’est l’allemand qui est obligatoire. Je suis donc, plus ou moins – plutôt moins que plus – les cours de ce brave Anversois, M.Peeters, que l’on ne respecte pas beaucoup, le surnommant Barbe-à-Poux entre nous (voir SOUVENIRS 4).

gaillard 03Quand, en 1966, je reviens au Collège, le néerlandais remplace le flamand et les profs sont pris au sérieux, de même que leurs cours. Tant mieux !
A cette époque, nous rencontrons Raymond Gaillard, Edmond Doyen et Alfred Cormann; les deux derniers donnant aussi cours à Ste-Claire. Raymond, après un temps d’adaptation, impose sa loi et ses manières plutôt strictes. Il appelle chacun de ses élèves Monsieur (Mademoiselle pour les filles qu’il découvrira seulement en 1983; je parle des élèves évidemment, il s’est marié le 30 juin 1960) ; le vouvoiement est la règle.

Il n’est d’ailleurs pas avare d’examens de passage d’après le père Bodaux, préfet des études à l’époque.

Gaillard aura jusqu’au bout la réputation d’un homme attaché d’abord aux traditions. Finalement il fera fort « vieux jeu », ce qui ne le tracasse pas vraiment. Mais comme collègue, c’est un homme charmant et attentif.

Edmond Doyen est un tout autre caractère, c’est plutôt un joyeux cultivant volontiers la convivialité au risque de se faire déborder par des élèves devenus trop familiers. Ceux qui l'ont connu au graduat à Sainte-Claire le considèrent Doyen-1968.jpggénéralement comme un pédagogue de premier plan et un homme plein d'humanité. Novateur, il n’hésite pas à donner, en rhéto, un cours expérimental tout en demandant aux élèves d’écrire dans le journal de classe les notions exigées du programme officiel comme matière vue: c’est une technique assez répandue que j’ai toujours réprouvée; on n’apprend pas aux élèves à tricher. Si j’avais passé une heure à expliquer par exemple la machine à calculer de Pascal et ses démêlés avec les jésuites, on notait « biographie de Pascal » qui n’était pas un point du programme. Il faut avoir le courage de ses opinions, c’est quelque chose qu’on doit enseigner aussi. Ceci dit sans accuser Edmond d'autant plus qu'il donnait cours à des jeunes au moins 3 ans plus âgés que les miens.

On peut voir les choses autrement à cet âge-là. Edmond Doyen, c'était un vieux routier du scoutisme, un modèle du genre. Il quittera assez tôt le Collège pour prendre une charge complète rue Sècheval.

Contre toute attente, il terminera sa vie d’une façon particulièrement tragique.

Alfred Cormann donne quelques cours dans le cycle inférieur, surtout en 1ère, Cormann Alfredavec sa façon très méthodique et exigeante, roulant de gros yeux réprobateurs pour rappeler les élèves à l’ordre, l’ordre germanique s’entend. Ces mêmes yeux très expressifs jouent à merveille l’étonnement qu’il pratique à répétition: il a toujours l’air de tomber des nues. Mais c’est un pédagogue qui a d’abord reçu une formation d’instituteur. On apprend avec lui: il sait que le cours doit être Templar Roger Moore le Saintprogressif et que la répétition est la mère de l’enseignement.

Au début, il donne le néerlandais (seule langue germanique enseignée au cycle inférieur), puis, dès que possible (en 1969) il donnera l’allemand, langue qui convient sans doute mieux à sa culture. A Sainte-Claire, les filles sont (paraît-il) folles de lui: elles lui trouvent une forte ressemblance avec le beau Simon Templar (Roger Moore), vedette du feuilleton à la mode: le Saint!

Vdbiest 72







En 1967, le père
Van der Biest (Bruxellois) donne néerlandais comme Louis De Donder quelques années DDD 125 plus tôt: on ne les imagine pas dans ce costume!

Les autres collègues de langues, arrivés après 1968, sont tous plus jeunes que moi. J’en parle par ailleurs si ma mémoire a gardé une trace de leur passage.

Mais je viens seulement (grâce à Joseph vdH) de retrouver le nom d'un intérimaire dont j'ai un excellent souvenir: Kismet Eris. Sympathique musulman d’origine turque, agent de joueurs de football déjà à l’époque (vers 2000), Internet m’apprend qu’il est aujourd’hui le manager de fameux joueurs benteke et Kismet 2010comme Silan Bolat, Christian Benteke (à côté de lui sur la photo), l’international belge Sébastien Picognoli, etc. Voilà une activité nettement plus lucrative que l’enseignement. Je viens de lui téléphoner, il est toujours aussi agréable. Il ne professe plus: trop de travail!




Je me souviens avoir aussi rencontré une amusante anglaise dont le nom était quasi le même queBean-Mister.jpg celui de Mister Bean, (Miss Beans) et quelques autres sans doute que j’ai totalement oubliés.








2. Evolution des horaires


Au Collège, tous les élèves ont 4h/semaine de 1ère langue germanique (appelée auparavant 2e langue, la 1ère étant le français). Seules les 2 premières années de modernes avaient une heure supplémentaire. La 2e langue, l’anglais, commençait à 2h/semaine dans le cycle supérieur (un an plus tôt en modernes). Avant le rénové, curieusement les élèves de 5e et 6e latin-sciences avaient droit à une (!) heure semaine de 4ème langue (l'allemand en l'occurrence) et vdH s’y est collé pendant plusieurs années. C'est d'ailleurs là qu’il a reçu sa seule visite d'un inspecteur de l'état (Monsieur Lincé, un Verviétois...), tout au début de sa carrière. Son rapport, à son grand soulagement, était élogieux!


Le choix entre le néerlandais, l’anglais et l’allemand a commencé en 1969. Mais c’est à partir du rénové (en 1980) que tout se compliqua. On pouvait, théoriquement, suivre deux langues germaniques à raison de 4h à partir de la 3e année et prendre en outre 2h de la 3e langue (sans parler de l’espagnol). Il était aussi possible de réduire à 2h la 1ère langue et se contenter de cela dans le cycle supérieur. Mais tout cet éventail de combinaisons éparpillait les élèves dans des groupes asymétriques et compliquait singulièrement les horaires. L’autorité du Collège prit la sage décision de limiter l’offre d’enseignement en revenant à une proposition plus équilibrée: tout le monde ferait dorénavant 4h de 1ère langue et ne commencerait la 2e langue à 2h qu’en troisième année. Quant à la 3e langue, elle a disparu au profit de l'espagnol. Le directeur Delobel allait, d’un autre côté, favoriser les échanges linguistiques.

3. Les échanges linguistiques

VDH 150Pour cette séquence importante (totalement hors de mes souvenirs), j’ai demandé l’aide de mon collègue et ami Joseph van der Hoeven (attention aux minuscules!), germaniste sévissant dans le cycle supérieur. Merci à Joseph d’avoir accepté cette charge spontanément. C’est un morceau d’histoire du Collège.

 

Dormagen
Pour moi (c’est Joseph qui parle), tout a commencé en 1980 par une circulaire émanant du ministère de la culture du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, proposant – en collaboration avec le service culturel de l'ambassade de Belgique – des échanges de courte durée entre élèves belges et allemands. « Ces échanges devaient être basés sur le principe de réciprocité, dans le but de nouer des contacts durables et réguliers entre écoles.»
Aprés en avoir parlé à Jean-Marie Delobel, qui était bien entendu tout à fait d'accord, j'ai marqué mon intérêt et en avril j'ai reçu notification de notre partenaire: il s'agirait du
Norbert Gymnasium à Knechtsteden près de Dormagen (entre Cologne et Düsseldorf). Après quelques échanges épistolaires, je m'y suis rendu le 26 août avec Georges Kupper. Nous avons été reçus très chaleureusement et avons été très impressionnés par la beauté du cadre: abbaye romane, bois, plusieurs terrains de sport, piscine couverte... Il s'agit en effet d'une école libre subventionnée, dirigée par des Pères de la Congrégation du Saint-Esprit et située en pleine campagne. J'y suis encore retourné le samedi 20 septembre avec Alfred Cormann pour la fête de l'école (un peu comme notre fancy-fair, sauf que là le but principal ne semblait pas être l'argent, ils en avaient sans doute assez...).

Le mercredi 22 octobre, une délégation de 30 personnes (profs, délégués de parents et bien sûr élèves) est venue au Collège pour une journée. Le matin, schyns-bernard-1978-3LM.jpgassistance à quelques heures de cours avec les élèves du Collège;  dîner, visite de l'hôtel de ville de Verviers, match de volley et souper spaghetti au réfectoire des élèves préparé par quelques Collégiens (dont Bernard Schyns). Ce souper fut véritablement le clou de la journée. Un peu de vin rouge à table et peu à peu les inhibitions se sont levées, les langues se sont déliées, un élève allemand et un SFXien ont fait un petit discours plus ou moins improvisé; on a ri, on a beaucoup parlé et on a même chanté (je crois). Bref, au moment du départ, c'était la bonne humeur Schyns-Bern-aujourd-hui-nn.jpggénérale, des "auf Wiedersehen" comme si on s'était toujours connus et la ferme intention de se revoir au printemps, en Allemagne cette fois. Mes élèves étaient enthousiastes (moins pour débarrasser et faire la vaisselle) tout comme moi, j'avais l'impression que mon métier prenait tout son sens!






Le lendemain matin, une douche froide m'attendait à l’école: le père Dedeur et Herbert Dechêne m’accueillaient le visage grave.
C'est toi qui as organisé un souper hier soir avec tes élèves?
De Deur 125 – Oui...
– Eh bien ce matin ça sentait le gaz dans tout le bâtiment, Dechêne Herbert 5 prim Bune bonbonne a été mal ou pas refermée!
J'étais plus que confus, catastrophé, et je n'oublierai jamais ce que m'a dit alors Dedeur, sur un ton bienveillant: "Ecoute bien, on a eu de la chance, il ne s'est rien passé donc ...  on n'en parle plus!"

Mais à chaque explosion due au gaz  j'y repense encore avec une peur rétrospective.

Pendant les vacances de Pâques 1981, j'ai rendu avec femme et enfant une visite privée au prof allemand responsable pour préparer le volet retour. Le 20 mai, accompagné d'Alfred, j'ai emmené 28 élèves de 4e, 5e et 6e à Knechtsteden. La journée s'est plus ou moins bien passée (visite guidée beaucoup trop longue et fastidieuse de Zons, petite ville médiévale par ailleurs très jolie...) et s'est terminée par un souper, dans leur énorme salle de fêtes. La presse avait été invitée et pendant que je répondais à la presse locale
avec Alfred, certaines bouteilles de vin rouge (d’1,5 litre!) se vidaient allègrement... Au moment de regagner le car, un élève de 4e habituellement très sérieux et réservé m'a paru étrangement joyeux. Lorsque le car s'est mis en route, nous avons vite compris pourquoi! Le voyage fut donc assez pénible et ça ne sentait pas la rose... Alfred étant descendu à la sortie Eupen, près de chez lui, je me suis bien vite retrouvé seul avec l'élève en question, couché dans la pelouse du parc Fabiola.

Je passe sur le tableau peu ragoûtant (vous pouvez l'imaginer) que même des passants ont découvert (devinez si j'étais fier...). Pour le car, le chauffeur - plus habitué que moi - m'a montré sa solidarité. Restait à prévenir les parents sans quitter le garçon... Heureusement, le père Buyle Buyle J 89est finalement arrivé et le père (médecin) d'un ami  l’a ramené chez lui.
Le lendemain, j'ai bien sûr téléphoné à la maman pour prendre des nouvelles et donner des explications, mais elle a presque coupé court à la conversation en déclarant sur un ton assez sec que son fils avait une simple gueule de bois. Elle concédait que je n’y étais pour rien, mais que ce n'était pas la faute de son fils non plus! En fait, un élève de 5e lui avait lancé un défi...
En octobre, les Allemands sont revenus. Une promenade en Fagnes était programmée, mais un certain nombre de mes élèves avaient fait faux bond à la dernière minute parce qu’un prof de sciences avait programmé un gros Jost Jac 2005test pour  le lendemain…






En mai 1982, nous sommes retournés là-bas. Nous avons fait une petite croisière sur le Rhin à Königswinter. J'étais seul avec plus de 40 élèves, mais grâce à Dieu tout s'est bien passé... Avec le recul, je me dis que c'était de l'inconscience, mais j'étais jeune! Les Allemands sont revenus en novembre.Heins X 83

En mai 1983, nous sommes retournés là-bas et en mars 1984, match retour.



Notre dernier voyage a eu lieu le 16 mai 1984 avec de nouveau un problème en revenant: après quelques kilomètres, sur une route déserte dans un trou perdu, panne (embrayage) irréparable sur place: un autre car devait venir de Belgique pour nous rechercher! Georges a pu téléphoner à Jacqueline Jost (maman de Xavier Heins) qui a fait une chaîne pour prévenir les autres parents. Malheureusement, certains parents étaient déjà partis pour rechercher leur enfant... qui est rentré vers minuit.

J'ai encore eu un dernier contact avec mon partenaire et presque ami allemand en décembre de cette même année... et puis plus rien, plus de réponse. Outre de graves  problèmes de santé, il était fort éprouvé par la perte de son fils unique en bas âge. L'échange aurait-il continué autrement? Ce n'est pas sûr, car nous étions passés à la mixité (il y avait déjà des filles lors de notre dernier voyage) et le
Norbert Gymnas1981 3LM G Kupium était resté une école de garçons...


 Aachen  
Dans le courant du 1er  semestre de l'année scolaire 1984-85, une certaine madame Erika Winandy habitant Lontzen a pris contact avec nous en vue d'un échange. Elle enseignait le français à Aix-la-Chapelle, plus précisément à Laurensberg (dans la périphérie) dans un centre scolaire communal flambant neuf: l'Anne-Frank Gymnasium.

Le 19 octobre 1984, une vingtaine d'élèves allemands (garçons et filles) sont donc venus passer une (demi-)journée chez nous: dîner (offert par le
Collège) en compagnie de nos élèves du cycle supérieur ayant l'allemand comme 1ère  langue étrangère et ensuite assistance aux 3 heures de cours de l'après-midi.
Le 19 décembre (le lendemain du dernier bilan de Noël), nous sommes allés à Jansen B 85Aix en car avec une trentaine d'élèves (dont Brigitte, la fille de Jean Janssen...). Au programme: assistance à quelques cours de la matinée, dîner dans les familles allemandes, temps libre puis rendez-vous au centre-ville pour le retour.

Du 7 au 9 novembre 1986, une dizaine d'élèves de 5e  accompagnés de Barbara Corman (la nièce de Claire) de 4e ont passé le week-end à Aix. Voici le compte rendu de 3 élèves que j'ai retrouvé dans la Revue du Collège de décembre 1986:

 
 Vendredi 7 novembre: aujourd'hui, nous nous rendons en Allemagne. Sur le coup de midi, tout le monde se réunit sur le parking du bassin. On prend place dans les voitures et c'est le grand départ pour deux jours d'allemand intensif. Après une demi-heure de route, nous débarquons finalement à l'école d'Aix-la-Chapelle afin de faire connaissance avec notre hôte (pour ceux qui ne l'ont pas encore rencontré(e)). Peu après cette prise de contact, nous nous séparons pour assister à une dernière heure de cours après laquelle nous rentrons dîner. Après ce repas ô combien délicieux, mais malgré tout... allemand, nous nous retrouvons dans le but de passer ensemble une agréable fin de soirée.
Le lendemain, hélas, nous devons retourner à l'école afin d'assister encore à des cours particulièrement passionnants (surtout si on ne comprend pas grand-chose). Par contre, certains chançards ont eu cours de français, ce qui ne les a pas trop dépaysés. Après une seconde soirée passée ensemble et pleine de rebondissements, l'heure d'aller se coucher a sonné.
Dimanche, jour du départ, nous nous arrangeons pour revenir à Verviers par nos propres moyens et ce n'est qu'une fois rentrés que nous replongeons dans les tracas de la vie quotidienne de l'étudiant.
Après tout, nous pensons que l'expérience que nous avons vécue est à renouveler et qu'il faudrait en faire profiter le plus de monde possible.
                           Fabienne et Françoise Schoonbroodt, Vincent Jaumin
 
A ma connaissance, l'expérience n'a pas été renouvelée, peut-être parce que nous avons appris par la suite que Barbara, en fait de logement en famille, avait (ou aurait) passé la nuit chez un frère (majeur) de sa partenaire, dans une maison squattée... Cet inconfort ne l’a pas rebutée puisqu’elle est restée (de son plein gré!) 24 heures de plus à Aix. Nous n'avons eu aucune plainte ni remarque alors qu’on aurait compris la réaction légitime des parents. Mais comment pouvions-nous garantir la "qualité" de familles d'accueil que nous ne connaissions pas?

Stolberg
Après Dormagen et Aachen a suivi un échange avec le Goethe-Gymnasium à Stolberg, grâce à Georges Kupper d'un côté et à M.Kutsch de l'autre. Tous deux étaient de débonnaires fumeurs de pipe et tous deux sont malheureusement décédés trop jeunes.
Je me souviens des festivités (très) officielles au château de Stolberg, qui ont marqué le début de ce jumelage: Georges était traducteur-interprète des discours et moi, j'avais consacré le dimanche après-midi précédent à Gillot-Damienn-ne.jpgreconnaître le trajet en famille. Cet échange devait être destiné aux élèves de 3e ayant allemand 1ère langue et, y revoyant en pensée Damien Gillot, c'était sans doute au printemps 1988.
Je me suis encore rendu à d'autres reprises à Stolberg par la suite, notamment Hollands Viviane 09avec Georges à une réunion chez le président de l'association des parents, un médecin, dont l'épouse (une Française de Toulouse) nous avait préparé une quiche maison qui me fait encore baver...



Comme ces échanges (de 3 jours) étaient destinés aux élèves de 3e, je n'étais habituellement pas directement concerné (contrairement à Vincent Klein, par exemple, très actif lui!), sauf le jeudi 21 octobre 1999 où exceptionnellement, à laSchmets Gerdi 2004 demande de Gerdy Schmets, j’ ai dû m'occuper des contacts, de l'organisation et de l'accueil (mais il ne s'agissait que de 9 élèves...).
Cet échange avec Stolberg est, en cette année 2010, toujours d'actualité. Voilà une durée de vie remarquable et le signe incontestable de sa réussite sinon d’un besoin. Bravo à Gerdy, Viviane (Hollands) & co! 

De l’eau
 Degueldre n 2003

Durant l'année scolaire 1997-1998, Jacqueline Degueldre a participé avec ses élèves de 5e (1ère langue) à un projet mondial intitulé "Wasserwelten" et organisé en allemand par l'Institut Goethe dans les pays des 2 hémisphères où l'allemand est enseigné. Voici ce qu'elle en disait dans une circulaire aux parents:

 "En ce qui concerne notre établissement, ce projet fut développé simultanément au niveau des cours de biologie et des cours d'allemand. Cet aspect pluridisciplinaire, la qualité et la diversité des travaux remis valut à nos élèves un premier prix pour la Belgique en mai 1998. Dans le cadre de ce projet, nous avions, en outre, recherché de la documentation sur Internet et des classes allemandes intéressées par le même sujet que nous. Dès janvier 1998, nos voeux furent exaucés et nous commencions une correspondance électronique avec une classe allemande de SEELZE (banlieue de Hanovre), spécialement intéressée par notre projet dans le cadre de la préparation de l'expo 2000. Bientôt, le désir de se rencontrer se manifesta et nous organisâmes la première phase de notre échange en mai 1998. Les jeunes Allemands nous rendirent alors visite, précisément au moment de la remise des prix du concours "Wasserwelten" et séjournèrent chez nous plusieurs jours. Cette première rencontre fut un réel succès et le retour fut programmé." 


En 1998-99, il n'y eut plus qu'un seul groupe d'allemand 1ère langue en 6e et j'en étais le titulaire. Voilà pourquoi j'ai accompagné Jacqueline (l'organisatrice) et 15 de mes rhétoricien(ne)s à Hanovre du samedi 10 octobre au vendredi 16 octobre. L'accueil reçu là-bas fut très chaleureux, le programme était varié et intéressant: cours le matin au Georg-Büchner-Gymnasium, visite de Hanovre, de son Musée Historique,  de la vieille ville historique de Celle, natation dans une superbe piscine équipée de divers jeux aquatiques, bowling, etc. Mieux: nous avons même appris à conduire un tram, pas sur la voie publique bien sûr,  mais sur le terrain de la société de transports locale. L'organisation était parfaite... Bref, ce fut une semaine fatigante mais une fort belle expérience. Personnellement, je logeais chez un prof de sciences, protestant et père de famille nombreuse, qui se coupait en quatre pour rendre mon séjour agréable!
Du 9 au 14 octobre 1999, les Allemands sont revenus à Verviers et du samedi 1er avril au mercredi 5 avril 2000, Jacqueline est retournée à Hanovre avec ses élèves, accompagnée de Georges Kupper cette fois-ci.
Je devais retourner à Hanovre en octobre avec Edith

GenGentges 2003tges (en remplacement de  Georges, qui se sentait déjà nerveusement trop fragile). Au programme figurait une visite à l'Expo (universelle) 2000. Hélas, le voyage fut annulé par manque de volontaires…





Retour à Aix

Le vendredi 28 mars 2003, Edith a organisé pour ses 8 élèves de 6e ( 2e langue allemand), mes « anciens », une rencontre avec des élèves du
Vinzenz-Heim dans la banlieue aixoise. Départ à midi avec nos 2 voitures.  Cet institut accueille des jeunes handicapés moteur venant des 4 coins de l'Allemagne pour les 2 années terminales du secondaire, orientation économie et gestion. Leur arrivée en voiturettes fut un choc pour nous: certains étaient vraiment très lourdement handicapés! Et pourtant, au programme de l'après-midi figurait... un match de basket contre nos élèves, assis en fauteuil roulant bien entendu! Et là, tout à coup, les "handicapés" c'était nous! La pitié s’est transformée en admiration.
Un morceau de bonne tarte au riz de Verviers – cerise sur le gâteau! –  mit le point final à cet échange franchement cordial.

Par la suite, quelques Allemands sont venus assister au Gospel et le 16/01/2004 en soirée il y a également eu une rencontre à Eurogress (casino) à Aix où quelques élèves belges et allemands ont assisté ensemble à une "revue" de carnaval.
 

Jena ville d’eau
En 2005, Jacqueline a participé avec 6 élèves de 4e et un élève de 5e (allemand 1ère langue) à un projet européen sur le commerce équitable et le Goethe Johann Wolfgangdéveloppement durable. Il s'agissait de décorer des tuyaux (peu esthétiques) transportant de l'eau et de la vapeur d'eau au travers de la ville de Iéna (ex-Allemagne de l'Est,
Jena en allemand).
Il y a eu 2 séjours. Le 1er pendant le congé de carnaval, dirigé par Jacqueline  accompagnée de Marie-Thérèse Sternotte. Pendant ce 1er séjour, les élèves ont élaboré – en traitant différents aspects de l'utilisation rationnelle et équitable de l'eau dans le monde – les motifs et fresques servant à réaliser la décoration pendant le 2e séjour. Ils en ont profité pour découvrir la ville de Weimar et la maison de Goethe.

Le 2e séjour a eu lieu du dimanche 24 avril au samedi 30 avril 2005. Afin queSternotte n 2001 Jacqueline ne soit pas trop absente durant la même année scolaire, j'ai été prié d'accompagner (toujours avec Marie-Thérèse) mes futurs élèves. Ce fut pour moi une expérience très originale, un peu déconcertante au départ, épuisante physiquement et parfois nerveusement, mais très intéressante et enrichissante en tant que rencontre. Des élèves polonais participaient aussi avec 2 de leurs profs. Deux artistes sud-américains (Colombie et Nicaragua) conseillaient les élèves dans leur travail, et comme Jena est jumelée avec San Marcos au Nicaragua, une dame originaire de là-bas les aidait
dans leur travail. Nous avons pu nous rendre compte, plus de 15 ans pourtant après la chute du mur, d'une certaine différence de mentalité par rapport à la vieille Allemagne de l'Ouest: à Jena c'était plus "cool" (j'allais dire plus "latin" et moins "germanique"...: les heures de rendez-vous étaient par exemple presque données à titre indicatif, la peinture arrivera... sans doute dans le courant de la journée, ...).

Marie-Thérèse et moi logions chez une dame seule, charmante et super dynamique, prof de poterie. Dès le 1er soir j'avais l'impression d'être une vieille connaissance tellement l'accueil était chaleureux! Durant ce séjour, nos élèves non seulement ont peint, mais ont aussi visité la maison de Schiller, la ville d'Erfurt et le camp de concentration de Buchenwald, qui les a fort impressionnés.

Normalement, les Allemands devaient par la suite venir à Verviers pour prendre en charge la décoration du mur de la petite cour de récréation. Malheureusement, un ennui de santé de Jacqueline a empêché le retour.
Corman Claire n94


Echanges en néerlandais

En ce qui concerne à présent le néerlandais, je crois que nous nous sommes contentés de nos compatriotes du Nord.
On commença par les 4es avec l'institut HEILIG HART à Bilzen (là où darimont 150Melchior Wathelet junior a fait sa 3e année secondaire). Je pense que l'initiative venait de Marie-Dominique Darimont. 
Ensuite, pour les 3es et les 4es, on a échangé nos ados avec l'institut ONZE-LIEVE-VROUW-TEN-DOORN à Eeklo. L'initiative en revient à Marie-France Dethier (Ramaekers).

Je ne me suis jamais rendu là-bas, mais en 1999 j'ai organisé le séjour des 29 élèves qui sont venus chez nous du dimanche 25 avril au jeudi 29 avril. Au programme, il y avait – à côté de la traditionnelle assistance à un certain Dethier Ramak MF 2004nombre de cours –  une balade en Fagnes, la visite de l'hôtel de ville et l’excursion à  la mine de Blegny. Nous avions (tout comme d'autres années d'ailleurs) décroché une bourse du
Fonds Prince Philippe qui avait permis de couvrir tous les frais.  Baggen-Karina-1995.jpg

















Ces deux échanges ont entre-temps pris fin. En revanche, depuis quelques années déjà, on pratique au cycle inférieur des échanges réguliers  avec une école de Hasselt. 
Pour être complet, je me souviens encore que Raymond Gaillard et Counet Anne 2005Georges Küpper ont organisé - in illo tempore - un ou deux Fornieri-Giovanina-2003.jpgéchanges d'un jour avec le collège jésuite de Gand,
ad majorem Dei gloriam!

 




Brecht-Anne-pascale.jpg

 

 










Joseph ne parle ici que de ses souvenirs personnels. Il vaEmbrechts 2003 de soi que d'autres professeurs de langues (voir photos) se sont activés dans ce domaine (en néerlandais surtout).

Merveille 2004










Londres-1997.jpg

C
oncernant l'anglais, j'ai déjà parlé du fameux voyage annuel en Angleterre repris, à la pension de Jean Arnould, par Karina Baggen et soutenu par différents collègues, pas tous professeurs de langues,  voyez les photos ci-jointes.


Londres Cékriek 2008


Londres-2008-Merveille.jpg
Londres-Gerard-Kis.jpg  
Londres-Karina.jpg

Londres-Viviane.jpg 

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27 juillet 2010 2 27 /07 /juillet /2010 18:19

6. Retraite à Anvers

En 5e, on envoie les élèves en retraite-service. L’objectif est d’apprendre aux jeunes à voir la réalité de la vie (pas toujours rose) et à se mettre au service des plus faibles –  les résidents d’une maison de retraite, les handicapés, les malades dans un hôpital, les paumés de la vie, etc. – durant les 3 jours. Les autres 5es du Collège sillonnent la région verviétoise depuis des années, que reste-t-il pour ma classe? Rien ou pas assez. J'en parlerai à la journée de lancement du 17 septembre 1999 (improprement appelée parfois "journée de classe" puisque ce jour-là on n'a pas classe!). Ici, Pierre Hallot m'a servi de béquille pour faire marcher ma mémoire: "ce jour-là, nous avions pris le bus 6 jusqu'au terminus du Cheval Blanc. De là, nous avons marché vers la ferme de Maison Bois. Ensuite, nous sommes allés par Oneux et Sassor vers le Château de Franchimont. (...). Là,  nous avons bu une bonne bière brune à la taverne face à l'entrée du château.". Et c'est là qu'on a décidé tous ensemble de partir en retraite à l'extérieur malgré les frais de transport et d'hébergement (évidemment, c'est papa qui paye!). Mais où aller? pour y faire quoi? Le recteur Sonveaux vient à mon secours: pourquoi ne pas aider l’association Sant’Egidio d’Anvers? La communauté en question a pour première vocation de secourir les pauvres de la ville. Bonne idée que partagent KUPPER G 2000mes deux compagnons occasionnels: Georges Kupper et Gérard Lemin. En avant pour Anvers, belle ville qu’on en profitera pour visiter avec un guide local. Je crois que les tableaux de Rubens exposés dans la cathédrale ont fait grosse impression.

Renseignements pris sur ce mouvement catholique laïque de Sant’Egidio, nous sommes surpris de constater que c’est une très jeune communauté fondée en 1968 par un lycéen de Rome, Andrea Riccardi, dans les locaux de l’église Sant’Egidio (Saint-Gilles) du quartier de Trastevere. Mieux: cette communauté est active, partout où elle a essaimé, dans le social (lutte Descente de Croix 2009contre la pauvreté, éducation, insertion), mais aussi en diplomatie avec comme objectif principal la paix dans le monde et d’abord à l’intérieur de chaque pays. Internet m’apprend que Sant’Egidio a servi d’intermédiaire entre parties rivales au Mozambique, au Kosovo, en Afrique centrale, en Algérie, au Guatemala, etc.! Peut-être en aurons-nous besoin en Belgique…

Notre job à Anvers sera, pour une partie de la classe, de s’occuper d’une sorte de resto du cœur doublé, si j’ai bon souvenir, d’un refuge de nuit pour les SDF. Le gros de la troupe triera une quantité énorme de vêtements de seconde main qui doit partir de toute urgence pour l’Afrique: le bateau appareille le vendredi. Défi réussi, les fringues embarqueront le jour dit.

Mise en Croix 2009Le soir, nous prenons le bus pour gagner un vaste bâtiment équipé de petites chambres bien propres, sans doute destinées à des étudiants (qui seraient rentrés chez eux pour la bloque? Je ne sais plus).

Georges Kupper me donne l’impression d’être un peu tendu, il semble fort tracassé par les horaires de train: surtout ne pas le rater pour le retour!

Tout se passe bien, sauf une nuit où quelques garçons se retrouvent dans la chambre d’un voisin. Le lendemain, vaseux, ils traînent en queue de groupe et nous perdent en ville: le Flamand qui nous guide est trop rapide pour eux! Mais pourquoi donc courir ainsi, se demandent sans doute les insomniaques? Nous, les profs, n’avons pas réagi assez vite. On aurait dû ralentir la tête et pousser la queue! Récupérés devant la gare (endroit stratégique) deux heures plus tard, je les engueule comme du poisson pourri. J’enrage sur eux, mais sur moi aussi: on les a mal encadrés.

Le jeudi soir, eucharistie avec tous les membres (des jeunes couples) de la communauté. Nous rencontrons ce jour-là François Delooz (Rh.91), membre actif chargé de fonder une communauté similaire à Liège, dans le quartier de la rue Hors-Château. On voit aussi dans l’église Gabriel Ringlet (venu se ressourcer?).

En fin de séjour, nous apprenons que ces Flamands (parlant français) de Sant’Egidio ont pris une partie de leurs congés annuels pour s’occuper de nous: chapeau!

Mais c’est trop d’honneur, je trouve que nous ne méritons pas tant d’égards quand on voit la valeur du service qu’ils rendent aux nécessiteux.

Non, Georges, nous n’avons pas raté le train du retour.

7. Pas de panique!

J'ai, pour la dernière fois, une classe de 3e. Plusieurs de ces élèves me 3A-1999-partie.jpgretrouveront dans les années suivantes. Dans les autres, je me souviens surtout des Bozard (Sébastien et Wilda), de Barbara Brian, de Salia Neame et de Marie-Astrid Massa, la soeur de Charles-Henry (ça se voit). Tous ces élèves, qui me découvraient, devaient être un peu surpris, paraît-il, de ma façon de donner cours, comme un "char d'assaut" disaient certains. Sébastien Bozard m'a rappelé dernièrement un épisode totalement sorti de ma mémoire. Je vous le livre tel quel : "Et je vous revois aussi donner votre cours sans jamais vous laisser perturber d'aucune manière, même lorsque Patrice Stéphany s'était évanoui à côté de moi et que nous étions à deux, avec Matthieu Philippe, en train d'aider Patrice à se relever." A mon avis, je ne3A-99-Barbara-et-Philippe.jpg me suis pas arrêté, car j'ai vu que les voisins de Patrice avaient bien réagi, mon intervention étant dès lors inutile, il ne fallait pas en plus perturber le cours.

De cette classe sympathique, j'ai gardé un excellent souvenir et, ce qui ne gâte rien, ils se sont tous retrouvés en 4e l'année suivante.

Au sujet des différents voyages organisés en fin d’année scolaire 1998-1999, le préfet Embrechts tire la sonnette d’alarme. «Les récents voyages nous ont causé bien du souci: disparitions nocturnes, vols, jeux indécents…» Comment réagir? Quatre possibilités: 1. renvoyer d’office  les élèves coupables – 2. ne plus organiser de voyages – 3. fermer les yeux (si on devait tout sanctionner…) – 4. sanctionner correctement les coupables et prévenir ce genre de comportements déviants [ce terme me fait penser aux régimes communistes]. Le préfet – faut-il s’en étonner? – préconise la 4e solution, celle qui implique Embrechts 2003davantage le corps enseignant. Il faut savoir qu’Embrechts sort d’un recyclage sur la violence d’où il a retenu les 3 préceptes suivants:
     –      ce qui était implicite (en matière de morale et de règles) ne l’est plus: il faut constamment expliquer;

il doit y avoir accord entre les adultes de l’école sur les règles et les sanctions à appliquer;

prévenir, c’est faire en sorte que les comportements déviants (!) diminuent et prévoir les sanctions quand ils apparaissent.

Le rôle du préfet d’Education devient encore plus important qu’auparavant: l’éducation est toujours plus déléguée (souvent implicitement) à l’école. Même Dumont-eglise-de-Thyn-92.jpgau Collège! Pourquoi ferions-nous exception?

Vous allez voir que le découragement n’est pas à l’ordre dMassart 2006u jour. 



Au début du mois d’octobre 1999, nous rencontrons des étudiants et professeurs de Brno, en Tchéquie. Voilà 8 ans que ça dure. Grâce à l’initiative conjointe de Philippe Massart et de Vincent Klein (novice), nos élèves se rendent en Tchéquie une année et accueillent des Tchèques l’année suivante. Leur collège avait été fermé en 1948 pour devenir une école militaire. En 1991, le communisme ayant baissé pavillon, l’école renaît de ses cendres avec une classe unique: on entamera à cette époque des échanges de professeurs entre nos deux instituts. Georges Kupper, recruté par Philippe, sera de tous les voyages. Durant les séjours, les parents hébergent les visiteurs. Les jeunes de nos écoles respectives auront ainsi tout le loisir de comparer leurs styles de vie.

A Brno, une de nos élèves a réalisé que la chambre qu’elle occupait était celle des parents; ceux-ci dormaient sur des matelas pneumatiques dans le couloir! A la fin du séjour verviétois de cette année, «la maman belge qui reçoit une botte de rhubarbe provenant du jardin de son jeune hôte tchèque, loin de trouver le cadeau ridicule, peut mesurer l’importance, la sincérité et la symbolique du geste» (Philippe Massart).

Sprumont NadineEn octobre encore, les 3es participent à une animation sur l’éducation à la vie relationnelle dirigée par Inforcouple. Nadine Sprumont, éducatrice responsable des 3es, a réalisé, quelques jours après, une évaluation d’où il ressort que les élèves sont demandeurs de ce genre d’activités en gardant des petits groupes de 6 ou 7 personnes et – est-ce vraiment étonnant? – en séparant les filles des garçons.

Le 18 janvier 2000, visite du prince Philippe et de la princesse Mathilde à philippe mathildeVerviers. Aucun risque d’attentat…
Le lendemain – plus important pour nous –, rencontre parents-professeurs de 16h à 20h. Le soir, je dîne en ville avec une vingtaine de mes collègues: voilà une bonne habitude qui permet de décompresser: indispensable si vous ne voulez pas recommencer la réunion durant toute la nuit.

La fancy-fair  prend ses quartiers d’hiver durant le week-end du 4 au 6 février. Le nouveau staff se compose de Vinciane Maréchal, Jean-François Delbrouck-G-2001.jpgTromme, Eric Dethier et Georges Delbrouck.


Le dernier est un nouveau prof de langues (néerlandais-anglais); il donne l’impression de voir les choses (surtout ses cours) de loin. De trop loin!

Le 29 février 2000 (année bissextile), opération Dream pour les 5es- 6es: après présentation en classe par des gens spécialisés dans le choix des études supérieures, nous (5E) allons rencontrer sur place (à Ensival) un professionnel, M. Christian Royen (mari de Karina Baggen), patron de l’entreprise Caremiso spécialisée en produits d’isolation des bâtiments. Il explique clairement et gentiment aux élèves les motivations qui l’ont poussé vers cette profession, les études faites, le genre de travail, les qualités souhaitées, les difficultés et les satisfactions procurées par son activité. Les élèves n’ont pas l’air plus intéressés que ça: en fait, ils se sentent encore très loin des études supérieures et du choix de leur profession. A cet âge-là, un an paraît une éternité. Je me Jortay Juliesouviens en tout cas que Julie Jortay, elle, avait un avis tranché Dourcy-gege-Madame-2000.jpgsur la question: «Moi, je veux faire patron»!

On se relance à Génies en Herbe. Marie-France Schoonbroodt sélectionne, via 40 questions, Min Reuchamps et Grégory Paturiaux de 6e, Olivier Ryckebusch et François Tasquin de 5e. SFX gagne facilement le premier match contre une école d’Estinnes avant de perdre de très peu une seconde rencontre contre Saint-Laurent de Marche-en-Famenne. On Reuchamps Min 96Tasquin François 97reviendra!

Du 22 au 26 mars 2000, les élèves de 2e sont à Paris. L’année précédente, c’était à Poitiers; plus tard, ce sera l’Alsace.

Le fameux Gospel (un classique qui mérite un détour: voir Souvenirs 119 et 120) est présenté à 7 reprises entre le 4 et le 7 avril!

Loin de la routine, nous apprenons avec beaucoup fraeys-Th-Koch-1.jpgd’appréhension (le 2 mai 2000) que Thierry Fraëys, en congé de maladie, est remplacé – pour un bon bout de Simonis-nn-marie-Christine.jpgtemps: guérit-on de la sclérose en plaques? – par Vinciane Maréchal (étude du milieu), Marie-Christine Simonis (sciences) et Maurice Charlier (géographie).


Marechal-2003nn.jpg

La 5E («ma» classe) se distingue dans plusieurs disciplines (il n’y a pas que les maths!). C’est le premier et le seul groupe à obtenir en bloc la dispense dans les trois «sciences 1 heure» (biologie, chimie et physique)!Charlier Momo.2004

Charlier Momo.2004

Charlier-Momo.2004.jpg

Les échanges linguistiques vont leur train-train. On va en reparler.

A propos des voyages de classe tant redoutés: pas de nouvelles, bonnes nouvelles!

Guy GilbertAh! J’avais oublié de vous signaler que le samedi 20 mars 1999 – oui, ça date! – Guy Gilbert est encore venu à SFX. Titre de sa conférence: «Dieu appelle-t-il toujours?» Bonne question.
Et les Anciens innovent...
Balade anciens 99 

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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 12:24

5. Les nuits du passage

«L’imagination au pouvoir»: voilà un vieux slogan de 1968, qui a fait son chemin Massart 2006dans l’esprit de Philippe Massart, tête pensante de l’équipe d’animation pastorale. Il faut reconnaître que ce groupe à géométrie variable, dont j’ai quelquefois faitGillot 2003 partie, n’est jamais à court d’idées. Il a frappé un grand coup en 1997 pour marquer le début du carême – les vacances du carnaval empêchaient depuis quelques années de célébrer le mercredi des Cendres à l’école. Les élèves sont invités à un pèlerinage nocturne appelé «La nuit du passage». Les permanents de l’animation pastorale sont tous sur le pont, à savoir (de mémoire) le père recteur Huet, Philippe Massart,Charlier Yves 2004 Baggen 98Yves Charlier, Eric Dethier, Karina Baggen, le directeur Delobel et Jean Gillot. Les autres enseignants sont invités à cette démarche volontaire au même titre que les élèves.

Incontestablement, ce genre d’exercice attire les adolescents: la magie de la première nuit blanche, sans doute.


Dethier Eric 2003Au départ du Collège, on propose à tous de participer d’abord à une réflexion alimentée par des témoins se dévouant au service des exclus. Je vais revoir un ancien copain, José Troupin (Rh.56-57), juge au tribunal du Commerce, travaillant bénévolement avec son épouse (Micheline) à l’aide administrative et juridique deTroupin José rhéto 56 pauvres hères. Le public est composé en grosse majorité d’élèves du cycle inférieur et de… 2 ou 3 enseignants Huet 96




 





supplémentaires, une misère! Pour la plupart de mes collègues, quitter sa famille pour une nuit présente trop de difficultés et puis, il faut bien l’avouer, les sceptiques sont nombreux.

 

Le départ pour la marche nocturne est fixé à 22h: quelle est pas notre surprise de voir arriver à cet instant des renforts de grands élèves, sans doute regroupés préalablement dans un établissement du centre-ville! Ils avaient préparé autrement cette longue nuit... Ce n’était pas du tout l’esprit de l’entreprise, mais fallait-il pour autant les renvoyer… au café? Non, mais on ne nous y prendra plus.


Nous voilà responsables d’un troupeau de près de 200 têtes, incapable de rester constamment sur les trottoirs verviétois: aux automobilistes de faire attention! Canaliser tant de jeunes, excités par le principe de la balade nocturne, n’est pas une sinécure. Oui, ça transpire l’improvisation: nostra culpa, pourront se dire les organisateurs! Et s’ils l’avaient oublié, on le leur rappellera!

Durant ce périple pédestre, 3 arrêts sont ménagés pour permettre la réflexion, voire la prière. On ouvrira pour l’occasion les églises de Stembert et de Limbourg (un véritable frigo!) et la salle paroissiale de Goé. Un des moments forts se passera devant un feu alimenté par Gérard Lemin et quelques élèves. La symbolique du feuLemin dép sauté 2005 purificateur agit doublement au cœur de la nuit, en pleine nature. On se serait cru pendant ces quelques minutes dans un camp scout.

Le retour aboutit logiquement à l’église Notre-Dame, devenue par la force des choses notre temple.

Durant le répit offert par la salle de Goé, les surveillants occasionnels (à l’insu de leur plein gré) n’ont pas le réflexe de patrouiller dans les rues adjacentes. Le lendemain matin, nous sommes tous surpris d’appendre la tenue bruyante sinon braillante de quelques énergumènes, qui avaient même cassé un rétroviseur. En cas de guerre, on aurait parlé de dégâts collatéraux… Au Collège, ça jeta une ombre sur «La nuit du passage»!

Au rayon du folklore, chaque participant avait reçu un magnifique foulard jaune offert par le père Recteur, une manière de distinguer les audacieux qui s’étaient lancés dans l’aventure. La plupart arboraient fièrement ce «trophée»  durant les cours et la récréation du mercredi.

Mais le plus dur restait à faire: assister aux cours comme si on venait, frais et dispos, de prendre le petit déjeuner préparé par maman. Imaginez l’activité intellectuelle que pouvaient encore développer ces marcheurs épuisés par la nuit blanche. Voilà des conséquences néfastes parfaitement prévisibles. Ce jour-là, en 4e heure (11h10-12h), j’ai entamé ma leçon comme suit: «Ceux qui ont fait la nuit, couchez-vous sur le banc et dormez!» Aussitôt dit, aussitôt fait: j’aurais tant voulu être à leur place!

En 1998, l’équipe d’animation spirituelle ose revenir avec le même projet, mais nettement mieux ficelé: autorisations parentales exigées, inscriptions obligatoires, prise des présences facilitée par les feuilles de la marche parrainée (voilà comment faire d’une pierre deux coups), quadrillage militaire des marcheurs. Le thème, «Les travailleurs de la nuit», intéressera beaucoup nos jeunes. Marie-Giltay ML 82 3 DLaurence Giltay (3D avec moi en 82. Rh.1986) présentait le travail d’une infirmière de nuit. Mme Kerf, responsable des pompes funèbres (!), montrait que la mort ne frappait pas toujours en pleine lumière. Et l’abbé Bellefroid, à 2h30 du matin, dans l’église de Polleur, parlait de «Dieu au cœur de la nuit». Le boulanger Krings, lui, commence sa journée de travail bien avant le lever des braves gens.

Après le petit déjeuner englouti dans la salle derrière Notre-Dame, célébration de carême pour l’ensemble de la communauté scolaire. Et durant les cours de la matinée? Comme l’année précédente, les pèlerins dorment…

Le mardi 2 mars 1999, on remet le couvert. Les marcheurs – sauf les élèves de 1re, jugés trop jeunes pour passer toute une nuit blanche (ils devront quitter le groupe à 22h30) – partent au nombre de 220! Le succès ne se dément pas, la nuit du passage devient un incontournable. Mais cette fois-ci, les profs ne se plaindront plus de l’assoupissement des élèves à leur cours: le mercredi, les cours sont supprimés, on fête notre saint patron jésuite snobé l’année précédente pour une raison qui m’échappe. La journée débute par un petit-déjeuner en classe: bonne affaire pour l’équipe de nuit. Thème de la fête: «Des témoins pour aujourd’hui».

Le 17 novembre, le Collège est fêté pour la seconde fois de l’année: unique dans les annales! Thème:  "Foire aux talents cachés» de nos élèves et de leurs enseignants.

Du mardi 28 au mercredi 29 mars 2000, la traditionnelle «Nuit du Passage» est qualifiée de solidarité en actes. «Cheminer ensemble, adultes (professeurs, éducateurs, voire parents) et jeunes, au rythme de 3 arrêts-témoignages, (…) jusqu’au matin pour les 2-6, relève encore une fois du défi coloré aux teintes de l’extrême… Pour cette année 2000, nous parrainons l’association MANTHOC, active au Pérou et plus particulièrement à Lima, qui cherche à protéger les enfants de la rue en leur assurant un minimum de scolarité, une protection sanitaire, une alimentation de base, des loisirs et une information citoyenne.» Delobel 1999Voilà le message adressé aux profs en guise d’appel au volontariat. Le sympathique intermédiaire entre nos efforts et l’association visée est un certain Paul Rixen, que l’on reverra plusieurs années consécutives dans le même rôle.

Le 29 juin 2000, une quinzaine de profs (l’animation spirituelle fait recette!) évaluent les actions de cette année scolaire et concluent: «La nuit du passage connaît toujours un gros succès, mais il reste des points négatifs comme l’éthylisme d’un élève et la disparition durant la marche de quelques grands élèves. D’autre part, 12 chasubles fluorescentes ne sont pas revenues, dont coût 3.000 FB à déduire des bénéfices du carême.»

Ah! ce n’est pas toujours rose. On préconise de préparer encore plus, de mieux encadrer, d’accompagner… Le système d’inscription doit être plus strict. Mais on ne dit rien de la fatigue des jeunes. Bizarre!

Le directeur Delobel était cependant très content du résultat. Tant mieux, c’était sa dernière nuit du passage!

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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 17:06

3. Ma première 5e


En mai, Jean-Marie Delobel me propose de devenir titulaire d’une 5e math 6h, si toutefois le nombre d’élèves en maths fortes est suffisant. C’est une occasion unique, je ne peux pas refuser. Je vais enfin retrouver une classe motivée en maths dès le premier jour, ce que je n’avais plus depuis quelques années à cause des réformes idiotes de la Fédération de l’Enseignement Catholique. Je sais que je me mets un éléphant sur le dos, à 55 ans, mais l’occasion fait le larron. C’est un cours que je n’ai jamais donné, une matière qui date, pour l’essentiel, de… 33 ans! Je choisis un tout nouveau manuel (Espace Math 56 – Adam et Lousberg – De Boeck Wesmael 1999) que j’imposerai aux élèves: mon collègue Trokay, qui  donne le même cours, n’a pas de manuel. Sollicité à ce sujet, il décline – deux mois plus tard! – ma proposition de fin juin. Il préfère ne pas avoir de manuel tant il les trouve tous mauvais… Sur le moment, je le juge un peu prétentieux. Je suis aussi très déçu: avec le même livre, ça nous aurait naturellement poussés vers une collaboration profitable, surtout pour moi. Quelques années plus tard, je serai moins sévère avec lui.

Je dois être fin prêt le 1er septembre: je ne peux pas me payer le luxe d’avoir l’air d’un débutant; ça doit rouler. Je crois que le meilleur moyen pour ne pas avoir de surprises, c’est d’effectuer tous les exercices du livre, soit 880! Inutile d’acheter un solutionnaire, ils sont truffés d’erreurs, j’en ai l’expérience. Au début juillet, je me lance plein d’entrain. Les deux mois de vacances y passeront et j’entamerai l’année scolaire sur… les genoux! J’avais surtout besoin de vacances reposantes moins de 8 mois après une opération à cœur ouvert.

Je ne peux pas me laisser aller devant les élèves, j’essaye de donner le change. C’est dur! Il me faudra bien 2 mois pour retrouver la pêche. Surtout que je dors peu depuis mon hospitalisation. Je me réveille très tôt. Finalement, je profite du petit matin pour préparer mes cours et surtout mes questions d’interrogations. C’est fou comme c’est agréable de travailler quand tout est calme, pendant que les gens dorment encore, juste avant le lever du jour! Et puis, «l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt!»

A posteriori, je crois que je m’en suis bien sorti, et les élèves aussi: aucun examen de passage et 4 (quand même) épreuves (ou examens sans risques). Pierre Hallot (sur la 2e photo ci-dessous), concerné par ce travail (54%), en a bien profité puisqu'il est finalement devenu...géomètre! Dernier critère, souvent le plus dur, l'avis du prof de l'année suivante (jamais donné explicitement): pas de plainte auprès des élèves, ouf! 
Du côté de la matière, grosse satisfaction intellectuelle: j’aime ce programme qui ouvre de nouveaux horizons, je me réjouis de recommencer l’année scolaire, pour le plaisir!

Je me complais dans la rédaction de nouveaux exercices que je n’ai pas le temps de résoudre au cours: j’en ferai des «questions résolues», comme en 4e, sûr que ça profitera aux élèves qui en veulent. Tous comptes faits, je suis sans le savoir un des plus gros utilisateurs de la photocopieuse, donc je coûte de plus en plus cher au Collège, mais personne ne m’en fera le reproche.  5E 1999-2000 Gauchenn
 








Voyez ci-dessus les tourtereaux, Anne-Catherine Lemin et Olivier Banneux, côte à côte en 1999. Et 12 ans plus tard, ci-dessous,...
lemin-AC-et-O-Banneux-aout-2011.jpg



Cette classe très joyeuse (observez les photos ci-dessus) se souvient sans doute du passage à l’an 2000. J’imagine que ça mar5E-1999-droite-nn.jpgque plus un adolescent qu’un adulte. Je dois avouer que j’étais assez excité également, non pas que je fusse tracassé le moins du monde par le prétendu bug annoncé à grand renfort d’articles de presse et d’émissions de TV – comment pouvait-on prendre tous les informaticiens de la planète pour des imbéciles? –, mais parce que, depuis l’âge de raison, je m’étais fait une idée fabuleuse de l’an 2000. Et ce qui nous fait rêver à 6 ans est imprégné dans le cerveau à tout jamais.

Les paquets de chewing-gum et les lignes de chocolat Jacques renfermaient des images futuristes annonçant les progrès fulgurants que verraient à coup sûr les bienheureux Terriens de cette année mythique.

On suggérait un monde où les hommes auraient définitivement maîtrisé la nature, l’espace et le temps! Les moyens de communication – avec fusées individuelles et voitures volantes – m’épataient tout particulièrement.

Un enfant ne peut imaginer qu’il sera bien trop vieux – 50 ans plus tard! – pour s’extasier devant les progrès techniques, qui prennent tout leur temps pour se développer et qui sont bien loin de l’imagination des rêveurs de 1950. A la veille de l’an 2000, on savait qu’il faudrait toujours travailler pour gagner sa vie. Les transports avaient certes évolué, mais pas du tout comme on nous le faisait miroiter. Les voitures, plus sûres et plus confortables, pouvaient facilement atteindre le 200 km/h, mais la vitesse était limitée à 120. Ces véhicules utilisaient des routes nettement plus nombreuses et plus larges, mais surchargées aux heures de pointe et dans un triste état après l’hiver.

On dérapait toujours sur le verglas et le prix du carburant (non, personne ne roulait à l’eau…) avait fait des bonds. Les avions volaient plus vite, mais pas tellement, et le temps gagné durant le voyage était perdu dans des aéroports gigantesques. A 55 ans, l’enthousiasme est fardé de réalisme. Néanmoins, la magie des chiffres jouait alors comme jamais. Les millénaristes suscitaient des craintes infondées, tandis que les médias devenaient fous et personne ne voulait admettre que l’an 2000 clôturait en fait le XXe siècle sans inaugurer le XXIe.
Willem 2003On n’allaitSchoonbroodt 2003Kup 83 texteVDH 150 tout de même pas remettre la fête à l’année suivante…

 

Mais revenons à l’école. En devenant titulaire de 5e, d’autres  collègues apparaissent dans mon conseil de classe. Je suis amené à rencontrer davantage Dominique Willem (latin), Marie-France Schoonbroodt (français et histoire), Georges Kupper (néerlandais), Joseph van der Hoeven (allemand), Jacqueline Degueldre (anglais),
 Degueldre 2003    Charlier Yves 2004Lemin 2005


Yves Charlier (religion),  Gérard Lemin (géographie),

    
Soret Mimi 2004Demarteau 2005Constant 003

Patrick Constant (biologie),Viviane Demarteau (chimie),  


Myriam Soret (physique),  

Patricia Hotermans et Manu Chaumont (éducation physique).    

Hotermans 003Chaumont 150

En délibés, en comptant le directeur et une secrétaire
(voi
re la psychologue), nous sommes donc une quinzaine pour statuer sur le sort des  élèves: une bonne équipe, le conseil de classe ne pouvait mal se passer.



4. Quelques vocations locales

 

En jetant un regard derrière moi – c’est normal à l’approche d’une fin de siècle –, je suis amené à me demander ce qui a fondamentalement changé au Collège. A voir tous ces rhétos qui cherchent leur voie, il est patent que la vocation religieuse ne fait plus recette. Durant la première partie du XXe siècle, il arrivait qu’une bonne partie des rhétoriciens (jusqu’à des demi-classes!) se dirige vers le séminaire ou le Dewandre J rh 87noviciat. Je cherche aujourd’hui dans ma mémoire les jeunes passés par mes classes qui ont embrassé la prêtrise. Je pense d’abord à Jean Dewandre, que j’ai eu en informatique en 1983-84, et qui s’est d’abord dirigé vers… l’informatique! Je ne peux pas dire que je suis à l’origine de sa vocation, car il n’aura travaillé sur les ordinateurs que 6 mois avant de se diriger définitivement vers la prêtrise, sa véritable vocation. Son ordination date du 20 juin de cette année 1999. Dans la même rhéto de 1987 (celle de ma fille), Paul Malvaux, que j’ai eu en Malvaux Paul 82 2D2e en 1982, était surtout connu comme le petit copain d’une jeune fille de la même classe.

Quelle surprise de le revoir quelque temps plus tard comme jésuite novice! Il est allé retrouver son frère Malvaux Benoît 1973 5LGBenoît (ci-contre), jésuite confirmé, auquel j’avais donné les maths en 5LG (1973), double vainqueur du tournoi d'éloquence organisé par les anciens de SFX, en 1977 et 78.Malvaux-2007.jpg

En parlant de la Compagnie et en lisant son trimestriel Echos, je revois avec plaisir la photo de Benoît Willemaers que j'ai eu en 1995-96 en troisième. Vous pouvez, sur les photos ci-dessous, constater l'évolution physique du garçon en moins de 20 ans.
Willemaers-Benoit-1995-.jpgWillemaers-jesuite-2013.jpgBenoît, garçon intelligent, en particulier en math (premier à tous les coups), actif, attentif, se trouvait dans une famille où la religion catholique n'était pas de façade: il a vécu dans un milieu porteur, comme on dit. C'était aussi le cas des Malvaux et des Dobbelstein pour ne parler que des familles bien connues de tous. En ce moment (2013), Benoît commence, à Paris, "sa quatrième année dans le cycle intégré (philosophie et théologie) au Centre Sèvres."


Je me souviens encore de Jean-Pierre (dit Lulu) Leroy, qui jouait déjà au conclave d'où il sortait pape, élu par ses copains et cardinaux de la 3LG de 1978-79:  Leroy Jean-Pierre 3LG 78Six Christophe 78 79 3LGVan Bossche 78 79 3LGJaspar Thonnart 78 79 3LG
   

Christophe Six, Jean-Bernard Van Bossche, Daniel Thonnard et Benoît Jaspar .
Lulu n’est pas encore évêque, mais il est bien devenu pasteur de la sainte Eglise catholique romaine.



 

 

 

 

Dobbelstein Thierrry 82



Thierry Dobbelstein, aujourd’hui Recteur de la communauté de Saint-Servais à Liège, était un garçon particulièrement doué et agréable en 3LG

(1982-83). Je trouvais étonnant son amour de la danse, à moins que cette passion ne lui vienne du carnaval d’Eupen, sa ville d’origine. Notons en passant que son frère Denis avait aussi gagné le tournoi d'éloquence.

Je me rappelle encore Vincent Flamand (Rh.90) – grand copain de Damien Gillot, le fils de Jean – surtout connu comme joyeux cha
huteur. D’abord philosophe, Vincent devint prêtre à la grand surprise de tous. Un prêtre Undorf 3LG 73dynamique, apprécié dans tout le diocèse, mais qui se laissera finalement séduire par le beau sexe.

J'avais oublié de mentionner Marc Léonard que j'avais totalement perdu de vue jusqu'au moment où j'ai rerencontré Jean-Marc Simons (Rh.81 comme Marc) lors de l'enterrement de sa maman (une amie). Il m'apprit que Marc, revu récemment lors d'une réunion d'Anciens, était Père Blanc. La photo ci-jointe date de 1977 (3LG chez M. De Donder).Léonard Marc 3lg 77

Jean-Louis Undorf (Rh76), fils spirituel du père Buyle, ne fut jamais mon élève, mais bien mon vicaire à Lambermont. Théologien progressiste, d’un abord très simple, il est depuis quelques années sur la touche pour raison de santé. L’abbé André Lieutenant était un garçon spécialement calme, presque transparent, voire mystérieux. Sa vocation n’a pas vraiment surpris, il avait toujours été ailleurs, le mystère se levait enfin.

Eenens-Philippe-n.jpgMes plus anciens souvenirs en l’occurrence concernent Philippe Eenens (4LM 67-68) et François-Xavier Jacques (4LG 67-68) . Je me souviens qu'ils étaient tous deux  sérieux, attentifs et très peu bavards. Eenens m'observait le buste tendu, du premier banc contre la fenêtre, dans le local du fond du 1er étage, côté piscine (c’est bizarre, la mémoire!). Philippe fut le premier de mes anciens à entrer chez les jésuites (voir commentaire 1 de Raymond  Delhaye: j'ai appris depuis lors, et grâce à Raymond, que Philippe est papa, astrophysicien et professeur d'Université au Mexique: pas mal!).



François-Xavier, assis au dernier banc de la rangée du milieu, m'observait le regard inquiet derière ses lunettes. Il me donnait Jacques FX 67 4LGtoujours l'impression que je développais une théorie bien compliquée. Je l'ai retrouvé  plus tard comme vicaire de Lambermont, puis comme curé. Tout baignait jusqu'au jour où il partit, encore fort jeune, pour devenir doyen à Hannut. Après un crochet par le Mali, le revoilà à Verviers en tant que doyen: impossible de l'oublier!

 

Si je compte bien, cela donne 11 vocations en 34 ans! Le tiers d’une rhéto. Non, ce n’est pas possible, j’en ai sûrement oublié.

Je lis dans mes archives que «Le samedi 22 juin 1985, à 15h30, en l’église du Collège Saint-Michel, Bd Saint-Michel, à BXL, le cardinal Danneels ordonne Joassart 1981prêtres 7 jésuites dont Philippe Eenens [justement!], Bernard Joassart [qui fut prof de 5e au Collège durant 2 ans: un intellectuel
qui fumait trop! sans doute destiné à monter dans la hiérarchie jésuite.] et Tommy Scholtès.»  Les deux derniers sont d’anciens profs de SFX.

Et hier (dimanche 27 juin 2010), à la TV, j’ai encore vu mon ex-collègue le père Scholtès TomScholtès intervenir dans un débat sur la fameuse perquisition à l’archevêché de Malines-Bruxelles dans le cadre de l’enquête sur les prêtres pédophiles (sale histoire!). Tommy Scholtès! Je me souviens encore de son arrivée rue de Rome.

[Note tardive à propos de Bernard Joassart: dans le péridodique trimestriel de juillet 2012, les Echos, je lis: "Le P. Bernard Joassart, déjà membre de la communauté Saint-Michel, en devient le supérieur (...)"]
Joassart-Bernard-2012.jpg

Grand, beau, sûr de lui, le regard légèrement hautain, parlant fort, Tommy (c’est comme ça qu’il faut l’appeler) a la pipe recourbée, mais conquérante. Voilà comment m’est apparu ce jeune premier sans doute égaré très provisoirement (croyais-je!) dans la Compagnie. Ce jésuite de 26 ans arrive chez nous auréolé d’emblée du titre de ministre de la communauté jésuite locale. Cela réjouit beaucoup le père Général, rencontré à Erpent lors des anniversaires ignatiens: un jeune ministre! En outre, il donne des cours dans le cycle supérieur et se dépense sans compter pour le Centre Scolaire: responsable général de la fancy-fair, cheville ouvrière de l’animation pastorale et comédien occasionnel dans la troupe des profs, par exemple. Il n’a peur de rien. C’est une personnalité forte, un ouragan, parfois à la limite de la vulgarité – ça ne le gêne pas d’écraser quelques pieds en passant –, mais il séduit par sa bonne humeur quasi permanente, sa franchise, son ouverture aux autres et son rire communicatif.
Capable de se fâcher si nécessaire, il sait joindre le geste à la parole: expliquant à un grand roux un peu mou, mais doté d’un petit de, qu’il mérite juste un coup de pied au cul, il joint le geste à la parole! Touché surtout dans son amour propre, le fiston (16 ans quand même) fait intervenir son père pour laver cette insulte dans le sang… si possible. Le paternel saisit l’autorité du Collège en menaçant celle-ci de porter l’affaire en justice, pas moins! Je vois d’ici l’entrée en matière lors de l’audience publique: «de B. contre Centre scolaire Saint-François-Xavier; motif: coup de pied au cul!»
Delobel fait le maximum pour éviter d’arriver dans un cul-de-sac! Il devra déployer des trésors de diplomatie pour calmer les esprits. Je ne sais jusqu’où Tommy dut baisser son froc devant les petits de, mais il m’étonnerait fort qu’il eût fait beaucoup de concessions. Tommy, comme tout bon scolastique, ne resta pas longtemps au Collège, mais laissa beaucoup de traces dans la mémoire des élèves et des collègues.

Voici l’homme que nous vîmes quelques années plus tard, médusés, dans le rôle de journaliste religieux à RTL, en particulier dans les débats télévisés du dimanche à midi: Tommy (mais était-ce bien lui?) était devenu calme, pondéré, respectueux des autres et même un peu patelin… Pas d’éclat de voix, pas de rire intempestif, pas de regard ironique; un ange! Une métamorphose totale, je vous dis! En tant que directeur de l’agence de presse «Cathobel» qui assure l’information religieuse pour les médias, la mort de Jean-Paul II et l’élection de Benoît XVI ont mis en vedette notre beau Tommy, que personne en Belgique n’oubliera désormais. Sur Internet, je lis qu’il est d’origine néerlandaise, mais de nationalité belge, né à La Haye le 28 septembre 1953. Licencié en Droit et enScholtès micro Communications sociales (UCL), «il est en contact avec le Pape et les autorités religieuses à Rome d’une part, et avec ses paroissiens de Wezembeek-Oppem et les prisonniers de Forest à Bruxelles d’autre part». Il est donc capable d’assumer trois fonctions simultanément: «C’est la richesse de ma vie, confie-t-il!»

Lulu ne sera sûrement jamais pape, mais il m’étonnerait fort que Tommy ne devienne pas évêque avant peu.

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24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 20:57

1999-2000: le dernier recteur?

1. Reprise difficile

Je commence l’année scolaire 1998-99 avec 3 classes de 4e et une classe de 3e, toutes à raison de 5h de maths par semaine, seule possibilité désormais. J’ai à peine le temps de m’y mettre que me voilà en congé de maladie pour près de 5 mois. Je reprends le collier après le Carnaval 1999. Je crois que je suis en bonne forme physique et très impatient de retrouver mes marques en classe. Je suis fébrile comme un débutant: il me faut reprendre mes élèves en main. Ont-ils oublié ma façon d’être et mes exigences? J’ai évidemment eu le temps de préparer à l’aise. Je suis même pourvu d’un ordinateur depuis Noël, nouveau jouet dont je vais devenir insensiblement esclave. Lors des premières leçons, les élèves tirent un peu la langue, mais n’osent rien dire. Je vais vite, trop vite; je suis pressé. Erreur profonde: quand on va trop vite pour expliquer, on perd du temps. Il faut recommencer calmement un jour ou l’autre ou alors on traîne une faiblesse qui freine le mouvement. Bref, je n’ai plus le bon rythme. Bien entendu, je vais m’en apercevoir très vite, mais ce genre d’erreur est caractéristique d’un débutant, moi qui donne cours depuis 1966…

Il est vrai que je n’ai jamais donné 3 fois le même cours simultanément. Voilà une situation qui m’oblige pratiquement à régler ma vitesse de croisière sur la classe la moins forte, et surtout à examiner de très près, heure par heure, les informations et exercices donnés dans chacune des classes. Gare aux digressions!

L’ordinateur – nouveau jouet – me permet de reprendre des questions en modifiant une donnée ou l’autre, idem dans les corrigés, mais ça demande une concentration beaucoup plus grande que prévu. Au lieu de gagner du temps, j’en perds! Mais c’est beaucoup mieux présenté et plus beau (pas difficile quand on connaît mon écriture!), surtout pour les dessins.

En outre, comme je me suis mis en tête depuis plusieurs années de dédoubler chaque interro (questions différentes suivant qu’on est à droite ou à gauche du banc), mais aussi de distribuer des corrigés dès la fin de l’interro – dactylographiés depuis peu –, ce qui est idéal pour le renforcement, comme disent les psychopédagogues, chaque rédaction de questionnaire me prend un temps fou, puisque je dois multiplier tout par 12 au lieu de le faire par 3 comme la plupart de mes collègues. Il m’est arrivé de donner une question identique dans deux classes, persuadé que la seconde n’aurait pas le temps de lire les corrigés de l’autre. Grave erreur, je m’aperçus un jour que les élèves de la seconde classe avaient raté cette question de la même manière en faisant ce qu’on pourrait appeler une faute de frappe. La même faute de frappe chez la plupart des élèves: surprenant! En réalité, c’est moi qui m’étais trompé dans le corrigé. Ce qui signifiait que la plupart des élèves de la seconde classe possédaient celui-ci et s’en étaient servis!

Je suis toujours vexé quand je découvre que je fais des fautes, surtout dans un document qui devrait être impeccable puisqu’intitulé «corrigé». Mais pour une fois, je n’étais pas mécontent. Je ne pouvais me laisser berner sans réaction. Avant de rendre les feuilles corrigées à ces petits futés, je leur expliquai comment j’avais découvert le pot aux roses. Néanmoins, bon prince, j’acceptais d’annuler l’interro de ceux qui reconnaîtraient leur méfait. Les élèves concernés avouèrent et obtinrent ainsi la suspension du prononcé. Belle leçon pour moi.
Pourtant, je rencontrai quelques années plus tard une situation similaire chez un de mes élèves de 5e lors de l’examen de juin. Il faut savoir que dans la famille Leroy (dont j’ai eu le papa, Christian, comme élève en 1966), on se refile les questions d’examen (corrigées) d’un frère à l’autre. Pour le troisième, François, j’avais repris une question posée en son temps au premier, Philippe. Quelle ne fut pas ma surprise de constater la bonne réponse finale chez le cadet, qui avait pourtant développé un raisonnement faux. Comme aucun de ses voisins n’avait la bonne réponse, il n’avait pu la copier sur l’un d’eux. Mais alors comment avait-il fait? Je n’ai compris que bien des années plus tard en parlant de cette énigme avec Philippe. François avait retenu de mémoire – sans le vouloir, probablement – la réponse finale de cet exercice passablement compliqué. Je jurai, mais un peu tard, qu’on ne m’y prendrait plus. 

4B-partie1998-nn.jpg

















 

 

2. Les derniers des Mohicans

L’année scolaire 1998-1999 se termine mal: le père Vincent décède le mardi 29 juin. Autant dire que cet événement va quasi passer inaperçu. Jacky Vincent (ci-contre) partait discrètement à l’âge de 76 ans. Ce modeste qui avait rendu tant de services au Collège – préfet de discipline, professeur de religion en primaire à SFX, à Sainte-Marie (Heusy) et à Notre-Dame de la Sagesse (Ensival), animateur spirituel, aumônier des mouvements de jeunesse et du club de basket, précieux chroniqueur et cheville ouvrière de la SFX-Revue –, allait retrouver trop peu de ses Vincent-nn-1980.jpganciens collègues pour ses funérailles à Notre-Dame. Il avait mal choisi sa date pour mourir! Le jour de son enterrement, le jeudi 1er juillet, coïncidait avec l’excursion des profs organisée par l’Amicale. Comme moi, peu de participants inscrits renoncèrent à cette activité pour accompagner le père Vincent à sa dernière demeure. Dommage, mais l’essentiel était de lui avoir montré son amitié durant son vivant. J’ai pensé ce jour-là à cette phrase mystérieuse du Christ: «Laissez les morts enterrer leurs morts!» (Luc, 9, 60). Je m’en suis servi pour me donner bonne conscience.
Cardol 80nnn
Le 24 juillet, nouveau départ: Jean-Marie Cardol, dont Thomas Lambiet  a si bien parlé dans la plaquette du 150e, tire sa Lambiet 02révérence. Né à Verviers en 1908, il y est revenu en 1972 où il «se multiplie: prédication, confessions, aide aux immigrés». Entre-temps, il sera recteur à de nombreuses reprises, en particulier de deux gros collèges congolais. En 1994, il quitte Verviers pour une courte retraite à Bruxelles, où il va retrouver son confrère Van der Biest, d’un an son aîné.
Léon, dit VDB, a 92 ans et va enfin réaliser un de ses rêves. Des anciens élèves (voir la photo ci-dessous) et anciens scouts – longtemps aumônier du Clan, VDB le sera aussi de la Troupe et enfin de la Région – décident de lui offrir (incroyable mais vrai) la visite des vestiges gréco-romains de la Sicile!
[Kika et André Leveaux, Bernadette et Dominique Grand (au-dessus de VDB), Toni et Geneviève Di Valentin et Pierre Cornet notamment, ont permis cette réalisation]

« Le 24 avril dernier, le Parrain, surnommé ainsi par ses covoyageurs, escorté de VdB-parrain-99n.jpgmains de maître par 2 toubibs, une infirmière, une assistante sociale et une chaise roulante (s’exclame-t-il en rigolant), s’est alors retrouvé embarqué dans un minibus à destination de Catagne, Agrigente, Syracuse…» (Alexandre Binet dans La Toque des Anciens de juillet 1999). Voyage extraordinaire pour ce vieux lutteur, qui reconnaît sans regret «avoir été assez vache avec ses élèves». Il réprouve avec conviction le laxisme actuel. N'empêche, il raconte volontiers de "merveilleux souvenirs avec ses élèves. Il parle notamment d'un voyage mémorable en Angleterre, à Ramsgate (probablement en 1973).
Le père De Deur avait accepté de venir en renfort.   Comble de malheur, ils ratent la malle du retour. « De Deur était en colère, me confie Pierre Crutzen (Rh.78), qui donne Douvres comme destination, je l'entends encore grommeler Vanderbiest, tu m'as eu!. » Pour VDB,Crutzen Pierre 74 « c'était une réelle épopée. Nous sommes arrivés en Belgique le lendemain à 2 heures du matin. »   Plus réaliste, Pierre conclut: « Faut dire que toutes ces heures de train et de bateau pour deux heures sur place, c'était assez peu rentable! »

VDB, revenu du Congo en 1959, «devient professeur au VdBiest-en-Sicile-1999nn.jpgCollège pour 15 merveilleuses années. C’était une période bénie, où il y avait de vrais titulaires. Je donnais quasiment tous les cours à mes élèves, explique-t-il. Cela me permettait de vivre avec ma classe et de connaître mes ouailles!». Intraitable sur la discipline: «Il n’était pas rare que je renvoie un élève chez lui, si son devoir n’avait pas été fait. Et j’ai même une fois mis un de mes élèves à l’eau et au pain sec: invraisemblable!» conclut-il en s’esclaffant. En 1974, VDB prend sa retraite pour devenir curé de la paroisse de Becco: «ces 17 années m'ont enchanté!».
Il terminera ses jours à Saint-Michel, son ancien collège bruxellois.

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 12:14

2. Embourg

En septembre 1993, je suis titulaire d’une 4C avec seulement 4h par semaine. Ce ne sont donc pas des forts en maths. C’est doublement difficile. J’y crois pourtant très fort le premier jour. Je me rappelle leur avoir préparé un devoir de maths de mon cru, qui devrait les motiver. Je rêve peut-être, mais j’ose. Je pars donc plein d’espoir. J’ai le moral, même si ce groupe de 27 élèves est dur à tirer.
Pour la retraite, il est hors de question de retourner à Ayrifagne. Je cherche un animateur enthousiaste et réaliste. Quelqu’un me conseille un certain M. Louon, professeur de religion au collège du Sartay à Embourg, qui donne ses retraites dans une dépendance de l’école même.

Nous voilà donc partis pour Embourg au début janvier 1994.
Louon est un laïc qui alterne ses cours et les activités de notre retraite; bizarre comme système: est-il vraiment tout entier aux retraitants?

Nous sommes allés faire une balade dans des bois inconnus avec l’aide précieuseVDH Halleux de Joseph van der Hoeven, le local de l’étape. Malheureusement, Joseph, n’a guère de souvenirs de cette retraite. A mon avis, il a passé une nuit comme surveillant.

Je suis sûr que la seconde nuit, je devais être aidé par Dominique Jeangette. Celui-ci a le sommeil profond et rapide…
L’animateur Louon, sans doute habitué, répond à la demande des élèves qui avaient souhaité aborder les fléaux du sida et de la drogue. Deux «spécialistes» de ces matières arrivent à Embourg, mais me demandent jeangette-2003.jpggentiment de les laisser seuls avec les élèves. Pas de problème. Il paraît que les élèves ne se sentiraient pas libres de parler de ces sujets brûlants devant moi. C’est probable, pour ne pas me faire rougir, sans doute! J’imagine qu’ils vont essentiellement reparler du préservatif, thème qui ne passe pas de mode.

A part cette activité, je participe à tout le reste, comme toujours. Les élèves, quand on aborde les questions religieuses, font preuve d’une inculture effrayante en la matière. C’est dramatique, d’autant que certains affirment des idioties avec une bonne foi désarmante et un aplomb imperturbable. Est-ce leur faute? Non, assurément. Louon ne laisse pas passer (comme de juste) ces contrevérités, mais s’énerve et secoue les élèves: il redevient prof, instantanément, juste ce que les jeunes ne souhaitaient pas. Je l’ai tout de suite senti et me voilà obligé de jouer le tampon entre mes élèves qui me lancent des regards implorants et leur prof de retraite qu’ils estiment trop sévère. Sans le vouloir, j’ai le beau rôle. Il est clair que je ne reviendrai jamais à Embourg pour une retraite, mais que la confiance que les élèves avaient en moi a décuplé. Voilà au moins un point positif. J’en profiterai pour sauver les meubles dans cette classe d’élèves baptisés «Prix Nobel» par dérision et par erreur. Je contemple aujourd’hui leurs bobines avec un regard nostalgique. Je serais heureux de les revoir tous. 

En pratique, contrairement à mes craintes, je n’ai pas eu de difficultés particulières avec cette classe. J’ai bien surpris un couple en train de s’embrasser dans les toilettes des filles: peccadille! Deux gros yeux noirs ont suffi.

Je rentre à Verviers définitivement persuadé que ce type de retraite ne convient pas pour les quatrièmes.

La meilleure solution est peut-être la retraite itinérante. Les élèves, généralement accompagnés d’au moins deux enseignants, marchent dans la nature ou dans les chemins vicinaux pendant la journée pour rejoindre un gîte le soir. Le lendemain, rebelote. Le côté sportif entre en scène, pas moyen de glander, et ça favorise l’esprit de groupe. C’est à étudier pour l’année suivante.

Voici quelques têtes sympathiques de cette fameuse 4C: . 
  4C-Nobel--93.jpg 

3. Poverello (Banneux) 1995-1999

Lemin dép sauté 2005Après mûres réflexions avec mon collègue Gérard Lemin, nous décidons d’entreprendre une retraite d’un nouveau genre très proche des fameuses retraites itinérantes qui remportent un franc succès dans d’autres classes de 4e; par exemple, celles de Myriam Soret , Bénédicte Winandy et KarinaWinandy Béné 95 Baggen. A contrario, Geneviève Tristant conserve la retraite de type traditionnel.
Soret-Myriam-1994.jpg


 

Cette formule présente de nombreux avantages pratiques: les élèves se dépensent physiquement toute la journée, la notion de groupe et d’entraide prend son sens plus aisément, les rapports Tristant 1999 4Bavec les adultes sont plus simples et – pour les responsables – c’est une façon de mettre davantage d’éducateurs dans le coup.
Charlier Momau 2002



On retrouve ainsi des collègues comme Maurice Charlier, Liliane Hubin, Marie-Thérèse Sternotte 
, Jean-Claude Houssonlonge et Manu Chaumont   par exemple, dans un rôle de cotitulaire provisoire: du Houssonlonge 2000 Bbénéfice pour chacun. Parti pris: valoriser le relationnel au détriment du spirituel. Le but affiché est donc d’apprendre à se connaître et à vivre ensemble. Cela n’exclut pas une réflexion religieuse.

Nous décidons de passer trois jours au Poverello à Banneux. Ce grand gîte est très bien équipé. Le rez-de-chaussée nous est réservé et personne n’occupe le 1er.  


Aux alentours, des pelouses.

La route se trouve à plus de 100 m.Sternotte n 2001
Avant de partir, chacun connaît son rôle déterminé avec précision: tire-au-flanc interdits. Tout le monde participera effectivement à la vie de la communauté. Gérard, lui, guide occasionnel, règne sur la cuisine.

Pour mettre de l’ambiance, je lance un appel aux musiciens amateurs. Plusieurs doigts se lèvent. Je les engage d’office et leur promets de transporter leurs instruments en voiture pour ne pas les encombrer durant la marche. Geoffrey Delvigne me parle alors de sa… batterie! Je ne vais pas refuser, je ne peux pas: je suis pris à mon propre piège. Ma Kadett n’ayant pas les dimensions suffisantes pour assurer le transport, je fais appel à Delobel, chaufChaumont Manu 2005eur d’un plus gros cube. Il accepte volontiers cette corvée.

Durant 3 jours, nos tympans seront agressés par des coups énervants: chaque fois qu’un jeune passe devant l’instrument de notre batteur, il se croit obligé de tambouriner avec ou sans baguettes, et sans rythme aucun. Quelle nuisance! Plus jamais de batterie! 

Tous les déplacements se feront à pied, sac au dos. Les élèves partent du Collège avec Gérard pendant que je donne encore quelques cours en 3e le mercredi matin: une heure de perdue, on ne la récupère jamais… Pour atteindre Banneux, ils suivent le guide qui prend le chemin des écoliers. L’ambiance est bonne.

Vincent-nn-1996.jpgJe démarre avec ma voiture vers midi; nous cassons la croûte ensemble à l’endroit convenu avec Gérard. Une fois, on s’est retrouvé à la cure de Becco occupée par le père Vincent, propriétaire de photos du Collège de mon jeune temps (entre autres celles avec les toboggans de neige: voir Souvenirs 4).  Après, je fonce au gîte pour les derniers préparatifs et abandonne ma voiture jusqu’au vendredi: un véhicule sur place, ce n’est pas inutile quand on est loin de tout.




 

  4D-nn-partie-94.jpg

 Même si elle n'en a pas l'air, Marilyne est la plus virile de la classe de 4D 94-95!

Durant le séjour, nous invitons des témoins en fonction des souhaits émis par la base. Je n’ai pas le souvenir de tous ces visiteurs bénévoles qui se sont succédé au cours des 5 retraites passées à cet endroit. Mais certains ont laissé des traces durables.

Nous avons par exemple reçu un jeune adulte atteint du sida, condamné à relativement brève échéance d’après lui. Prudents, Gérard et moi avions rencontré ce jeune homme avant de partir à Banneux. Il parle évidemment en connaissance de cause, sans exhibitionnisme. Nous pouvons lui faire confiance, le message qu’il pourra faire passer aux élèves ne sera pas du pipeau. Sa maigreur, première séquelle visible de la maladie, donne la chair de poule.

Sollicité pour nous parler de l’exclusion, le frère Maurage, aumônier de la prison de Verviers, préfère nous envoyer un ancien détenu, très capable, dit-il, de parler de son expérience avec beaucoup d’objectivité. Ce type a purgé une longue peine, conséquence probable d’un crime de sang. Nous ne le saurons jamais: les élèves sont d’ailleurs priés de ne pas poser de question à ce sujet, même si ça leur brûle les lèvres. Ce personnage ne nous dira pas non plus son nom, sage précaution. Mais il se présentera sans appréhension visible devant les élèves médusés. Après 5 minutes, on est plongé dans ce monde irréel, impitoyable et déprimant de la prison. L’ancien détenu parle vrai, il impressionne tout le monde, moi le premier. Sa description du milieu carcéral, Verviers en l’occurrence, donne des frissons. Dans la foulée, il explique pourquoi l’idée même de peine incompressible (surtout la perpétuité) est aberrante: c’est le plus sûr moyen de transformer un détenu en bête sauvage, explique-t-il. Dans un tel cas, la vie perd toute vaMaurage-96.jpgl eur: on est capable de tuer pour une cigarette… Depuis cette conf érence, je ne réfléchis plus de la même façon quand j’entends parler de peines incompressibles et de la perpétuité, suggestions récurrentes de la part de braves citoyens ou de politiciens de droite.

Persuadé que le gîte n’est occupé que par ma classe de 4e, j’ai un jour la surprise de voir descendre du 1er étage une sœur rwandaise; c’est la supérieure d’une petite communauté de jeunes filles qui ont fui le Rwanda pour éviter le terrible génocide. Elles occupent l’étage en attendant de trouver un logement définitif – elles habitent aujourd’hui à Lambermont! Cette rencontre nous a enchantés: elles nous ont offert une démonstration de leur façon de louer le Seigneur. Chez elles, tout le corps participe à cette expression, ça ne reste pas enfermé à l’intérieur. Elles prient en dansant et en chantant: le choc des cultures sans quitter sa région. Inattendu! 

Lors de la première de ces retraites au Poverello, nous avons veillé à recevoir un prêtre, l’abbé Baudouin Charpentier, curé de Lambermont à cette époque et très apprécié des jeunes de la région. Il est venu nous parler très simplement et partager l’eucharistie. Une autre fois, nous sommes allés à la messe sur le site des apparitions où nous avons eu la surprise de découvrir que l’officiant n’était autre que le père Delperdange (voir Souvenirs 11), contemporain du fameux frère Francart.

D’autres activités, parfois préparées de longue date ou suggérées par les retraitants eux-mêmes, n’ont pas laissé de traces dans ma mémoire, mais peut-être bien dans l’esprit des élèves. Quant aux bénéfices de la retraite, comme les animateurs de retraite le disent parfois: nous, on sème, le reste est de la responsabilité de l’Esprit Saint!

En 1996, avec une 4F (maths fortes) très dynamique et très équilibrée (13 Leidgens-Morgan-n.jpggarçons et 11 filles), l’ambiance est vraiment excellente. Même le garçon le moins bien scolarisé, Morgan Leidgens, se montre sous un jour lumineux. Il est aussi participatif que son frère Brice. Pour moi, c’est une révélation. Comme quoi, il ne faut pas juger trop vite un adolescent.

Photo de quelques calmes de cette classe enthousiaste:

4F-nn-partie-95.jpg


L’année suivante (janvier 1997), nous emmenons la gentille classe de 4D (voir Souvenirs 78). Le schéma de la retraite est le même, mais nous avons d’autres témoins.

Le jeudi après-midi, un Matu d’enfer – genre de rugby où le nombre de règles est très restreint – a prouvé aux élèves que leur prof de géo est une «bête»: beaucoup plus sportif que prévu et fort comme un taureau. Je me suis contenté d’arbitrer la partie Tefnin Julien 4D 96sur une pelouse enneigée. Seul bobo: Julien Tefnin se plaint d’un coup dans les côtes. Ça passera.

Mais ça n’a pas l’air de s’améliorer une fois couché. Que faire? Pas d’infirmier parmi nous. Sachant que sa maman est médecin – veuve depuis peu avec 6 garçons à élever! – et qu’elle habite à quelques kilomètres de Banneux, ce serait bête de ne pas en profiter. Voilà que la Kadett devient utile. Nous sommes jeudi soir, Julien a vécu avec les autres l’essentiel de la retraite. Il est 23h30 quand nous décidons, vu les plaintes du gamin, de le reconduire à domicile. C’est là que ça devient surréaliste. Pour réveiller sa maman qui dort au premier étage en évitant d’alerter toute la maisonnée par un coup de sonnette intempestif, Julien lance des petits cailloux sur la fenêtre de la chambre du médecin, qui ouvre celle-ci et nous demande assez sèchement l’objet de notre visite. Julien, presque larmoyant, décrit son mal. «Ah! les hommes, ça se plaint toujours…» est sa réponse dépitée. Et pas d’adoucissement dans la voix lorsqu’elle ouvre la porte. J’ai l’impression d’avoir fauté, j’essaie de me justifier! Je me sens tout petit devant cette femme autoritaire, Julien est déjà monté dans sa chambre – sa mère n’est vraiment pas inquiète – quand je me confonds en excuses avant de me retirer presque en courant. La porte est déjà fermée que je n’ai pas fini de dire un «au revoir» quasi inaudible.

Un coup de fil le dimanche est un peu mieux accueilli. Julien n’a rien. Tant mieux!

Le retour au Collège se fait chaque fois à pied, tous ensemble et dans la bonne humeur. Je ramène ma voiture au Collège immédiatement après le dîner et RogerLouis-Roger-nn-2000.jpg Louis me reconduit séance tenante à Banneux pendant que Gérard dirige les opérations de nettoyage. On descend à travers bois jusqu’à Pepinster, puis le long du chemin de fer vers Ensival. L’arrivée au Collège, pour ceux  qui devaient aller jusque-là, est toujours un bon moment. Le soir, Gérard vient fêter son anniversaire chez moi, ma femme ayant évidemment prévu le coup, comme chaque année depuis 1995.


Quelques élèves de cette 4D 1996-97: 


4D-partie-nn-96.jpg














En 1998, nous pa
rtons avec l’excellente 4A (voir Souvenirs 78), très  majoritairement  dominée par les filles. Le mercredi matin est noir et pluvieux et les accompagnateurs pour la marche sont Georges Kupper (à droite) et Patrick Constant (à gauche) accompagné de sa chienne Roxanne. Les élèves apprécient le confort du Poverello, mais regrettent que les chambres soient individuelles et désignées: oui, la confiance règne, mais la prudence n’est pas un luxe. Je lis le témoignage d’un élève dans la SFXrevue. «Nous avons commencé par un jeu pour faire connaissance, suivi d’un débat très intéressant sur l’exclusion, animé par Grégory Cormann», jeune philosophe qui a quitté le Collège 4 ans plus tôt: bonne prestation, Grégory! Le débat engendré par les réflexions de Grégory «nous apprend bien des choses sur les membres de notre1998-Poverello-Gege-et-3-filles.jpg classe». Gégé est là le soir, la journée, il a été bloqué à SFX2.

Le jeudi, je réveille les élèves en lançant un chant normalement entraînant, du genre «Le ciel est bleu, le ciel est bleu, réveille-toi, réveille-toi, c’est un jour nouveau qui commence…» Ça devient, à lire l’élève de service, «des vocalises quelque peu militaires»! Voilà comment on fait l’histoire… Le matin, grand jeu de Stratego, l’après-midi, débat sur la maturité.  «Le soleil couché, des élèves aux talents cachés animèrent une veillée où musique, chanson, parodies et sketches nous détendirent les zygomatiques.» Affirmatif: je me souviens en particulier du sketch extraordinaire de Charlotte Jacques (à droite sur la photo) et Sophie Vamps.jpgFettweiss (à gauche) imitant les Vamps (et leur Mme Jansen).

Ma confiance est totale à l’égard de ces élèves remarquables, je ne le leur cache pas. Je ne suis pas encore endormi, que j’entends une porte claquer, résultat d’un courant d’air. Bizarre, toutes les portes sont fermées. J’ai des doutes. Je me lève et voit des portes de chambres grandes ouvertes! Ces chambres sont 1998-Poverello-Mulhberger.jpgvides… je vais réveiller Gérard et je prends note des noms des locataires des chambres vides. Une porte extérieure, qui ne s’ouvre que dans un sens, n’est pas totalement fermée: du papier de toilette en empêche la fermeture! Où sont donc nos fugitifs, au nombre de 6 (je crois)? Ils devisent joyeusement à quelques dizaines de mètres, dans le froid polaire. Je les enguirlande comme jamais. Je leur reproche surtout d’avoir « trahi ma confiance ». J’exagère sans doute. Pendant cette algarade, Gérard regarde le ciel et, comme s’il était sur une autre planète, attire l’attention des fuyards sur la luminosité des étoiles… Mais je deviens fou ou quoi? Il ne va pas les féliciter d’avoir bien choisi leur moment pour fuguer, tant qu’il y est…

Je recopie la relation de ces faits par le plumitif de service: «Pendant la nuit, quelques intrépides se sont risqués à une escapade nocturne, chèrement payée au retour par deux heures de colle sans sursis.» Cette sanction est mémorable au moins pour l’un d’entre eux, Pierre Gramme, dont ce sera la seule punition de toute sa scolarité. Ça le rapproche du commun des mortels!
Je dois bien avouer que j'avais inconsciemment exagéré la gravité du délit. Comme les parents avaient l'occasion de rencontrer les profs le mercredi suivant, j'avais exigé que les parents des fuyards viennent me voir à cette occasion. J'ai dû baisser pavillon devant deux parents
dont l'épouse d'un ancien élève et médecin: encore! (voir Souvenirs 19: "accrochage avec des parents") , qui m'ont simplement téléphoné, me signifiant par la  même occasion le refus de se déplacer pour si peu! J'ai mesuré ce jour-là les limites de mon pouvoir...

L’article des élèves se termine ainsi: «Le dernier jour fut plus spirituel: en effet, le père Sonveaux  Sonveaux Dani 97était des nôtres. Il nous a parlé de l’espérance et a célébré l’Eucharistie. Celle-ci fit place au rangement de l’endroit et au retour vers Verviers, sac au dos.

Nous n’oublierons pas cette première retraite, où nous avons appris à vivre en groupe, et où nous sommes devenus peut-être plus adultes.»

En 1999, je suis en congé de maladie. J’irai quand même dire un petit bonjour à cette classe de 4B que je vais retrouver en partie l’année suivante. Mon remplaçant est un jeune homme très correct dont j’ai oublié le nom.

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 13:33

RETRAITES DE 4e

1. Ayrifagne

Au moment où je deviens pour la 1re fois titulaire de 4e  –  en septembre 1991 –, les retraites de ces classes sont remises en cause: les élèves de 15 ans pensent plus à rigoler qu’à réfléchir ou prier, il faudrait revoir la formule, voire les supprimer comme certaines écoles l’ont décidé.

Ayrifagne-neuf-a-publier-.jpg

Je n’entre évidemment pas dans cette polémique vu mon manque d’expérience en la matière. Je choisis l’Accueil Saint-François d’Ayrifagne (agrandi aujourd'hui, voir photo ci-contre), fraternité de capucins, pour passer ces trois jours qui débutent traditionnellement le 1er mercredi de la rentrée de janvier. L’animateur, comme on dit maintenant, est le père Alphonse Dethier, homme très alerte malgré ses 70 ans. Celui-ci demande à
rDethier-Alphonse-2007.jpgencontrer les élèves durant une heure pendant le 1er trimestre; pas de problème.

 


J’en profite pour lui expliquer que ma 4E est formée de 3 groupes venant de troisièmes n’ayant pas les mêmes options de base. Le séjour à Ayrifagne Ayrifagne chapellenn  devrait aussi servir à unifier cette classe. J’attire aussi son attention sur le fait que le 3e groupe se réduit à une seule élève, Cindy W., particulièrement timide; bref, je lui donne tous les renseignements dont il peut avoir besoin pour envisager son action spirituelle. Je l’informe sans doute de la présence, dans cette classe de 24 adolescents, d’un surdoué, Charles-Henry Massa .

On rejoint Ayrifagne en bus, en VTT ou avec la voiture de maman. J’ai des élèves qui sont plus proches de Banneux que de Verviers. Aujourd’hui, je procéderais autrement. Il faut former l’esprit de groupe au plus tôt, la meilleure manière est de partir de Pepinster, à pied. L’expérience…Massa 91

Chez les capucins, le supérieur s’appelle le gardien (de ses frères). D’ailleurs, entre eux, ils s’appellent frères, voulant ainsi éviter de rappeler la hiérarchie inhérente à toute organisation humaine. C’est l’esprit du fondateur, saint François d’Assise, lui-même un fanatique de l’Evangile. Nous l’apprendrons durant ces 3 journées.

Le lundi matin, je ne suis pas encore au Collège qu’on m’avertit de l’absence de Cindy. Je téléphone immédiatement chez elle où je tombe sur la maman, qui me parle d’abord d’une incapacité physique de sa fille (laquelle?) puis, voyant mon insistance, me dit que de toute façon les retraites ne servent à rien: c’est trois jours de perdus à bavarder sans but, et comme sa fille n’a pas de copine dans la classe, ça ne l’intéresse pas. Voilà la vraie raison, tout tient à la timidité de Cindy, qui se sent exclue de la classe. Belle occasion de sortir de son isolement, justement. Rien à faire, c’est une mère poule… Inutile de parler de l’obligation de participer à la retraite, ce n’est pas le moment d’envenimer les relations.

Vers 9h30, nous arrivons à l’Accueil Saint-François où nous sommes d’abord… accueillis pDebey-Pierre-2010.jpgar le gérant des lieux, un de mes anciens élèves, Pierre Debey, qui vient de quitter son métier de… commissaire de police à La Louvière. En réalité, sa femme est la nièce du frère Alphonse, qui réussira à la convaincre de devenir animatrice de retraite également. Un peu plus tard. La classe est au complet, Cindy exceptée.

Nous rencontrerons un autre capucin, le très étonnant frère Antonio , barbu, en bure et les pieds nus dans ses sandales comme les capucins l’étaient Antonio en 2010naguère (ils ne pouvaient même pas se raser!). Nous n’en sommes plus là, ses confrères n’ont pas un poil au menton et sont en civil.

Comme témoin, nous écouterons un certain Pauly, aveugle depuis un accident de la route dramatique –  un camionneur l’a sauvagement «écrasé». Pauly parle Pauly-2010nn.jpgd’abondance de sa vie et de sa conversion. Il a aujourd’hui un moral d’enfer; cet accident l’aurait rapproché de Dieu! Son exposé est émouvant, presque insoutenable. Je me demande s’il n’est pas devenu une sorte de comédien professionnel chargé, peut-être à son insu, d’édifier les jeunes générations? Je suis mortifié d’avoir de telles pensées. Je suis un vieux sceptique, déformé peut-être – allez savoir! – par la culture de l’esprit critique, objectif des humanités anciennes. Je me demande souvent si ces études ne rendent pas difficile l’expression des sentiments, la foi et même les élans de générosité… Ou bien est-ce l’éducation reçue à cette époque? Bref, je suis pris par l’ambiance de la retraite…

Le frère Alphonse alterne autant que possible instructions et marche – il est d’ailleurs impressionnant dans cet exercice, on m’a dit qu’il avait fait Saint-Jacques de Compostelle quelque temps plus tard! –, mais il accroche difficilement les élèves durant les activités spirituelles et religieuses.

Je comprends la déception de mes collègues de 4e: les élèves de cet âge réagissent peu, nettement moins qu’au cours de math 6h… Mais comment s’y prendre pour motiver ces ados avec une «matière» si délicate? Heureusement que je ne suis pas animateur de retraite…

Le soir, quartier libre. Comme le soir tombe très tôt et que le froid guette, tout le monde reste dans la salle commune. Pierre Debey m’a rassuré, le bruit ne gênera personne, la maison est bien isolée…

On joue aux cartes, on discute de tout et de rien, on rigole, puis voilà que Charles-Henry Massa, surexcité, se met à chanter «Le carré de l’hypoténuse…», que j’apprends chaque année aux élèves lors d’une leçon sur Pythagore. C’est parti pour le reste de la soirée, en chœur et à tue-tête. Les élèves sont  euphoriques, Jean-Christophe Diépart, grand copain de Charles-Henry, est survolté, Sonia Nivarlet est au bord de la crise d’hystérie, Cécile Liégeois rit aux anges, Valérie Masset boit du petit lait. Même Olivier Hermanns et Dany Heinen, deux timides, se lâchent; et moi, moi qui suis le plus fier, je me laisse aller comme eux. Je retombe en adolescence, avec bonheur!  Je ne dirige plus rien, je communie…

Je ne sais combien de temps dura cette folie collective, mais j’en ai gardé un grand souvenir: un moment magique. Non, je n’ai pas honte.

Le lendemain, nous recevons la visite sympathique de leur professeur d’histoire, Bénédicte Winandy. Elle passera une bonne partie de son temps à comparer ses connaissances historiques avec celles de Charles-Henry, situation

Winandy Béné 95risquée à laquelle Béné ne s’est pas soustraiteKup-coupe-97-chez-moi.jpg

Au moment du coucher, il manque 3 élèves! Et 3 garçons sérieux: je n’imagine même pas qu’ils puissent être sortis en catimini, pas le genre. Je cherche dans tout le bâtiment pour les retrouver assis paisiblement dans le noir de la chapelle, en train de méditer ou de prier! J’étais prêt à les admonester et je me retrouve bredouillant… Je n’en reviens pas.

Le lendemain, Georges Kupper vient en renfort pour passer la nuit. Je lui ai réservé une chambre stratégique:4E 91 groupe Sonia elle est juste à côté de la mienne, sur le palier de l’étage des garçons et dans l’enfilade de l’escalier qui monte au second, chez les filles. Les changements de chambre sont prohibés, a fortiori les changements d’étage. Prévoyants, nous laissons notre porte ouverte durant la nuit. J’avertis mon collègue et ami des doutes qui m’habitent au sujet de Pierre Sacré. Mais je suis convaincu qu’il n’osera pas bouger sachant les deux «cerbères» postés sur la ligne de démarcation. Pour compliquer l’escalade d’un éventuel somnambule, j’installe une chaise renversée sur les premières marches de l’escalier…  Après une petite heure de veille, le temps de calmer les bavardages inévitables dans ces chambrées de 4 élèves, je m’endors rassuré.

Pas pour longtemps, je cauchemarde… J’entends quelqu’un vociférer:
   
Halte!
Cet ordre militaire résonne dans mes oreilles au risque de réveiller   
toute la maisonnée endormie… Le silence est à nouveau déchiré  
par un terrible:

 
Où vas-tu?
Je suis réveillé, terrorisé dans le fond de mon lit. J’entends à  
peine la réponse tremblante et hésitante d’un enfant terrifié:
 
  Aux toilettes…
Georges reprend de plus belle (quel organe!):
 –
Tu te fous de moi? 
Tout le monde sait qu’il n’y a des toilettes qu’au rez-de-chaussée. L’ombre de Pierre Sacré – c’est bien lui! – est immobile dans l’escalier du second, figée dans sa position ascendante, la main gauche sur la rampe, la tête tournée vers la chambre sombre d’où viennent ces aboiements. Kupper n’a pas bougé de son lit. Sacré doit l’imaginer telle une sentinelle menaçant le fugitif de son fusil armé et pointé vers son dos… Je viens seulement de réaliser qu’il est temps d’intervenir. D’abord pour calmer mon collègue, ensuite pour signifier au garçon que sa torture es
t t
erminée, mais que son compte est bon…Georges est hors de lui. Je lui dis, rassurant:

Ça va, Georges, je m’en occupe.
Je renvoie le filou dans sa chambre avec un très sec (quoique peu sonore):

Tu rentres immédiatement dans ta chambre; on règlera ça demain!

 J’allais ajouter, sadique, «et bonne nuit!». Non, je ne me suis jamais demandé
s’il avait bien dormi après cela. Moi, ma décision est prise, j’en informe Kupper:
             
  On le remballera demain matin.
Ce fut ainsi. Manifestement, ça n’arrangeait aucun des protagonistes: Georges, retournant à Sourbrodt, devait faire un crochet par le Collège pour amener le fautif chez le directeur et lui narrer les événements. Quant à Sacré, il ne voulait pas retourner sans son… VTT. J’ai encore dû élever la voix pour en être quitte.
L’après-midi, je suis allé avertir les parents de la rentrée imminente de leur fils, l’insomniaque.
A part ça, tout alla bien. La retraite était sérieuse pendant la journée, peut-être même trop. Le soir, on s’est rattrapé… Il me semble que le frère Alphonse surestime la maturité de mes élèves. Les élèves ont bien aimé un second capucin qui aidait par moments notre animateur: le frère Antonio, barbu et ventru comme une caricature, et juste assez bourru pour impressionner les jeunes. Dans le fond, pourquoi ne pas renouveler l’expérience?

Au mois de janvier 1992, retour à Ayrifagne avec la 4E, que j’ai qualifiée de mémorable au chapitre 24. Mais avant de partir, on doit recevoir le frère Alphonse au Collège. Je n’arrive pas à lui trouver une heure avant la remise des bulletins de Noël. Le moment n’est pas idéal. Il est à peine installé que je m’aperçois avec horreur que deux garçons, Jérôme et Benoît, sont partis en catimini! Ils brossent à mon nez et à ma barbe! Ils se moquent du même coup de notre futur prédicateur! J’enrage, je fulmine, je dois frapper un grand coup. Je ne les veux pas en retraite: voilà ce que je fais savoir le jour même à ces paltoquets et à leurs parents que je convoque pour la réunion du lendemain. Je me montre intraitable: j’ai bien compris qu’ils n’en voulaient pas, de la retraite. S’ils viennent, ce sera pour mettre la zizanie: non merci!
Oui, je savais que j’outrepassais mes droits: le renvoi est une prérogative du directeur. Tant pis, je devais marquer le coup.
Les parents sont confus, ils me supplient d’être indulgent, me promettent monts et merveilles… Et les premiers concernés?
Finalement, je transige, mais ils ne pourront venir à Ayrifagne qu’après être allés à Canossa: lettre d’excuses au frère Alphonse et promesse écrite de chacun de bien se comporter. A la moindre incartade, le renvoi sera immédiat et sans appel.

Les énergumènes en question se sont montrés corrects, sans plus. Pas beaucoup de motivation chez ces gaillards. Je remarque en épluchant mon carnet de cotes que ce seront les deux seuls redoublants de la classe. Mauvaise passe, comme on dit. Deux ans plus tard, ils sont tout différents.
Le schéma de la retraite est identique à celui de l’année précédente, Pauly et le frère Antonio compris. Les élèves, du moins certains, se montrent plus critiques sans exprimer d’opposition farouche. On mesure bien l’écart entre ce qu’ils vivent en paroisse et l’idéal du frère Alphonse. Ils osent le faire remarquer gentiment, Grégory Cormann en particulier. Les débats sont intéressants, mais le nombre de protagonistes est restreint. Dommage! Je me souviens pourtant des prolongations jouées lors du retour au Collège, avec moi comme arbitre.Comme prévu, les soirées se passent les cartes à la main: ce sont des mordus pour ne pas dire des obsédés du whist. Rentré au Collège, j’organise, comme la Cormann Grégoryfois précédente, une évaluation détaillée et anonyme de cette retraite. Le bilan, sans concession, montre peu d’engouement pour le brave frère Alphonse, trop sérieux, trop… spirituel à leur goût!
Notez que ce groupe d’intellos (très bon en maths, en particulier) se révéla fort peu attiré par le spirituel, et encore moins le religieux. C’était la première fois qu’une  classe ne répondait pas au «Je vous salue Marie» que j’entamais chaque jour en 1re heure; vieille habitude devenue une conviction.

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